La déclaration finale du sommet de la Ligue arabe à Djeddah, unanimité sur les questions de sécurité et de stabilité

 Les dirigeants arabes réunis avant le sommet de Djeddah. (SPA)
Les dirigeants arabes réunis avant le sommet de Djeddah. (SPA)
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Publié le Samedi 20 mai 2023

La déclaration finale du sommet de la Ligue arabe à Djeddah, unanimité sur les questions de sécurité et de stabilité

  • Le communiqué aborde les tensions entre Israël et la Palestine, le conflit au Soudan et le processus de paix au Yémen
  • Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe contribuera à la stabilisation et à la réunification du pays

DJEDDAH : Les États membres de la Ligue arabe se sont réunis vendredi dans la ville côtière saoudienne de Djeddah pour un sommet historique auquel ont participé, pour la première fois depuis plus de dix ans, des représentants des 22 pays membres.

Lors du sommet de vendredi, le 32ème de la Ligue, les membres ont adopté la déclaration de Djeddah, qui réaffirme la position unie de la Ligue arabe sur la sécurité et la stabilité dans le monde arabe et au-delà.

Ce n'était que le deuxième sommet, après celui qui s'est tenu en Algérie en novembre dernier, à se tenir après une interruption de trois ans due à la pandémie de COVID-19.

Le sommet a porté sur plusieurs dossiers, notamment les tensions entre Israël et la Palestine, le conflit au Soudan, le processus de paix au Yémen, l'instabilité en Libye et la situation politique au Liban.

C'est la première fois que la Syrie est invitée à participer à un sommet de la Ligue arabe depuis la suspension de son adhésion en 2011.

Le communiqué final du sommet a réaffirmé « la centralité de la cause palestinienne » pour les pays arabes, présentée comme l'un des principaux facteurs de stabilité dans la région. Il condamne toutes les pratiques et violations matérielles et humaines infligées aux Palestiniens.

Le communiqué souligne également la nécessité d'intensifier les efforts pour parvenir à un règlement global et juste de la question palestinienne, fondé sur la solution des deux États, conformément à la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies et à l'initiative de paix arabe de 2002, en vue de la création d'un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

En outre, le communiqué a réitéré les positions prises lors des précédents sommets, y compris la nécessité de protéger les sites musulmans de Jérusalem.

Le prince héritier a souligné que la cause palestinienne a toujours été et continue d’être une question centrale pour tous les Arabes. (SPA)
Le prince héritier a souligné que la cause palestinienne a toujours été et continue d’être une question centrale pour tous les Arabes. (SPA)

Le conflit entre Israéliens et Palestiniens s'est aggravé depuis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est revenu au pouvoir à la fin de l'année dernière à la tête d'un gouvernement de coalition comprenant des partis d'extrême droite et ultra-orthodoxes.

Les violences ont éclaté en Cisjordanie, où l'armée israélienne a mené de nombreux raids contre des militants, qui ont souvent dégénéré en affrontements de rue ou en fusillades.

Gaza a également connu cinq jours de tirs transfrontaliers entre Israël et des groupes militants ce mois-ci, ce qui a causé la mort de 33 Palestiniens et deux personnes en Israël. Il s'agit des pires violences depuis une escalade de trois jours en août dernier, qui avait tué 49 Palestiniens.

En outre, Israël est secoué par la plus grande crise de politique intérieure qu’elle ait connue depuis des décennies. En effet, des manifestations de masse ont été menées contre les projets de réforme du système judiciaire pilotés par Netanyahu. Ce dernier continue de lutter contre des accusations de corruption devant les tribunaux.

En ce qui concerne le conflit au Soudan, où des affrontements ont éclaté le 15 avril entre l'armée et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide, le communiqué appelle les parties belligérantes à revenir à la table des négociations et à protéger les civils.

Le prince héritier avec Dafallah Al-Haj, l'envoyé du chef de l'armée soudanaise. (AFP)
Le prince héritier avec Dafallah Al-Haj, l'envoyé du chef de l'armée soudanaise. (AFP)

Le communiqué rejette « toute ingérence étrangère susceptible d'attiser le conflit et de menacer la sécurité et la stabilité régionales », tout en saluant les mesures essentielles prises lors des réunions de Djeddah, qui ont débuté le 6 mai, pour poursuivre les pourparlers et mettre un terme à la crise.

Environ 1 000 personnes ont été tuées jusqu'à présent au cours du conflit, principalement dans la capitale Khartoum et ses environs ainsi que dans la région occidentale du Darfour, longtemps en proie à des troubles. Plus de 5 000 personnes ont été blessées.

La crise a provoqué un exode massif, avec plus de 840 000 personnes déplacées à l'intérieur du Soudan et au moins 220 000 qui ont traversé les frontières vers d'autres pays, selon les Nations unies. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré que 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du Soudan, ont besoin d'une aide humanitaire et d'une protection.

L'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe a été suspendue en 2011 à la suite de la répression violente par le régime des manifestations antigouvernementales. Cette répression s'est ensuite transformée en une guerre civile de 12 ans qui a divisé le pays et déplacé la moitié de sa population d'avant-guerre.

La déclaration du sommet estime que le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe contribuerait à la stabilisation et à la réunification du pays, tandis que l'assistance apportée par les États membres « aiderait la Syrie à résoudre sa crise » et à redevenir un membre actif du monde arabe.

En ce qui concerne le Yémen, le communiqué appelle à soutenir l'effort de paix qui est actuellement au point mort, et réitère les efforts internationaux et régionaux visant à trouver une solution politique à la crise sur la base des trois références de l'initiative du Golfe et de la mise en œuvre de ses mécanismes, du dialogue national yéménite et de la résolution 2216 du Conseil de sécurité.

Le président syrien Bashar Assad lors du sommet. (SPA)
Le président syrien Bashar Assad lors du sommet. (SPA)

La résolution stipule que les Houthis doivent se retirer de toutes les zones dont ils se sont emparés pendant le conflit, remettre les armes saisies aux institutions militaires et de sécurité, cesser toute action relevant exclusivement de l'autorité du gouvernement légitime du Yémen et mettre pleinement en œuvre les résolutions antérieures du Conseil de sécurité.

Le mois dernier, Mohammed Al-Jaber, ambassadeur d'Arabie saoudite au Yémen, est arrivé à Sanaa, ville tenue par les Houthis, avec un projet de proposition de paix portant sur les points de désaccord entre le gouvernement yéménite et les Houthis.

En ce qui concerne la situation au Liban, la déclaration exprime la solidarité des États membres avec le pays et appelle « toutes les factions libanaises » à élire un président et à mettre en œuvre des réformes nécessaires pour sortir le Liban de la crise économique actuelle. Le pays est sans président depuis le 31 octobre 2022, date à laquelle le mandat de Michel Aoun a officiellement pris fin.

Le prince héritier avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (AFP)
Le prince héritier avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (AFP)

La déclaration rejette également toute ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes et tout soutien aux groupes armés et aux milices non autorisés et illégitimes, tout en soulignant que les conflits militaires internes ne peuvent en aucun cas constituer une solution et ne feront qu'exacerber les souffrances des populations de la région et freiner le développement.

Enfin, la déclaration réaffirme l'importance du développement durable, de la sécurité, de la stabilité et de la paix en tant que droits inaliénables pour tous les citoyens arabes. Ces droits ne peuvent être garantis que grâce aux efforts concertés et intégrés de tous les États membres.

La déclaration engage ces membres à poursuivre la lutte contre la criminalité et la corruption à tous les niveaux, et à mobiliser les capacités en vue d’un avenir fondé sur l'innovation au service de la sécurité, la stabilité et le bien-être.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com