La Tunisie va-t-elle basculer à l’Est ?

Une photo fournie par l'agence de presse saoudienne (SPA) le 19 mai 2023 montre le président tunisien Kais Saied assistant au sommet de la Ligue arabe à Djeddah (Photo, AFP).
Une photo fournie par l'agence de presse saoudienne (SPA) le 19 mai 2023 montre le président tunisien Kais Saied assistant au sommet de la Ligue arabe à Djeddah (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 30 mai 2023

La Tunisie va-t-elle basculer à l’Est ?

  • Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, qui lui a permis de s’emparer de tous les pouvoirs, Kais Saïed est tenté d’éloigner son pays de son allié traditionnel, l’Occident
  • Mais ce projet de «grand remplacement stratégique» est loin de faire l’unanimité parmi les Tunisiens, notamment au sein de la classe politique et de la société civile

TUNIS: Contrairement à ce qu’on pourrait penser, tout ne divise pas Kais Saïed et Rached Ghannouchi. Le président de la République tunisienne et celui du mouvement islamiste Ennahdha ont au moins un dénominateur commun : la volonté de modifier le positionnement de la Tunisie sur la scène internationale.

Durant la période où son parti a contrôlé le pouvoir – de 2012 au 24 juillet 2021 –, Rached Ghannouchi a œuvré à arrimer la Tunisie au bloc islamiste régional.

Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, qui lui a permis de s’emparer de tous les pouvoirs, Kais Saïed est pour sa part tenté d’éloigner son pays de son allié traditionnel, l’Occident.

Critiques des pays occidentaux

Agacé par les critiques des pays occidentaux concernant la manière dont il dirige la Tunisie depuis le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed voudrait leur tourner le dos et se rapprocher davantage de la Chine et de la Russie, et, éventuellement, faire adhérer son pays au Brics (le groupe des pays émergents qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud). Mais les Tunisiens, y compris les partisans du chef de l’État, sont divisés sur cette question.

Pour l’instant, c’est l’élan en direction de la Chine qui est le plus franc. Alors que, depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême en octobre 2019, il n’a pas eu de paroles ou d’actes bienveillants pour l’Union européenne et les Etats-Unis, jusqu’ici principaux partenaires économiques, politiques et stratégiques de la Tunisie, il les multiplie à l’adresse de l’empire du Milieu et, à un degré moindre, de la Russie.

Agacé par les critiques des pays occidentaux concernant la manière dont il dirige la Tunisie depuis le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed voudrait leur tourner le dos et se rapprocher davantage de la Chine et de la Russie, et, éventuellement, faire adhérer son pays au Brics.

Moncef Mahroug

Mais ce projet de «grand remplacement stratégique» est loin de faire l’unanimité parmi les Tunisiens, notamment au sein de la classe politique et de la société civile. Certains y sont favorables, d’autres beaucoup moins, voire carrément hostiles.

Dans les nombreuses interviews qu’il a accordées au cours des derniers mois sur cette question, Abdallah Labidi, ancien ambassadeur, ne cache pas ses doutes quant à la pertinence et à la faisabilité du virage stratégique que le président Saïed voudrait faire prendre à la Tunisie. Sans aller jusqu’à se prononcer ouvertement contre cette tentation, il souligne le fait que ce «grand remplacement stratégique», à supposer qu’il soit bénéfique pour la Tunisie, est tout sauf facile à mettre en œuvre. Et prendrait des dizaines d’années pour être concrétisé.

Ligne de fracture

La ligne de fracture à propos de cette question controversée traverse aussi, contre toute attente, le camp des partisans du président. Membre de l’initiative «Pour que le peuple triomphe», créée à la veille des élections législatives de décembre 2022-janvier 2023, l’universitaire Rafaa Tabib, n’a aucun doute quant à la justesse de la démarche du chef de l’État tunisien et martèle à longueur d’interview que «la Tunisie doit s’orienter vers la Chine pour diversifier ses partenariats».

À l’opposé, Bassel Torjeman, journaliste d’origine palestinienne qui a obtenu la nationalité tunisienne, lui aussi partisan convaincu de Kais Saïed, relativisait à la mi-avril dans une chronique du quotidien de langue arabe Achourouk les tensions actuelles entre la Tunisie et les États-Unis. Il réaffirmait la nécessité de «la poursuite des relations de coopération et d’amitié» entre les deux pays «parce que leurs intérêts communs sont plus grands que leurs divergences».


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.