La Nupes débat les prochaines élections européennes et présidentielle

«Le bilan de la Nupes est positif, et pour faire mieux il faut qu'elle ne soit pas seulement un accord électoral du passé» (Photo, AFP).
«Le bilan de la Nupes est positif, et pour faire mieux il faut qu'elle ne soit pas seulement un accord électoral du passé» (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 01 juin 2023

La Nupes débat les prochaines élections européennes et présidentielle

  • Les dirigeants de la coalition de gauche Nupes ont débattu sur les élections européennes et présidentielle
  • Les protagonistes se sont vite éloignés du thème de départ sur la radicalité pour rejouer l'essentiel de la réunion à huis clos d'il y a quelques semaines

PARIS: "Petite tambouille politicienne", "urticaire": les dirigeants de la coalition de gauche Nupes ont débattu sur les élections européennes et présidentielle dans un climat parfois tendu, mercredi à Paris lors de "l'université" de Libération.

Pour ses 50 ans, le quotidien avait réuni à la Sorbonne les chefs de La France insoumise Manuel Bompard, des Verts Marine Tondelier, du Parti socialiste Olivier Faure et du Parti communiste Fabien Roussel.

Les protagonistes se sont vite éloignés du thème de départ sur la radicalité pour rejouer l'essentiel de la réunion à huis clos d'il y a quelques semaines.

"Le bilan de la Nupes est positif, et pour faire mieux il faut qu'elle ne soit pas seulement un accord électoral du passé", mais "que la coalition apparaisse de manière stable à toutes les élections", et en premier lieu aux européennes de 2024, a plaidé Manuel Bompard.

"Je défendrai la Nupes autant qu'il le faudra", a juré Marine Tondelier, mais les européennes "sont un scrutin proportionnel à un tour, une des seules élections où on peut voter comme on veut".

Elle a cinglé : sur l'Europe, "je suis triste qu'on ne me parle que de tambouille politicienne". Néanmoins "je suis d'accord pour une candidature commune en 2027", a-t-elle rappelé.

«Contrat de coalition»

Fabien Roussel, lui, a fait mine d'être écœuré. "On est en 2023, ça me donne de l'urticaire, on est là à parler de 2027 alors qu'il faut discuter des initiatives pour avoir des victoires dans les luttes" sociales du moment, a-t-il tonné.

Mais il en est tout de même venu à redire qu'il ne promettait rien à ses partenaires pour 2027 : "Il suffirait d'avoir un candidat commun pour gagner ? Bah non."

Olivier Faure a tenté de détendre l'atmosphère : "Fabien s'y rangera, la pression (pour éviter un troisième second tour avec l'extrême droite, NDLR), personne ne l'imagine". Le communiste l'a taclé immédiatement : "Comment ça je m'y rangerai, depuis quand c'est toi qui me dit ce qu'on fait chez nous ?"

Et Marine Tondelier de sourire : "Là tu viens de le convaincre de ne pas faire" l'union.

Olivier Faure a repris : "Dans la tripartition de la vie politique", "il ne faut pas être troisième" comme la gauche l'a été aux deux dernières présidentielles. Il a demandé un "contrat de coalition" sur cinq ans. Et alors "on sait que le candidat il fait 25% minimum".


Projet de loi plein emploi: «On légifère sur des bases idéologiques», dénonce Guedj

Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
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  • «On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives», a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj
  • Il accuse le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA

PARIS: "On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives", a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj, accusant le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA, avant d'étendre cette logique via le projet de loi "plein emploi".

"On est sur des législateurs idéologiques et dogmatiques, alors qu’on parle du quotidien de centaines de milliers de nos concitoyens qui vont être pénalisés par ces sanctions", a-t-il déclaré à la presse à l'Assemblée, au côté du député PS Arthur Delaporte.

Alors que les débats ont repris mardi après-midi dans l'hémicycle sur le projet de loi pour le plein emploi, M. Delaporte a entamé la séance en faisant un rappel au règlement, accusant le gouvernement de ne pas avoir fourni d'éléments aux parlementaires "sur l’effet des sanctions à l’heure actuelle, sur les allocataires du RSA", malgré ses demandes répétées.

Or, M. Guedj est parvenu à obtenir de tels éléments auprès de la Caisse nationale d'allocation familiale (Cnaf), en qualité de coprésident de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (Mecss), a-t-il souligné.

Face à la "béance de l'étude d'impact", "j’ai sollicité le directeur de la Cnaf vendredi dernier, j’ai reçu hier soir à 23h38 une réponse", a expliqué M. Guedj dans l'hémicycle - faisant de lui-même le parallèle avec la démarche qu'il avait entreprise auprès de la direction de la sécurité sociale pour corriger un chiffre du gouvernement lors du débat sur les retraites.

«Basculement dans la précarité»

Selon M. Guedj auprès de la presse, l'étude montre que "pour ceux des allocataires suspendus, ça se traduit pour plus de 40% d’entre eux par la perte totale du RSA et le basculement dans la précarité".

"Ce que produit la sanction c’est du non recours, de l’extrême pauvreté", a renchéri à ses côtés M. Delaporte.

"Je ne comprends pas que le gouvernement nous fasse légiférer à l’aveugle", a lancé dans l'hémicycle M. Delaporte au ministre du Travail Olivier Dussopt.

En réponse, le ministre a souligné que si M. Guedj avait pu obtenir cette étude, sa "méthodologie devait être approfondie" comme l'écrit l'auteur de l'étude lui-même.

Tout au long de la soirée, le gouvernement a été peu inquiété, parvenant sans difficulté à rejeter les amendements des oppositions. Mais à la clôture de la séance les débats n'étaient pas allés au terme de l'examen de l'article 1, qui généralise entre autres l'inscription sur la liste des demandeurs d'emploi des bénéficiaires du RSA, et change le nom de Pôle emploi en France Travail.

Plus tôt dans la journée, un rassemblement avait réuni près de l'Assemblée une soixantaine d'agents de Pôle Emploi et une dizaine de députés opposés au projet. "Notre métier n'est pas de forcer les gens à accepter n'importe quoi, c'est de les accompagner dans leur projet professionnel", a protesté Vincent Lalouette, du syndicat SNU Pôle emploi FSU.


Énergie: Deux lois prévues d'ici la fin de l'année

«Je porterai deux lois dans les mois à venir pour réformer la gouvernance de notre système de sûreté nucléaire et pour reprendre le contrôle sur les prix de notre électricité, plus largement sur l'énergie et le climat», a indiqué la ministre Agnès Pannier-Runacher (Photo, AFP).
«Je porterai deux lois dans les mois à venir pour réformer la gouvernance de notre système de sûreté nucléaire et pour reprendre le contrôle sur les prix de notre électricité, plus largement sur l'énergie et le climat», a indiqué la ministre Agnès Pannier-Runacher (Photo, AFP).
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  • L'une sur la sûreté nucléaire, et l'autre censée régler la question du prix de l'électricité et adapter la production d'énergie aux engagements climatiques
  • Cette deuxième loi doit prendre en compte les objectifs climatiques de la France et fixer la programmation de production énergétique secteur par secteur

PARIS: Le gouvernement compte présenter deux lois sur l'énergie d'ici fin 2023: l'une sur la sûreté nucléaire, et l'autre censée régler la question du prix de l'électricité et adapter la production d'énergie aux engagements climatiques du pays.

"Je porterai deux lois dans les mois à venir pour réformer la gouvernance de notre système de sûreté nucléaire et pour reprendre le contrôle sur les prix de notre électricité, plus largement sur l'énergie et le climat", a indiqué la ministre Agnès Pannier-Runacher à la presse mardi.

Les deux textes ont vocation à être présentés "avant la fin de l'année", a précisé son cabinet.

Dans le premier cas, il s'agit de boucler un chantier — fortement contesté — engagé par le gouvernement pour fondre l'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), expert technique de la sûreté, dans l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui décide du sort des centrales.

Sur fond de relance du programme nucléaire, elle vise à "adapter" et "fluidifier" les décisions en créant "l'une des plus grandes autorités de sûreté nucléaire du monde", mais ses détracteurs redoutent une perte d'indépendance et de qualité de l'expertise et une moindre transparence à l'égard du public.

Concernant la deuxième loi, Mme Pannier-Runacher souhaite mettre en place "un dispositif pérenne qui permette de conserver parmi les prix les plus bas d'Europe tout en empêchant l'envolée des prix qu'on a connue ces derniers mois".

Emmanuel Macron avait indiqué lundi que le gouvernement annoncerait en octobre des tarifs de l'électricité "compatibles" avec les exigences de "compétitivité" et qui donnent "de la visibilité aux ménages et aux industriels", grâce au parc nucléaire que possède la France.

Ce sujet est au cœur d'âpres discussions à Bruxelles en raison des dissensions entre les pays sur la place à donner au nucléaire français. Il divise aussi l’État et la direction d'EDF.

L’État, actionnaire à 100% d'EDF, souhaite que les prix de l'électricité soient les plus proches des coûts de production pour soutenir consommateurs et compétitivité industrielle.

De son côté, EDF, lestée d'une dette record, revendique le droit de fixer ses prix plus librement grâce à des contrats sur les marchés avec de gros clients.

«Investissements conséquents»

Cette deuxième loi doit aussi prendre en compte les objectifs climatiques de la France et fixer la programmation de production énergétique secteur par secteur.

"Si la France veut tenir ses objectifs climatiques, elle devra doubler son rythme de réduction d'émissions, à -5% par an d'ici 2030", a rappelé  le climatologue Jean Jouzel, présent mardi au colloque du syndicat des énergies renouvelables à Paris, où il a souligné le rôle premier de ces ressources, avant toute autre solution, pour décarboner le pays.

Un document devrait être présenté en consultation "dans les prochaines semaines", l'objectif étant que la loi arrive en conseil des ministres "avant la fin de l'année".

Une loi de programmation énergie-climat initialement prévue début 2023 n'a encore jamais été inscrite au calendrier parlementaire. "Après l'été le plus chaud jamais enregistré", un collectif de députés transpartisan appelle à l'inscrire à l'agenda de cette rentrée, dans une tribune publiée par Le Monde.

"J'espère qu'il s'agit bien d'une loi de programmation car il est fondamental que le Parlement par son vote puisse donner le cap de façon irréversible", a déclaré Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables mardi.

"Nous parlons d'investissements conséquents, d'enjeux qui dépassent largement l'horizon de 2035 et nous avons besoin de visibilité", a-t-il insisté.

Pas d'objectifs surestimés

Pour cette programmation, la ministre "table sur le doublement de la production en matière de photovoltaïque et en matière de biogaz" chaque année, "la stabilisation de la trajectoire d'éoliennes terrestres sur le rythme 2022", et "sur l'accélération des éoliennes marines pour pouvoir lancer un appel d'offre majeur fin 2024, début 2025".

En matière de biogaz, il faut passer de 11 à 44 TWh de capacité de production, soit installer environ 5,5 TWh supplémentaires par an au lieu d'un peu moins de 3 TWh actuellement, a précisé son cabinet.

Mme Pannier-Runacher souhaite également un "rehaussement des investissements dans les stockages type batteries ou STEP", ces stations d'énergie par pompage hydro-électriques.

"Nous intégrerons la relance du nucléaire avec EDF qui a un objectif managérial de 400 TWh de production", a-t-elle ajouté, en précisant que le gouvernement retiendrait "360 TWh par prudence" dans la loi.

Idem pour les renouvelables, le gouvernement souhaite retenir des objectifs de production "plus prudents" que ceux promis par la filière.

"Je ne veux pas qu'on mette le système en danger par des objectifs surestimés", a-t-elle dit.

Concernant l'éolien marin, un "grand débat de six mois" doit s'ouvrir en novembre sur chacune des quatre façades maritimes.


La crise de l'eau à Mayotte est «gravissime», selon le ministre des Outre-mer

Depuis le 4 septembre, la population mahoraise est privée d'eau deux jours sur trois (Photo de Chafion MADI / AFP).
Depuis le 4 septembre, la population mahoraise est privée d'eau deux jours sur trois (Photo de Chafion MADI / AFP).
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  • Les déficits pluviométriques sont aggravés par un manque d'infrastructures et d'investissements dans un département qui, sous pression de l'immigration clandestine venue notamment des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4% par an
  • Le préfet de Mayotte a intensifié les coupures d'eau ces derniers mois

PARIS: La situation est "gravissime" à Mayotte, dont la population est privée d'eau potable deux jours sur trois depuis trois semaines, a déclaré mardi le ministre délégué aux Outre-mer, à la veille d'un déplacement dans l'archipel français de l'océan Indien.

"La situation de Mayotte, vous l'avez décrite, elle est inédite, elle est gravissime, et avec le gouvernement je peux vous dire que nous sommes totalement mobilisés", a souligné Philippe Vigier en réponse à une question au gouvernement de la députée Liot de ce territoire, Estelle Youssouffa.

Le ministre doit se rendre mercredi et jeudi à Mayotte, pour sa deuxième visite en moins d'un mois dans le département le plus pauvre de France. Le 2 septembre, Philippe Vigier avait profité d'un déplacement à La Réunion pour passer quelques heures sur le territoire mahorais.

Il avait alors annoncé une aide de 35 millions d'euros pour des mesures d'urgence (distribution de bouteilles, forages, interconnexion des réseaux d'eau potable...) dans un territoire qui subit sa plus grave sécheresse depuis 1997.

Les déficits pluviométriques sont aggravés par un manque d'infrastructures et d'investissements dans un département qui, sous pression de l'immigration clandestine venue notamment des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4% par an.

Dans ce contexte, le préfet de Mayotte a intensifié les coupures d'eau ces derniers mois. Depuis le 4 septembre, la population mahoraise (310 000 habitants au 1er janvier 2023, selon l'Insee) est privée d'eau deux jours sur trois.

A Mamoudzou, Philippe Vigier doit présider un "comité de suivi de la ressource en eau avec tous les acteurs engagés dans cette crise", a indiqué le ministère.

Une visite du Centre hospitalier de Mayotte (CHM), qui souffre d'un sous-effectif chronique, est également prévue.