Sous-marins AUKUS: l'ex Premier ministre australien «ne regrette pas une seconde»

(ARCHIVES) Le président français Emmanuel Macron (G) salue le Premier ministre australien Scott Morrison lors du sommet des dirigeants du G20, à Buenos Aires, le 30 novembre 2018. (Photo, AFP)
(ARCHIVES) Le président français Emmanuel Macron (G) salue le Premier ministre australien Scott Morrison lors du sommet des dirigeants du G20, à Buenos Aires, le 30 novembre 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 juin 2023

Sous-marins AUKUS: l'ex Premier ministre australien «ne regrette pas une seconde»

  • L'ancien Premier ministre australien y raconte comment il a tout fait pour dissimuler à la France qu'il négociait un autre contrat dans son dos, tout en répétant qu'il n'a pas menti au président français, si ce n'est par omission
  • Scott Morrison craignait par dessus tout que le marché avec Washington et Londres tombe à l'eau, en dépit des assurances orales données par les deux pays. Et il ne voulait surtout pas donner aux Français le temps de «tuer le deal» AUKUS

PARIS: L'ancien Premier ministre australien Scott Morrison "ne regrette pas une seconde" d'avoir rompu en 2021 un méga-contrat de sous-marins avec la France au profit de Washington et Londres, racontant avoir maintenu Emmanuel Macron dans le brouillard jusqu'au dernier moment.

"Je savais que si je faisais ça, cela allait évidemment avoir un impact sur la relation avec la France. Il y avait une décision à prendre, je l'ai prise, et je ne la regrette pas une seconde", déclare M. Morrison dans une version actualisée du livre du journaliste Richard Kerbaj "L'histoire secrète des Five Eyes", à paraître en juillet chez Blink Publishing.

L'ancien Premier ministre australien y raconte comment il a tout fait pour dissimuler à la France qu'il négociait un autre contrat dans son dos, tout en répétant qu'il n'a pas menti au président français, si ce n'est par omission.

L'ancien gouvernement conservateur australien avait brusquement annulé en septembre 2021 un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour des sous-marins du groupe français Naval Group, lui préférant des sous-marins à propulsion nucléaire britanniques ou américains, dans le cadre d'une alliance stratégique baptisée AUKUS. Cet épisode avait provoqué la fureur de la France et créé une grave crise de confiance avec Canberra, Londres et Washington.

Dès 2020, des discussions au niveau technique étaient en cours entre l'Australie et Washington, révèle M. Morrison, inquiet d'éventuels retards dans la production des sous-marins français et de la menace grandissante de la Chine dans le sud de la mer de Chine. "S'il y avait un moment pour se décider à obtenir des sous-marins à propulsion nucléaire, c'était maintenant ou jamais", déclare-t-il dans le livre.

Les Français ne doivent pas savoir

"Si nous décidions de faire ça, nous ne pouvions pas laisser les Français être au courant. Donc nous avons dû, pardonnez-moi le jeu de mots, construire des murailles de Chine autour de nos discussions" avec Londres et Washington, raconte Morrison.

Il se souvient ainsi avoir été approché en marge d'une rencontre du G7 en juin 2021 par Emmanuel Macron qui voulait évoquer le contrat Naval Group... alors même que Morrison sortait d'une rencontre secrète sur Aukus avec le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique de l'époque Boris Johnson.

Lors d'un dîner quelques jours plus tard à l'Elysée, M. Morrison fait "clairement" part au président français de ses inquiétudes sur les retards du contrat français. "Maintenant, est-ce que je lui ai dit que nous allions faire AUKUS ? non", admet l'ancien responsable australien, ajoutant: "ne pas lui dire n'est pas la même chose que lui mentir".

«Nuit la plus longue»

Scott Morrison craignait par dessus tout que le marché avec Washington et Londres tombe à l'eau, en dépit des assurances orales données par les deux pays. Et il ne voulait surtout pas donner aux Français le temps de "tuer le deal" AUKUS.

La veille de l'annonce du partenariat AUKUS "a été la nuit la plus longue de tout mon mandat", pourtant marqué par l'épidémie de Covid et les feux de forêts catastrophiques qui ont ravagé l'Australie en 2019 et 2020, raconte M. Morrison.

Les retombées politiques d'un échec auraient été "catastrophiques", estime-t-il.

Il avait envoyé une lettre au président Macron la veille de l'annonce, mais craignait que ce dernier ait encore le temps de faire capoter AUKUS.

L'annonce avait fait l'effet d'un tremblement de terre à Paris, qui avait fustigé "un coup de poignard dans le dos" de Canberra et rappelé son ambassadeur en signe de protestation.

Les relations bilatérales sont ensuite restées tendues jusqu'à l'élection, en mai 2022, d'un nouveau Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s'est efforcé depuis d'apaiser les relations avec Paris.

Le programme de sous-marins à propulsion nucléaire et l'alliance AUKUS ont été lancés officiellement en mars dernier, au grand dam de Moscou et de Pékin.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com