L'ONU confirme la Journée du léopard d'Arabie, une «grande victoire pour l'Arabie saoudite»

Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
La reconnaissance de l'importance du léopard d'Arabie par l'ONU, contribuera à stimuler les efforts des protecteurs de l'environnement pour sauver l'animal, estime Thomas S. Kaplan (Photo, Panthera /Steve Winter).
La reconnaissance de l'importance du léopard d'Arabie par l'ONU, contribuera à stimuler les efforts des protecteurs de l'environnement pour sauver l'animal, estime Thomas S. Kaplan (Photo, Panthera /Steve Winter).
Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
Panthera et l'Arabie saoudite ont signé un accord en 2019 pour protéger le léopard d'Arabie, qui est considéré comme «le plus persécuté de tous les grands félins» dans le monde (Photo, Centre d'élevage du léopard d'Arabie).
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Publié le Samedi 24 juin 2023

L'ONU confirme la Journée du léopard d'Arabie, une «grande victoire pour l'Arabie saoudite»

  • Le cofondateur de Panthera, Thomas Kaplan, a déclaré à Arab News que la résolution stimulerait le travail des défenseurs des léopards dans le monde entier
  • Le léopard d'Arabie est gravé dans la conscience saoudienne depuis des milliers d'années, mais il est gravement menacé d'extinction, a averti Kaplan

NEW YORK: Lorsque l'Assemblée générale des Nations unies a voté ce mois-ci l'adoption d'une résolution désignant le 10 février comme Journée internationale du léopard d'Arabie, la réaction de Thomas S. Kaplan a été la «joie absolue».

Le léopard est gravé dans la conscience saoudienne depuis des milliers d'années. Les pétroglyphes représentant l'animal sur les anciens murs d'AlUla témoignant de son importance pour le peuple saoudien et ses ancêtres, a déclaré Kaplan.

Le fait que l'importance du léopard d'Arabie soit enfin consacrée par l'Assemblée générale des Nations unies est donc «un triomphe majeur pour le peuple saoudien et pour le Royaume d'Arabie saoudite lui-même», a ajouté Kaplan lors d'une interview exclusive accordée à Arab News.

En tant que cofondateur de Panthera, l'organisation mondiale de conservation des chats sauvages, et fondateur et président de l'Alliance mondiale pour les chats sauvages, Kaplan a signé en 2019 un accord avec le prince Badr ben Abdallah, ministre saoudien de la Culture et gouverneur de la Commission royale pour AlUla, afin de soutenir des initiatives de conservation régionales et internationales, au cœur desquelles se trouve l'Initiative pour le léopard d'Arabie, qui vise à protéger cet animal gravement menacé, originaire d'AlUla.

Le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, ministre saoudien de la Culture et gouverneur de la Commission royale pour AlUla, signant l'accord de coopération avec le président de Panthera, Thomas Kaplan, à AlUla en juin 2019 (Photo fournie).

«Le léopard d'Arabie est le plus persécuté de tous les grands félins», a prévenu Kaplan. «Le fait qu'un champion comme l'Arabie saoudite nous aide à accomplir le travail que nous faisons avec tant de passion, est un véritable don de Dieu.»

La résolution des Nations unies consacrant une Journée internationale du léopard d'Arabie est «une nette victoire, tant pour le léopard que pour l’Arabie saoudite», a-t-il ajouté.

«C'est à bien des égards une belle affirmation de l'une des initiatives les plus ambitieuses en matière d'environnement et de conservation depuis des générations : La réhabilitation d'AlUla en tant que centre culturel de la nouvelle Arabie saoudite est complétée par l'un des programmes de restauration environnementale les plus importants au monde.»

Les fauves jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes. Ils sont considérés comme une «espèce parapluie» lors de la prise de décisions relatives à la conservation, car les efforts visant à les protéger préservent aussi indirectement de nombreuses autres espèces. Ils représentent des «opportunités stratégiques pour les prédateurs du sommet». Cela signifie qu'une population de fauves prospère peut contribuer à assurer la survie de l'ensemble de son habitat.

Même la population humaine peut bénéficier de la prospérité des animaux, car ils contribuent à stimuler le tourisme et à mettre en lumière les communautés locales. Dans le cas de l'Arabie saoudite, ces communautés peuvent devenir des éléments importants du programme de développement plus large du pays, ce qui permet d'améliorer les infrastructures et les opportunités au niveau local.

Selon Thomas Kaplan, président de Panthera, la reconnaissance de l'importance de l'animal par les Nations unies, contribuera à stimuler les efforts des protecteurs de l'environnement pour sauver le léopard (Photo, Avec l'aimable autorisation du studio de photographie Matthew Carasella).

«Dans les endroits où nous sommes intervenus pour sauver des léopards, des jaguars ou d'autres animaux faisant partie de l'industrie touristique locale, nous avons toujours apporté avec nous une attention médicale accrue, la construction d'écoles, de cliniques, indiquant aux communautés locales que non seulement elles n'ont rien à craindre, mais qu'elles ont tout à gagner d'une population féline prospère, et que grâce au léopard, il y aura des opportunités socio-économiques pour leurs enfants», a expliqué Kaplan.

«Si, à sa manière, l'initiative sur le léopard d'Arabie donne non seulement donne aux gens une fierté nationale, mais aussi à ceux qui vivent dans le même habitat des possibilités encore plus grandes pour leurs enfants, alors c'est une grande victoire.

«Le succès de l'initiative sur le léopard d'Arabie devient donc un signal pour l’Arabie saoudite et pour le reste du monde que le pays a réussi à remettre en valeur le paysage de la région. Pour ces raisons, je pense qu'AlUla est l'une des initiatives les plus transformatrices en matière de préservation du patrimoine culturel et environnemental pour les générations futures.»

Rien de tout cela n'aurait été possible, a-t-il signalé, sans «la passion et l'engagement» du prince héritier, Mohammed ben Salmane, du prince Badr et de la princesse Reema bent Salmane, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis.

«La révolution d'en haut, mise en œuvre par le prince héritier, est le catalyseur de toutes les réformes qui ont suivi, et le léopard d'Arabie ne fait pas exception à la règle», a souligné Kaplan.

«J'ai une expérience personnelle de la collaboration avec le prince héritier sur le léopard d'Arabie et la conservation des léopards à l'échelle mondiale. Il s'est vraiment engagé non seulement pour le léopard d'Arabie, mais aussi pour faire avancer la cause de la conservation des léopards dans d'autres pays qui ne sont pas nécessairement en train de rattraper l'Arabie saoudite, mais qui essaient de rester à la pointe du progrès.»

«Soutien total de l'Arabie saoudite»

En ce qui concerne le rôle du prince Badr, Kaplan a affirmé que «tout le monde sait qu'il est l'initiateur du processus de protection du léopard d'Arabie. Il est, à bien des égards, le père du programme du léopard d'Arabie, et je pense qu'il restera dans les livres d'histoire.

Kaplan n'avait également que des éloges à l'égard de la princesse Reema.

La princesse Reema bent Bandar al-Saoud, ambassadrice saoudienne aux États-Unis, a fondé Catmosphere, un groupe dédié au soutien des espèces de grands félins dans le monde (Photo, AN).

«Quiconque ayant été en contact avec la princesse Reema à Washington DC ou ailleurs est immédiatement confronté à la passion que représente le léopard d'Arabie pour l’Arabie saoudite», a-t-il signalé.

«Ce n'est pas simplement parce que le léopard d'Arabie est, dans mon esprit, et il représente pour l'Arabie saoudite ce que représente le panda pour la Chine, un outil de puissance douce, c'est bien plus que cela.

«Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, le prince Badr et la princesse Reema comprennent que le léopard d'Arabie est un symbole d'unité nationale pour l'Arabie saoudite. C'est un symbole qui remonte à des milliers d'années.»

La reconnaissance de l'importance de l'animal par les Nations unies, contribuera à stimuler les efforts des protecteurs de l'environnement dans le but de sauver le léopard, a indiqué Kaplan.

«Le fait de pouvoir montrer l'adhésion de la communauté internationale nous donne la liberté de montrer aux protecteurs de l'environnement du monde entier l'importance de cette initiative», a-t-il ajouté.

«Cela nous permet de prouver que la réintroduction du léopard d'Arabie est réelle, qu'elle bénéficie du soutien total de l'Arabie saoudite, qu'il ne s'agit pas d'un exercice de pouvoir mais qu'elle est le fruit d'une passion.

«Cela permet à des personnes comme moi, sur la scène internationale, de pouvoir recruter des experts de la plus haute qualité pour travailler avec nous dans notre domaine.»

Selon Kaplan, la résolution des Nations unies soutiendra également le travail des champions saoudiens de l'environnement et de la faune, notamment Catmosphere, une fondation créée par la princesse Reema pour soutenir les efforts de conservation des grands félins dans le monde entier.

«Catmosphere pourrait devenir le plus important programme de sensibilisation à la conservation des félins jamais entrepris, non seulement au Moyen-Orient, mais dans le monde entier, et c'est une Saoudienne, la princesse Reema, qui en est à l'origine», a-t-il indiqué.

«C'est une histoire extraordinaire. L'impact qu'elle peut avoir sur la conservation des félins est très évident, mais en même temps, l'impact qu'elle peut avoir sur notre programme, qui est d'amener les gens à considérer le léopard d'Arabie comme le panda de l'Arabie saoudite, comme le symbole de l'engagement en faveur des meilleures pratiques en matière de conservation de la faune, est absolument énorme.»

«Lorsque l'on combine le travail effectué par le prince Badr au sein de la commission royale d'AlUla avec celui de Catmosphere, on obtient une initiative et une campagne organiques d'origine saoudienne visant à sauver le léopard d'Arabie et, comme nous l'a demandé le prince héritier, à aider les pays du monde entier à sauver leurs léopards, de sorte qu'au lieu de rattraper leur retard, ils prennent de l'avance et ne se retrouvent pas dans la même situation.

«Cela est un acte de générosité envers le monde, et il vient d'Arabie saoudite», a conclu Kaplan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


JO-2024: «si aucun Palestinien ne se qualifie», le CIO les invitera, déclare son président

Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
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  • Le système d'invitations olympiques n'est pas réservé aux Palestiniens mais à tout CNO qui ne parvient pas à qualifier d'athlètes, au nom de «l'universalité olympique» permettant de rassembler toutes les nations, au delà de la seule élite sportive
  • Le CIO se retranche derrière sa «solution à deux Etats», puisque les CNO israélien et palestinien coexistent depuis 1995, un legs du processus de paix d'Oslo

LAUSANNE, Suisse : Les athlètes palestiniens devraient être «six à huit» aux JO de Paris, où le Comité international olympique les invitera s'ils ne parviennent pas à se qualifier, a indiqué vendredi son président Thomas Bach dans un entretien exclusif à l'AFP.

«Nous avons pris l'engagement clair que, si aucun athlète ne se qualifie sur le terrain, le comité national olympique (CNO) palestinien bénéficiera d'invitations», a annoncé le dirigeant. Interrogé sur l'ampleur de ces invitations, il a ensuite évalué le nombre de représentants palestiniens à «six ou huit» à Paris selon le résultat des qualifications, «qui sont encore en cours dans un certain nombre de disciplines».

Le système d'invitations olympiques n'est pas réservé aux Palestiniens mais à tout CNO qui ne parvient pas à qualifier d'athlètes, au nom de «l'universalité olympique» permettant de rassembler toutes les nations, au delà de la seule élite sportive.

Mais la venue d'athlètes palestiniens à Paris restait une interrogation majeure puisque l'offensive militaire israélienne à Gaza, consécutive à l'attaque lancée par le Hamas le 7 octobre, a notamment détruit la plupart des infrastructures sportives.

Thomas Bach avait reçu la semaine dernière à Lausanne le président du CNO palestinien, Jibril Rajoub, promettant de poursuivre le soutien du CIO aux athlètes, mais aussi d'assurer la coordination des efforts internationaux pour reconstruire les installations détruites.

Si le patron de l'olympisme a appelé dès le début du conflit entre Israël et le Hamas à «une solution pacifique», il a aussi adopté un traitement très différent de celui de la guerre russe en Ukraine, qui a abouti à une série de sanctions contre le sport russe.

Le CIO se retranche derrière sa «solution à deux Etats», puisque les CNO israélien et palestinien coexistent depuis 1995, un legs du processus de paix d'Oslo. Par ailleurs, «il n'y a eu aucune violation de la Charte olympique, ni par le comité israélien ni par le comité palestinien», a insisté Thomas Bach vendredi, alors que le CNO russe avait placé sous son contrôle les organisations sportives de régions ukrainiennes occupées.


En Tunisie, des migrants survivent dans des champs d'oliviers en lorgnant l'Europe

Un migrant originaire d'Afrique subsaharienne prépare à manger devant une tente dans un camp à Jebeniana, dans le gouvernorat tunisien de Sfax, le 24 avril 2024. (AFP)
Un migrant originaire d'Afrique subsaharienne prépare à manger devant une tente dans un camp à Jebeniana, dans le gouvernorat tunisien de Sfax, le 24 avril 2024. (AFP)
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  • Selon Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES, la Tunisie «se transforme de facto en centre de rétention justement à cause d'accords de contrôle des frontières avec l'UE»
  • Ces dernières semaines, la police a détruit des abris dans plusieurs campements, officiellement suite à des signalements de riverains excédés

EL AMRA: Des bâches en guise d'abri, des poulets décharnés comme nourriture, des milliers de migrants d'Afrique subsaharienne vivotent dans des champs d'oliviers en Tunisie, s'accrochant à l'espoir de traverser la Méditerranée vers l'Europe.

Ils sont environ 20.000 dans des campements de fortune près des localités rurales d'El Amra et Jebeniana, à entre 30 et 40 km au nord de la métropole de Sfax (centre), selon des sources humanitaires.

Ils ont construit de premiers abris à la mi-septembre après avoir été évacués du centre de Sfax. Des milliers d'autres les ont depuis rejoints dans des plantations d'oliviers, où ils guettent l'occasion d'embarquer clandestinement vers l'Italie, à partir de plages situées à une quinzaine de kms.

C'est le cas d'Ibrahim (nom d'emprunt), parti de Guinée Conakry il y a plus d'un an pour émigrer en Europe et "subvenir aux besoins de sa mère malade et son petit frère". Il est arrivé sous les oliviers il y a trois mois en plein hiver, après avoir marché 20 jours depuis la frontière algérienne.

"C'est vraiment difficile ici, même pour des courses, on y va en cachette. On peut sortir chercher du travail mais quand ils doivent te payer, ils appellent la police", explique à l'AFP, l'air épuisé, cet étudiant qui dit avoir 17 ans.

Depuis environ un an et un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kais Saied contre l'immigration clandestine d'Afrique subsaharienne, des milliers de migrants employés informellement ont perdu leurs travail et logement.

En 2023, des dizaines de milliers ont pris la mer au péril de leur vie depuis la région de Sfax, épicentre des départs en Tunisie. "Nous sommes à quelques kilomètres de l'Europe", explique Ibrahim, en référence aux 150 kms qui le sépare des côtes italiennes.

«Solidarité»

Près d'El Amra, sous des bâches arrimées à des poteaux avec des tubes d'irrigation, ils dorment souvent à 5 ou 10. En majorité des hommes mais aussi des femmes et enfants, venant de Guinée, Cameroun, Sénégal, Soudan, Sierra Leone ou Nigeria, regroupés par langue.

Des femmes cuisinent une sorte de ragoût, un homme montre de maigres poules blanches, impropres à la consommation mais principale nourriture des migrants.

Cet hiver, "il a fait très froid mais on arrive à survivre grâce à la solidarité entre frères africains", note Ibrahim. "Si quelqu'un a de la nourriture et toi non, il t'en donne, les bâches on les a achetées avec notre argent (envoyé par certaines familles, ndlr) ou la mendicité".

Les migrants se souviennent d'une distribution alimentaire début avril par des ONG. Beaucoup réclament plus d'aide de l'Europe.

Mais selon Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES, la Tunisie "se transforme de facto en centre de rétention justement à cause d'accords de contrôle des frontières avec l'Union européenne".

Sur le plan sanitaire, Ibrahim est inquiet: "il y a beaucoup de naissances, des gens malades". "On a une naissance (de bébé migrant) par jour à l'hôpital de Jebeniana, beaucoup de femmes enceintes, pas de suivi", confirme une source humanitaire à Sfax.

"Je suis ici pour traverser (la mer, ndlr) avec ma fille de 4 mois, y a pas d'eau, pas de couches, on met du plastique sous ses fesses", explique Salima, 17 ans, décidée malgré tout à "patienter le temps qu'ils (les passeurs, ndlr) ouvrent" les départs, retardés par une mauvaise météo.

«A la nage»

Ces dernières semaines, la police a détruit des abris dans plusieurs campements, officiellement suite à des signalements de riverains excédés.

Près de Jebeniana, des journalistes de l'AFP ont vu des cartouches de gaz lacrymogènes et des bâches arrachées mais aussi des cabanes en phase de reconstruction.

"La police nous fatigue beaucoup, hier j'ai été chassé au niveau des boutiques (à El Amra)", raconte Sokoto (un surnom), 22 ans, parti de Guinée il y a trois ans, entré en janvier en Tunisie par la frontière algérienne.

Mohamed Bekri fait partie des habitants d'El Amra qui apportent un peu d'eau et de nourriture aux migrants. "C'est une démarche humanitaire, il y a des bébés de trois ou six mois", dit ce commerçant quinquagénaire.

"Enlever les tentes n'est pas la solution, il faut que l'Etat trouve une vraie solution. Ce n'était déjà pas une solution de les amener à El Amra où habitent 32 000 personnes", ajoute-t-il.

Malgré les tensions et la grande précarité, aucun des migrants rencontrés ne veut retourner au pays.

Pour Sokoto, "la marche arrière s'est cassée". "Je suis sorti pour aider ma famille, j'ai beaucoup souffert pour arriver ici, je ne rentre pas en Guinée même si je dois traverser à la nage".


Le Hamas «étudie» une contre-proposition de trêve israélienne

Des voitures passent devant un panneau d'affichage portant une inscription en hébreu "Pensez bien à qui profite notre division - l'unité maintenant", avec un portrait du chef de l'aile politique du mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar, à Tel Aviv le 26 avril 2024. (Photo par Jack Guez  AFP)
Des voitures passent devant un panneau d'affichage portant une inscription en hébreu "Pensez bien à qui profite notre division - l'unité maintenant", avec un portrait du chef de l'aile politique du mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar, à Tel Aviv le 26 avril 2024. (Photo par Jack Guez AFP)
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  • «Aujourd’hui, le Hamas a reçu la réponse officielle de l'occupation sioniste à notre position qui avait été remise aux médiateurs égyptiens et qataris le 13 avril», a déclaré le N.2 de la branche politique du Hamas pour Gaza
  • Israël s'oppose à un cessez-le-feu permanent, insistant plutôt sur une pause de plusieurs semaines dans les combats pour ensuite mener par exemple une opération terrestre à Rafah, et refuse de se retirer de l'ensemble du territoire

TERRITOIRES PALESTINIENS : Le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé samedi «étudier» une contre-proposition israélienne en vue d'une trêve dans les combats à Gaza associée à la libération d'otages, un nouveau développement dans les pourparlers que l'Egypte tente de relancer.

«Aujourd’hui, le Hamas a reçu la réponse officielle de l'occupation sioniste (nom donné à Israël, ndlr) à notre position qui avait été remise aux médiateurs égyptiens et qataris le 13 avril», a déclaré le N.2 de la branche politique du Hamas pour Gaza, Khalil al-Hayya.

«Le mouvement étudiera cette proposition et soumettra sa réponse une fois son étude terminée», a-t-il ajouté dans un communiqué publié tôt samedi.

Le Hamas avait indiqué dans un communiqué le 13 avril avoir remis sa réponse aux médiateurs égyptiens et qataris sur une proposition de trêve avec Israël dans la bande de Gaza, en insistant sur un cessez-le-feu permanent.

Sans rejeter explicitement le contenu du projet de trêve, le mouvement palestinien y réaffirmait ses «exigences», soit «un cessez-le-feu permanent», le retrait de l'armée israélienne «de toute la bande de Gaza», «le retour des déplacés dans leurs zones et lieux de résidence, et « l'intensification de l'entrée de l'aide humanitaire».

Or Israël s'oppose à un cessez-le-feu permanent, insistant plutôt sur une pause de plusieurs semaines dans les combats pour ensuite mener par exemple une opération terrestre à Rafah, et refuse de se retirer de l'ensemble du territoire.

Les détails de cette contre-proposition n'ont pas filtré mais la presse israélienne évoquait plus tôt cette semaine la libération possible, dans un premier temps, de 20 otages considérés comme des «cas humanitaires».

Cette contre-proposition intervient alors qu’une délégation égyptienne est arrivée vendredi en Israël pour discuter d'un «cadre global pour un cessez-le-feu» à Gaza, selon le média égyptien proche des renseignements Al-Qahera News, qui cite un haut responsable égyptien.

Selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations, au point mort depuis plusieurs semaines, et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de «dizaines» d'otages retenus à Gaza.

La guerre entre Israël et le Hamas sera également au centre des entretiens de hauts diplomates arabes et européens attendus ce weekend à Ryad, en Arabie saoudite, dont les chefs de la diplomatie d'Allemagne et de France.

- «Un missile, et un autre» -

Sur le terrain, dans la nuit de vendredi à samedi, des Palestiniens ont fait état de frappes israéliennes près de Rafah, où Israël se prépare à lancer une offensive terrestre en dépit des craintes de la communauté internationale.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent un bain de sang dans cette ville, où s'entassent un million et demi de Palestiniens, pour beaucoup dans des camps de tentes, sans eau ni électricité.

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Vendredi à la mi-journée, un correspondant de l'AFP a vu des appareils tirer des missiles sur une maison du quartier Al-Rimal de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, et les corps d'un homme, d'une femme et d'un enfant être extraits des décombres.

«J'étais assis en train de vendre des cigarettes et soudain un missile est tombé, secouant toute la zone, suivi d'un autre missile, secouant à nouveau la zone. Nous nous sommes précipités pour voir ce qui s'était passé, et nous avons trouvé des martyrs, un homme, une femme et une petite fille», a également raconté à l'AFP un témoin qui n'a pas donné son nom.

Après six mois et demi de bombardements aériens, de tirs d'artillerie et de combats au sol, la guerre a dévasté Gaza où l'ONU estime à 37 millions de tonnes la masse des débris et gravats à déblayer.

- Liban, Yémen et Etats-Unis -

Le conflit a aussi migré à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, libanais, voire au Yémen, où les rebelles Houthis ciblent une partie du trafic maritime en mer Rouge en soutien à Gaza.

Israël a annoncé vendredi qu'un civil israélien travaillant sur un chantier avait été tué près de la frontière par des missiles tirés du sud du Liban.

«Dans la nuit, des terroristes ont tiré des missiles antichar» dans une zone contestée située à la frontière entre le Liban et le plateau syrien du Golan, annexé par Israël. Le Hezbollah affirme y avoir mené «une embuscade complexe» contre un convoi israélien  et avoir «détruit deux véhicules».

Dans la soirée, le groupe islamiste libanais Jamaa islamiya, proche du Hamas, a annoncé la mort de deux de ses cadres dans une frappe israélienne au Liban.

L'armée israélienne avait indiqué plus tôt avoir éliminé un des cadres de ce groupe, Mosab Khalaf, qu'elle accuse d'avoir «préparé un grand nombre d'attaques terroristes contre Israël».

Au Yémen, les rebelles Houthis ont revendiqué dans la nuit de vendredi à samedi des attaques ayant endommagé l'Andromeda star, un navire circulant en mer Rouge selon le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

Aux Etats-Unis, pays allié d'Israël, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise sur les campus, après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.