Poutine met en garde contre une «guerre civile» en Russie après la «trahison» du chef de Wagner

Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
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Publié le Samedi 24 juin 2023

Poutine met en garde contre une «guerre civile» en Russie après la «trahison» du chef de Wagner

  • «Ce à quoi nous faisons face, ce n'est rien d'autre qu'une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels» de M. Prigojine, a affirmé Vladimir Poutine
  • Plus tôt, le chef de Wagner avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine s'est vigoureusement dressé samedi contre la "trahison" du chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine, en pointant le risque de "guerre civile".

L'armée russe a commencé à mener "des actions opérationnelles et de combat nécessaires" dans la région de Voronej, frontalière de l'Ukraine, à quelque 600 km au sud de Moscou, a déclaré sur Telegram le gouverneur régional, Alexandre Goussev.

En complet noir, l'air grave et le ton martial, Valdimir Poutine, qui fait face à un défi sans précédent depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, s'est adressé à 07H00 GMT sans le nommer à l'homme qui ose le défier, accusant "les traitres" et promettant de les "punir".

"C'est un coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple", a déclaré M. Poutine dans une adresse à la nation. "Ce à quoi nous faisons face, ce n'est rien d'autre qu'une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels" de M. Prigojine, a-t-il affirmé.

Vladimir Poutine "se trompe profondément" et que ses combattants ne se "rendront pas", a rétorqué le chef de Wagner .

"Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit", a-t-il ajouté en s'en prenant pour la première fois directement au président russe.

Rumeurs

Et alors que des rumeurs sur les réseaux sociaux affirmaient que M. Poutine avait quitté Moscou après la mutinerie, son porte-parole Dmitri Peskov cité par l'agence Ria Novosti, a assuré que "le président travaille au Kremlin".

Plus tôt, Prigojine avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires dont l'aérodrome.

Pour contrebalancer cette rébellion contre Moscou, les dirigeants des deux chambres du Parlement ont appelé à soutenir "la consolidation des forces" ainsi que le "président Vladimir Poutine, le commandant-en-chef", a déclaré sur Telegram le président de la chambre basse, Viatcheslav Volodine.

"La force" de la Russie réside dans "l'unité (...) et notre intolérance historique pour les trahisons et les provocations", a renchéri la présidente de la chambre haute, Valentina Matvienko.

Les dirigeants installés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Lougansk (est), ainsi que Zaporijjia et Kherson (sud) ont fait de même, en se déclarant "avec le Président!".

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a annoncé samedi envoyer ses hommes dans les "zones de tension". "Nous ferons tout pour préserver l'unité de la Russie et protéger son statut d'Etat", a-t-il déclaré sur Telegram.

Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité à Moscou où le "régime d'opération antiterroriste" vient d'être instauré, après la menace de Prigojine qui avait lancé sur Telegram: "On continue, on ira jusqu'au bout" et "nous détruirons tout ce qui sera mis sur notre route".

L'armée russe a affirmé samedi avoir repoussé au cours des dernières 24 heures neuf attaques ukraniennes contre ses positions dans le sud et l'est de l'Ukraine. Ces affirmations n'étaient pas vérifiables de source indépendante.

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a insisté sur l'"évidente" faiblesse de la Russie, soutenant que son pays protège l'Europe "du mal et du chaos" russe.

Les temps forts de la présidence de Poutine

De son arrivée au Kremlin à la rébellion du chef du groupe paramilitaire Wagner contre l'état-major russe, retour sur les moments-clés de Vladimir Poutine, au pouvoir en Russie depuis plus de deux décennies.

 

Avènement de Poutine

En août 1999, Boris Eltsine, premier président de la Russie après la chute de l'Union soviétique, propulse au poste de Premier ministre un quasi-inconnu, Vladimir Poutine. Cet ancien chef du FSB (ex-KGB) acquiert rapidement une image d'homme fort dans un pays traumatisé par une vague d'attentats attribués aux indépendantistes tchétchènes (près de 300 morts).

Boris Eltsine, miné par l'alcool et la maladie, démissionne le 31 décembre 1999. Son dauphin lui succède définitivement lors de la présidentielle de mars 2000.

 

Guerre en Tchétchénie

De 2000 à 2009, le conflit contre les rebelles tchétchènes et islamistes, marqué par des exactions et le bombardement aveugle de Grozny, fait des dizaines de milliers de victimes.

Parallèlement, des prises d'otages revendiquées par la rébellion se soldent par des assauts sanglants des forces russes, notamment dans un théâtre de Moscou (850 otages et 130 morts) et à Beslan, en Ossétie du nord (plus de 1.000 otages et 330 morts dont 186 enfants).

 

Premier tour de vis

Durant ses deux premiers mandats, Vladimir Poutine renforce son emprise sur le Parlement, place les gouverneurs régionaux sous la coupe de Moscou, renforce le FSB et met au pas les médias, tout comme les puissants et richissimes oligarques. Mikhaïl Khodorkovski, patron déchu du groupe pétrolier Ioukos résiste et sert d'exemple, en restant dix ans derrière les barreaux.

En 2006, le meurtre de la journaliste critique du pouvoir Anna Politkovskaïa, et l'empoisonnement au polonium-210 de l'ex-espion russe Alexandre Litvinenko, provoquent des ondes de choc mondiales.

 

L'intermède Medvedev

La Constitution lui interdisant un troisième mandat consécutif, Vladimir Poutine choisit comme dauphin son subordonné Dmitri Medvedev, élu le 2 mars 2008 sans concurrence réelle. Sans rien perdre de son influence, il devient Premier ministre.

 

Guerre en Géorgie

En août 2008, l'armée russe intervient en Géorgie, ex-république soviétique candidate à l'Otan, après que Tbilissi a voulu reprendre le contrôle d'un territoire séparatiste pro-russe. Moscou écrase l'armée géorgienne.

 

Le retour

Fin 2011, une contestation éclate après des législatives entachées de fraudes selon l'opposition. Des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque semaine à Moscou.

Réélu président en mars 2012, Poutine réprime brutalement les manifestations.

 

"Grande Russie"

Vladimir Poutine endosse les habits de restaurateur de la "grande Russie" en annexant en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée, réagissant à une révolution à Kiev fomentée selon lui par l'Occident.

Cette opération est suivie d'une guerre dans l'Est de l'Ukraine avec des séparatistes prorusses. Poutine reste impassible aux sanctions occidentales.

 

Syrie

En 2015, l'armée russe vient au secours du Syrien Bachar al-Assad, dont les forces sont en déroute face aux rebelles et jihadistes.

L'intervention sauve le régime et Poutine installe la puissance russe au Moyen-Orient, au prix de bombardements aveugles et meurtriers, notamment à à Alep.

 

Eradiquer l'opposition

Depuis 2020, le Kremlin est engagé dans une politique de répression systématique. Sa cible principale: Alexeï Navalny, détracteur le plus célèbre de Vladimir Poutine, qui, après avoir survécu de justesse à un empoisonnement qu'il impute au pouvoir, purge une peine de neuf ans de prison et risque 30 années de réclusion dans un nouveau procès en cours.

Parallèlement, médias, ONG, sites internet et réseaux sociaux sont bloqués.

 

Invasion de l'Ukraine

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine lance ses forces armées en Ukraine, prétextant  sauver la minorité russe chez ce voisin qu'il dit vouloir "dénazifier" et présente comme un pion de l'Otan, la menace existentielle pour la Russie.

 

Face à une rébellion armée

Dans une allocution télévisée le 24 juin 2023, il dénonce la "menace mortelle" et le risque de "guerre civile" après une rébellion armée menée par le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, contre le commandement russe qu'il accuse d'avoir bombardé ses troupes.

Plus tôt, le chef de Wagner avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires.

«Sécurité renforcée»

"Nous sommes tous prêts à mourir, tous les 25.000. Et après il y en aura encore 25.000", avait martelé Prigojine.

Dans la nuit, il avait annoncé être entré à Rostov. Il a aussi assuré que ses troupes avaient abattu un hélicoptère russe qui avait "ouvert le feu sur une colonne civile". Mais il n'a pas apporté de preuves de ces affirmations, dont l'AFP n'a pas pu vérifier la véracité.

Le gouverneur de la région de Rostov a appelé la population à "rester à la maison", et celui de Lipetsk, à 420 km au sud de Moscou, a annoncé "des mesures de sécurité renforcées".

M. Poutine a été forcé d'admettre que la situation à Rostov est "difficile".

Une "enquête pénale" liée à une "tentative d'organiser une mutinerie armée" a été annoncée, selon le porte-parole du Kremlin.

Dans plusieurs messages audio tout au long de la journée, le patron de Wagner avait auparavant affirmé que des frappes russes avaient fait un "très grand nombre de victimes" dans ses rangs. "Un très grand nombre de nos combattants ont été tués", a-t-il dit, accusant le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir ordonné ces attaques.

Ces accusations "ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation", a rétorqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

Le FSB (forces de sécurité) a appelé les combattants de Wagner à arrêter leur chef. Et un influent général, Sergueï Sourovikine, les a exhorté à renoncer à leur révolte.

"Ceux qui ont la responsabilité militaire du pays doivent être stoppés", a aussi dit le patron de Wagner, appelant les Russes à se joindre à ses troupes ou à ne pas leur opposer de résistance.

Evguéni Prigojine, impétueux et imprévisible patron du groupe Wagner

Le conflit en Ukraine a permis à l'imprévisible patron du groupe paramilitaire Wagner de s'imposer comme un acteur de premier plan en Russie. Mais en appelant au soulèvement de l'armée et de la population russes contre l'état-major, Evguéni Prigojine a franchi le Rubicon.

Le président russe Vladimir Poutine a vigoureusement dénoncé samedi la  "trahison" d'Evguéni Prigojine, "provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels", en pointant le risque de "guerre civile".

L'impétueux milliardaire au crâne rasé et aux traits durs a affirmé s'être emparé "sans un coup de feu" du quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, après avoir accusé la veille l'armée russe d'avoir bombardé des camps de son groupe.

Affirmant disposer de "25.000" combattants "prêts à mourir", le chef mercenaire de 62 ans a appelé l'armée et la population russes à se joindre à lui, tout en se défendant de tout "coup d'Etat militaire".

En réaction, les puissants services de sécurité russes ont ouvert une enquête contre lui pour "appel à la mutinerie armée", une grave accusation qui pourrait en théorie l'envoyer derrière les barreaux pour longtemps.

Mais rien n'est certain lorsqu'il s'agit de M. Prigojine, passé maître dans l'art de la provocation et des revirements.

"Il reste encore à comprendre ce qui est en train de se passer", note l'analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, pour qui les autorités cherchent "peut-être à mettre Prigojine hors-jeu, avec la participation active de ce dernier".

"Pour le FSB et l'état-major, c'est clairement du pain bénit. Au bas mot, Prigojine va se prendre un coup sur la tête", ajoute-t-elle.

Maître de la provocation 

Le conflit en Ukraine semblait pourtant avoir fourni une occasion en or à l'homme d'affaires de sortir de l'ombre d'où il opérait depuis des années, pour enfin s'affirmer comme un acteur de premier plan en Russie.

En mai 2023, après des mois de durs et sanglants combats, M. Prigojine atteint la consécration en revendiquant la prise par Wagner de Bakhmout (est de l'Ukraine), célébrant une rare victoire sur le champ de bataille pour les forces russes.

Mais c'est aussi à l'occasion de cette bataille que les tensions avec l'état-major s'accentuent: M. Prigojine l'accuse de priver Wagner de munitions et multiplie les vidéos dans lesquelles il insulte les commandants russes.

Impensable pour n'importe qui d'autre en Russie, dans un contexte de répression totale.

Son passage de l'ombre à la lumière a débuté en septembre, au moment où l'armée russe subissait revers sur revers en Ukraine, une humiliation pour les va-t-en-guerre dont il fait partie.

Il sort alors du bois en admettant, pour la première fois, qu'il est bien le fondateur en 2014 du groupe paramilitaire Wagner, actif en Ukraine comme en Syrie, mais aussi en Afrique. Et s'impose comme un meneur.

"Ces gars, des héros, ont défendu le peuple syrien, d'autres peuples de pays arabes, les démunis africains et latino-américains, ils sont devenus un pilier de notre patrie", revendique-t-il.

En octobre, il pousse cette logique de réclame plus loin encore, installant en grande pompe dans un immeuble de verre de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) le siège de la "compagnie militaire privée Wagner".

Maître de la provocation, il publie en février une vidéo le montrant à bord d'un avion de guerre où il propose au président ukrainien Volodymyr Zelensky de décider le sort de Bakhmout au cours d'un duel aérien.

Milliardaire 

Pour se doter d'une armée à la hauteur de ses ambitions, M. Prigojine, natif comme M. Poutine de Saint-Pétersbourg, recrute des milliers de détenus pour combattre en Ukraine, en échange d'une amnistie.

L'univers de la prison, Evguéni Prigojine le connaît bien, ayant lui-même passé neuf ans en détention à l'époque soviétique pour des délits de droit commun.

Il sort en 1990, alors que l'URSS est en train de s'effondrer, et monte une affaire à succès de vente de hot-dogs.

Il monte ensuite en gamme, jusqu'à ouvrir un restaurant de luxe qui devient l'un des plus courus de Saint-Pétersbourg, où Vladimir Poutine connaît en parallèle sa propre ascension politique.

Après l'accession en 2000 de Vladimir Poutine à la présidence, son groupe de restauration officie au Kremlin, ce qui lui vaut le surnom de "cuisinier de Poutine" et la réputation d'être devenu milliardaire grâce aux contrats publics.

C'est cet argent qu'il aurait donc utilisé pour fonder Wagner, armée privée d'abord composée de vétérans endurcis de l'armée et des services spéciaux russes.

En 2018, alors que ce groupe, déjà remarqué en Ukraine, Syrie et Libye, est soupçonné de prendre pied en Afrique, trois journalistes russes enquêtant sur les affaires de la société paramilitaire sont tués en Centrafrique.

«Cadeau»

La Maison Blanche et l'Union européenne ont dit suivre de près la situation et les chefs de la diplomatie du G7 se sont entretenus pour un "échange de vues".

Rishi Sunak, le Premier ministre britannique a appelé toutes les parties à être "responsables" et à "protéger les civils"

L'opposant russe en exil à Londres et homme d'affaires Mikhaïl Khodorkovski a appelé sur Telegram à soutenir Evguéni Prigojine face à Vladimir Poutine: "Oui, même le diable il faudrait l'aider s'il décidait d'aller contre ce régime!".

"Il n'y a pas de succès militaires" russes, avait déploré vendredi Prigojine, suggérant que l'armée russe subit de lourdes pertes en Ukraine.

Invérifiables de source indépendante, ces propos contredisent ceux de Poutine, selon qui l'armée russe "repousse" tous les assauts ukrainiens.

Le Kremlin a assuré que le président Poutine a reçu le "plein soutien" de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Et la diplomatie bélarusse, a affirmé que la rébellion de Wagner était un "cadeau" fait à l'Occident.


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.