Le pouvoir d'achat des Tunisiens à l'épreuve du mouton de l'Aïd

Pour freiner la hausse vertigineuse des prix des moutons et des  viandes rouges, il a exhorté le mufti de la République a édicter une fatwa (avis religieux) annulant la célébration de l'Aïd, afin de «maintenir le pouvoir d'achat du consommateur», suggère M. Laamiri. (Photo, AFP)
Pour freiner la hausse vertigineuse des prix des moutons et des viandes rouges, il a exhorté le mufti de la République a édicter une fatwa (avis religieux) annulant la célébration de l'Aïd, afin de «maintenir le pouvoir d'achat du consommateur», suggère M. Laamiri. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 25 juin 2023

Le pouvoir d'achat des Tunisiens à l'épreuve du mouton de l'Aïd

  • Cette année et à l'instar de tant d'autres produits de consommation, le prix du mouton «sacrifiable» a augmenté à au moins 1 000 dinars (300 euros), soit plus que le double du salaire minimum dans ce pays du Maghreb
  • Selon le président de la Chambre syndicale nationale des bouchers, Ahmed Laamiri, la hausse des prix des moutons s'explique aussi par un cheptel en décroissance en raison de la sécheresse

TUNIS: "Même si les prix ont flambé, sacrifier un mouton reste primordial". Malgré ses moyens limités, Lotfi Farhati, un ouvrier tunisien, s'est déplacé au souk en quête d'un mouton pas cher pour célébrer l'Aïd al-Adha.

Malgré la grave crise socio-économique que traverse la Tunisie et une inflation galopante qui a mis à mal le pouvoir d'achat, M. Farhati, comme beaucoup d'autres Tunisiens n'a pas renoncé au traditionnel sacrifice du mouton marquant la plus grande fête du calendrier musulman, qui commence mercredi.

"C'est plus qu'une tradition, c'est un rite sacré", affirme ce père de famille de 46 ans. Il confie s'être fait prêter de l'argent pour pouvoir acheter un mouton rien que pour faire plaisir à ses enfants.

Cette année et à l'instar de tant d'autres produits de consommation, le prix du mouton "sacrifiable" a augmenté à au moins 1 000 dinars (300 euros), soit plus que le double du salaire minimum dans ce pays du Maghreb.

"Je comprends que l'agriculteur subit de son côté la hausse des prix des fourrages, mais comment se procurer un mouton sachant que le moins cher coûte autour de 1 000 dinars?", s'interroge M. Farhati.

Selon le président de la Chambre syndicale nationale des bouchers, Ahmed Laamiri, la hausse des prix des moutons s'explique aussi par un cheptel en décroissance en raison de la sécheresse.

"Contrairement à ce qui était annoncé par les responsables et dans les médias, nous disposons uniquement de 650 000 têtes et non pas de 1,1 ou 1,2 million", affirme à l'AFP M. Laamiri. "La rareté favorise l'augmentation des prix", selon lui.

«Prix exorbitants»

Pour freiner la hausse vertigineuse des prix des moutons et des  viandes rouges, il a exhorté le mufti de la République a édicter une fatwa (avis religieux) annulant la célébration de l'Aïd, afin de "maintenir le pouvoir d'achat du consommateur", suggère M. Laamiri.

"Les prix sont exorbitants", convient Nesrine, 43 ans, une mère de deux enfants rencontrée dans un souk de moutons à Ariana, dans la banlieue nord de la capitale Tunis.

Elle a décidé d'attendre avant de mettre la main à la poche en espérant que les prix finiront par baisser, mais hors de question pour elle de renoncer au mouton.

"Je peux réduire les dépenses de loisirs ou le budget alloué aux sorties estivales, mais c'est impossible de priver mes enfants de cette joie et de se réunir autour d'un méchoui".

Fathi Dhifaoui, un marchand de bétail venu vendre ses moutons au marché, dit "comprendre le désarroi et l'indignation du consommateur" mais impute la hausse des prix à la sécheresse et des fourrages excessivement chers.

L'inflation, qui frôle les 10%, se traduit aussi par l'augmentation des prix des gâteaux et des pâtisseries traditionnelles habituellement très prisées en cette période de mariages et de cérémonies de fin d'années universitaires, entre autres occasions festives.

Ali ben Messaoud, directeur marketing de "Pâtisserie Masmoudi", explique que l'enseigne a adapté son offre pour tenir compte de l'érosion du pouvoir d'achat.

"Nous proposons des coffrets où l'on trouve des produits d'appel pour des petites bourses. Le prix est le même. C'est la quantité qui a bien diminué", ajoute cet homme de 33 ans.

La crise financière que traverse la Tunisie se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base, sur fond de vives tensions politiques depuis que le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoir en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du Fonds monétaire international (FMI) en octobre pour un prêt de près de 2 milliards de dollars, mais les discussions sont depuis dans l'impasse faute d'engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.