Ankara nomme de nouveaux ambassadeurs dans plusieurs pays clés

Hasan Murat Mercan sera base à Washington après avoir ente en poste au Japon
Hasan Murat Mercan sera base à Washington après avoir ente en poste au Japon
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Publié le Jeudi 10 décembre 2020

Ankara nomme de nouveaux ambassadeurs dans plusieurs pays clés

  • Un décret stratégique du président Erdogan ouvre un nouveau chapitre dans les relations diplomatiques de la Turquie avec la nomination de 54 ambassadeurs. On compte parmi eux un ancien camarade de classe du président Macron
  • La nomination de Mercan est vue comme une rupture significative avec la tradition qui remplit ces postes de diplomates de carrière depuis des siècles

ANKARA: Un décret présidentiel très attendu concernant la nomination de 54 ambassadeurs de la Turquie dans des missions à l'étranger a été publié mardi.

Certaines nominations ont été considérées comme politiques, en particulier celle de Murat Mercan, l'actuel ambassadeur au Japon, qui occupera désormais le poste d'envoyé principal à Washington.

Les experts estiment que la nomination du politicien de 61 ans au poste américain pourrait être un message voilé à l’égard de l’administration du nouveau président élu Joe Biden. La Turquie semblerait donc prête à ouvrir une nouvelle page dans les relations bilatérales, aux yeux des observateurs américains.

Mercan, qui n'est pas un diplomate de carrière, était membre du parlement turc sous le Parti de la justice et du développement (AKP) aujourd’hui au pouvoir, mais aussi vice-ministre de l'Énergie jusqu'à sa démission en 2014. Titulaire d'un doctorat de l'Université de Floride, il est connu pour être proche de l'ancien président turc Abdullah Gul.

Soner Cagaptay, un universitaire turc de l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, révèle à Arab News que les dernières nominations aux postes d’ambassadeurs pourraient être qualifiées de «mini-révolution» dans le contexte de l’approche traditionnelle du ministère turc des Affaires étrangères.

Cette nomination tactique survient pour la première fois dans la capitale de l'allié le plus important de la Turquie, les États-Unis. Mercan est un politicien pragmatique, mais sa nomination est vue comme une rupture significative avec la tradition turque, qui remplit ces postes de diplomates de carrière depuis des siècles», a-t-il ajouté.

Mercan devra faire face à un programme chargé et complexe. En tête de liste, les potentielles sanctions de la CAATSA (Contrer les adversaires de l'Amérique par la loi des sanctions), envisagées à la suite de la décision d’Ankara d’acheter le système de défense antimissile russe, le S-400.

Les termes des sanctions ont été récemment modifiés dans le cadre d’un projet de loi annuel sur la politique de défense. La nouvelle loi permettrait au président d’imposer au moins cinq sanctions à la Turquie d’ici 30 jours, une mission qui à l'administration de Joe Biden qui doit entrer en fonction le 20 janvier.

Un autre défi pour l'envoyé sera l'affaire de Halkbank sur le contournement des sanctions américaines contre l'Iran, et dont le procès débute à New York le 3 mars prochain.

Emre Caliskan, chercheur au Centre de politique étrangère du Royaume-Uni, affirme à Arab News que les nouveaux ambassadeurs ont été soigneusement sélectionnés par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

«Le changement d'ambassadeurs dans les pays où la Turquie a eu des différends diplomatiques est une indication qu'Erdogan veut ouvrir un nouveau chapitre.                     La nomination de Murat Mercan à Washington par exemple dévoile l'intention d'Erdogan d’entamer un nouveau départ avec l'administration Biden», a-t-il avoué.

Il a ajouté que malgré la nomination politique de Mercan, elle sera perçue positivement par les responsables américains qui accusent l'actuel envoyé turc d'être le «bras long» d'Erdogan à Washington.

«Choisir une telle nomination politique pour les États-Unis indique également qu'Erdogan veut entrer en communication directe avec Joe Biden, comme il le faisait avec (le président américain) Donald Trump», a signalé Caliskan.

La nomination par la Turquie de l’actuel ambassadeur en Tunisie, Ali Onaner, en tant qu’ambassadeur en France, est également vue comme cruciale. Ce dernier était effectivement camarade de classe du président français Emmanuel Macron à l’École nationale d’administration.

Diplomate de carrière, Onaner a félicité Macron dans un tweet lorsque son ami a remporté le premier tour de l'élection présidentielle en avril 2017. Cependant, il a récemment attaqué le leader français sur Twitter quand ce dernier a exprimé le souhait de voir Ankara ouvrir des «canaux de dialogue sérieux». Le 9 septembre il tweete : «J'ai un conseil amical à mon camarade de classe Macron: avancez, n'attendez pas, continuez».

Les médias français voient dans la nomination d'Onaner un «rameau d’olivier» qu'Ankara tendrait à Paris.

L’approche du sommet européen des 10 et 11 décembre sera le théâtre de discussions autour de sanctions potentielles contre Ankara pour ses activités contestées en Méditerranée orientale. Ce sujet aura probablement d’inévitables répercussions sur les relations de la Turquie avec la France.

«Les nominations en France et dans d'autres villes européennes indiquent également qu'Erdogan souhaite avoir une meilleure relation avec l'UE. La plupart des ambassadeurs dans les villes de l'UE sont des diplomates de carrière respectés», ajoute Caliskan.

Burak Akcapar, diplomate de carrière qui a servi aux États-Unis, à l'OTAN et en Allemagne, a été nommé ambassadeur en Espagne.

Tugay Tuncer devient ambassadeur aux Émirats arabes unis et Fatih Ulusoy sera le nouvel envoyé en Arabie saoudite, deux fronts diplomatiques épineux dans les relations de la Turquie avec les pays du Golfe. Caliskan a affirmé que les choix d'Erdogan pour les postes d'Abu Dhabi et de Riyad signifient en effet que la Turquie veut améliorer ses relations avec les deux pays.

«Le nouvel ambassadeur à Abu Dhabi, Tugay Tuncer était le chef de mission adjoint de l'ambassade de la Turquie à Washington. De même, avant de devenir ambassadeur en Éthiopie, Fatih Ulusoy était chargé d’affaires diplomatique à Londres. Les deux personnes nommées sont des diplomates de carrière expérimentés qui ont déjà travaillé à Washington et à Londres », a-t-il ajouté.

Un dialogue de haut niveau aurait récemment eu lieu entre la Turquie et l'Arabie saoudite. Néanmoins, il y a quelques mois à peine, Les spéculations sur une éventuelle coupure des relations diplomatiques allaient bon train. En effet, le 14 août Erdogan a averti Abu Dhabi que la Turquie envisageait de fermer son ambassade et de suspendre ses relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis à la suite à son accord de normalisation des relations avec Israël.

Il y a deux semaines, les EAU ont suspendu les visas de voyage pour les ressortissants de 13 pays, dont la Turquie, pour «des motifs de sécurité».

Dans un autre acte tactique, Kenan Yilmaz, un bureaucrate actif pendant les négociations diplomatiques sur le conflit en Libye, a été lui aussi nommé ambassadeur de Turquie à Tripoli.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: l'armée israélienne annonce la remise de trois dépouilles d'otages à la Croix-Rouge

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit des échanges de dépouilles.

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne.

 

 


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".