L’engouement très modéré des Tunisiens pour « le nouveau monde économique » de Saied

Le président tunisien Kais Saied arrive à la session de clôture du sommet du nouveau pacte financier mondial, le 23 juin 2023 à Paris.
Le président tunisien Kais Saied arrive à la session de clôture du sommet du nouveau pacte financier mondial, le 23 juin 2023 à Paris.
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Publié le Mardi 27 juin 2023

L’engouement très modéré des Tunisiens pour « le nouveau monde économique » de Saied

  • Kaïs Saïed considère que la classe politique et une partie du secteur privé traditionnel sont complices dans ce qu'il perçoit comme la destruction du pays depuis le 14 janvier 2011
  • S’il est arrivé à ses fins sur le plan politique, Kaïs Saïed est encore loin de voir se concrétiser son projet de changement de modèle de développement du pays

TUNIS: Nul ne sait à quel moment Kaïs Saïed a commencé à rêver d’un destin présidentiel, mais l’ancien professeur de droit n’a jamais fait mystère de ce qu’il entendait faire si jamais son rêve venait à se réaliser: opérer une véritable révolution en Tunisie. Révolution politique, d’abord, économique et sociale, ensuite.

Le 6e président de la république tunisienne depuis l’accession de la Tunisie à l’indépendance, en mars 1956, a initié la première en abrogeant la Constitution du 14 janvier 2014 pour la remplacer par celle du 25 juillet 2021. Cette décision visait à remplacer le régime parlementaire en place depuis 2011 par un système présidentialiste. Il a entamé la seconde révolution en promulguant le 21 mars 2022 une loi définissant le cadre juridique des sociétés communautaires, qui tiennent à la fois de la coopérative et de l’entreprise sociale et solidaire.

Selon la vision de Kaïs Saïed, les deux phases de transformation radicale sont étroitement liées. En effet, il considère que la classe politique et une partie du secteur privé traditionnel qu’il ne tient pas en grande estime sont complices dans ce qu'il perçoit comme la destruction du pays depuis le 14 janvier 2011.

Le président tunisien s'efforce de promouvoir l'émergence d'un nouvel acteur économique étroitement lié à l'État et donc, dépendant de celui-ci. Cela lui a valu une accusation de clientélisme, notamment lancée par Chérif Kheraifi, secrétaire général de l'Union des diplômés chômeurs, à la fin de novembre 2022. Le président se défend bien sûr de cette accusation.

En huit mois, à peine une soixantaine de ces sociétés très particulières ont été créées. Pas de quoi modifier le paysage économique et social du pays, comme le veut le président tunisien, Kaïs Saïed.

Outre une ligne de financement de 20 millions de dinars (1 dinar tunisien = 0,30 euro) à la Banque tunisienne de solidarité (BTS, une institution contrôlée à 100% par l’État), inscrite au budget de 2023, les entreprises communautaires à vocation agricole vont se voir octroyer des terrains par les pouvoirs publics.

Où en est aujourd’hui ce projet présidentiel de refonte du paysage économique? S’il est arrivé à ses fins sur le plan politique, Kaïs Saïed est encore loin de voir se concrétiser son projet de changement de modèle de développement du pays. En effet, à ce jour, on compte à peine une soixantaine d’entreprises communautaires. Et ce n’est guère étonnant au vu du peu d’enthousiasme que suscitent ces ovnis économiques, en dehors du cercle des partisans du président.

Constat étonnant, cette initiative présidentielle ne semble pas non plus enthousiasmer grand monde au sein du gouvernement. On a beau chercher ainsi des déclarations de ministres qui y sont favorables, on n’en trouve quasiment pas.

À l’exception du ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, dont l'un de ses conseillers est responsable de ce dossier, aucun autre membre du gouvernement, y compris ceux occupant des fonctions liées à l'économie (industrie, économie, tourisme) et même la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, n'ont évoqué ce sujet.

Certains d’entre eux, comme le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Moez Belhassine, ont pourtant été encouragés par le chef de l’État tunisien à favoriser la création d'entreprises communautaires dans leur secteur. Le président Saïed a encore beaucoup de travail à accomplir avant de voir émerger son nouveau monde économique.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com