Comment Daech exploite l'instabilité du Soudan et menace la sécurité régionale

Après avoir été éliminées avec l'aide des agences de renseignement américaines sous le règne d'Omar el-Bachir, avant son renversement en 2019, les cellules de Daech ont depuis été libres d'organiser une résurgence au Soudan (Photo, AP).
Après avoir été éliminées avec l'aide des agences de renseignement américaines sous le règne d'Omar el-Bachir, avant son renversement en 2019, les cellules de Daech ont depuis été libres d'organiser une résurgence au Soudan (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Comment Daech exploite l'instabilité du Soudan et menace la sécurité régionale

  • Les violences entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide servent de couverture aux infiltrations de Daech
  • Des experts mettent en garde contre un groupe extrémiste qui forge des liens avec des islamistes locaux et recrute des combattants au Soudan

JUBA, SOUDAN DU SUD: Daech, le groupe extrémiste qui a conquis de vastes étendues de territoire en Irak et en Syrie et qui représente aujourd'hui une menace sérieuse en Afghanistan et dans certaines parties de l'Afrique de l'Ouest, a maintenant fait surface au Soudan, où il semble prêt à exploiter le conflit en cours.

S'adressant à Arab News, Elbagar Elnazir, secrétaire de presse de l'ancien Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, chassé du pouvoir par un coup d'État militaire en 2021, a déclaré que de nombreuses cellules de Daech en lien avec des islamistes locaux, opèrent désormais sur le territoire soudanais.

Les affirmations d'Elnazir sont soutenues par Mohamed Ali al-Jazouli, président du Parti de l'État de droit et du développement, qui a confirmé son affiliation à Daech et sa prétendue coordination avec le groupe pour saper l'accord-cadre du Soudan sur la transition vers une démocratie dirigée par des civils.

L'accord de coopération entre Daech et les Frères musulmans, qui viserait à exploiter les troubles au Soudan pour faire avancer leurs propres programmes politiques islamistes, est particulièrement préoccupant, car les experts craignent qu'il ne menace la sécurité régionale dans son ensemble.

Elnazir indique que l'Égypte est un point d'entrée potentiel pour l'infiltration de Daech au Soudan, de même que les pays voisins tels que la Libye, la Somalie et le Tchad. Les récentes attaques de Daech dans la péninsule du Sinaï mettent en évidence la capacité de violence du groupe, ce qui nécessite une vigilance accrue.

«Ils cherchent à prendre le pouvoir et de nombreuses raisons sur le terrain leur permettent de croire qu'ils seront acceptés par la population», a signalé Elnazir.

La propagation de la violence entre les forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide, qui a commencé le 15 avril et s'est transformée en une urgence humanitaire majeure, a fourni une couverture parfaite pour l'infiltration de Daech.

Après avoir été éliminées avec l'aide des agences de renseignement américaines sous le règne d'Omar el-Bachir, avant son renversement en 2019, les cellules de Daech ont depuis été libres d'organiser une résurgence au Soudan.

En 2021, lors d'un seul raid dans la capitale Khartoum, les forces spéciales soudanaises ont localisé et neutralisé cinq militants de Daech. Aujourd'hui, dans le contexte de la violence au Soudan, qui ne semble guère vouloir s'atténuer, les cellules de Daech sont libres de s'implanter, sans être dérangées par les forces de sécurité.

Les violences au Soudan ont attiré l'attention des sites pro-Daech sur Telegram, qui voient dans cette situation une occasion de discréditer leurs rivaux, notamment d'autres groupes djihadistes et des gouvernements régionaux.

Le Soudan, terrain fertile

Daech a l'habitude de forger des alliances avec des factions militantes locales. En fournissant des ressources financières, des armes et des conseils idéologiques, Daech peut renforcer les capacités de ces groupes et leur permettre de mener des attaques plus fréquentes et plus dévastatrices.

Ce soutien ne menace pas seulement la stabilité du Soudan, mais augmente également le potentiel de débordement dans les pays voisins à cause de la porosité des frontières régionales.

Le Soudan étant un terrain fertile pour les combattants, le risque est grand de voir ces individus passer dans les pays voisins pour y commettre des attentats ou propager des idéologies radicales.

Les tactiques de Daech consistent aussi souvent à exploiter les divisions sectaires existantes, ce qui affaiblit encore la cohésion et la sécurité nationales.

«La lutte pour le pouvoir entre les différents groupes ethniques et religieux a créé des divisions que des organisations extrémistes comme Daech peuvent exploiter», a déclaré à Arab News Cameron Hudson, ancien analyste du renseignement de la CIA.

En outre, l'absence de gouvernance et de contrôle efficaces dans certaines régions du Soudan permet à Daech d'établir une présence et de recruter et former des combattants dans le pays.

«Si le conflit n'est pas géré efficacement, divers groupes fondamentalistes trouveront un terrain fertile pour recruter des individus mécontents dans le chaos», a déclaré à Arab News Mukech Kapila, ancien coordinateur résident et humanitaire des Nations unies pour le Soudan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.