La guerre fait rage au Soudan, dans l'impasse humanitaire et diplomatique

Des femmes et des enfants se rassemblent dans un bâtiment d'un camp pour personnes déplacées à Al-Suwar, à environ 15 kilomètres au nord de Wad Madani, le 22 juin 2023 (Photo, AFP).
Des femmes et des enfants se rassemblent dans un bâtiment d'un camp pour personnes déplacées à Al-Suwar, à environ 15 kilomètres au nord de Wad Madani, le 22 juin 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 25 juin 2023

La guerre fait rage au Soudan, dans l'impasse humanitaire et diplomatique

  • L'artillerie, les avions de guerre et les armes automatiques font de nouveau trembler les maisons et, avec elles, les familles terrées entre leurs murs, dans la capitale
  • Les humanitaires qui réclament depuis avril d'accéder aux civils et d'acheminer leur aide médicale et alimentaire continuent de dénoncer les blocages administratifs

KHARTOUM: Des millions de civils sont pris au piège de la guerre entre militaires et paramilitaires samedi à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest du Soudan, où les négociations diplomatiques se soldent sans cesse par des échecs.

L'artillerie, les avions de guerre et les armes automatiques font de nouveau trembler les maisons et, avec elles, les familles terrées entre leurs murs, dans la capitale, rapportent des habitants à l'AFP.

Selon l'ONU, près d'un million et demi d'habitants sont déjà partis de Khartoum depuis le début de la guerre le 15 avril entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Les millions d'autres encore bloqués dans la ville sont privés d'électricité depuis jeudi, affirment plusieurs d'entre eux à l'AFP.

Cela faisait déjà plus de deux mois qu'ils survivaient avec quelques heures d'électricité et d'eau courante par semaine, sous une chaleur écrasante.

A Nyala, au Darfour-Sud, les résidents disent être pris au milieu des combats et des bombardements. "Des civils ont été tués et des blessés arrivent à l'hôpital", rapporte à l'AFP un médecin sous couvert d'anonymat.

Humanitaires bloqués
Au Darfour, comme à Khartoum, deux tiers des hôpitaux sont désormais hors d'usage. Les autres doivent composer avec des stocks de médicaments quasiment à sec et de longues coupures d'électricité faute de carburant pour alimenter leurs générateurs.

Les humanitaires qui réclament depuis avril d'accéder aux civils et d'acheminer leur aide médicale et alimentaire continuent de dénoncer les blocages administratifs qui leur sont imposés.

Sans leur aide, plus de la moitié de la population ne peut plus survivre, selon l'ONU. Et pourtant, les procédures douanières, les couloirs sécurisés et les visas pour relever des équipes locales exténuées n'arrivent toujours pas.

"L'armée ne veut pas que l'aide arrive à Khartoum car elle redoute que les FSR ne s'en emparent", comme lors des nombreux pillages depuis le début de la guerre, car cela leur permettrait de "tenir plus longtemps", décrypte le centre de recherche International Crisis Group (ICG).

Washington a d'ailleurs suspendu cette semaine les négociations en Arabie saoudite qui tentaient --en vain-- depuis des semaines de dégager des couloirs humanitaires.

"Les deux camps veulent utiliser ces discussions pour prendre l'avantage tactique, l'armée en réclamant le départ des FSR des zones résidentielles et les FSR en réclamant l'arrêt des raids aériens de l'armée", poursuit l'ICG.

Mais aucun des belligérants ne semble prêts à céder malgré le danger d'une guerre longue qui pourrait s'étendre bien au-delà des frontières.

Le Tchad appelle à l'aide internationale face à l'afflux de réfugiés soudanais

Le Tchad, où de nouveaux réfugiés fuyant la guerre au Soudan affluent par dizaines de milliers, a réclamé samedi une "aide massive" de la communauté internationale, qu'il accuse de le "laisser presque seul" face à une crise humanitaire "sans précédent".

"La mobilisation de la communauté internationale (...) n'est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d'autres cieux, laissant le Tchad presque seul face à l'accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres", a asséné samedi devant les diplomates et représentants des organisations internationales le Premier ministre Saleh Kebzabo.

«Eldorado pour combattants et mercenaire»
"Cette guerre pourrait mener à l'effondrement total de l'Etat de l'un des plus grands pays d'Afrique", prévient le centre de recherche. Avec des combattants tribaux, des groupes rebelles et des civils armés qui se mêlent désormais aux combats dans différents Etats du Soudan, le risque d'une "guerre civile communautaire" s'accentue.

L'ONU a demandé samedi "une action immédiate" pour faire cesser les tueries à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, où les Massalit --une ethnie non-arabe, majoritaire dans la ville-- sont visés par les FSR alliées à des tribus arabes.

"Sur 16 personnes que nous avons pu interroger à ce jour, 14 ont témoigné avoir été témoins d'exécutions sommaires et de ciblage de groupes de civils sur la route entre El-Geneina et la frontière (tchadienne) -soit des tirs à bout portant sur des personnes sommées de se coucher au sol ou l'ouverture du feu sur la foule", rapporte le Haut Commissariat aux droits de l'Homme.

Pour ICG, "la fenêtre pour arrêter la guerre (...) se referme rapidement".

Une fois close, "les chefs des deux camps ne pourront plus l'arrêter même s'ils le veulent", et cela créerait "un eldorado pour combattants transnationaux, mercenaires et trafiquants qui pourraient perturber la région pendant des années".


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.