Au Caire, les vivants et les morts pris dans le tourbillon de la construction

Cette photo prise le 22 juillet 2020 montre une vue des démolitions de cimetières en cours et des travaux de construction d'un nouveau pont aérien passant par le cimetière de Basatin, au sud du vieux Caire historique. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 22 juillet 2020 montre une vue des démolitions de cimetières en cours et des travaux de construction d'un nouveau pont aérien passant par le cimetière de Basatin, au sud du vieux Caire historique. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Au Caire, les vivants et les morts pris dans le tourbillon de la construction

  • Depuis 2020, des milliers de tombes de la Cité des morts, la plus ancienne nécropole du monde musulman inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, ont été détruites au Caire, deuxième capitale d'Afrique avec plus de 20 millions d'habitants
  • Désormais, une longue autoroute serpente à la place des mausolées familiaux

LE CAIRE: Depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi il y a dix ans, ponts et autoroutes ont redessiné Le Caire, dans un tourbillon de "construction frénétique" qui balaye quartiers résidentiels, espaces verts et même cimetières historiques.

En menant cette "politique du bulldozer", le pouvoir égyptien veut asseoir sa "légitimité" avec de grands projets pour "impressionner les gens en construisant très grand et très vite", explique à l'AFP Dalia Wahdan, professeure à l'Université américaine du Caire.

Pour cela, il faut dégager des espaces. Depuis 2020, des milliers de tombes de la Cité des morts, la plus ancienne nécropole du monde musulman inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, ont été détruites au Caire, deuxième capitale d'Afrique avec plus de 20 millions d'habitants.

"Effrayée" à l'idée que les restes de son père "se retrouvent abandonnés en bord de route", Salma a préféré faire déplacer elle-même le linceul blanc qui renferme ses ossements.

Cette responsable marketing de 30 ans, qui témoigne sous pseudonyme, va désormais se recueillir dans un cimetière à des dizaines de kilomètres de la Cité des morts.

Des centaines d'autres ont fait comme elle. Désormais, une longue autoroute serpente à la place des mausolées familiaux.

Des familles pauvres s'étaient installées dans ces constructions de brique, faute de logement. Elles aussi ont dû partir après avoir travaillé comme fossoyeurs pour plusieurs générations ou construit des logements informels en passe d'être démolis.

Un «X» peint à la bombe 

En tout, selon l'urbaniste Ahmed Zaazaa, plus de 200 000 Egyptiens ont vu leur habitat détruit pour laisser place à des projets d'investissement ou des routes y menant. Comme par exemple celles reliant Le Caire à la Nouvelle capitale administrative qui sort des sables pour un budget estimé par le centre de recherche Pomed à 58 milliards de dollars.

Alors que le centre se gentrifie rapidement, l'Etat a construit des milliers de logements en périphérie.

Certaines familles y ont été relogées après avoir été prévenues et dédommagées pour leur expulsion. Mais de nombreuses autres l'ont apprise en découvrant un "X" peint à la bombe sur le mausolée qu'elles occupaient.

Mme Wahdan a vu l'un de ces signes apparaître sur la tombe qui fait face à celle de son mari, décédé récemment.

"Je ne suis pas sûre que je survivrai au fait de devoir déplacer son corps", confie-t-elle.

Khaled, 26 ans, qui témoigne lui aussi sous pseudonyme, redoute depuis trois ans le jour où une autoroute pourrait faire disparaître le mausolée familial construit en 1899.

Si les plans qu'il a vus sont réalisés, "au mieux, le mausolée sera en bord de route, mais même les responsables ne sont pas certains" du tracé, assure-t-il, dénonçant une "confusion" permanente.

Dans les quartiers pauvres ou populaires, régulièrement des habitants disent avoir vu débarquer un fonctionnaire municipal charger de les recenser: habituellement, le signe que des bulldozers arriveront sous peu.

Certains "ont obtenu des compensations et en sont satisfaits", assure Mme Wahdan, mais de nombreux autres dénoncent des promesses non tenues.

Les autorités disent vouloir "éradiquer les bidonvilles" parce qu'ils sont insalubres. Mais pour Mme Wahdan, cette stratégie est "un cheval de Troie visant (...) à expulser de force" des familles qui, une fois installées dans les villes nouvelles éloignées des services publics du centre, ne peuvent plus joindre les deux bouts.

«Plus drastique que jamais»

D'ailleurs, "en ce moment même, des quartiers informels grandissent pour les absorber", assure M. Zaazaa. Et là, elles risquent de se faire de nouveau expulser.

En parallèle, des quartiers entiers sont attribués à des projets de promotion immobilière, des milliers d'arbres sont coupés pour élargir des routes et des péniches historiques sont saisies pour dégager des espaces de loisirs sur des corniches nouvellement bétonnées.

M. Sissi ne cesse de saluer la vitesse d'exécution de ces méga-projets.

"Seules 20 à 25% de ces réalisations auraient eu lieu", répète-t-il régulièrement, si les responsables avaient suivi le long cours des "études de faisabilité".

En 1995 déjà, l'écrivain Khairy Shalaby décrivait "les bulldozers s'attaquant au coeur du cimetière avec une brutalité infernale, les pelles plongeant dans la terre et rejetant sur les côtés les ossements des défunts" pour construire l'"Autostrad", l'une des plus grandes artères du Caire.

"Mais c'était seulement une parcelle et rien d'aussi brutal qu'aujourd'hui", affirme Mme Wahdan.

La façon dont la ville est redessinée, dit-elle, "est plus drastique que jamais dans son histoire".


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.