Jénine: L’offensive israélienne pourrait constituer un crime de guerre, estime l’ONU

Une femme palestinienne marche près de sa maison détruite, après un raid israélien de deux jours à Jénine, en Cisjordanie occupée par Israël, le 5 juillet 2023 (Photo, Reuters).
Une femme palestinienne marche près de sa maison détruite, après un raid israélien de deux jours à Jénine, en Cisjordanie occupée par Israël, le 5 juillet 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Jénine: L’offensive israélienne pourrait constituer un crime de guerre, estime l’ONU

  • «L'impunité dont jouit Israël pour ses actes de violence depuis des décennies ne fait qu'alimenter et intensifier le cycle récurrent de la violence», ont ajouté les expertes
  • Les deux jours de raids de cette semaine ont représenté l'assaut le plus féroce contre la région depuis la destruction du camp de réfugiés de Jénine en 2002

NEW YORK : L'offensive israélienne contre le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée cette semaine, qui a tué au moins 12 Palestiniens dont cinq enfants, pourrait constituer un crime de guerre, ont déclaré mercredi des expertes de l'ONU.

Des maisons, des immeubles et d'autres infrastructures ont été endommagés au cours des deux jours de raids, lundi et mardi, et plus de 4 000 Palestiniens ont été contraints de fuir.

Les actions d'Israël constituent «des violations flagrantes du droit international et des normes relatives à l'usage de la force et peuvent constituer un crime de guerre», ont déclaré Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, et Paula Betancur, rapporteuse spéciale sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.

«Les attaques ont été les plus violentes en Cisjordanie depuis la destruction du camp de Jénine en 2002», ont-elles ajouté.

Albanese et Betancur ont souligné que des équipes d'ambulanciers s'étaient vu refuser l'accès au camp de réfugiés, empêchant ainsi les blessés de recevoir une assistance médicale.

«Il est déchirant de voir des milliers de réfugiés palestiniens, déplacés à l'origine depuis 1947-1949, contraints de quitter le camp dans une peur abjecte au milieu de la nuit», ont-elles déploré.

Les rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Ce sont des experts indépendants qui travaillent sur une base volontaire, ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne sont pas rémunérés pour leur travail.

«Amplification de la violence structurelle»

Albanese et Betancur ont également dénoncé l'opération «antiterroriste» menée par Israël et ont signalé que le droit international ne justifiait pas de telles actions.

«Ces attaques constituent une punition collective à l'encontre de la population palestinienne, qualifiée de “menace collective pour la sécurité” aux yeux des autorités israéliennes», ont-elles indiqué.

Elles ont également exprimé leur «grave inquiétude» concernant les armes et les tactiques déployées au moins à deux reprises au cours des deux dernières semaines par les forces israéliennes contre la population de Jénine.

«Les Palestiniens du territoire palestinien occupé sont des personnes protégées par le droit international, auxquelles sont garantis tous les droits de l'homme, en particulier la présomption d'innocence», ont souligné Albanese et Betancur.

«Ils ne peuvent être traités comme une menace pour la sécurité collective par la puissance occupante, d'autant plus qu'elle poursuit l'annexion des terres palestiniennes occupées, ainsi que le déplacement et la dépossession de leurs résidents palestiniens».

Les opérations menées par Israël à Jénine représentent «une amplification de la violence structurelle qui imprègne» les territoires palestiniens occupés depuis de nombreuses années, ont-elles ajouté.

«L'impunité dont jouit Israël pour ses actes de violence depuis des décennies ne fait qu'alimenter et intensifier le cycle récurrent de la violence.»

Les expertes de l'ONU ont demandé qu'Israël soit tenu responsable, en vertu du droit international, de son «occupation illégale et des actes de violence qui la perpétuent».

Elles ont soutenu : «Pour que cette violence incessante prenne fin, l'occupation illégale d'Israël doit cesser. Elle ne peut être corrigée ou améliorée à la marge, car elle est erronée au plus profond d'elle-même.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: Amnesty International estime qu'Israël mène «une campagne de famine délibérée»

Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien. (AFP)
Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien. (AFP)
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  • Cette campagne détruit "systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social" à Gaza
  • Pour l'ONG, les témoignages qu'elle a recueillis confirment que "la combinaison mortelle de la faim et de la maladie n'est pas une conséquence malheureuse des opérations militaires israéliennes" à Gaza

JERUSALEM: Israël mène à Gaza une "campagne de famine délibérée", estime Amnesty International dans un communiqué publié lundi alors que l'ONU et de nombreuses ONG ne cessent de mettre en garde contre une famine imminente dans le territoire palestinien en guerre.

Cette campagne détruit "systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social" à Gaza, écrit l'organisation de défense des droits humains après avoir mené des entretiens avec 19 Palestiniens de Gaza vivant dans des camps de déplacés et deux membres du personnel médical traitant des enfants souffrant de malnutrition.

Sollicitée par l'AFP pour une réaction, les Affaires étrangères et l'armée israéliennes n'ont pas immédiatement réagi.

Pour l'ONG, les témoignages qu'elle a recueillis confirment que "la combinaison mortelle de la faim et de la maladie n'est pas une conséquence malheureuse des opérations militaires israéliennes" à Gaza.

"C'est le résultat intentionnel de plans et de politiques qu'Israël a conçus et mis en oeuvre, au cours des 22 derniers mois, pour infliger délibérément aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie calculées pour entraîner leur destruction physique – ce qui fait partie intégrante du génocide en cours d'Israël contre les Palestiniens à Gaza", ajoute-t-elle.

Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien.

Le Cogat, organe du ministère de la défense israélien gérant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés, a estimé le 12 août qu'il n'y avait "aucun signe de phénomène de malnutrition généralisée" dans la bande de Gaza, réfutant des chiffres du mouvement islamiste palestinien Hamas sur les décès dus à la malnutrition.

Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaques sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, Israël assiège à Gaza 2,4 millions de Palestiniens, qu'il a soumis début mars à un blocus humanitaire total, ensuite allégé en mai puis de nouveau fin juillet face aux critiques internationales.

Le territoire palestinien, totalement dépendant de l'aide humanitaire, est menacé d'une "famine généralisée", selon l'ONU, qui appelle à l'"inonder" d'aide.


La Défense civile fait état de 18 morts dans la bande de Gaza

Lâchage d'aide humanitaire sur Gaza. (AFP)
Lâchage d'aide humanitaire sur Gaza. (AFP)
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  • D'après des témoins, de nombreux raids aériens ont été menés dans la nuit et le matin contre différentes zones de la bande de Gaza
  • Selon des témoins, les victimes faisaient partie de "l'unité Sahm" affiliée au mouvement islamiste Hamas. Cette unité regroupe des centaines des agents de sécurité et de volontaires chargés "d'assurer l'aide et de lutter contre les pillards"

GAZA: La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de 18 personnes tuées et des dizaines blessées dimanche dans des bombardements et tirs israéliens dans le territoire palestinien ravagé par plus de 22 mois de guerre.

Alors que les frappes et les opérations au sol de l'armée israélienne se poursuivent dans la ville de Gaza, la radio militaire israélienne a annoncé une réunion dimanche du chef d'état-major, Eyal Zamir, avec le commandement sud sur "les plans de conquête de Gaza-ville", un bastion du Hamas selon Israël.

Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, a dit à l'AFP que parmi les 18 morts figuraient sept Palestiniens tués par une frappe de drone sur la cour de l'hôpital al-Maamadani dans la ville de Gaza, chef-lieu du territoire palestinien située dans le nord.

Selon des témoins, les victimes faisaient partie de "l'unité Sahm" affiliée au mouvement islamiste Hamas. Cette unité regroupe des centaines des agents de sécurité et de volontaires chargés "d'assurer l'aide et de lutter contre les pillards", selon des sources du Hamas.

L'armée n'a pas commenté dans l'immédiat ces bombardements.

D'après des témoins, de nombreux raids aériens ont été menés dans la nuit et le matin contre différentes zones de la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène une offensive destructrice en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, et assiège les quelque deux millions d'habitants.

L'offensive israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans le territoire menacé de famine selon l'ONU.

M. Bassal a affirmé que des bombardements intenses se poursuivaient sur le quartier de Zeitoun, dans la ville de Gaza, où l'armée mène aussi depuis des opérations terrestres étendues à la zone voisine de Tal al-Hawa.

Il a fait état de "pertes humaines et de blessés", dont des enfants et des femmes". La Défense civile "rencontre d'énormes difficultés pour atteindre les personnes coincées sous les décombres, à cause des bombardements intensifs et du manque d'équipements", selon lui.

Israël a dit se préparer à prendre le contrôle de Gaza-ville et de camps de réfugiés voisins dans le but affiché de vaincre le Hamas et libérer les otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre qui a déclenché la guerre.

L'armée a confirmé une série d'opérations à la périphérie de Gaza-ville, où des habitants font état d'intenses frappes et d'incursions au sol.

Selon la radio militaire dimanche, l'objectif de l'armée serait, "d'ici le 7 octobre", non seulement "d'évacuer la population de la ville de Gaza, mais aussi d'achever l'encerclement de la ville et d'en prendre le contrôle opérationnel". "Cela signifie que l'opération commencera dès les prochaines semaines."

"Au moins quatre divisions seront déployées dans la bande de Gaza dans le cadre de la nouvelle opération", a affirmé la radio, évoquant la mobilisation de "plusieurs brigades de réserve, soit des dizaines de milliers de soldats de réserve".

Les autorités israéliennes ont indiqué samedi que "des tentes et autres équipements d'abri seront fournis à compter dimanche dans le cadre des préparatifs de l'armée pour déplacer la population des zones de combat vers le sud de la bande de Gaza pour leur protection".


Ahmad al-Chareh: L'unification de la Syrie ne doit pas se faire par la force

 Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh (Photo AFP)
Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh (Photo AFP)
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  • « Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie, et il nous reste une autre bataille : unifier la Syrie », a-t-il déclaré devant de hauts responsables et des notables de la province d'Idleb (nord-ouest).
  • « Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire, mais dans le cadre d'une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre », a-t-il ajouté.

DAMAS : Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh, a affirmé que l'unification de la Syrie, après des années de guerre civile, ne devait pas se faire « par la force militaire », et a accusé Israël d'ingérence dans le sud du pays.

M. Chareh, dont les propos ont été rapportés dimanche par les médias officiels, s'est exprimé samedi, jour où des centaines de personnes ont manifesté dans la province méridionale de Soueida, à majorité druze, pour dénoncer les violences communautaires de juillet et réclamer le droit à l'autodétermination.

« Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie, et il nous reste une autre bataille : unifier la Syrie », a-t-il déclaré devant de hauts responsables et des notables de la province d'Idleb (nord-ouest).

« Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire, mais dans le cadre d'une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre », a-t-il ajouté.

Il a affirmé que « la Syrie n'est pas menacée de division. Certains veulent cela, ainsi que la création de cantons, mais c'est impossible. » « Certaines parties cherchent le pouvoir à travers des puissances régionales, Israël ou autres », a-t-il accusé.

Lors du rassemblement à Soueida, certains manifestants ont brandi le drapeau israélien et réclamé l'autodétermination de la région. « Soueida libre » ou « Al-Jolani dégage », ont-ils scandé, en référence à M. Chareh, connu jadis sous son nom de guerre, Abou Mohammad al-Jolani, lorsqu'il dirigeait un groupe rebelle islamiste. 

Les affrontements, qui ont éclaté le 13 juillet entre combattants druzes et bédouins sunnites à Soueida, ont duré une semaine avant de s'étendre avec l'intervention des forces gouvernementales et de volontaires venus d'autres régions.

Damas affirme que ses troupes sont intervenues pour mettre fin aux violences. Toutefois, des témoins, des factions druzes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme les ont accusées d'avoir pris parti pour les Bédouins et d'avoir commis des exactions contre les Druzes.

Selon l'OSDH, les violences ont fait environ 1 600 morts, principalement des civils druzes.

M. Chareh a reconnu que Soueida « a été le théâtre de nombreuses violations commises par toutes les parties, dont des membres des forces de sécurité et de l'armée ». Les auteurs de ces violations devront répondre de leurs actes. »

Il a accusé Israël, son voisin, « d'intervenir directement à Soueida en mettant en œuvre des politiques visant à affaiblir l'État syrien ».

Israël, qui prétend vouloir protéger les Druzes et réclame une démilitarisation du sud de la Syrie, a bombardé les forces gouvernementales syriennes pendant les violences à Soueida.

Par ailleurs, concernant l'accord sur l'intégration des institutions kurdes au sein de l'État, M. Chareh a déclaré qu'il « sera appliqué ». Nous discutons des modalités de mise en œuvre. »

Les Kurdes contrôlent une grande partie du nord-est de la Syrie et réclament la décentralisation, ce que rejette Damas.