Dans le nord-ouest de la Syrie, la fermeture d'une voie majeure d'aide humanitaire inquiète

Des travailleurs déchargent des sacs d'aide dans un entrepôt près du poste frontière syrien de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des travailleurs déchargent des sacs d'aide dans un entrepôt près du poste frontière syrien de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Dans le nord-ouest de la Syrie, la fermeture d'une voie majeure d'aide humanitaire inquiète

  • Ghaith al-Chaar, 43 ans, se dit consterné par les querelles politiques et préoccupé par les graves conséquences que cette décision pourrait avoir sur sa famille
  • Sans l'aide de l'ONU, «c'est impossible (de s'en sortir), en particulier si on a des enfants», dit ce père de cinq enfants

BATABO: Dans le nord-ouest de la Syrie, des habitants s'inquiètent mercredi des conséquences du non-renouvellement d'un mécanisme d'aide humanitaire transfrontalier, vital pour les populations d'une région qui échappe toujours au contrôle de Damas.

Le mécanisme permettait à l'ONU d'acheminer aux habitants du nord-ouest du pays, dernière région résistant au régime de Bachar al-Assad, nourriture, eau ou médicaments depuis la Turquie. L'aide passait par le poste-frontière de Bal al-Hawa et sans autorisation de Damas, qui dénonce régulièrement une violation de sa souveraineté.

Ce mécanisme, qui bénéficiait à plus de quatre millions de personnes, a expiré lundi. Et mardi, la Russie, grand allié du régime syrien, a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à sa prolongation de neuf mois.

Dans un camp de déplacés non loin de la ville de Batabo, dans la région d'Idleb, Ghaith al-Chaar, 43 ans, se dit consterné par les querelles politiques et préoccupé par les graves conséquences que cette décision pourrait avoir sur sa famille.

Sans l'aide de l'ONU, "c'est impossible (de s'en sortir), en particulier si on a des enfants", dit ce père de cinq enfants, qui a fui les violents combats de la Ghouta orientale, banlieue est de Damas, il y a cinq ans.

"Même s'il ne s'agissait que d'une aide simple, cela nous apporte un soutien", souligne M. Chaar.

Déclenchée en 2011, la guerre civile en Syrie a tué plus de 500 000 personnes, déplacé des millions d'autres et ravagé les infrastructures du pays.

La Russie est intervenue militairement dans le conflit en 2015, aidant le régime à reprendre une grande partie des territoires passés sous le contrôle des rebelles.

«Question politique»

"La Russie nous a forcés à quitter nos maisons et aujourd'hui (...) elle fait de l'aide humanitaire une question politique", accuse M. Chaar, qui reçoit de la nourriture, des soins médicaux et d'autres aides d'organisations internationales.

Le passage de Bab al-Hawa est contrôlé côté syrien par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancienne branche locale d'al-Qaïda).

Après un séisme meurtrier en février, Damas a autorisé -- jusqu'à mi-août -- l'ouverture de deux points de passage supplémentaires dans des zones sous le contrôle de forces rebelles soutenues par la Turquie.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a dit mardi espérer que cette autorisation soit renouvelée, mais ces deux passages "ne pourront pas compenser" Bab al-Hawa. "85% de nos besoins passaient par la porte qui a été fermée aujourd'hui", a-t-il précisé.

Mercredi, il a déclaré que "le secrétaire général n'abandonnait pas à propos de la possibilité de garder" Baba al-Hawa ouvert.

Les négociations se poursuivaient mercredi à l'ONU pour tenter de trouver une solution à l'impasse.

Pauvreté grandissante

Selon l'ONU, quatre millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, la plupart des femmes et des enfants, ont besoin d'aide humanitaire pour survivre après des années de conflit, de crise économique, d'épidémies et de pauvreté grandissante aggravée par des tremblements de terre dévastateurs. Or, le mécanisme en question permettait d'aider 2,7 millions de personnes chaque mois.

Depuis le séisme, plus de 3 700 camions de l'ONU transportant de l'aide sont passés par les trois points de passage, essentiellement par Bab al-Hawa, dont 79 lundi.

"La vie de millions d'enfants dépend entièrement de l'aide apportée" par ce passage, prévient dans un communiqué Kathryn Achilles de Save the Children: "le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir de nouveau d'urgence et annuler cette décision fatale".

Le représentant russe à l'ONU Vassili Nebenzi a a menacé mardi de "fermer" le mécanisme d'acheminement de l'aide si une proposition russe de renouvellement de six mois n'était pas soutenue. Mais ce texte remet également en cause les sanctions occidentales imposées à la Syrie.

Dans le camp de déplacés, Jaziyah al-Hamid, 55 ans, dit sa colère: "Veulent-ils nous faire la guerre pour notre nourriture?", s'élève cette mère de famille qui a perdu son mari et sa fille dans le tremblement de terre et vit maintenant avec ses cinq enfants dans des conditions difficiles.

Le peu d'aide qu'elle recevait aidait sa famille à couvrir le strict minimum, dit-elle.

"Nous voulons plus d'aide", pas moins. "La Russie ne doit pas fermer le passage."


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".