Holocauste: les «pavés de la mémoire», ciment des familles de disparus

Des "pavés de la mémoire" pour rendre hommage aux victimes de l'Holocauste mais qui peuvent aussi rassembler leurs descendants : à Strasbourg, une cérémonie permet à une trentaine d'entre eux, venus de trois continents, de se retrouver pour la première fois. (AFP)
Des "pavés de la mémoire" pour rendre hommage aux victimes de l'Holocauste mais qui peuvent aussi rassembler leurs descendants : à Strasbourg, une cérémonie permet à une trentaine d'entre eux, venus de trois continents, de se retrouver pour la première fois. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 16 juillet 2023

Holocauste: les «pavés de la mémoire», ciment des familles de disparus

  • «Très souvent, ces commémorations donnent lieu à des retrouvailles» de familles qui «ne se sont jamais rencontrées», avec des gens qui «viennent des quatre coins du monde»
  • Dans la Méditerranée, les trois soeurs ont répandu les cendres de leur mère, décédée en 2003, explique Suzanne

STRASBOURG: Des "pavés de la mémoire" pour rendre hommage aux victimes de l'Holocauste mais qui peuvent aussi rassembler leurs descendants: à Strasbourg, dans l'est de la France, une cérémonie a permis à une trentaine d'entre eux, venus de trois continents, de se retrouver pour la première fois.

En cette matinée ensoleillée, dans le quartier paisible de l'Orangerie, une trentaine de personnes bavardent devant le 36, rue Bautain où se dresse une élégante maison, celle où vivaient les Bernheim: Jacques, Suzanne et leurs enfants, Gaston et Nicole.

Comme tant d'autres juifs, ils ont été déportés en 1944 à Auschwitz. Seule Nicole survivra à l'enfer du camp d'extermination et, après un bref retour en Alsace, partira s'installer aux Etats-Unis chez des proches.

Huit décennies plus tard, ses trois filles, Suzanne et Martine Singer et Michele Reiner, épouse du metteur en scène Rob Reiner, ont fait le déplacement depuis la Californie pour une émouvante cérémonie de dévoilement de quatre "pavés de la mémoire", des "Stolpersteine" (en allemand, les "pierres sur lesquelles on trébuche"), de petits blocs de 10 centimètres de côté scellés dans le sol devant le dernier domicile de victimes du nazisme, juives ou non juives.

«La vie continue»

Chacune porte une plaque de laiton comportant le nom d'une personne, sa date de naissance, celle de sa déportation ou de son exil et, si elle est connue, la date de son décès. Initié en 1996 par le sculpteur allemand Gunter Demnig, ce projet a déjà permis l'installation de plus de 100.000 "Stolpersteine" en Europe.

Préalablement insérés dans le trottoir, les pavés en hommage aux Bernheim étaient recouverts d'une mince couche de terre. Des petits-enfants de Nicole, Romy et Nick Reiner ainsi que Caroline et Alexander Weinstock, en ont balayé la poussière, le laiton est ensuite astiqué pour restaurer l'éclat.

"C'est émouvant mais aussi plein d'espoir", explique à l'AFP, dans un français parfait, Suzanne, 70 ans. "Les nazis ont essayé de tuer tous les Juifs, ils ont tué une bonne part de notre famille mais aujourd'hui, il y avait une trentaine ou plus de cousins, cousines qui sont venus" de France, des Etats-Unis, des Antilles, d'Israël, de Suisse... martèle Suzanne, rabbine qui vit à Riverside, près de Los Angeles. "La vie continue, nous sommes en vie, nous ne sommes pas disparus".

"Notre grand-père, Jacques Bernheim, avait une fabrique de jouets et une ferme de renards", poursuit Suzanne. Les parents de Jacques avaient au total "neuf enfants, deux ont été assassinés, mais le reste a survécu ou leurs enfants ont survécu. Maintenant, il y a une très grande famille", se réjouit-elle.

Une famille dont beaucoup de membres ne se connaissaient pas avant cette cérémonie. Certains résident en France, d'autres ont parcouru des milliers de kilomètres, venant des Etats-Unis, des Antilles ou d'Israël.

Pour l'occasion, Jean-Claude Meyer, 78 ans, avait préparé un arbre généalogique, afin d'inscrire chacun dans la lignée familiale: "Il a encore besoin d'être complété", nuance cet ancien ingénieur qui réside en Suisse, cheville ouvrière du rassemblement de "toutes les branches" de la famille Bernheim qu'il a réussi à contacter "grâce à internet, que nos grands-parents n'avaient pas!", explique-t-il.

«Pied de nez»

"Très souvent, ces commémorations donnent lieu à des retrouvailles" de familles qui "ne se sont jamais rencontrées", avec des gens qui "viennent des quatre coins du monde. On a eu des exemples très touchants, très émouvants", témoigne Richard Aboaf, président de l'association Stolpersteine 67, qui oeuvre depuis 2019 pour la pose de "pavés de la mémoire" dans le Bas-Rhin. Depuis, environ 150 "Stolpersteine" ont essaimé dans l'ensemble du département.

Pour Suzanne, Martine et Michele, le voyage en France s'est poursuivi vers le sud-est, où les Bernheim avaient fui, avant d'être arrêtés puis déportés. Dans la Méditerranée, les trois soeurs ont répandu les cendres de leur mère, décédée en 2003, explique Suzanne. "Elle était vraiment très courageuse et très forte".

"Les descendants ont envie de se retrouver, de dire que la vie continue", façon de montrer qu'ils ont "gagné quelque part contre l'entreprise de destruction de masse" du IIIe Reich, analyse M. Aboaf.

"On reconstruit quelque chose", abonde Jean-Claude Meyer. "Un pied de nez aux nazis..."


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

Short Url
  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Short Url
  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Short Url
  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.