Un remaniement sans chambardement, Attal à l'Education et Rousseau à la Santé

Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre française Elisabeth Borne au musée du Louvre à Paris (Photo d'illustration, AFP).
Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre française Elisabeth Borne au musée du Louvre à Paris (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Vendredi 21 juillet 2023

Un remaniement sans chambardement, Attal à l'Education et Rousseau à la Santé

  • Les poids lourds restent à leur poste à l'issue de ce remaniement présenté comme «technique» par l'entourage d'Emmanuel Macron
  • Macron qui s'est résolu à se séparer des principales figures issues de la société civile et dont le bilan était mitigé, va réunir vendredi un gouvernement aussi pléthorique qu'il l'était jusqu'ici, avec 41 membres au total

PARIS: Des changements à la tête de deux ministères-clés, mais un remaniement assez limité: l'Elysée a dévoilé jeudi la nouvelle équipe gouvernementale, avec la promotion de Gabriel Attal à l'Education et une surprise, l'arrivée à la Santé d'Aurélien Rousseau, l'ex-bras droit d'Elisabeth Borne.

Bruno Le Maire à l'Economie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Sébastien Lecornu à la Défense, Olivier Dussopt au Travail, Christope Béchu à la Transition écologique et même Olivier Véran, un temps donné partant, comme porte-parole du gouvernement: les poids lourds restent à leur poste  à l'issue de ce remaniement présenté comme "technique" par l'entourage d'Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat, qui s'est résolu à se séparer des principales figures issues de la société civile et dont le bilan était mitigé, va réunir vendredi un gouvernement aussi pléthorique qu'il l'était jusqu'ici, avec 41 membres au total.

Il doit s'adresser aux Français d'ici dimanche pour clore les "cent jours" qu'il s'était donné mi-avril pour tourner la page de la crise des retraites.

La réponse de fond aux émeutes urbaines de fin juin attendra, elle, la rentrée.

Incarnation plus forte

La valse à l'Education et à la Santé, priorités du second quinquennat du président, donne un peu de relief à des mouvements par ailleurs peu significatifs.

Ministres et conseillers décrivaient depuis lundi une bataille feutrée entre Elisabeth Borne, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et Emmanuel Macron, qui voulait conserver la cartouche d'un grand chambardement pour des temps plus difficiles.

L'entourage du chef de l'Etat affirme que "sur chacun de ces portefeuilles il s'agit soit d'avoir une incarnation plus forte, soit une capacité à mettre en œuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité".

"Elle redonne du souffle et s'entoure d'alliés", tandis que lui se garde "l'opportunité d'un deuxième ajustement pour la campagne des européennes", ajoute un cadre du camp présidentiel.

Mais selon Céline Bracq, de l'institut de sondages Odoxa, "en termes d’opinion, ce résultat sera soit neutre soit négatif". "Les Français souhaitaient un remaniement d’ampleur avec un changement de Premier ministre et des ministres impopulaires qui seraient sortis du gouvernement", dit-elle à l'AFP.

A l'Education nationale, le départ de celui qui avait été la principale surprise du gouvernement au printemps 2022 est acté: Pap Ndiaye cède sa place au ministre délégué sortant du Budget, Gabriel Attal , 34 ans, étoile montante de la Macronie.

L'historien, souvent critiqué par ses collègues pour sa difficulté à imprimer sa marque sur des dossiers importants, avait reçu le soutien du chef de l'Etat la semaine dernière après avoir été accablé par la droite et l'extrême droite pour sa charge contre CNews.

"Le signal envoyé est terrible. Celui de la servilité envers Bolloré", propriétaire de la chaîne info, a déploré la patronne des écologistes Marine Tonderier. "La honte."

Le député Renaissance Thomas Cazenave succède à Gabriel Attal aux Comptes publics.

Le ministre de la Santé François Braun, médecin urgentiste qui espérait encore jeudi matin sauver son fauteuil, est finalement remplacé par Aurélien Rousseau, 47 ans, spécialiste du dossier qui a dirigé pendant un an le cabinet d'Elisabeth Borne à Matignon.

Bergé aux Solidarités

Autre représentant de cette société civile qu'Emmanuel Macron se faisait fort d'attirer aux manettes de l'Etat, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe est remplacé par une politique pur jus, Aurore Bergé, tonitruante présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale.

La députée La France insoumise Clémence Guetté l'a aussitôt qualifiée de "menteuse en chef sur la réforme des retraites".

Olivier Klein quitte aussi le gouvernement, et son ministère est scindé en deux: le maire divers gauche de Dunkerque, Patrice Vergriete, au Logement et la députée Renaissance de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple Macron, à la Ville, dossier d'autant plus sensible après les émeutes urbaines.

D'autres députés font leur entrée: le MoDem Philippe Vigier aux Outre-mer à la place de Jean-François Carenco ou encore la Renaissance Fadila Khattabi aux Personnes handicapées en remplacement de la MoDem Geneviève Darrieussecq.

Porte-parole médiatique du camp présidentiel, la députée Prisca Thevenot hérite d'un chantier cher au chef de l'Etat, la Jeunesse et le Service national universel. Elle succède à Sarah El Haïry, qui passe à la Biodiversité, un dossier jusqu'ici géré par Bérangère Couillard. Cette dernière est promue ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes à la place d'Isabelle Rome.

La secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, va elle quitter l'exécutif après avoir été épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne.

Rentrée difficile

Mercredi soir, devant les parlementaires de son camp, Emmanuel Macron a fixé à son camp la feuille de route de la rentrée: "innover" pour répondre aux émeutes, "inventer une écologie de progrès et de solutions" et se saisir du sujet explosif de l'immigration pour ne pas laisser "les extrêmes se nourrir".

Or le gouvernement ne dispose toujours pas d'une majorité absolue à l'Assemblée. Après l'épreuve du feu des retraites, Elisabeth Borne va de nouveau batailler à coups de "49.3" pour faire adopter le budget 2024 face à des oppositions déterminées à en découdre.

Le remaniement n'a d'ailleurs pas permis d'élargir la majorité à certains membres du parti Les Républicains, qui avait mis en garde contre les "débauchages individuels". "Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées", s'est réjoui le président des députés LR Olivier Marleix sur BFMTV, estimant que le nouveau casting n'allait pas "bouleverser" la "vie politique française".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.