Budget saoudien 2021: la stabilité macroprudentielle est un objectif clé

Un homme regarde, depuis la tour Faisaliah, vers le centre de Riyad, en Arabie saoudite (Reuters)
Un homme regarde, depuis la tour Faisaliah, vers le centre de Riyad, en Arabie saoudite (Reuters)
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Budget saoudien 2021: la stabilité macroprudentielle est un objectif clé

Budget saoudien 2021: la stabilité macroprudentielle est un objectif clé
  • La part des recettes non pétrolières dans le budget est passée de 34 % en 2019 à 41 % prévus pour 2020
  • Le programme de soutien macrofinancier à la Covid-19 en Arabie saoudite s'est élevé à 3,4 % du PIB

Trois mots viennent à l'esprit lorsque l'on regarde le budget saoudien: «prudence», «réalisme» et «réactivité». 

Comme toutes les économies, l'Arabie saoudite a été touchée par la pandémie. Le ministère des Finances s'attend à ce que le PIB diminue de 3,8 % en 2020 et augmente de 3,2 % en 2021. 

Le ministère des Finances prévoit que les revenus du budget 2021 seront de 846 milliards de riyals saoudiens ([SR], 1 riyal = 0,22 euro), les dépenses de 990 milliards de SR et le déficit de 145 milliards de SR, soit 12 % contre 4,5 % en 2019. Il prévoit également que le déficit budgétaire sera ramené à 5,1 % en 2021, ce qui serait une belle réussite. 

La dette publique devrait augmenter régulièrement et passer de 854 milliards de SR en 2020, soit 34,4 % du PIB, à 1,029 billion de SR en 2023, date à laquelle elle atteindra 31,8 % du PIB. C’est faible par comparaison internationale et prudent compte tenu de la capacité d’endettement du Royaume. Il souligne la maxime d'une gestion financière prudente et durable, que la déclaration prébudgétaire du ministère des Finances rappelle à maintes reprises. 

Les observateurs s'attendent à ce que les réserves restent stables à 346 milliards SR, soit 14 % du PIB, ce qui est important pour maintenir l'ancrage du dollar. 

L’année 2020 a été une année difficile pour l'économie mondiale, et l'Arabie saoudite n'a pas été épargnée par les ramifications de la pandémie de Covid-19. 

Le pays a été particulièrement touché par le double effet de la baisse des prix et de la baisse de la production de pétrole, qui pouvait se faire sentir dans les caisses gouvernementales. Le dernier rapport mensuel sur le marché pétrolier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit que la demande mondiale de pétrole aura chuté de 9,77 millions de barils par jour (b/j) en 2020 et augmentera à nouveau de 5,9 millions de b/j en 2021.  

Les prix du pétrole ont chuté en avril et ne sont revenus que récemment aux niveaux prépandémiques. En outre, l'Opep+ (un regroupement de pays de l'Opep et de 13 alliés non membres) a considérablement réduit sa production: selon S&P Global Platts, cela a entraîné des réductions de la production saoudienne entre mai et novembre, comprises entre 3,42 millions de b/j et 1,99 million de b/j en dessous du niveau de référence de 11 millions de b/j. 

Point positif, le dividende Aramco est bien accueilli: il s'élève à 75 milliards de dollars (1 dollar = 0,82 euro) garantis dont 98 % reviendront au gouvernement. 

L’année 2020 a été une année difficile pour l'économie mondiale, et l'Arabie saoudite n'a pas été épargnée par les ramifications de la pandémie de Covid-19. 

La part des recettes non pétrolières dans le budget est passée de 34 % en 2019 à 41 % prévus pour 2020. L'augmentation de la TVA de 5 % à 15 % en juillet a contribué à ce résultat. Cela prouve la validité de la Vision 2030, qui a pour objectif de libérer le pays de sa dépendance au pétrole. 

L'augmentation de la TVA constituait une mesure anticyclique et doit être considérée dans le contexte de la recherche par le gouvernement de flux de revenus supplémentaires pour assurer la stabilité budgétaire. 

Toujours sur le sujet de la gestion financière prudente et durable, le programme de soutien macrofinancier à la Covid-19 en Arabie saoudite s'est élevé à 3,4 % du PIB, ce qui est faible par rapport aux normes du Groupe des vingt (G20) et surtout par rapport à ses voisins du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les Émirats arabes unis, Bahreïn et Oman, où le programme se situait entre 25 et 30 %. 

Garantir 60 % des salaires des Saoudiens employés dans le secteur privé et 47 milliards de SR supplémentaires pour les soins de santé a prouvé les efforts du gouvernement pour minimiser les effets néfastes de la pandémie sur la population et assurer des soins de santé adaptés en période de pandémie. 

Les dépenses budgétaires se concentrent sur les priorités suivantes: soutenir la Vision 2030, lutter contre la pandémie et ses effets possibles, favoriser la flexibilité pour faire face aux développements et aux risques et permettre une participation accrue du secteur privé au développement des infrastructures. 

Dans l'ensemble, ce que nous avons vu du budget semble réaliste et certainement à la hauteur des normes de prudence budgétaire et de stabilité macroprudentielle. 

Cornelia Meyer est une économiste titulaire d'un doctorat, avec trente ans d'expérience dans le domaine de la banque d'investissement et de l'industrie. Elle est présidente et PDG de la société de conseil aux entreprises Meyer Resources.

Twitter : @MeyerResources 

NDRL : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com