La relation franco-allemande toujours à la peine

Le chancelier allemand Olaf Scholz (devant à droite) regarde le président français Emmanuel Macron arriver pour participer à une session du sommet des dirigeants du G20 au Bharat Mandapam à New Delhi, le 9 septembre 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz (devant à droite) regarde le président français Emmanuel Macron arriver pour participer à une session du sommet des dirigeants du G20 au Bharat Mandapam à New Delhi, le 9 septembre 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Samedi 09 septembre 2023

La relation franco-allemande toujours à la peine

  • Au-delà d'une relation distante entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, les principaux dossiers sont devenus des «lieux d'affrontements idéologiques» entre les deux pays
  • A Berlin, on assure que malgré les divergences de vue, on finit toujours par s'entendre sur l'essentiel, conscients que sans «le moteur» franco-allemand, il n'y pas d'avancée en Europe

PARIS : La France et l'Allemagne affichent de plus en plus ouvertement leurs différends, de l'énergie aux règles budgétaires en passant par la défense, au risque de fracturer l'Europe à l'heure où les défis internationaux s'accumulent.

Au-delà d'une relation distante entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, les principaux dossiers sont devenus des "lieux d'affrontements idéologiques" entre les deux pays, observe Eric-André Martin, secrétaire général du Cerfa, le Comité d'études des relations franco-allemandes de l'Institut français des relations internationales (Ifri).

A Berlin, on assure que malgré les divergences de vue, on finit toujours par s'entendre sur l'essentiel, conscients que sans "le moteur" franco-allemand, il n'y pas d'avancée en Europe.

Paris met également en avant la volonté commune de surmonter les difficultés. Les cheffes de la diplomatie française Catherine Colonna et allemande Annalena Baerbock martèlent qu'elles sont en contact constant.

"L'Allemagne et la France sont, c'est bien connu, les meilleurs amis du monde, mais il nous arrive parfois de nous chamailler comme un vieux couple", a pourtant admis la ministre allemande vendredi dans le quotidien français Ouest-France, évoquant notamment la difficile réforme du marché européen de l'électricité.

Avec en filigrane la bataille autour du nucléaire, que la France met en avant pour l'approvisionnement en électricité quand l'Allemagne a fermé en avril sa dernière centrale.

"Nous ne sommes d'accord sur rien", renchérit, sans détour, le vice-chancelier Robert Habeck, en charge de l'économie.

Même son de cloche à Paris où on évoque des "discussions difficiles" sur l'énergie et la réforme des règles budgétaires et où on voudrait bien des Allemands plus "coopératifs".

Des différends qui deviennent structurels. Pour Frank Baasner, directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, on assiste à "un décalage de perceptions, d'analyses et de priorités presque partout".

«A un tournant»

Un décalage alimenté par la stagnation de l'économie allemande et des doutes croissants des Allemands sur la capacité de rebond de leur pays.

"La France: l'Allemagne en mieux", a même titré dernièrement l'hebdomadaire allemand der Spiegel de façon assez provocatrice. Un titre qui n'est pas passé inaperçu à Paris.

"On retombe dans des situations où chacun pense d'abord à soi en oubliant que les solutions ne peuvent être qu'européennes", relève l'expert allemand Baasner.

Or l'Europe est confrontée à une série d'urgences, assurer sa sécurité après l'offensive russe en Ukraine, accélérer sa transition écologique et accroître sa compétitivité face à la Chine et aux Etats-Unis.

Dernier exemple en date de dissensions, le projet franco-allemand de char du futur (MGCS), censé aboutir entre 2035 et 2040 pour remplacer à l'horizon 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 de la Bundeswehr, mais qui peine à émerger.

Les ministres de la Défense allemand et français, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, avaient affirmé mi-juillet leur volonté de faire progresser ce projet.

Mais alors que les deux hommes doivent en discuter lors d'une rencontre prévue en France le 22 septembre, la presse allemande a évoqué cette semaine la création récente d'un consortium industriel susceptible de concurrencer le programme MGCS.

Celui-ci regrouperait des entreprises allemandes, suédoise, italienne et espagnole. La France, elle, n'y serait partie prenante que via la participation du groupe français Nexter dans la société franco-allemande KNDS. Un camouflet.

"On est à un tournant dans la relation franco-allemande", estime Eric-André Martin, pour qui la question de la capacité des deux pays "à répondre aux défis" est "clairement posée".

"Ce n'est pas l'image d'un couple mais l'image de deux pays qui sont chacun porteur de modèles et d'intérêts divergents, qui s'affrontent et constituent des pôles opposés au niveau européen, contribuant à fragmenter l'Europe en créant des majorités de circonstances", dit-il.

Deux groupes de pays ont ainsi déjà émergé, ceux du Benelux, "un peu navrés du blocage européen" et ceux, qui comme la Pologne, y voient "l'occasion de pousser leurs pions en ayant une activité diplomatique beaucoup plus forte", note-t-il.

Près de deux ans après l'arrivée d'Olaf Scholz au pouvoir, les deux dirigeants n'ont toujours pas trouvé non plus la complicité des tandems précédents. Ils vont se revoir début octobre à Hambourg, l'occasion de mettre à plat leurs différends de manière "ouverte" dans une ambiance "plus informelle", espère Paris.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.