La sécheresse en Europe a été une bénédiction pour les producteurs d'huile d'olive du Moyen-Orient

Des agriculteurs palestiniens cueillent des olives pendant la saison des récoltes dans une oliveraie à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)
Des agriculteurs palestiniens cueillent des olives pendant la saison des récoltes dans une oliveraie à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

La sécheresse en Europe a été une bénédiction pour les producteurs d'huile d'olive du Moyen-Orient

  • Les récoltes décevantes en Europe ont donné aux producteurs arabes l'occasion d'affirmer leur domination sur leurs concurrents
  • L'ingrédient a une valeur économique, culturelle et agricole considérable dans le monde entier

DUBAΪ: L'olivier ancien semble être la dernière victime des changements climatiques à l'échelle de la planète.

En raison d'une sécheresse qui a duré toute l'année et d'un été torride dans le sud de l'Europe, le cœur de la production d'huile d'olive, l'Espagne, premier producteur mondial, et d'autres pays ont dû se battre pour satisfaire la demande mondiale de cet ingrédient de base pour la cuisine.

En conséquence, les fabricants européens se sont tournés vers le Moyen-Orient pour tenter de remédier à la pénurie.

«Le déficit d'approvisionnement doit être comblé et il n'y a pas de meilleur moment pour que le Moyen-Orient, et en particulier les États du Golfe, commence à le faire», déclare Mazen Assaf, sommelier et entrepreneur dans le domaine de l'huile d'olive.

Le monde arabe est considéré comme le berceau de l'huile d'olive et compte près de 1 600 variétés d'olives, explique M. Assaf, sommelier en huile d'olive et entrepreneur.

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Le monde arabe est considéré comme le berceau de l'huile d'olive et compte environ 1 600 variétés d'olives, explique Mazen Assaf, sommelier en huile d'olive et entrepreneur. (Photo fournie)

«Les opportunités sont là et plus évidentes que jamais.»

Au cours des derniers mois, l'Italie et le Portugal, respectivement deuxième et quatrième producteurs mondiaux d'huile d'olive, ont également connu des revers liés au climat, ce qui a entraîné une diminution des stocks.

En revanche, la Grèce, troisième producteur mondial, a bénéficié d'un climat doux et de précipitations suffisantes tout au long de l'année. Malgré ces conditions, elle a du mal à répondre à la demande internationale croissante pour ce produit.

«L'huile d'olive est un aliment de base profondément ancré dans la culture méditerranéenne. Toutefois, son influence s'étend au monde entier», souligne Mazen Assaf à Arab News.

«La demande grimpe en flèche à l’échelle mondiale et l'offre diminue considérablement en Europe, ce qui entraîne une hausse des prix dans le monde entier.»

En règle générale, l'Espagne produit plus de 50% de l'huile d'olive mondiale, avec une moyenne de 1,2 million de tonnes par an.

Mais au cours des deux dernières années, une série de vagues de chaleur marquées par des températures dépassant les 40 °C ont réduit la production du pays à quelque 600 000 tonnes.

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Les variétés Chetoui et Chemlali sont populaires au Maroc et en Tunisie, ainsi que la Souriani qui est originaire des pays du Levant. (AFP)

Le prix d'une bouteille d'huile d'olive en Espagne a donc augmenté de près de 60% en 2022 et il s'élève actuellement à 10 euros le litre pour le type extra vierge.

Les répercussions de la sécheresse et de la pénurie d'huile d'olive en Espagne se font sentir en Turquie, où le ministère du Commerce a imposé une interdiction de trois mois sur les exportations d'huile d’olive.

«Les inquiétudes de l'Espagne ne sont pas les seules», indique M. Assaf, ajoutant que les incendies de forêt devenaient un phénomène de plus en plus courant dans l'ensemble de la Méditerranée.

«La présence de la bactérie xylella fastidiosa sur ces terres tue aussi lentement les oliviers, ce qui entraîne une nouvelle baisse de l'offre», ajoute-t-il en faisant référence à la Grèce et à l'Italie.

Selon certains rapports, la bactérie mortelle a tué plus de 21 millions d'oliviers dans la région des Pouilles, au sud de l'Italie, qui représentait jusqu'à récemment la moitié de la production d'huile d'olive du pays.

Naïm ben Saïd, partenaire du moulin Dear Goodness en Tunisie, déclare que la production mondiale d'huile d'olive avait chuté de 20% par rapport à la saison de récolte précédente, principalement en raison de la réduction de la production en Europe.

 

Types d'huile d'olive

- Vierge: Il s'agit du jus pur extrait des olives par des moyens mécaniques. En fonction de paramètres de qualité spécifiques tels que l'acidité et l'oxydation, elle peut également être qualifiée d'«extra vierge».

- Mixte: Également connue sous le nom d'«huile d'olive pure ou ordinaire», il s'agit d'un mélange d'huile vierge extra et, généralement, d'huile raffinée chimiquement.

- Pomme: elle est extraite du résidu des olives après le processus de pressage initial.

Source: Naïm ben Saïd, partenaire du moulin Dear Goodness en Tunisie.

 

«En termes de consommation mondiale, l'Union européenne (UE), les États-Unis et la Turquie représentent plus de 65% du total», précise-t-il à Arab News.

En termes de consommation par habitant, la Grèce arrive en tête avec une moyenne annuelle de 12,7 litres, suivie de l'Espagne avec 11,6 litres et de l'Italie avec 9,1 litres.

En comparaison, dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), le Maroc a la consommation annuelle moyenne par habitant la plus élevée avec 4 litres, suivi de la Syrie avec 3,9 litres et de la Tunisie avec 2,5 litres, selon M. Ben Saïd.

Les niveaux de production actuels étant appelés à devenir la nouvelle norme, plusieurs pays du Moyen-Orient, notamment le Liban, la Tunisie, le Maroc et la Jordanie, contribuent à combler le déficit.

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Vue aérienne d'un verger d'oliviers et de figuiers dans le village de Kurin, dans le sud de la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles. (AFP)

Mazen Assaf précise que le monde arabe est considéré comme le berceau de l'huile d'olive et compte près de 1 600 variétés d'olives, dont la Chetoui et la Chemlali, populaires au Maroc et en Tunisie, ainsi que la Souriani, originaire des pays du Levant et connue pour sa saveur exquise et ses niveaux élevés d'antioxydants.

«Le Liban a connu une forte augmentation de ses exportations, tandis que la Tunisie et le Maroc ont toujours exporté plus de 90% de leur production vers l'Europe, où elle est mise en bouteille et conditionnée en tant qu'huile européenne», explique-t-il.

Bien qu'il soit en proie à une crise économique grave et prolongée, ainsi qu'aux défis liés aux pénuries de main-d'œuvre, aux perturbations de l'approvisionnement en électricité et à l'inflation galopante, le Liban a produit 17 000 tonnes d'huile d'olive en 2022-23, conformément à sa moyenne quinquennale.

Les infrastructures d'Arabie saoudite et de Jordanie ont également augmenté leur capacité de production.

La Jordanie a maintenu un approvisionnement régulier en huile d'olive malgré les revers causés par le changement climatique et la pénurie d'eau. Selon le Jordanian Olive Presses Owners' Syndicate, la production devrait augmenter de 25% au cours de la prochaine saison, ce qui s'accompagnera d'une légère hausse des prix.

Ces dernières années, la production d'huile d'olive en Jordanie a connu des fluctuations, notamment une baisse de 34 720 tonnes en 2019 à 23 000 tonnes en 2021. Mais les perspectives sont prometteuses.

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La filière de l'huile d'olive joue un rôle crucial dans les pays de la région Mena, en assurant la subsistance des agriculteurs et en soutenant le commerce intérieur et international. (AFP)

Selon le ministère de l'Agriculture, la Jordanie compte quelque 11 millions d'oliviers, qui représentent 72% des arbres fruitiers et près de 30% des surfaces cultivées.

La probabilité que les températures mondiales dépassent le seuil critique de 1,5 °C d'augmentation d'ici à 2027 constitue une menace importante pour le cycle de récolte de l'huile d'olive dans de nombreux pays arabes, dont la Jordanie.

«L'impact de cette situation plonge le monde dans l'incertitude, car des scénarios climatiques similaires à ceux qui se déroulent en Europe ne peuvent être exclus pour les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord», déclare Farah Najem, consultante principale au sein de la société d'ingénierie et de services professionnels WSP.

Elle souligne que la crise actuelle de l'huile d'olive constitue une occasion unique pour les économies de la région Mena, dont beaucoup dépendent traditionnellement des industries primaires telles que la récolte des olives.

«Des Grecs aux Romains, en passant par de nombreuses régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les olives ont trouvé leur place dans les bols et les assiettes de la civilisation depuis des siècles», précise-t-elle à Arab News.

La filière de l'huile d'olive joue un rôle crucial dans les pays de la région Mena, en assurant la subsistance des agriculteurs et en soutenant le commerce national et international.

Malgré les défis auxquels la filière est confrontée, il y a encore des raisons d'être optimiste, avec des stratégies innovantes et durables qui contribuent à assurer son avenir, selon Mme Najem.

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Selon Fortune Business, la taille du marché mondial de l'huile d'olive s'élève actuellement à 14,20 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro). (AFP)

«De nombreuses initiatives visant à accroître la production alimentaire dans la région témoignent de la volonté de surmonter les contraintes géographiques, la pénurie d'eau et les difficultés climatiques», affirme-t-elle.

Ces initiatives montrent que la production durable peut être un facteur essentiel pour préserver la sécurité alimentaire et la stabilité économique, ajoute-t-elle.

«L’avantage pour les pays du Moyen-Orient qui prennent des initiatives actives en matière de sécurité alimentaire et hydrique est qu'ils peuvent se positionner pour créer des mécanismes nationaux de sécurité alimentaire robustes tout en renforçant la stabilité économique face aux fluctuations du marché mondial», souligne Farah Najem.

Selon Fortune Business, la taille du marché mondial de l'huile d'olive s'élève actuellement à 14,20 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) et il devrait atteindre 18,42 milliards de dollars en 2030, soit un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3,3%. Dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique en particulier, la taille du marché devrait croître à un TCAC de 2,18% au cours de la même période.

«Cela représente une projection de croissance significative pour la région Mena, une région qui abrite plusieurs pays en première ligne de la sécurité alimentaire mondiale», note Mme Najem.

Entre-temps, les pays non méditerranéens ont également été témoins d'une augmentation constante de la demande d'huile d'olive.

«L'huile d'olive est la plus saine des matières grasses, elle regorge d'antioxydants et constitue un ingrédient essentiel du régime méditerranéen sain», explique M. Assaf.

«Comme elle est d’origine entièrement végétale, elle suscite un intérêt croissant de la part du consommateur moyen.»

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"L'huile d'olive est la plus saine des graisses, elle regorge d'antioxydants et constitue un ingrédient essentiel du régime méditerranéen sain", a déclaré Mazen Assaf. (Photo fournie)

Il déclare que la demande d'huile d'olive a explosé aux États-Unis – parallèlement à une forte augmentation de la production, en particulier en Californie – ainsi qu'en Asie du Sud-Est et de l'Est, où des pays comme le Japon ont manifesté un vif intérêt pour sa production en raison de l'augmentation de la consommation.

Le Chili, l'Australie, l'Argentine et le Brésil augmentent également leur production, ce qui laisse présager un avenir radieux pour le secteur de l'huile d'olive, dont la valeur économique, culturelle et agricole est considérable dans le monde entier.

Mazen Assaf conclut: «Je suis persuadé que nous n'abandonnerons pas facilement ce secteur. L'huile d'olive est notre culture, notre patrimoine, notre passion, notre bouée de sauvetage et notre vocation.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.