«Je n’ai pas pu retenir mes larmes» : les journalistes face à l'effroyable tragédie du séisme marocain

Un habitant en larmes pendant les opérations de recherche dans le village d'Imi N'Tala, le 17 septembre 2023, après le puissant tremblement de terre de magnitude 6,8. (Photo, AFP)
Un habitant en larmes pendant les opérations de recherche dans le village d'Imi N'Tala, le 17 septembre 2023, après le puissant tremblement de terre de magnitude 6,8. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

«Je n’ai pas pu retenir mes larmes» : les journalistes face à l'effroyable tragédie du séisme marocain

  • Bravant le risque d’une réplique sismique, ces journalistes doivent souvent faire preuve de beaucoup de courage et d’un haut niveau de professionnalisme
  • «Je n’ai pas pu retenir mes larmes surtout que je m’exprimais dans ma langue maternelle, l’amazigh, j’ai peut-être ressenti les choses avec plus d'intensité à ce moment-là», explique Houcine Ouzzig

CASABLANCA: Le séisme qui a secoué le Maroc a été l’un des épisodes les plus traumatisants de l’histoire moderne du Royaume. Beaucoup de ceux qui l’ont vécu garderont une trace indélébile de cette catastrophe naturelle qui a fait plus de 3 000 morts et plus de 5 000 blessés. 

Les journalistes font partie de ceux qui sont arrivés les premiers sur place pour rapporter l'information.

Que ce soit derrière un microphone, une caméra ou un appareil photo, des centaines de ces relais de l’information se sont déplacés sur les lieux du drame afin de rapporter, d’expliquer et de transmettre les derniers développements. 

Bravant le risque d’une réplique sismique, ces journalistes doivent souvent faire preuve de courage et d’un haut niveau de professionnalisme afin de maîtriser leurs émotions et de mener à bien leur mission de messagers.

Arab News en français est parti à la rencontre de certains d’entre eux afin de recueillir leurs témoignages.

«Je n’ai pas pu retenir mes larmes»

Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux marocains, Houcine Ouzzig, journaliste et présentateur du journal télévisé en arabe et en amazigh sur la chaîne 2M, a décrit la tragédie avec une profonde émotion. Bien qu'au bord des larmes, il a su maintenir son professionnalisme pour transmettre l'information aux téléspectateurs.

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Houcine Ouzzig, journaliste et présentateur du journal télévisé en arabe et en amazigh sur la chaîne 2M. (Photo fournie)

«J'étais en train de rapporter en amazigh la situation à Taroudant lors du premier jour suivant le séisme, où le bilan faisait état de 320 morts, et je donnais l’exemple d’un monsieur que j’ai vu de mes propres yeux à l'hôpital de Taroudant qui comptait les morts parmi ses proches», explique Houcine à Arab News en français

«Il avait énuméré son père et sa mère, ses quatre sœurs, ses frères, ses neveux et, au bout du compte, il avait dénombré 18 membres de sa famille proche avant de fondre en larmes», poursuit-il avant d'avouer: «Je n’ai pas pu retenir mes larmes, surtout que je m’exprimais dans ma langue maternelle, l’amazigh; j’ai peut-être ressenti les choses avec plus d'intensité à ce moment-là.»

Vivant à Agadir, non loin de l'épicentre du séisme, H.Ouzzig a été l’un des premiers journalistes à être mobilisé pour couvrir le malheureux événement. 

Au moment où la secousse a fait vaciller le Royaume, le journaliste était dans les bureaux de 2M à Agadir. «On était au deuxième étage de l’immeuble lorsque la terre a tremblé. Avec un collègue, nous avons rapidement quitté l’immeuble», se remémore-t-il. «Deux minutes après, nous sommes remontés pour prendre nos affaires et notre matériel. Nous étions déjà prêts pour le travail.» Une heure après la secousse, Houcine et le cameraman qui l’accompagnait diffusaient déjà un direct sur la chaîne nationale. 

Mayssoun Azzam journaliste d'Al Arabiya redonne le sourire à de jeunes victimes du séisme

Parmi les journalistes qui ont été sur place et qui ont même réussi à redonner le sourire aux enfants sinistrés, on retrouve Mayssoun Azzam, journaliste emblématique de la chaîne saoudienne Al Arabiya. 

Dans une séquence retransmise en direct à la télévision, on peut voir la journaliste entourée de jeunes enfants, victimes de la tragédie, qui jouent aux “journalistes”.

Encadrés par Mayssoun Azzam, Zakaria au micro et Mohammed derrière la caméra se livrent ainsi à une simulation, rapportant la situation sur place à Amzmiz, sous les yeux joyeux de leurs amis.

Un jeu de rôle qui réchauffe le cœur de ces jeunes et qui a également suscité la sympathie des Marocains sur les réseaux sociaux.

 

 

«Je n’ai pas dit la vérité à mes parents»

«C’est la première fois que j'ai été amené à couvrir une catastrophe naturelle de cette ampleur», explique de son côté Othman Oulad Si Haida, vidéaste indépendant marocain. 

«Lorsque ma famille a découvert que j'allais me rendre sur les lieux, elle s'y est opposée... J'ai dû mentir en leur disant que j’allais travailler loin de la zone sinistrée», poursuit-il, soulignant que son métier impliquait ce genre de risque.

Une fois sur les lieux, Othman a été confronté à une réalité bouleversante: des villages littéralement rasés de la carte, une population en pleurs qui déterre pour enterrer ses morts et des enfants qui semblaient ne pas comprendre ce qui venait de se produire. «Le spectacle était désolant», confie le vidéaste.

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Se sentant désemparé face à cette situation, Othman avoue que la seule chose qui l’a aidé à retrouver le moral était l'élan de solidarité des Marocains qu’il a retrouvé sur place. (Photo, Fadwa Al Nasser/Rotaract Mundiacity)

Un événement en particulier l’aura profondément marqué. «Il y avait ce garçon de 8 ans dans un hôpital militaire, qui avait perdu ses deux parents», explique-t-il avec émotion. «Il avait également perdu partiellement sa mémoire, m’a expliqué le médecin qui le prenait en charge», poursuit Othman. Mais le plus déchirant, c’était que «chaque matin, à son réveil, l’enfant demandait à voir ses parents, ne comprenant pas la situation».

Se sentant désemparé face à cette situation, Othman avoue que la seule chose qui l’a aidé à retrouver le moral était l'élan de solidarité des Marocains qu’il a retrouvé sur place. «Les gens faisaient plus qu’il en faut pour aider les sinistrés», se rappelle-t-il, et «évidemment moi en tant que professionnel, ça m'a donné de l'énergie pour garder le cap et faire de mon mieux dans mon travail», conclut-il.

«Il faut s’inspirer de ces gens»

Elle savait à quoi s’attendre, pour avoir déjà couvert des événements dramatiques, mais les images ont été saisissantes pour Fadwa Al Nasser, photojournaliste pour L’Economiste et Assabah, deux quotidiens de poids au Maroc.

«Nous réalisons à quel point nous sommes peu de choses et nous devons véritablement être reconnaissants pour ce que nous avons dans nos villes», affirme-t-elle à Arab News en français. 

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«Ce qui a changé cette fois, c’est la disparité incroyable entre une zone urbaine et une zone rurale pratiquement oubliée de tous».  (Photo, Fadwa Al Nasser/Rotaract Mundiacity)

«Ce qui a changé cette fois, c’est la disparité incroyable entre une zone urbaine et une zone rurale pratiquement oubliée de tous», ajoute Fadwa.

«Ces gens n’ont rien, mais lorsque nous sommes arrivés sur place, ils ont été très accueillants, chaleureux et tenaient à partager le peu qui leur restait avec nous», explique la photojournaliste de 29 ans.

«Il faut s’inspirer de ces gens et de leur résilience», déclare Fadwa avec émotion. Elle a également salué la solidarité des Marocains, en particulier certaines associations qu’elle a eu l’occasion d’accompagner et qui, selon elle, «font de leur mieux afin d’aider les victimes du sinistre».


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com