Climat: L'humanité «a ouvert les portes de l'enfer», dénonce le chef de l'ONU

Le secrétaire général américain Antonio Guterres s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023 (Photo, AFP).
Le secrétaire général américain Antonio Guterres s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 septembre 2023

Climat: L'humanité «a ouvert les portes de l'enfer», dénonce le chef de l'ONU

  • La poursuite de la hausse des émissions de gaz à effet de serre a entraîné une «chaleur épouvantable» et des «incendies historiques» selon Antonio Guterres
  • Mais il n'est pas trop tard «pour limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C», a assuré le chef de l'ONU

NATIONS UNIES: L'humanité qui rechigne à se désintoxiquer des énergies fossiles a "ouvert les portes de l'enfer", a dénoncé mardi le secrétaire général de l'ONU lors d'un sommet sur l'ambition climatique en l'absence remarquée des Etats-Unis et de la Chine.

La poursuite de la hausse des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, a entraîné cette année une "chaleur épouvantable" et des "incendies historiques" à travers le monde, a constaté Antonio Guterres lors de cette réunion partiellement éclipsée par l'annonce du Royaume-Uni de mettre un coup de frein à certains de ses engagements climatiques.

Mais il n'est pas trop tard "pour limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C", a assuré le chef de l'ONU. "L'avenir n'est pas écrit: c'est à vous, les dirigeants, de l'écrire".

"Nous pouvons toujours construire un monde avec de l'air pur, des emplois verts, et une énergie propre et abordable pour tous", a-t-il ajouté.

Pour faire face au fossé immense entre la crise climatique et les politiques des gouvernements, il avait convoqué ce sommet du "bon sens" avec un ticket d'entrée élevé, au moment où des dizaines de chefs d'Etat et gouvernement sont réunis pour l'Assemblée générale de l'ONU.

«Correction»
Il avait en effet été très clair, refusant "reculades, greenwashing, esquive des responsabilité et ré-emballage" d'engagements déjà connus: seuls les plus ambitieux notamment en matière d'objectifs de neutralité carbone auraient le droit de s'exprimer.

Après avoir reçu plus d'une centaine de réponses de pays justifiant de leur action, la liste de la quarantaine d'heureux élus comportaient quelques absents de marque.

En particulier les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre: les Etats-Unis, alors que le président Joe Biden était encore à New York, et la Chine, dont le président n'a pas fait le déplacement à l'Assemblée générale annuelle.

Le Royaume-Uni n'était pas non plus sur la liste. Et son Premier ministre Rishi Sunak, qui n'est pas venu à New York, a choisi ce jour pour annoncer le report de mesures phare de la politique climat britannique.

L'Union européenne était elle en revanche invitée à exposer ses politiques climatiques, tout comme le Brésil, le Canada ou l'Afrique du Sud.

"Peut-être que c'est une bonne nouvelle que Biden n'ait pas de créneau pour parler au sommet", a commenté Catherine Abreu, de l'ONG Destination Zero, montrant du doigt les plans de développement des énergies fossiles aux Etats-Unis.

"C'est une correction par rapport à de précédents sommets où les dirigeants avaient eu l'opportunité de s'attribuer le mérite d'un leadership climatique sur la scène internationale, alors qu'ils poursuivaient des plans d'expansion des énergies fossiles alimentant la crise climatique chez eux", a-t-elle ajouté.

Pas la «charité»
La colère monte parmi les militants climat, en particulier les jeunes, qui le week-end dernier sont à nouveau descendus par milliers dans les rues de New York lors d'une marche contre les énergies fossiles.

Certains ont malgré tout noté quelques points positifs.

Ainsi, le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en avant les 2 milliards d'euros promis à un fonds finançant l'action climatique dans les pays en développement, tandis que le Brésil a assuré qu'il parviendrait à réduire la déforestation de l'Amazonie à zéro d'ici 2030.

"Les petits pas de certains pays sont bienvenus. Mais c'est un peu comme essayer d'éteindre un brasier avec un tuyau percé", a regretté David Waskow, du World Resources Institute. "Bien trop d'acteurs clés n'ont pas touché à l'accélérateur".

Les pays en développement ont eux encore une fois rappelé les pays riches à leur promesse d'accroître largement leur aide climatique.

Un des points les plus sensibles des négociations climatiques internationales et qui sera sans aucun doute à nouveau au coeur de la COP28 dans quelques semaines, à Dubaï fin novembre.

"Ni l'Afrique ni le monde développé ne demandent la charité ou l'aumône (...) Seulement la justice", a lancé le président kényan William Ruto, réclamant une taxe universelle sur les énergies fossiles.

La Première ministre de la Barbade Mia Mottley, en pointe sur les demandes de réforme de l'architecture financière internationale, a elle espéré que le monde s'emparerait de la crise climatique avec autant de "sérieux" que de la guerre en Ukraine.


Affaires de corruption en Espagne: Pedro Sánchez devant une commission d'enquête

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
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  • L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué
  • Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance.

Connue sous le nom d'"affaire Koldo", du nom de Koldo García Izaguirre, l'assistant d'un ancien ministre des Transports et ex-bras droit de M. Sánchez, José Luis Ábalos, cette affaire est l'un des scandales qui éclaboussent depuis plus d'un an l'entourage du Premier ministre.

Sa comparution devant cette commission sénatoriale se produira dans un climat de polarisation politique extrême, le Parti populaire (PP, opposition de droite), majoritaire à la chambre haute, ayant fait de la corruption l'axe principal de son offensive contre le gouvernement de gauche dirigé par M. Sánchez.

"Pensez-vous dire la vérité demain (jeudi) devant la commission?", lui a ainsi demandé le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, mercredi matin au Congrès des députés.

"Vous mentirez de nouveau" 

M. Feijóo a ajouté que sa question était "rhétorique", dans la mesure où il est, selon lui, exclu que Pedro Sánchez puisse dire la vérité sur cette affaire, de peur de s'incriminer.

"Vous mentirez de nouveau, parce que vous savez que la vérité entraînerait votre chute" a lancé le chef du premier parti d'opposition, accusant M. Sánchez d'avoir menti "à tous" et sur tous les sujets.

L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué.

Ce scandale a éclaté au grand jour en février 2024 avec l'arrestation de Koldo García Izaguirre, soupçonné d'être au cœur d'une énorme escroquerie ayant permis à une petite société d'obtenir entre mars et juin 2020 - au plus fort de la pandémie de Covid-19 - des contrats d'un montant de 53 millions d'euros pour fournir des masques à diverses administrations. Ces contrats avaient dégagé des commissions illégales de plusieurs millions d'euros.

La justice est vite remontée jusqu'à José Luis Ábalos, le juge chargé de l'enquête considérant qu'il avait joué un rôle d'"intermédiaire" dans la combine.

Outre son poste de ministre, M. Ábalos était surtout secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, poste clé qui en faisait l'homme de confiance de M. Sánchez.

Il a été expulsé du Parti socialiste, mais l'affaire n'a fait ensuite que s'aggraver pour le Premier ministre.

Car le successeur de M. Ábalos comme secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, Santos Cerdán, a à son tour été mis en cause en juin dernier, après la publication d'un rapport de police selon lequel il était au cœur du réseau de corruption et avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics.

Il a été placé en détention provisoire en juillet.

Englué 

Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux.

Il a redit en septembre qu'il ne disposait d'"aucune information" sur les délits reprochés à José Luis Ábalos, Santos Cerdán et Koldo García Izaguirre, et a rejeté toute "corruption systémique" au sein de son parti.

Il reprendra cette ligne de défense jeudi devant la commission sénatoriale, mais il est certain qu'il ne convaincra pas la droite, qui se dit assurée qu'il était au courant et l'accuse d'avoir tenté d'étouffer le scandale.

Outre cette tentaculaire affaire Koldo, M. Sánchez est englué dans d'autres affaires judiciaires qui le touchent de près: son épouse, Begoña Gómez, devrait être jugée pour une affaire de corruption et trafic d'influence, son frère David le sera également pour trafic d'influence et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz, qu'il a nommé, sera jugé à partir de lundi pour violation du secret judiciaire.

L'audition de Pedro Sánchez, qui doit débuter à 09H00 (08H00 GMT), devrait durer plusieurs heures.


Elon Musk lance Grokipedia pour concurrencer Wikipédia qu'il juge orienté à gauche

Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
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  • Elon Musk et xAI ont lancé Grokipedia, une encyclopédie en ligne concurrente de Wikipédia, générée par intelligence artificielle et présentée comme “plus objective” selon Musk, avec déjà 885.000 définitions
  • Grokipedia est critiquée pour un biais idéologique apparent dans certains articles, notamment ceux sur Musk, Black Lives Matter ou Tucker Carlson, tandis que Wikipédia revendique un point de vue neutre

NEW YORK: Elon Musk et son entreprise xAI ont mis en ligne lundi Grokipedia, présenté comme le concurrent de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, accusée de biais idéologique par une partie des républicains aux États-Unis.

La version a été numérotée 0.1 et comptait déjà lundi soir plus de 885.000 définitions, contre plus de 7 millions en anglais pour Wikipédia.

Dans un message posté sur X, Elon Musk a promis l'arrivée prochaine d'une version 1.0, "dix fois meilleure" que la 0.1, qui est déjà "meilleure que Wikipédia à (son) avis".

Il y a une semaine, l'entrepreneur avait décidé de reporter de quelques jours le lancement de Grokipedia, annoncé fin septembre, un délai justifié par la nécessité d'effectuer "un travail supplémentaire pour purger la propagande".

A l'image de responsables républicains, Elon Musk critique régulièrement Wikipédia depuis plusieurs années. En 2024, il avait taxé le site d'être "contrôlé par des activistes d'extrême gauche" et appelé à ne plus faire de don à la plateforme.

"Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a affirmé l'homme le plus riche du monde, qui a précisé que le programme informatique de l'encyclopédie était en accès libre (open source). "Tout le monde peut donc l'utiliser pour n'importe quoi gratuitement."

- "Biais systémiques" -

Le contenu de certains articles de Grokipedia témoigne d'une orientation des résultats, à l'image de la page consacrée à Elon Musk.

Dans les premiers paragraphes de résumé, la plateforme indique que le patron de Tesla et SpaceX a "influencé le débat" sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu "des critiques des médias traditionnels qui font preuve de penchants à gauche dans leur couverture".

Concernant le mouvement des droits civiques "Black Lives Matter", Grokipedia écrit qu'il a "mobilisé des millions de personnes".

"Cependant, ces manifestations ont entraîné des émeutes, (...) les plus coûteuses de l'histoire des assurance pour les dommages aux biens", poursuit l'encyclopédie, sans mentionner, comme le fait Wikipédia, que "la grande majorité des manifestations de 2020 se sont déroulées dans le calme".

Autre exemple, la page consacrée à l'éditorialiste conservateur Tucker Carlson, qui souligne son "rôle (...) dans la dénonciation des biais systémiques du journalisme traditionnel". Elle renvoie à un article du site du magazine Newsweek qui ne mentionne ces biais que dans des citations de Tucker Carlson lui-même.

Créé en 2001, Wikipédia est une encyclopédie collaborative gérée par des bénévoles, largement financée par des dons, et dont les pages peuvent être écrites ou modifiées par les internautes.

Elle revendique un "point de vue neutre" dans ses contenus.

Le contenu de Grokipedia est lui généré par intelligence artificielle (IA) et l'assistant d'IA générative Grok mais cite également plusieurs sources sur chaque page.

En avril, le procureur fédéral de Washington, Ed Martin, remplacé depuis, avait adressé une demande de documents à la fondation Wikimédia, qui a autorité sur Wikipédia.

Il disait vouloir déterminer si Wikimédia était bien habilitée à bénéficier de l'exonération d'impôts octroyée aux fondations.

Le procureur désigné par Donald Trump avait dénoncé "la manipulation de l'information" dont Wikipédia se rendait coupable, selon lui, la plateforme cherchant à "masquer la propagande".

Fin août, deux élus républicains de la Chambre des représentants, James Comer et Nancy Mace, ont ouvert une enquête sur des "manoeuvres organisées (...) pour influencer l'opinion américaine (...) en manipulant des articles Wikipédia".

La naissance de Grokipedia a été saluée par plusieurs personnalités de droite, notamment l'idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, qualifiant l'article le concernant de "neutre", "objectif" et "juste" alors que celui de Wikipédia est, selon lui, "diffamatoire".


La Russie dit avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
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  • La Russie affirme avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, dont 40 près de Moscou et 47 dans la région de Briansk, où une personne a été tuée et cinq blessées
  • Alors que Kiev intensifie ses frappes sur les infrastructures russes, Donald Trump écarte pour l’instant toute nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, faute de perspective d’accord sur la fin du conflit

KIEV: Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi matin avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait un mort selon des autorités locales.

Un chauffeur de minibus a été tué et cinq passagers ont été blessés dans le village de Pogar, a affirmé lundi matin sur Telegram Aleksandre Bogomaz, gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine.

Parmi les drones décomptés, 47 ont survolé la région de Briansk et 40 la région de Moscou, dont la majorité se dirigeait vers la capitale russe, selon le ministère de la Défense.

Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi-quotidiennement drones et missiles sur l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe.

Kiev intensifie ses frappes et vise notamment les infrastructures énergétiques russes.

Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a affirmé samedi qu'il ne "perdrait pas son temps" à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

De son côté, la Russie a dénoncé dimanche des "tentatives" de saper son dialogue "constructif" avec les Etats-Unis.

Fin septembre, Moscou exerçait un contrôle total ou partiel sur 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).

Quelque 7% - la Crimée et des zones de la région industrielle du Donbass - étaient déjà contrôlés avant le début de l'assaut russe en février 2022.