Le Nord doit écouter le Sud, déclare l'ancien président slovène Danilo Turk à Arab News

Danilo Turk est l'ancien président de la Slovénie et l'actuel président du Club de Madrid (Photo, Arab News).
Danilo Turk est l'ancien président de la Slovénie et l'actuel président du Club de Madrid (Photo, Arab News).
Short Url
Publié le Mardi 26 septembre 2023

Le Nord doit écouter le Sud, déclare l'ancien président slovène Danilo Turk à Arab News

  • L'impasse diplomatique entre l'Occident et la Russie au sujet de l'Ukraine est un obstacle majeur au progrès, selon M. Turk
  • Le président du Club de Madrid salue la prise de conscience par l'Arabie saoudite de «sa responsabilité mondiale croissante»

NEW YORK: Alors que le monde est confronté à des défis allant du développement durable au changement climatique en passant par les conflits, l'attention se porte de plus en plus sur l'évolution du multilatéralisme, sur le rôle des puissances émergentes et sur l'impératif de coopération sur des questions telles que les migrations et les droits de l'homme.

En marge de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, Danilo Turk, ancien président de la Slovénie et actuel président du Club de Madrid, une organisation regroupant d'anciens chefs d'État ou de gouvernement du monde entier, livre à Arab News son point de vue sur certaines des grandes questions du moment.  

L'ONU est un lieu de prédilection pour M. Turk, qui a été le premier ambassadeur de son pays auprès des Nations unies. C'est en tant que président du Club de Madrid qu'il effectue sa visite la plus récente.

Cette organisation, qui représente 126 anciens dirigeants de 73 pays, entretient des liens étroits avec les Nations unies, nombre de ses membres ayant servi d'envoyés spéciaux du secrétaire général de l'ONU.

Selon M. Turk, l'ONU est en pleine transformation, s'agrandit et se diversifie, impliquant non seulement les États membres, mais aussi un large éventail d'acteurs mondiaux. Selon lui, une visite à l'ONU aujourd'hui est révélatrice d'un monde complexe qui se rassemble et cherche des solutions aux défis mondiaux.

L'une des principales priorités de M. Turk et de Club de Madrid pour l'Assemblée générale des Nations unies est de mettre l'accent sur les objectifs de développement durable, en insistant particulièrement sur le développement social.

«Les objectifs de développement durable ne concernent pas seulement l'environnement, si je puis m'exprimer ainsi. Il s'agit de toute la transformation des sociétés, de nouveaux modèles de développement social. Nous devons commencer à en discuter très sérieusement», a-t-il déclaré.

Réunion de chefs d'État et de gouvernement au siège de l'ONU à New York (Photo, AFP).

Une déclaration politique solide sur les objectifs de développement durable adoptée la semaine dernière par les États membres a souligné la nécessité d'intensifier les efforts en vue du Sommet pour l'avenir de l'année prochaine et du Sommet social mondial de 2025.

Ces rencontres, conçues et promues par le Club de Madrid, dont le chef de l'ONU Antonio Guterres est membre, servent de plateformes vitales pour consolider les stratégies et les approches des modèles de développement, «en mesurant le développement social d'une manière plus complète, en donnant un espace approprié aux femmes pour qu'elles jouent un rôle à part entière dans le processus de développement social et en définissant plus clairement d'autres priorités».

M. Turk a décrit la conférence qui doit se tenir au Brésil en novembre comme une étape cruciale dans l'élaboration de cette approche. Le financement de ces efforts représente un défi, c'est pourquoi M. Turk a souligné la nécessité d'aligner les ressources financières sur les priorités du développement social.

«Les financements publics et privés devraient être combinés de manière novatrice», a-t-il affirmé. «Le financement privé devrait être renforcé. Mais d'un autre côté, les finances publiques doivent prendre davantage de risques que jusqu'à présent.»

Le thème principal de l'Assemblée générale de cette année est le multilatéralisme, un concept qui a suscité des débats sur sa viabilité et sa pertinence. Certains cercles diplomatiques de l'ONU répètent souvent qu'avec la prolifération des conflits et l'aggravation des inégalités, le système multilatéral est devenu dysfonctionnel, voire complètement obsolète, tandis que ses partisans continuent à défendre sa pertinence.

La conclusion du traité international pour la protection de la haute-mer (BBNJ), un ajout important à l'architecture internationale sur le droit de la mer, et l'inclusion des pertes et dommages dans l'accord de la COP27, qui vise à fournir une assistance financière aux nations les plus pauvres pour les aider à faire face aux risques liés au changement climatique, sont deux exemples de réussite qui démontrent que le multilatéralisme peut effectivement produire des résultats, selon ses défenseurs.

M. Turk reconnaît les «changements et transformations très importants» que connaît le paysage mondial. Il note que le monde n'est plus unipolaire. La période libérale unipolaire touchant à sa fin, un nouveau monde multipolaire prend forme, introduisant des complexités dans la dynamique mondiale.

« Le monde n'est plus sous la domination de la période libérale et unipolaire. Celle-ci a changé. Aujourd'hui, un nouveau monde multipolaire est en train d'émerger, et on ne sait pas encore très bien à quoi ressembleront les relations entre les nouveaux centres de pouvoir dans le monde. Bien sûr, ces nouveaux centres ont toujours existé, mais ils n'ont pas eu le rôle critique qu'ils assument aujourd'hui, dans le contexte des Brics, par exemple», a-t-il déclaré.

Alors que les relations entre ces nouveaux centres de pouvoir évoluent, une diplomatie patiente reste essentielle pour éviter les crises, a averti M. Turk.

«Nous devons être (très) patients car cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais nous devons aussi être attentifs, car les choses peuvent devenir incontrôlables», a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, les cadres multilatéraux, y compris les Nations unies, restent précieux parce qu'ils offrent un espace de rassemblement crucial pour les peuples du monde entier, a indiqué M. Turk.

«Les Nations unies sont un merveilleux lieu de rencontre, un lieu où tout le monde vient, un lieu où tout le monde peut se rencontrer, un lieu où des éclaircissements peuvent être apportés de manière informelle et discrète dans le bâtiment des Nations unies et ailleurs. C'est ce que la charte des Nations unies a demandé aux Nations unies d'être. Et c'est la fonction que les Nations unies remplissent.»

«Je ne suis donc pas excessivement pessimiste. Je suis inquiet, mais je ne suis pas pessimiste.»

Alors que les relations entre ces nouveaux centres de pouvoir évoluent, la diplomatie patiente reste la clé pour éviter les crises, estime M. Turk (Photo, AFP/AP).

L'Agenda 2030 pour le développement durable a marqué une étape importante en tant que première stratégie mondiale de développement entièrement négociée, officiellement adoptée à la fois par le Sud et le monde développé. Il a été largement célébré comme l'aube d'une nouvelle ère de collaboration en matière de développement.

Malgré des progrès significatifs en matière de développement à l'échelle mondiale, qui ont permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté absolue, les Nations unies affirment que l'inégalité entre les pays les plus riches et les plus pauvres se creuse, une anomalie qui a été particulièrement mise en évidence lors de l'Assemblée générale des Nations unies de cette année, où il est devenu évident que le Sud et le Nord abordent les questions en adoptant des positions diamétralement opposées.

Réfléchissant à la dynamique entre le monde développé et le monde en développement, M. Turk a déclaré: «Le problème est, comme il l'a toujours été, toute la question de la compréhension du développement.»

«Vous savez, les inégalités entre les États se creusent. La marge de manœuvre fiscale est réduite dans une grande partie du monde en développement. Le problème des migrations est devenu incontrôlable. Aucun de ces problèmes n'est nouveau. Ils ont tous existé auparavant. Ce qu'il faut maintenant, c'est une sorte d'effort renouvelé. Les Nations unies offrent (non seulement) un bon cadre institutionnel, mais aussi une plateforme pour la recherche de solutions», a-t-il ajouté.

Se référant au groupe du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud (Brics), M. Turk a indiqué: «Je suis très encouragé par l'émergence d'initiatives, par le fait que les Brics deviennent de plus en plus – je ne devrais pas dire assertifs – certainement plus imaginatifs...»

«En bref, l'ordre du jour n'est pas du tout nouveau. La configuration du pouvoir et du potentiel des nouveaux acteurs est là, et elle devra se refléter dans les solutions.»

EN BREF

  • Danilo Turk a salué la prise de conscience par l'Arabie saoudite de «sa responsabilité croissante et de sa responsabilité mondiale» comme étant «bonne pour le monde».
  • Le Club de Madrid est composé de 126 membres issus de 73 pays.

«Autrefois, nous avions le G77 et ce type de dialogue Nord-Sud, qui s'apparentait à un bloc. Aujourd'hui, ce dialogue est beaucoup plus diversifié, beaucoup plus inventif et beaucoup plus, je dirais, prometteur. Et le Nord doit écouter. Je pense que le problème est que le Nord n'a pas l'habitude d'écouter les messages qui viennent du Sud. Le Nord doit commencer à écouter.

Dans ce nouveau paysage politique mondial, M. Turk a souligné le rôle transformateur des puissances émergentes, dont l'Arabie saoudite.

Il a observé que le Royaume joue un rôle de plus en plus important non seulement au Moyen-Orient, mais aussi sur la scène internationale, en particulier dans le contexte du changement climatique.

«L'Arabie saoudite développe un très grand nombre de nouvelles politiques et un nouvel activisme au niveau mondial. C'est nouveau, et il n'est pas facile de développer un nouveau modèle basé sur la multipolarité», a-t-il déclaré.

Élaborant sur ce point, M. Turk a relevé que l'Arabie saoudite avait toujours été un acteur important dans le contexte du Moyen-Orient, mais qu'elle était désormais un acteur important dans le contexte mondial, «et c'est différent».

«En ce qui concerne le climat, par exemple, je pense que les pays qui ont bénéficié des prix élevés de l'énergie au cours de la période écoulée ont maintenant la possibilité d'investir les recettes de manière à contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable et à sauver la planète. Nous voyons donc que la responsabilité de l'Arabie saoudite est maintenant beaucoup plus grande parce que le pouvoir est beaucoup plus important.»

«Heureusement, l'Arabie saoudite semble être sur la voie d'assumer cette plus grande responsabilité. C'est une très bonne chose. Bien sûr, je ne peux pas parler au nom de l'Arabie saoudite et je ne peux pas parler des priorités fixées par l'Arabie saoudite, mais il est clair que l'Arabie saoudite est consciente de sa responsabilité croissante et de sa responsabilité mondiale. C'est une bonne chose pour le monde.»

L'Assemblée générale des Nations unies a examiné la mise en œuvre de l'agenda 2030 (Photo, AFP).

Au-delà de la région du Golfe, le Moyen-Orient reste en proie à des conflits complexes et persistants, qu'il s'agisse de la Syrie, du Yémen, du Soudan ou de la question israélo-palestinienne.

Pour M. Turk, trouver des solutions à ces conflits est une «question d'engagement». Il a salué les efforts tels que la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue arabe, qui, selon lui, est le signe d'une approche positive par le biais d'un engagement diplomatique. La Ligue arabe «adopte désormais une approche active».

«Une fois encore, l'Arabie saoudite joue un rôle très important à cet égard. Il en va de même pour d'autres pays, dont l'Égypte et d'autres encore. Il existe donc des solutions qui pourraient être développées sur la base de ce qui a déjà été fait», a-t-il ajouté.

M. Turk a également salué les initiatives visant à mettre fin à la guerre au Yémen. «Il y a eu des initiatives très utiles, aidées (indirectement) par la Chine, par exemple, qui ont créé une nouvelle atmosphère politique», a-t-il indiqué.

«J'espère que les pays qui ont une influence dans la région, en particulier l'Arabie saoudite, saisiront cette opportunité pour rétablir la paix au Yémen.»

Bien que l'institution ait changé au fil des ans, il y a encore des domaines où la réforme de l'ONU est nécessaire, estime M. Turk (Photo, AFP).

Quant au conflit israélo-palestinien, pour M. Turk, «la Palestine est une situation très triste, vraiment très triste. Je le dis délibérément parce que nous aurions dû nous diriger vers une solution à deux États beaucoup plus vigoureusement et beaucoup plus tôt. Je ne pense pas qu'une véritable solution puisse ignorer les besoins légitimes de survie du peuple palestinien. Cet aspect doit être placé au centre des préoccupations».

«La communauté internationale devrait s'unir. Nous avons assisté à une sorte de diversification des points de vue concernant la Palestine, ce qui n'est pas une bonne chose. Nous devons maintenant trouver une solution. Une solution à deux États est le seul cadre, et cela est connu depuis 1948, qui peut produire une paix stable, durable et juste dans la région.»

«Mais comment y parvenir? Ce n'est pas clair. C'est peut-être plus difficile aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Mais je pense qu'une prise de conscience et des initiatives dans ce sens seraient les bienvenues.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Short Url
  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.