Le Liban n'est pas à vendre: Le ministre de l’Intérieur appelle à une approche ferme à l'égard des réfugiés syriens

Le ministre de l'Intérieur et des Municipalités, Bassam Mawlawi, Beyrouth, Liban, 31 mars 2022. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur et des Municipalités, Bassam Mawlawi, Beyrouth, Liban, 31 mars 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 octobre 2023

Le Liban n'est pas à vendre: Le ministre de l’Intérieur appelle à une approche ferme à l'égard des réfugiés syriens

  • Le ministre de l'Intérieur intérimaire, Bassam Mawlawi, déclare que plus de 30% des crimes commis au Liban sont le fait de Syriens et que l'identité du pays est menacée
  • Quelque 805 326 réfugiés sont officiellement enregistrés auprès du HCR, mais les autorités libanaises estiment que le nombre total dépasse les 2 millions

BEYROUTH: Bassam Mawlawi, le ministre de l'Intérieur intérimaire du Liban, a déclaré mercredi que son pays «n'autorisera pas la présence irrégulière de Syriens».

Il affirme qu'«un pourcentage important, dépassant les 30%, de crimes divers et majeurs sont commis par des Syriens au Liban et qu'une coopération est nécessaire pour préserver notre environnement et l'identité du pays».

Ses propos s'inscrivent dans un contexte d'inquiétude croissante au Liban face à l'augmentation du nombre de réfugiés syriens qui franchissent la frontière.

«Le Liban ne peut pas continuer à faire preuve de la même indulgence à l'égard de la présence syrienne», souligne M. Mawlawi. «Nous devons limiter le nombre de Syriens présents dans chaque appartement et nous n'autoriserons pas plus d'une famille à y résider.»

L'objectif «n'est pas de réglementer la présence syrienne, mais plutôt de la limiter», ajoute-t-il.

Le nombre de réfugiés syriens officiellement enregistrés auprès du HCR, le Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés, était tombé à 805 326 à la fin du mois de mars, mais les autorités estiment que le chiffre réel est deux fois plus élevé.

Les autorités libanaises, qui ont demandé à l'agence des Nations unies de cesser d'enregistrer les nouveaux réfugiés en 2015, estiment que le nombre total de Syriens dans le pays dépasse désormais les 2 millions. Elles craignent que la présence d'un si grand nombre de réfugiés n'entraîne une modification de l'équilibre démographique confessionnel.

Lors de ses rencontres avec les gouverneurs et les maires, Bassam Mawlawi a demandé aux autorités de ne pas signer de contrats avec des Syriens qui ne possèdent pas de documents légaux en bonne et due forme, et il a ordonné que les lois libanaises soient appliquées intégralement aux Syriens, comme elles le sont pour les citoyens libanais.

«Nous n'accepterons pas que notre pays soit exploité et que sa démographie soit modifiée pour de l'argent», précise M. Mawlawi.

«Le Liban n'est pas à vendre et nous travaillons en permanence pour faire face à la crise et nous opposer à l'immense préjudice infligé au Liban, au peuple libanais et à la démographie libanaise en raison du chaos et des comportements inacceptables dus au déplacement des Syriens.»

Les Syriens dirigeraient près de 4 000 entreprises dans le centre et l'ouest de la Bekaa. Dans la seule ville de Bar Elias, quelque 1 700 entreprises sur un total de 2 000 sont gérées par des Syriens. À Taalabaya, on en dénombre 450 et à Qab Elias, 350.

Dans le cadre du renforcement des contrôles sur les réfugiés, le ministère de l'Industrie a renouvelé mercredi un avertissement aux propriétaires d'usines, leur demandant de ne pas embaucher de Syriens qui ne possèdent pas les documents légaux et les permis requis, sous peine de perdre leur licence d'exploitation.

La crise provoquée par le nombre croissant de Syriens entrant au Liban par des passages illégaux le long des frontières nord s'est aggravée au cours des deux dernières semaines. Les inquiétudes se sont encore accrues lorsque les services de sécurité libanais ont saisi des armes la semaine dernière lors de raids dans les camps de réfugiés de la vallée de la Bekaa.

Le sentiment antiréfugiés au Liban a été alimenté par le porte-parole officiel de l'Union européenne au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Luis Miguel Bueno, qui a déclaré mardi: «Il n'y a pas de retour possible pour les réfugiés syriens à l'heure actuelle et ils doivent être aidés au Liban. Les conditions permettant aux réfugiés de retourner en Syrie dans la dignité et de leur plein gré ne sont pas réunies.»

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait déjà suscité la controverse en suggérant que le Liban adopte une politique consistant à «ne pas empêcher les réfugiés syriens de naviguer vers l'Europe».

Il déclare: «Laissez-les monter à bord de navires, et pas seulement de bateaux en caoutchouc, et se diriger vers l'Europe; cela conduira à un résultat inévitable, soit que les pays européens se soumettront à la volonté de Beyrouth.»

Mercredi, le député Ghayath Yazbeck a déclaré que le bloc parlementaire du parti des Forces libanaises envisageait de signer une pétition parlementaire demandant la fermeture du bureau du HCR au Liban, «parce que la commission promeut désormais la nouvelle occupation syrienne du Liban».

Il impute le récent afflux de Syriens au gouvernement libanais, «qui ne mobilise pas ses pouvoirs pour contrôler cette situation et en atténuer l'impact», et il critique le Courant patriotique libre (CPL) qui refuse la tenue d’une séance du cabinet afin de discuter des solutions possibles à cette menace imminente.

Un certain nombre d'organisations ont vu le jour dans le but de faire face à la présence d'un si grand nombre de réfugiés syriens au Liban, dont la Campagne nationale pour le rapatriement des Syriens déplacés.

L'un de ses dirigeants, Maroun al-Khauli, a envoyé une lettre au bureau régional du HCR dans laquelle il l'accuse d'œuvrer à «l'installation des réfugiés syriens en les soutenant financièrement et moralement, les encourageant à ne pas retourner sur leurs terres et les incitant à s'intégrer dans la société libanaise».

Alors que les troubles s'intensifient, les agences de sécurité libanaises ont mis en garde contre «des opérations d'enlèvement ciblant des Syriens par des gangs qui les attirent hors des frontières libanaises pour éviter d'être repérés, par le biais de faux comptes de réseaux sociaux, notamment sur TikTok».

Ces gangs «trompent les Syriens en leur faisant croire qu'ils peuvent assurer leur voyage du Liban vers les pays européens, soit en empruntant des itinéraires illégaux, soit en obtenant des visas de voyage à l'étranger, en échange d'une somme d'argent», affirme la direction générale des forces de sécurité intérieure.

«Les victimes sont enlevées à leur arrivée dans les zones frontalières avec le Liban, puis transportées hors des frontières libanaises et détenues dans des pièces situées en territoire syrien près des frontières. Là, elles sont brutalement torturées, les actes de torture sont filmés, et les photos et vidéos sont envoyées à la famille de la personne kidnappée pour faire pression sur elle et accélérer le paiement d'une rançon en échange de sa libération.»

Ces deux derniers jours, des vidéos montrant l'une de ces victimes en train d'être torturée ont été diffusées sur les réseaux sociaux, mais les organismes de presse ne les ont pas diffusées en raison du caractère violent des images.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".