RIYAD: Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a appelé lundi la communauté internationale à stopper les attaques d'Israël à Gaza et au Liban, à l'occasion d'un sommet arabo-musulman à Ryad consacré à l'escalade au Moyen-Orient.
Puissance incontournable Proche-Orient, l'Arabie saoudite accueille des dirigeants de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à ce sommet, une occasion de présenter au président élu américain, Donald Trump, une position unie susceptible d'influencer la politique américaine dans la région, selon des experts.
Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza après avoir juré de détruire ce mouvement islamiste palestinien, auteur d'une attaque contre son territoire le 7 octobre 2020 qui a entraîné la mort de 1 206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Au lendemain de cette attaque, le Hezbollah au Liban a ouvert un front contre Israël en soutien à son allié palestinien, les échanges de tirs transfrontaliers dégénérant en guerre ouverte le 23 septembre dernier.
« Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités (... ) en mettant immédiatement un terme aux attaques israéliennes contre nos frères en Palestine et au Liban », a déclaré le prince héritier saoudien.
Il a accusé Israël de commettre un « génocide » dans la bande de Gaza, dévastée par une offensive de représailles israélienne qui a fait plus de 43 600 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.
L'Arabie saoudite conditionne toute éventuelle normalisation avec Israël à la création d'un État palestinien, aux côtés d'Israël. Cette solution à deux États est prônée par une grande partie de la communauté internationale en vue de régler le conflit israélo-palestinien qui dure depuis plusieurs décennies.
- « Pas réaliste » -
Cependant, le gouvernement de Benjamin Netanyahu y est hostile et le Parlement israélien a voté en juillet une résolution contre la création d'un tel État dont l'autorité s'étendrait sur la Cisjordanie, occupée comme Jérusalem-Est depuis 1967 par Israël, et Gaza.
Vouloir établir un État palestinien n'est pas « aujourd'hui » un projet « réaliste », a ainsi déclaré lundi le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à Jérusalem.
« En un mot ? Non. »
À la question de savoir s'il était possible d'étendre la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes à l'Arabie saoudite en échange de la création d'un État palestinien, M. Saar a répondu : « Un État palestinien (...) sera un État Hamas. »
Mohammed ben Salmane a en outre affirmé qu'Israël devrait « s'abstenir d'attaquer » l'Iran, après des frappes israéliennes contre le territoire iranien en riposte à des tirs de missiles iraniens contre son territoire.
Il a qualifié l'Iran de « République soeur », signe du réchauffement entre les deux puissances rivales au Moyen-Orient, après la fin en 2023 d'une brouille diplomatique de sept ans.
Ennemi juré d'Israël, l'Iran soutient le Hezbollah, le Hamas ainsi que les rebelles yéménites houthis. En revanche, Ryad mène une guerre contre les Houthis et considère le Hezbollah comme une « organisation terroriste ».
Yémen, Irak, Gaza, Liban, Israël…
Dans une nouvelle attaque, les Houthis ont revendiqué une attaque contre une base militaire en Israël, où l'armée a confirmé avoir intercepté un missile en provenance de ce pays.
Des groupes irakiens pro-iraniens ont aussi revendiqué des attaques de drones contre Israël, qui ont été interceptés.
Au Liban, l'aviation israélienne a visé des localités du sud du pays, après un nouvel appel à évacuer des secteurs de cette région, selon l'Agence nationale d'information Ani.
Une mosquée a été détruite lors d'un raid à Nabatiyeh et plusieurs maisons ont été dynamitées par l'armée israélienne à Aïta el-Chaab, a ajouté l'agence.
Un responsable du Hezbollah, Mohammad Afif, a affirmé que son mouvement était « prêt pour une guerre de longue durée ». Il a également assuré que l'armée israélienne n'occupait toujours aucun village du sud du Liban, où elle a lancé une offensive terrestre le 30 septembre.
De son côté, M. Saar a fait état de « certains progrès » en vue d'un cessez-le-feu au Liban, qu'il a conditionné au fait que le « Hezbollah ne puisse plus s'armer » et qu'il soit repoussé à bonne distance de la frontière israélo-libanaise.
Dans la bande de Gaza assiégée, la Défense civile a fait état de cinq Palestiniens tués dans des frappes aériennes israéliennes qui ont ciblé une tente pour déplacés à Nousseirat (centre) et une maison à Jabalia (nord).
- Sommet « important » -
« Le sommet (de Ryad) représente une occasion importante pour les dirigeants de la région de montrer à la future administration Trump ce qu'ils attendent des États-Unis », affirme Anna Jacobs du groupe de réflexion International Crisis Group.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait multiplié les gestes en faveur d'Israël, notamment en transférant l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, mais il avait aussi contribué à la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes.