Devant Renaissance, Borne vante le «seul bulletin de vote pro-européen»

Elisabeth Borne prononce un discours lors du Campus européen du parti au pouvoir français Renaissance, à Bordeaux le 8 octobre 2023 (Photo, AFP).
Elisabeth Borne prononce un discours lors du Campus européen du parti au pouvoir français Renaissance, à Bordeaux le 8 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

Devant Renaissance, Borne vante le «seul bulletin de vote pro-européen»

  • Face aux «pères déconstructeurs de l'Europe» de l'extrême droite, «nous serons le seul bulletin pro-européen» a lancé Elisabeth Borne à Bordeaux
  • Le nom de M. Séjourné, proche de M. Macron et président du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen, circule pour diriger cette liste

BORDEAUX: Elisabeth Borne a vanté dimanche "le seul bulletin de vote pro-européen", celui de sa majorité, pour les élections de juin 2024, lors du Campus de rentrée de Renaissance quasi-exclusivement consacré aux thématiques européennes.

Face aux "pères déconstructeurs de l'Europe" de l'extrême droite, "nous serons le seul bulletin pro-européen sur la table" le 9 juin 2024, a lancé la Première ministre en clôture du "campus" qui s'est tenu pendant trois jours au Parc des expositions de Bordeaux.

La cheffe du gouvernement a, par ailleurs, dénoncé des "ambiguïtés révoltantes" d'une partie de la gauche française sur le conflit en Israël, dans une allusion à La France insoumise accusée de trouver des justifications à l'attaque du Hamas.

Sur BFMTV, elle a ensuite estimé que l'"antisionisme" du parti de Jean-Luc Mélenchon était "parfois aussi une façon de masquer une forme d'antisémitisme". "Mme Borne profite de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI", a rétorqué l'intéressé.

Il n'a guère été question des thématiques nationales lors de cette rentrée du parti d'Emmanuel Macron, alors que se profile un automne délicat et un budget qui sera vraisemblablement à nouveau adopté au moyen du 49.3.

«Choix de société»
Pas question, pour autant, d'exposer les "propositions audacieuses" pour les Européennes, ni d'arrêter une tête de liste: ce sera pour janvier, a expliqué le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, qui ne veut pas "se laisser voler le débat" européen.

Le nom de M. Séjourné, proche de M. Macron et président du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen, circule pour diriger cette liste, qui sera sans doute commune avec les alliés d'Horizons, du MoDem, mais aussi du Parti radical, voire des centristes de l'UDI, avec qui la majorité entend négocier.

Le scrutin de juin 2024 constituera un véritable "choix de société", a jugé M. Séjourné, en attaquant les votes et l'attitude du RN, de LR mais aussi des Verts au Parlement européen.

Présent à la clôture, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe a plaidé pour "une Europe qui ne recrute pas ses cadres à Washington et ne prend pas ses ordres à Moscou". "Nous n'avons pas d'autre arme que l'Union européenne, solide et déterminée", a lancé le patron du MoDem François Bayrou.

Invitée d'honneur samedi, mais critiquée jusqu'au sein de Renaissance pour avoir qualifié l'Azerbaïdjan de "partenaire fiable", la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé son "soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie".

«Tirer dans le même sens»
Quant à Mme Borne, elle a pu prendre des forces dès samedi dans le campus entre embrassades et selfies, notamment de la part des bruyants et remuants Jeunes avec Macron.

"Trois mois de 49.3, ça va être long jusqu'à Noël" pour elle, estime un conseiller ministériel, alors que sa popularité faiblit dans les sondages.

Prix des carburants, crise du logement, "mis bout à bout, elle a peu de bonnes nouvelles à apporter", ou alors c'est "le président (Macron) qui les prend", relève le même conseiller.

La Première ministre présidera notamment une conférence sociale le 16 octobre à Matignon, précédée la semaine prochaine de rencontres bilatérales avec les organisations syndicales et patronales.

L'équation sera également compliquée au plan politique: le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a sobrement évoqué, dimanche dans le journal Le Parisien, une relation "professionnelle" avec la cheffe du gouvernement, estimant qu'Edouard Philippe était par ailleurs "le mieux placé aujourd'hui" pour 2027.

"Tout le monde doit tirer dans le même sens", a-t-elle répondu sur BFMTV, en demandant à ses ministres qu'ils "fassent voter des textes" et "qu'ils aient des résultats pour les Français".

La cheffe du gouvernement a également jugé que M. Darmanin exprimait une "position personnelle" lorsqu'il a appelé à ce que l'Aide médicale d'Etat (AME), destinée à la prise en charge des personnes en situation irrégulière, devienne une seule aide médicale "d'urgence".

A l'égard du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, "très favorable" à une révision du calendrier de l'interdiction de la location des "passoires thermiques", Mme Borne a souhaité "accélérer la rénovation" mais évoqué une possible "aide" pour les petits propriétaires, sans confirmer s'il agirait de "dérogations", comme suggéré par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.