Le retrait des troupes françaises du Niger: dernière phase de l’échec de Paris au Sahel

Un camion militaire des forces de sécurité nigériennes, faisant partie d'une escorte d'un convoi militaire de l'armée française traverse le quartier du Lazaret à Niamey, le 10 octobre 2023. L'objectif d'un départ de 1.400 soldats français du Niger "d'ici le 31 décembre", annoncé fin septembre par le président Emmanuel Macron, "sera tenu", a déclaré à Niamey le général Eric Ozanne, commandant des forces françaises au Sahel, le 20 octobre 2023. (AFP).
Un camion militaire des forces de sécurité nigériennes, faisant partie d'une escorte d'un convoi militaire de l'armée française traverse le quartier du Lazaret à Niamey, le 10 octobre 2023. L'objectif d'un départ de 1.400 soldats français du Niger "d'ici le 31 décembre", annoncé fin septembre par le président Emmanuel Macron, "sera tenu", a déclaré à Niamey le général Eric Ozanne, commandant des forces françaises au Sahel, le 20 octobre 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Le retrait des troupes françaises du Niger: dernière phase de l’échec de Paris au Sahel

  • À la fin de septembre dernier, Emmanuel Macron a rappelé l’ambassadeur de France au Niger
  • Macron a tenté de justifier le retrait militaire par l'incitation à la haine contre la France et le ciblage dont elle a été l’objet par de nouvelles puissances coloniales

PARIS: L’été africain a été marqué, le 26 juillet 2023, par un coup d’État au Niger. Le 30 août, le scénario se répète au Gabon. Si ces putschs interviennent dans deux pays bien distincts sur plusieurs aspects, ils s’inscrivent dans une série de coups d’État militaires qui secouent l'Afrique depuis trois ans (le Mali, la Guinée et le Burkina Faso).

Ces putschs enchaînés au Sahel ont conduit à l’élimination de la présence militaire française et ont été un revers pour le président Emmanuel Macron et la cellule diplomatique de l’Élysée. La nouvelle donne géopolitique qui se dessine en Afrique se jouerait-elle aux dépens de la France?

Mauvais calculs

À la fin de septembre dernier, et après deux mois d’une épreuve de force avec le conseil militaire putschiste à Niamey, Emmanuel Macron a rappelé l’ambassadeur de France au Niger et a annoncé le retrait d’ici à la fin de l’année du millier de soldats français présents sur place. Depuis 2021 il n'y a plus d'ambassadeur de France à Bamako, et l’ambassadeur proposé par Paris à la junte militaire au Burkina Faso a été rejeté; cela signifie pour le moment qu'il n'y aura plus d'ambassadeur de France à Ouagadougou.

La boucle est donc bouclée pour l’Hexagone, bousculé par le retour de «juntes militaires», le sentiment antifrançais et les conséquences de la compétition internationale sur un continent jeune, prometteur qui se distingue par ses ressources et par son importance géostratégique.

Selon une source française, la situation au Niger aurait été prévue par une instance française – l’armée de terre ou un service de sécurité. Mais l’exécutif aurait, depuis février dernier, rejeté ce scénario. Cette erreur d’appréciation, ou ce mauvais calcul, est le produit de plusieurs facteurs: la méthode de prise de décision, la baisse du niveau d’expertise, le manque d’anticipation et de suivi, et les approches réductrices de la nouvelle réalité sociopolitique du continent noir. 

Sans doute, «la guerre contre le terrorisme» menée sous l’égide de la France avec les opérations Serval et Barkhane s’est soldée par un échec au plan politique. D’un point de vue militaire, elle s’avère inadaptée et inefficace. En outre, après le retrait des troupes du Mali et du Burkina Faso, le choix du Niger comme QG de «Barkhane» n’a pas pris en considération la possible contagion du phénomène putschiste ni la volatilité de la situation interne. 

La France n’a pas œuvré à temps pour amorcer un changement qui permette de s’adapter à une nouvelle Afrique. Cette dernière, en effet, n’est plus seulement un espace de récolte de gains, mais plutôt un jeune continent qui aspire à occuper sa place dans un nouveau système mondial en gestation.

Le président Macron a tenté de justifier le retrait militaire par l'incitation à la haine contre la France et le ciblage dont elle a été l’objet par de nouvelles puissances coloniales, la Russie en particulier (action de Wagner). Toutefois, les faits indiquent que la question est plus complexe et que la France n’a pas œuvré à temps pour amorcer un changement qui permette de s’adapter à une nouvelle Afrique. Cette dernière, en effet, n’est plus seulement un espace de récolte de gains, mais plutôt un jeune continent qui aspire à occuper sa place dans le nouveau système mondial en gestation, d'autant plus qu'il est au centre d'une intense compétition internationale et régionale.

Perspectives de la politique française

Ces dernières années, le sentiment antifrançais s’est accru en Afrique. Ainsi, outre les manœuvres de Moscou et d’autres adversaires ou concurrents, des raisons plus profondes expliquent la déception africaine face à la politique française, dans la mesure où les critiques se concentrent sur la politique d’aide et d’assistance ainsi que sur le lien entre la politique économique et la monnaie CFA. Néanmoins, la goutte d'eau a été la manière dont a été perçue l'opération Barkhane contre les djihadistes, qui a traîné en longueur 2014 à 2022.

En effet, il n'est pas logique qu’une telle opération dure huit ans, et tout cela a alimenté le mécontentement à l’égard de la France. Malgré les succès tactiques contre le terrorisme, il y a eu une erreur stratégique dans l'approche du développement de l'opinion publique et des institutions militaires. La présence de bases militaires françaises, incompatible avec la réalité et l’établissement d’une coopération militaire efficace, a fait l'objet de nombreuses critiques.

Pour les observateurs et les acteurs concernés, il est clair que les interventions de la France n’étaient qu’une extension de l’ère coloniale. Malgré la différence des époques, des régimes et des contextes, l’Hexagone a continué à adopter une stratégie purement militaire pour faire face aux problèmes existant au Sahel. Il est également apparu que c'était une erreur de se concentrer en priorité sur la lutte contre «l'insurrection» de groupes extrémistes armés sans prêter attention à d’autres facteurs sociaux, aux spécificités de chaque pays, ni à la présence de groupes séparatistes et rebelles dans les zones grises.

L’Afrique représente au plus 5% du commerce extérieur de la France, selon des chiffres de 2022. Il n'est donc pas nécessaire d’aménager une politique si vague et si limitée. Il semble plus judicieux de formuler et de mettre en œuvre une politique pragmatique où les intérêts économiques et politiques de la France seraient compatibles, et de ne pas s’éloigner des évolutions géoéconomiques du monde.


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.