Réfugiés syriens en Turquie: intégrer sans en avoir l'air

Des élèves assistent à un cours à l'école PIKTES (école primaire Yavuz Selim) à Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie, le 17 octobre 2023. (Photo Yasin Akgul AFP)
Des élèves assistent à un cours à l'école PIKTES (école primaire Yavuz Selim) à Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie, le 17 octobre 2023. (Photo Yasin Akgul AFP)
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Publié le Samedi 04 novembre 2023

Réfugiés syriens en Turquie: intégrer sans en avoir l'air

  • Selon un sondage réalisé par l'institut Metropoll en 2021, 81% des Turcs souhaiteraient le retour des réfugiés syriens chez eux
  • «Les responsables turcs admettent que les conditions en Syrie ne permettent pas aujourd'hui un retour et qu'il faut faire tout pour permettre une vie en +harmonie+, pour reprendre leur terminologie», indique l'ambassadeur de l'UE en Turquie

SANLIURFA, Turquie : Comme des millions de Syriens, Mahmoud Abdi est arrivé en Turquie en 2014 en espérant rentrer un jour chez lui, quand la guerre serait finie.

Mais près d'une décennie plus tard, le menuisier d'une trentaine d'années rêve d'ouvrir son atelier à Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie, dont un quart des deux millions d'habitants sont comme lui, Syriens.

«J'ai appris à utiliser de nouvelles machines. Après mes cours, je vais travailler chez un fabricant de meubles», raconte-t-il.

Ses aspirations cependant posent problème à la Turquie qui accueille sur son sol près de 3,5 millions de Syriens, officiellement considérés comme des «invités» sous «protection temporaire» qui rentreront chez eux le moment venu.

Avec la crise économique qui frappe la Turquie, les réfugiés se sont retrouvés, malgré eux, au coeur des débats de la campagne électorale au printemps dernier.

«Les Syriens vont partir» affirmait les affiches de l'opposition, tandis que le président, réélu, Recep Tayyip Erdogan, annonçait des logements neufs dans le nord de la Syrie pour garantir «le retour volontaire» d'un million d'entre eux.

Selon un sondage réalisé par l'institut Metropoll en 2021, 81% des Turcs souhaiteraient le retour des réfugiés syriens chez eux.

Alors la Turquie met, avec l'aide de l'Union européenne, discrètement en place des programmes d'intégration par le travail qui ne disent pas leur nom.

«L'emploi joue un rôle-clé pour assurer une vie en harmonie» entre réfugiés et population locale, insiste le maire de Karakopru, principal district de Sanliurfa, Metin Baydilli.

- Attaques et tensions -

Un euphémisme pour éviter d'évoquer les tensions et même des incidents violents, comme des attaques xénophobes qui ont visé des commerces et des logements des Syriens à Ankara en août 2021.

Des écoles, des centres de santé et de formation ont vu le jour, financés par l'UE qui a débloqué près de 10 milliards d'euros depuis 2011 pour aider la Turquie à accueillir et à retenir des réfugiés.

«Le mot intégration n'est pas utilisé par les responsables turcs. Mais ils admettent que les conditions en Syrie ne permettent pas aujourd'hui un retour et qu'il faut faire tout pour permettre une vie en +harmonie+, pour reprendre leur terminologie», indique l'ambassadeur de l'UE en Turquie, Nikolaus Meyer-Landrut en visite à Sanliurfa.

«En réalité, beaucoup est fait pour l'intégration, même si la perspective d'un retour est entretenue pour des raisons politiques», relève le diplomate.

En 2016, l'UE a conclu avec Ankara un «pacte migratoire» au nom duquel la Turquie retient les migrants, principalement syriens, en échange d'une contribution de 6 milliards d'euros, partiellement versée.

«Ca se passe mieux qu'on peut le penser», affirme  l'ambassadeur, faisant valoir qu'intégrer «un aussi grand nombre de personnes dans une économie qui peine est forcément plus difficile».

Essentiellement basée sur l'agriculture, l'économie de Sanliurfa encaisse mal cet afflux de population, avec un chômage de 15%, bien au dessus de la moyenne nationale officielle de 9,2%.

La situation est différente à Gaziantep, ville voisine industrielle, où les réfugiés syriens sont devenus le moteur du secteur textile en manque de main d'oeuvre.

-Main d'oeuvre pas chère-

«Pour offrir un emploi aux réfugiés syriens, il faut augmenter les investissements à Sanliurfa sinon, on verra apparaitre des tensions», s'inquiète Yunus Colak, directeur de l'Agence de développement de la région.

L'autre risque est le travail au noir d'une main d'oeuvre pas chère alors que seuls 17.557 Syriens ont un emploi déclaré à Sanliurfa, affirment les autorités.

Selon un rapport publié en 2021 par la Fondation de recherche sur les politiques économiques, 48% des réfugiés syriens travaillent au noir et 41% sont sous-payés.

En revanche, l'intégration poursuit son cours dans les écoles publiques turques qui accueillent près de 800.000 enfants syriens.

Bunyamin Abdullah, 11 ans, apprend ainsi le turc dans une classe spécialisée, grâce à un programme européen.

«Ma mère ne parle pas turc. Je l'aide quand elle fait ses courses», raconte-t-il.

L'ouverture de classes supplémentaires avec le soutien de l'UE permet d'apaiser les parents qui se plaignaient de classes surchargées «à cause des enfants syriens», confient les autorités.

Pourtant, dans les rues de Sanliurfa, demeurent d'invisibles lignes de démarcation entre les réfugiés syriens et les habitants turcs, kurdes ou arabes de la ville.

«Il y a des quartiers surnommés Rakka ou Damas. Dans l'école de mon petit-fils, sur 27 élèves seuls trois sont Turcs, le reste ce sont des Syriens», lance Mustafa Aslan, vendeur de voitures.

«Leur culture est très différente de la nôtre. On ne veut pas d'eux ici», ajoute-t-il.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.