L’action du monde arabe face à l’urgence médicale à Gaza

Au moins 10 500 personnes piégées à l'intérieur de ce territoire exigu et appauvri ont été tuées par les frappes aériennes israéliennes (Photo, AFP).
Au moins 10 500 personnes piégées à l'intérieur de ce territoire exigu et appauvri ont été tuées par les frappes aériennes israéliennes (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 novembre 2023

L’action du monde arabe face à l’urgence médicale à Gaza

  • Le système de santé de Gaza se détériore rapidement et des milliers de patients n'ont plus accès aux traitements médicaux essentiels
  • L'Arabie saoudite et d'autres pays arabes ont lancé des campagnes de collecte de fonds, déployé des vols d'aide et mis en place des hôpitaux de campagne

DUBAI: Les hôpitaux, les cliniques et les morgues de la bande de Gaza sont débordés depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a un mois, et seule une petite quantité de fournitures médicales vitales parvient au territoire assiégé.

Malgré les difficultés d'accès à l'aide humanitaire, les gouvernements de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de la Jordanie et de l'Égypte ont promis des millions d’euros, négocié l'acheminement de l'aide et mis en place des installations médicales pour soigner les civils blessés.

«Les pays et les peuples arabes ne manquent pas de bonne volonté pour aider les Palestiniens, au moins sur le plan humanitaire», a déclaré à Arab News, Ramzy Baroud, auteur, journaliste et rédacteur en chef de Palestine Chronicle, né à Gaza et américain d'origine palestinienne.

«L'étape suivante consiste à faire en sorte que ce soutien parvienne aux victimes de ce génocide israélien en cours», a-t-il ajouté.

Environ 4 000 enfants ont été tués à Gaza depuis le début du conflit (Photo, AFP).

Des représentants de pays occidentaux et arabes, des Nations unies et d'organisations non gouvernementales se sont réunis à Paris jeudi pour une conférence sur les moyens d'apporter une aide aux civils de Gaza. Ils ont notamment proposé la création d'un corridor maritime humanitaire et d'hôpitaux de campagne flottants.

Des représentants de la Jordanie, de l'Égypte et des pays du Golfe ont assisté à la conférence dans la capitale française, mais les autorités israéliennes n'y ont pas participé.

L'Arabie saoudite accueillera les dirigeants arabes samedi pour une session d'urgence de la Ligue arabe, puis dimanche pour une réunion des 57 membres de l'Organisation de la coopération islamique, à laquelle le président iranien, Ebrahim Raïssi, devrait assister.

«À moins que les pays arabes influents ne fassent pression sur Israël par le biais d'un plaidoyer politique aux Nations unies et directement par l'intermédiaire de Washington, ni l'aide ni la construction future à Gaza ne seront autorisées», a indiqué Baroud.

Après l'attaque transfrontalière du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1 400 personnes et l'enlèvement d'au moins 240 autres, Israël a lancé un assaut meurtrier sur Gaza, l'un des endroits les plus densément peuplés de la planète.

LA CRISE DE GAZA EN CHIFFRES

1,5 million de personnes déplacées.

10 581 personnes tuées.

28 137 blessés.

109 sièges de presse détruits/endommagés.

194 écoles endommagées.

717 000 personnes hébergées dans 149 installations de l'Unrwa.

51 000 appartements détruits.

740 installations industrielles détruites.

290 membres du personnel de santé ciblés.

En conséquence, au moins 10 500 personnes piégées à l'intérieur de cette portion de territoire exiguë et appauvrie ont été tuées par les attaques aériennes israéliennes, et des milliers d'autres ont été contraintes de s'abriter dans des écoles et des hôpitaux après la destruction de leurs maisons.

Seule une petite quantité d'aide humanitaire est autorisée à entrer par le poste frontalier égyptien de Rafah, et quelques rares personnes sont autorisées à sortir, ce qui a incité Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, à décrire Gaza comme «un cimetière d'enfants».

En effet, environ 4 000 enfants ont été tués à Gaza depuis le début du conflit, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

«Le problème évident est qu'Israël n'autorise pas l'arrivée de l'aide humanitaire par la frontière de Rafah et refuse d'ouvrir le point de passage de Karam Abou Salem (Kerem Shalom), conformément à la demande du secrétaire général des Nations unies», a précisé Baroud.

«Israël a bombardé à plusieurs reprises le point de passage de Rafah, du côté palestinien, pour faire passer le message qu'aucun mouvement ou aide ne sera autorisé. Mardi, les forces israéliennes ont bombardé un convoi humanitaire de la Croix-Rouge transportant de l'aide urgente vers Gaza.»

Les États arabes ont lancé des campagnes de collecte de fonds et déployé des vols d'aide au point de passage de Rafah, en Égypte, en réponse à l'aggravation de la situation d'urgence médicale à Gaza (Photo, WAM).

Avant même le début de la dernière flambée de violence, un rapport de l’ONU expliquait que le blocus israélien de Gaza, qui dure depuis dix-sept ans, avait gravement paralysé l'économie du territoire palestinien, laissant environ 80% de ses habitants tributaires de l'aide humanitaire extérieure.

L'Arabie saoudite soutient les civils palestiniens de Gaza par l'intermédiaire du portail de collecte de fonds Sahem, qui, cinq jours après son lancement, a reçu des contributions de plus de 569 000 donateurs, pour un montant supérieur à 108 millions de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro).

La campagne d'aide publique au peuple palestinien de Gaza, affiliée au Centre d'aide humanitaire et de secours Roi Salmane (KSrelief), a été spécifiquement lancée pour soutenir les Palestiniens qui souffrent des attaques israéliennes.

Abdallah al-Rabeeah, superviseur général de KSrelief, a déclaré que cette campagne reflétait «le rôle historique de l’Arabie saoudite aux côtés du peuple palestinien frère lors des différentes crises», selon un communiqué publié par l'agence de presse saoudienne, la SPA.

En début de cette semaine, l'équipe de KSrelief s'est entretenue avec Osama Nugali, l'ambassadeur saoudien en Égypte, afin de trouver des moyens d'accélérer l'acheminement d'abris, de nourriture et de fournitures médicales par le poste-frontière de Rafah.

EN CHIFFRES

- 10 500 personnes tuées depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

- 1,5 million de Gazaouis déplacés depuis le début des combats.

- 60% = Proportion des établissements de santé de Gaza déjà hors service.

- 320 tonnes de fournitures humanitaires acheminées à Gaza ces dernières semaines.

 

En outre, le 15 octobre, Nayef ben Bandar al-Sudairi, l'ambassadeur saoudien en Jordanie, a offert une contribution annuelle de 2 millions de dollars du Royaume à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa).

Ce soutien financier permettra à l'Unrwa de continuer à offrir des services de secours vitaux, tels que de la nourriture, des médicaments et une assistance humanitaire, au peuple palestinien assiégé.

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a qualifié d’«odieuses» les attaques contre les civils à Gaza, tout en mettant en garde contre des «répercussions dangereuses» en cas d'escalade régionale.

Plusieurs responsables saoudiens ont appelé à un cessez-le-feu immédiat.

Aucune solution n'étant en vue et les bombardements se poursuivant, le système de santé à Gaza se détériore rapidement, des milliers de patients n'ayant plus accès aux traitements médicaux essentiels.

Malgré les difficultés d'accès à l'aide humanitaire, les gouvernements de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de la Jordanie et de l'Égypte ont promis des millions de dollars d'aide (Photo, AFP).

Le 6 novembre, le Croissant-Rouge palestinien a lancé un avertissement selon lequel l'hôpital Al-Quds serait à court de carburant dans les quarante-huit heures. Les responsables de l'hôpital Al-Awda, quant à eux, ont déclaré que l'établissement était sur le point de fermer ses portes en raison de graves pénuries.

À l'hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, une frappe israélienne a récemment détruit les panneaux solaires de l'établissement. L'hôpital, qui était déjà au bord de l'effondrement, est maintenant confronté à de graves pénuries, tout en recevant un flux continu de blessés.

«Selon les dernières déclarations du ministère palestinien de la Santé, la moitié des grands hôpitaux de Gaza et 60% des établissements de santé de la bande sont déjà hors service», a indiqué Baroud.

«Les hôpitaux qui fonctionnent encore le font avec bien moins que le minimum requis en termes d'équipement, de carburant et de fournitures médicales», a-t-il ajouté.

«Jamais dans l'histoire des guerres israéliennes contre Gaza – en fait, nulle part ailleurs en Palestine – une crise de cette ampleur n'a eu lieu. La situation est plus que désastreuse», a alerté Baroud.

Depuis le 7 octobre, au moins 16 des 35 hôpitaux de Gaza ne sont plus opérationnels. En outre, 51 des 72 cliniques de soins de santé primaires de la bande de Gaza ont cessé leurs activités, ce qui met en évidence les problèmes critiques auxquels est confronté le système de santé dans l'enclave.

Baroud a révélé que sa sœur, médecin dans le sud de la bande de Gaza, lui avait dit que les médecins devaient faire des choix extrêmement difficiles pour déterminer qui devait être soigné et qui devait être ignoré.

«Des opérations chirurgicales ont lieu dans les étages des hôpitaux. Des enfants sont amputés sans anesthésie», lui a-t-elle affirmé.

«Les mots ne suffisent pas à décrire la souffrance collective des Palestiniens. Ceux qui meurent rapidement sont les plus chanceux», a-t-elle ajouté.

Face à cette situation désastreuse, le cheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyane, président des Émirats arabes unis, a annoncé son intention de créer un nouvel hôpital de campagne dans le cadre de l'opération humanitaire Gallant Knight 3, selon l'agence de presse nationale WAM.

Environ mille camions d'aide se préparent à entrer dans la bande de Gaza en deux étapes. (Photo, Asharq al-Awsat)

Ce lundi, cinq avions cargos ont quitté la capitale émiratie, Abu Dhabi, avec à leur bord des équipements et des fournitures destinés à la création d’un hôpital de compagne de 150 lits situé à El-Arich, dans la péninsule égyptienne du Sinaï.

L'hôpital de campagne comprendra des services de chirurgie générale, d'orthopédie, de pédiatrie et de gynécologie, ainsi que des unités d'anesthésie et de soins intensifs. Il est conçu pour servir à la fois les adultes et les enfants, et proposera des cliniques de médecine interne, de dentisterie, de psychiatrie et de médecine familiale.

Par ailleurs, les Émirats arabes unis ont annoncé leur intention d'admettre environ 1 000 enfants palestiniens de la bande de Gaza et leurs familles dans leurs propres hôpitaux pour qu'ils y soient soignés.

Les efforts conjoints du Croissant-Rouge égyptien, de l'Alliance nationale pour l'action civile et le développement, de la Fondation Haya Karima et de divers programmes internationaux, dont l'Organisation mondiale de la santé et l'Unrwa, ont permis d'acheminer environ 7 950 tonnes d'aide.

Des vols transportant de l'aide en provenance de Turquie, des Émirats arabes unis, du Qatar, de Jordanie et de Tunisie ont atterri à El-Arich. Entre-temps, l'Irak aurait fait don de 10 millions de litres de carburant aux hôpitaux de Gaza.

Le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré tôt lundi que l'armée de l'air jordanienne avait largué une «aide médicale urgente» à son hôpital de campagne à Gaza, afin de fournir une assistance immédiate.

«C'est notre devoir d'aider nos frères et sœurs blessés dans la guerre contre Gaza. Nous serons toujours là pour nos frères palestiniens», a-t-il déclaré sur X.

Le volume de l'aide entrant jusqu'à présent ne représente que 4% de la moyenne journalière (Photo, WAM).

Environ un millier de camions d'aide se préparent à entrer dans la bande de Gaza en deux étapes.

Toutefois, le bureau humanitaire des Nations unies a déclaré que le volume de l'aide entrant jusqu'à présent ne représente que 4% de la moyenne journalière nécessaire avant le début des hostilités, et une fraction de ce qui est nécessaire à mesure que les stocks de nourriture, d'eau, de médicaments et de carburant s'épuisent.

«Il va sans dire qu'un cessez-le-feu humanitaire immédiat est essentiel», a insisté Baroud.

«Un cessez-le-feu signifie qu'il faut permettre à davantage d'aide d'arriver en toute sécurité, aux centres médicaux d'évaluer la situation, aux morts d'être enterrés dans une certaine dignité et aux agents de la défense civile de récupérer au moins une partie des corps coincés sous les décombres», a-t-il éclairci.

«Si les Arabes ne peuvent pas aider la Palestine par d'autres moyens, et ils devraient vraiment pouvoir le faire, le moins qu'ils puissent faire est d'utiliser leur poids et leur influence politiques et économiques pour faire pression sur Israël afin qu'il autorise un cessez-le-feu humanitaire.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: l'armée israélienne annonce la remise de trois dépouilles d'otages à la Croix-Rouge

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit des échanges de dépouilles.

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne.

 

 


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".