Gaza: Israël autorise l'entrée quotidienne de deux camions de carburant

Le cabinet de guerre israélien a autorisé la livraison quotidienne de deux camions-citernes de carburant diesel vers la bande de Gaza assiégée, ont annoncé vendredi des responsables israéliens, alors que les hôpitaux et les programmes d'aide étaient fermés en raison de pénuries de carburant (Photo, AP).
Le cabinet de guerre israélien a autorisé la livraison quotidienne de deux camions-citernes de carburant diesel vers la bande de Gaza assiégée, ont annoncé vendredi des responsables israéliens, alors que les hôpitaux et les programmes d'aide étaient fermés en raison de pénuries de carburant (Photo, AP).
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Publié le Samedi 18 novembre 2023

Gaza: Israël autorise l'entrée quotidienne de deux camions de carburant

  • Selon un de ses responsables, 50 camions d'essence pénétraient chaque jour dans la bande de Gaza avant le 7 octobre
  • Il accuse le mouvement islamiste d'avoir détourné des centaines de milliers de litres de carburant pour ses besoins militaires

JÉRUSALEM: Une première livraison de carburant est arrivée vendredi dans la bande de Gaza après le feu vert donné par Israël, afin de mettre fin à la suspension des télécommunications qui bloque l'acheminement de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.

Israël avait autorisé peu avant, à la demande des Etats-Unis, l'entrée de deux camions de carburant chaque jour dans la bande de Gaza, où les pénuries de carburant, nécessaire pour alimenter les générateurs, ont mis hors service de nombreux hôpitaux et mis à l'arrêt les télécommunications ainsi que les livraisons d'aide humanitaire.

La population du petit territoire, prise au piège de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, est confrontée "à un risque immédiat de famine", avait averti le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Une livraison de 17.000 litres de carburant est arrivée vendredi via l'Egypte, a annoncé l'autorité palestinienne en charge du poste-frontière de Rafah, pour alimenter les générateurs de la compagnie de télécommunications.

Les livraisons annoncées ne représentent toutefois qu'une petite partie des quantités de carburant, soit 50 camions, qui pénétraient quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire pris d'assaut mercredi par l'armée israélienne, la situation est "catastrophique" pour les patients, les déplacés et les soignants qui s'y entassent sans électricité "ni eau, ni nourriture", a affirmé à l'AFP son directeur, le docteur Mohammed Abou Salmiya.

Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'enceinte de l'hôpital.

Le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, a affirmé vendredi à l'AFP que "24 patients" étaient morts "ces dernières 48 heures" à l'hôpital al-Chifa, "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant", faute de carburant pour alimenter les générateurs.

Le porte-parole a aussi déclaré qu'un bébé prématuré est mort vendredi après que sa couveuse a cessé d'être alimentée en électricité il y a plusieurs jours.

Un cessez-le-feu

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a exigé vendredi devant les Nations unies un "cessez-le-feu" à Gaza pour venir en aide à la population. "On ne demande pas la lune. Nous demandons des mesures de base nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de la population civile", a-t-il lancé.

L'armée israélienne, dont les chars encerclent toujours l'hôpital pendant que les combats font rage ailleurs dans la ville de Gaza, a indiqué à l'AFP qu'elle continuait à fouiller l'immense complexe abritant, selon elle, un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels, ce que le mouvement islamiste dément.

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza, depuis l'attaque qu'il a lancée sur le sol israélien, d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création d'Israël en 1948.

En Israël, l'attaque a fait 1.200 morts, en grande majorité des civils, selon les autorités.

Selon l'armée, 51 soldats israéliens sont morts au cours des combats dans le territoire palestinien.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants menés en représailles à l'attaque ont fait 12.000 morts, essentiellement des civils, dont 5.000 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le ministère a affirmé vendredi que des dizaines de corps jonchaient les rues du nord de la bande de Gaza, et qu'il était impossible de les recenser à cause de l'intensité des frappes.

En parallèle à ses bombardements, Israël mène depuis le 27 octobre des opérations terrestres concentrées pour l'essentiel dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de "boucliers humains".

Le froid

Depuis des semaines, l'ONU réclame la livraison massive de carburant dans la bande de Gaza, en particulier pour permettre aux hôpitaux de fonctionner et aux camions transportant l'aide humanitaire de circuler.

Le territoire est placé depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments.

Selon le Hamas, 24 des 35 hôpitaux de Gaza ont cessé fonctionner.

Israël refusait jusqu'ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

En réponse à une demande des Etats-Unis, allié-clé d'Israël, le cabinet de guerre israélien a annoncé avoir autorisé l'entrée quotidienne de deux camions-citerne "pour les besoins de l'ONU". L'accord prévoit de livrer jusqu'à 140.000 litres toutes les 48 heures.

L'Unrwa a annoncé vendredi qu'elle ne pourrait plus coordonner la distribution de l'aide humanitaire en raison de la coupure des communications provoquée par le manque de carburant.

Selon l'ONU, 1,65 des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et survivent dans le froid qui s'installe.

Selon l'Unrwa, 70% de la population n'a pas accès à l'eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues.

Vendredi, à Rafah, des enfants blessés attendaient dans des ambulances de pouvoir être évacués via l'Egypte vers les Emirats arabes unis, selon des images de l'AFP.

"Au début, on nous ont dit qu'elle allait mourir. Elle a des fractures au crâne, au bassin et à la cuisse", a raconté Adam al-Madhoun, le père de Kenza, une fille de quatre ans amputée de la main droite après une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Jabaliya.

Libération sans délai

Vendredi, l'armée a annoncé avoir retrouvé la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l'hôpital al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu'elle avait été tuée dans des bombardements israéliens.

Jeudi soir, le corps d'une autre otage, Yehudit Weiss, avait été découvert près de l'hôpital. Cette femme de 65 ans a été "assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza", selon l'armée, après avoir été enlevée le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d'Israël.

L'armée estime qu'environ 240 otages, civils et militaires, ont été emmenés à Gaza le jour de l'attaque du Hamas.

Des pourparlers en vue de leur libération se tiennent via une médiation du Qatar. Le président américain Joe Biden et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, ont discuté vendredi par téléphone de la nécessité "urgente" que le Hamas libère "sans délai" les otages, a annoncé la Maison Blanche.

Israël a jusqu'ici refusé tout cessez-le-feu dans la bande de Gaza sans libération préalable des otages.

Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie occupée. L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué "cinq terroristes" à Jénine, bastion des mouvements armés palestiniens. Le Hamas avait revendiqué la veille une attaque contre un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien avait été tué.

A Hébron, deux Palestiniens ont été tués par "des balles de l'armée israélienne", selon le ministère palestinien de la Santé.


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?


Cisjordanie: deux adolescents palestiniens abattus, l'armée israélienne dit avoir déjoué une attaque

 L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
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  • L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes"
  • L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU

DAYR ISTIYA: L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque".

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé sans plus de détail "le martyre de Bilal Bahaa Ali Baaran (15 ans) et Mohammad Mahmoud Abou Ayache (15 ans) tués par des balles de l'occupation [Israël, NDLR], cet après-midi, jeudi, près de Beit Omar, au nord de Hébron", grande ville du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes en passe de perpétrer une attaque".

L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU.

Jeudi également, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a accusé des colons israéliens d'avoir incendié la mosquée Hajja Hamida à Dayr Istiya, dans le nord de la Cisjordanie.

Un photographe de l'AFP sur place a vu des murs noircis, des corans brûlés et des graffitis sur un mur de la mosquée.

"Cela viole, et de façon flagrante, le caractère sacré des lieux de culte et reflète le racisme profond des colons qui agissent en se plaçant sous la protection du gouvernement de l'occupation", a déclaré dans un communiqué le ministère.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que des forces de sécurité avaient été dépêchées sur les lieux après avoir reçu "des informations et des images [...] concernant des suspects ayant incendié une mosquée et tagué des graffitis".

Les soldats n'ont identifié aucun suspect sur place, a ajouté l'armée, condamnant "toute forme de violence".

"Schéma de violences extrémistes" 

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné l'attaque de la mosquée, jugeant "que de tels actes de violence et de profanation de lieux de culte sont inacceptables", a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, dénonçant "un schéma de croissance de violences extrémistes qui attisent les tensions et doivent cesser immédiatement".

La veille, le lieutenant général Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne avait affirmé vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent désormais plus de 500.000 Israéliens - dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international - au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons, jeunes, et de plus en plus violents et organisés, se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants israéliens ou étrangers contre la colonisation, des journalistes, et parfois des soldats.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.005 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.