Ce que l'expérience des conflits au Moyen-Orient signifie pour la reconstruction de Gaza

Des Palestiniens vérifient les dégâts après une frappe israélienne sur le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia dans la bande de Gaza, le 1er novembre 2023 (Photo, AFP).
Des Palestiniens vérifient les dégâts après une frappe israélienne sur le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia dans la bande de Gaza, le 1er novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 novembre 2023

Ce que l'expérience des conflits au Moyen-Orient signifie pour la reconstruction de Gaza

  • Alors que l'accord sur les otages entre en vigueur, des questions se posent quant à la possibilité de reconstruction, compte tenu de l'ampleur des destructions
  • De Mossoul à Alep, les villes arabes dévastées par le conflit témoignent que la reconstruction n'est pas toujours évidente

ATHÈNES/IRBIL: Alors que l'accord sur les otages, conclu entre Israël et le Hamas ouvre la voie à une brève pause dans les combats à Gaza, certains pensent déjà à la possibilité pour l'enclave palestinienne de se remettre d'une dévastation physique sans précédent.

Si l'on se fie à l'expérience d'autres villes arabes frappées par le conflit ces dernières années, le redressement de Gaza ne sera pas une tâche facile, compliquée par des questions telles que le financement, le leadership et les garanties d'une paix durable.

Le monde arabe n'est pas étranger au travail de reconstruction. Plus de 8 000 bâtiments ont été détruits dans la vieille ville de Mossoul lors de la bataille pour reprendre la ville du nord de l'Irak des mains de Daech en 2017. La ville d'Alep, en Syrie, a également vu plus de 35 000 de ses structures détruites au cours de la guerre civile qui a débuté en 2011.

Ces villes ont une caractéristique commune: leur destruction. Mais l'ampleur de leur reconstruction dépend d'un ensemble complexe de facteurs, dont la situation géographique, la taille (en termes de superficie et de population), la situation sécuritaire actuelle et les mesures, ou l'absence de mesures, prises par les gouvernements locaux et nationaux.

Une photo prise le 9 mars 2017 dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, qui a été reprise par les forces gouvernementales en décembre 2016, montre des personnes marchant devant des bâtiments fortement endommagés (Photo, AFP).

Par exemple, alors qu'une grande partie de Mossoul reste en ruines, l'absence relative de conflit au cours des six dernières années a permis des initiatives de reconstruction telles que «Revive the Spirit of Mosul» («Raviver l'esprit de Mossoul»), un projet de plusieurs millions de dollars mené par l'Unesco avec l'aide de l'UE et des Émirats arabes unis, qui vise à raviver l'emblématique ville irakienne.

Alep est confrontée à des problèmes similaires. La ville est reconstruite de façon fragmentaire, les habitants des quartiers anciennement tenus par l'opposition à l'est et des quartiers semi-autonomes à majorité kurde au nord se plaignant d'être négligés par le gouvernement central de Damas.

D'autres habitants se plaignent que les milices pro-gouvernementales soutenues par l'Iran ont monopolisé l'aide et l'ensemble du processus de reconstruction.

La reconstruction à Alep et à Mossoul est encore compliquée par les allégations selon lesquelles de nombreuses évaluations des dommages effectuées par l'ONU ne portent que sur les bâtiments d'importance culturelle ou historique, et non sur les logements et les infrastructures résidentielles.

Cela signifie que les projets massifs de l'Unesco et les promesses de dons pour reconstruire les quartiers historiques, s'ils sont bien intentionnés, négligent souvent les besoins réels des civils sur le terrain.

Un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS) fait le geste de la victoire alors qu'il monte la garde avec ses camarades sur un toit d’un bâtiment de Raqqa, le 20 octobre 2017, après avoir repris la ville aux combattants de Daech (Photo, AFP).

Raqqa, quant à elle, sous l'administration autonome du nord et de l'est de la Syrie soutenue par les États-Unis, jouit d'une stabilité et d'une sécurité relatives depuis sa libération, ce qui a favorisé sa reconstruction.

Avec l'aide de l'administration locale et des organisations humanitaires internationales, plus de 400 des 528 écoles de la ville ont été entièrement ou partiellement reconstruites, et 90% du réseau d'eau de la ville a été réparé, selon les informations fournies à Arab News par Abdel Salam Hamsork, vice-président du Conseil exécutif de Raqqa.

Gaza n'a pas eu la chance de jouir d'une telle stabilité, ayant été soumise à de multiples et intenses campagnes militaires au cours des dernières décennies.

Un garçon passe devant les décombres de maisons détruites dans la vieille ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, un site fortement endommagé par les combattants de Daech lors de la bataille de 2017 pour la ville, le 21 avril 2021 (Photo, AFP).

Alors que les précédentes reconstructions de maisons et d'infrastructures civiles ont été menées par l'Agence internationale de secours et le Programme des Nations unies pour le développement, le conflit qui a débuté le 7 octobre est d'une ampleur sans précédent, a déclaré à Arab News le Dr Saleh Abdel Aty, avocat palestinien, chercheur et militant des droits de l'homme.

«Au cours de cette agression, les forces d'occupation ont détruit 60% des unités d'habitation, détruisant complètement ou partiellement environ 250 000 unités d'habitation, en plus de la destruction des bâtiments, des infrastructures, des installations de service, des usines, des fermes et des magasins», a-t-il indiqué.

«La reconstruction est possible, bien sûr, mais elle nécessite une conférence internationale pour mettre fin au siège et convenir d'une vision internationale pour mettre fin à l'occupation et l'empêcher de contrôler le processus de reconstruction», a-t-il précisé.

LES DOMMAGES À GAZA EN CHIFFRES

41 000 logements détruits et 222 000 endommagés au 15 novembre, soit 45% du nombre total de logements. (OCHA)

 

279 établissements d'enseignement endommagés au 15 novembre – plus de 51% du nombre total d’écoles. (OCHA)

 

9 des 35 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent que partiellement depuis le 16 novembre. (Ministère de la Santé)


70% des habitants du sud de la bande de Gaza n'ont pas accès à l'eau potable depuis le 16 novembre. (Unrwa)

Pour de nombreux Palestiniens qui vivent encore sous la menace des bombardements et des déplacements, il est prématuré de parler de reconstruction. Après des décennies de siège et d'assauts militaires, le désespoir demeure un sentiment dominant chez les habitants de Gaza.

«Il est bien trop tôt pour parler de reconstruction alors que la guerre israélienne se poursuit sans fin en vue», a déclaré à Arab News, Oussama al-Charif, journaliste et commentateur politique basé à Amman.

«Les véritables objectifs de l'agression israélienne restent flous. Ce qui est évident, c'est qu'Israël tente de faire de la majeure partie du nord de Gaza, notamment la ville de Gaza, une zone tampon. Les autorités israéliennes appliquent une politique de terre brûlée en procédant à une destruction massive et délibérée de cette région. Les habitants de Gaza ne seront peut-être jamais autorisés à retourner dans le nord, qui a été transformé en terrain vague», a-t-il expliqué.

La destruction de Gaza ouvre également la voie à une possibilité inquiétante: le retour des colonies. En 2005, dans le cadre du désengagement israélien de l'enclave, plus de 20 colonies israéliennes à l'intérieur de Gaza ont été démantelées et les colons israéliens ainsi que les forces militaires se sont retirés de la zone.

Cette combinaison d'images satellites diffusées par Maxar Technology et créées le 1er novembre 2023, montre (à gauche) une vue d'ensemble du camp de réfugiés de Jabalia le 31 octobre 2023 et la destruction du même camp après avoir été visé par une frappe israélienne (Photo, AFP).

Bien qu'Israël n'ait fait aucune déclaration ni approuvé le retour des colons, il y a deux semaines, plusieurs anciens colons de Gaza qui ont parlé à Voice of America, ont exprimé leur désir de retourner dans leurs anciennes colonies après la fin des hostilités.

Avec un cessez-le-feu temporaire dans le cadre de l'accord d'échange d'otages, il y a une lueur d'espoir pour une fin durable des combats, ou au moins une fenêtre d'opportunité pour fournir une aide vitale à la population sinistrée de Gaza.

Mais tant qu'une paix durable n'est pas garantie, il n'y a guère d'intérêt à soutenir une reconstruction majeure à Gaza si ces bâtiments sont destinés à être de nouveau rasés lors de la prochaine vague de violence.

En effet, tant que la région vivra dans l'ombre des groupes armés et dans le nuage d'une guerre régionale potentiellement plus étendue, il pourrait être impossible d'obtenir des fonds pour la reconstruction.

«Soit la reconstruction n'aura pas lieu du tout en raison d'un manque de ressources, d'une sécurité intense et d'une fragmentation politique, soit elle deviendra une continuation du conflit par d'autres moyens impliquant des concurrents locaux et extérieurs», ont déclaré Amr Adly, Mohammed Alaraby et Ibrahim Awad dans un essai rédigé conjointement en 2021 pour le Carnegie Middle East Center sur le thème de la reconstruction de l'après-guerre dans la région.

Des drapeaux israéliens se dressent au sommet de bâtiments détruits dans la bande de Gaza, vus depuis le sud d'Israël, le samedi 18 novembre 2023 (Photo, AP).

L'absence de garantie que les conflits futurs ne ravageront pas les villes est l'un des principaux obstacles au progrès dans de nombreuses villes détruites dans le monde.

La plupart des entités politiques syriennes insistent sur le fait que la mise en œuvre de la résolution 2254 des Nations unies de 2015, qui appelle à un règlement politique en Syrie, est une condition préalable à toute forme de reconstruction ou de retour des réfugiés.

«Pour que Gaza ne soit pas détruite, il faudrait que la raison même de l'existence de la résistance soit totalement supprimée, à savoir la liberté du peuple palestinien», a signalé l'auteur et commentateur palestinien Ramzi Baroud à Arab News.

«La construction doit également être liée à un autre processus: celui de la protection de Gaza contre les futures guerres israéliennes et les destructions qui s'ensuivraient», a-t-il indiqué.

Toutefois, Baroud met en garde contre la politisation des efforts de reconstruction.

«Israël, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ne doivent pas être autorisés à lier la reconstruction de Gaza à leurs propres programmes politiques contre le Hamas, le Djihad islamique ou tout autre groupe palestinien», a-t-il mentionné, ajoutant que «ceux qui ont tout perdu sont des gens ordinaires qui sont victimes des crimes de guerre israéliens».

Des Palestiniens enterrent des corps dans une fosse commune au cimetière de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023 (Photo, AFP).

Il pourrait s'avérer extrêmement difficile d'éliminer les agendas politiques de toute reconstruction potentielle, d'autant plus que toute l'aide et tout le matériel doivent d'abord traverser le territoire israélien pour atteindre Gaza. Un long embargo sur les importations de ciment a ralenti les travaux de restauration et de reconstruction passés.

Israël ayant également l'habitude de procéder à des démolitions punitives de maisons de membres de la famille de militants palestiniens, il n'est pas certain que le gouvernement du pays, de plus en plus à droite, soit disposé à contribuer aux efforts de reconstruction à Gaza, ou même à les tolérer.

«Théoriquement, la reconstruction n'est pas un problème si l'agression cesse et si l'aide internationale afflue», a affirmé Al-Charif, le commentateur basé à Amman. «Les pays occidentaux et arabes contribueront à un plan de reconstruction, dont la réalisation pourrait prendre des années.»

Les coûts associés à toute reconstruction potentielle n'ont pas encore été évalués, mais ils seront certainement énormes. À titre de référence, l'ONU a déclaré en 2017 que la reconstruction des infrastructures de base de Mossoul coûterait un milliard de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro).

L’ONU a déclaré en octobre de cette année que, même avant la guerre actuelle, Gaza avait déjà besoin d'une aide d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, la région souffrant d'un des taux de chômage les plus élevés au monde et d'un taux d'insécurité alimentaire de 64%.

Les travaux de reconstruction et de développement ont également besoin de donateurs, alors que les fonds destinés à Gaza sont déjà en baisse. Entre 2008 et 2022, l'aide fournie à Gaza est passée de 2 milliards de dollars à 500 millions de dollars.

Des Palestiniens vérifient les dégâts après des frappes israéliennes dans le sud de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023 (Photo, AFP).

La manière dont la reconstruction de Gaza pourrait être financée fait l'objet d'un certain nombre de controverses. L'une des idées avancées est l'exploitation du champ gazier offshore Gaza Marine, situé à 36 km de la côte, en mer Méditerranée.

Amos Hochstein, coordinateur présidentiel spécial des États-Unis pour les infrastructures mondiales et la sécurité énergétique, s'est rendu en Israël lundi, ce qui pourrait favoriser les perspectives d'exploitation des réserves de gaz offshore de Gaza après la guerre.

«Il ne faut pas surestimer son potentiel, mais il peut tout à fait constituer une source de revenus pour un gouvernement palestinien et garantir un système énergétique indépendant pour la Palestine», a déclaré Hochstein lors d'une interview dimanche.

Même si tous les obstacles politiques, matériels, financiers et d’accès sont surmontés, des villes comme Alep, Raqqa et Mossoul montrent que les progrès de reconstruction peuvent encore être lents.

Bien que six ans se soient écoulés, voire plus, de vastes zones de ces villes restent dépeuplées et en ruines, ce qui témoigne de l'immense défi que représente la reconstruction une fois que les armes et les bombes se taisent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".