L'armée israélienne entre dans Khan Younès, l'ONU redoute un «scénario infernal»

D'après l'ONU, 1,8 million de personnes, soit les trois quarts environ de la population totale de Gaza, ont déjà été déplacées par la guerre (Photo, AFP).
D'après l'ONU, 1,8 million de personnes, soit les trois quarts environ de la population totale de Gaza, ont déjà été déplacées par la guerre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 décembre 2023

L'armée israélienne entre dans Khan Younès, l'ONU redoute un «scénario infernal»

  • L'armée israélienne a dit mardi être aux prises avec le Hamas dans Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza assiégée
  • «La terre a tremblé à Khan Younès et Jabaliya», a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a dit mardi être aux prises avec le Hamas dans Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza assiégée, où l'ONU redoute un "scénario infernal" pour les civils, confinés dans un périmètre de plus en plus réduit.

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le mouvement islamiste palestinien dans le nord de la bande de Gaza, l'armée a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du territoire, près de deux mois après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël.

Depuis la reprise des combats le 1er décembre à l'expiration d'une trêve de sept jours, l'armée a resserré l'étau sur le sud de Gaza, où des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d'échapper aux bombes et aux combats.

"Nous sommes au coeur de Jabaliya, au coeur de Choujaïya (deux localités du nord de Gaza) et désormais aussi au coeur de Khan Younès", a affirmé mardi le général israélien Yaron Finkelman, chef du Commandement Sud, estimant qu'il s'agit du "jour le plus intense depuis le début de l'offensive terrestre" israélienne.

"La terre a tremblé à Khan Younès et Jabaliya", a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Aujourd'hui, nous avons agi avec une puissance immense", s'est-il félicité.

Plus tôt, le responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn, s'inquiétait lui que "la situation empire d'heure en heure" à Gaza.

"Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité", a-t-il affirmé.

«Scénario infernal»

À pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur le toit de leur voiture, de nombreux civils ont continué de fuir mardi Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre, vers la ville voisine de Rafah, encore plus au sud, près de la frontière fermée avec l'Egypte, selon des images de l'AFP.

La nuit précédente, des témoins avaient rapporté à l'AFP des frappes aériennes et des tirs d'artillerie dans le secteur de Khan Younès et de Rafah ainsi qu'à Deir al-Balah, plus au nord, après le déploiement lundi de dizaines de chars et de bulldozers israéliens dans le sud de Gaza.

Les frappes de la nuit ont fait des dizaines de morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas. Un bombardement a fait notamment 25 morts dans une école de Khan Younès abritant des déplacés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne largue chaque jour sur la ville des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l'ONU a jugé "impossible" de mettre en oeuvre des zones sécurisées telles que désignées par Israël.

Mardi, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol.

Sous les sirènes des ambulances, des blessés étaient transportés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches, selon des images de l'AFP.

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), l'hôpital, à court de personnel et de fournitures, abrite plus de 1.000 patients et 17.000 déplacés.

"Un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre", a averti la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens, la Canadienne Lynn Hastings.

Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a lui affirmé que "l'anéantissement de Gaza figure désormais parmi les pires attaques de notre époque à l'encontre de populations civiles".

«Retour de tout le monde»

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes et enfants et adolescents, ont été tuées depuis le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza le 7 octobre.

En Israël, l'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a déclaré la guerre au Hamas et promis de détruire le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Des familles d'otages ont de nouveau réclamé mardi une mobilisation internationale pour obtenir leur libération au 60e jour de leur captivité, marqué par une nouvelle rencontre avec Benjamin Netanyahu, qui a répété oeuvrer "pour le retour de tout le monde".

Près de Gaza, la cheffe de l'aide américaine annonce plus de soutien humanitaire

Les Etats-Unis vont apporter 21 millions de dollars supplémentaires d'aide humanitaire à Gaza, a annoncé mardi la cheffe de l'agence américaine pour le développement lors d'une visite en Egypte.

"Les Etats-Unis, par l'intermédiaire d'USAID, vont fournir plus de 21 millions de dollars d'aide humanitaire supplémentaire aux habitants de Gaza et de Cisjordanie touchés par le conflit en cours, qui a laissé environ 2,2 millions de personnes dans le besoin", a annoncé Samantha Power, administratrice de l'Agence américaine pour le développement et l'aide humanitaire (USAID).

Cette somme s'ajoute aux 100 millions de dollars d'aide humanitaire déjà annoncés par le président Joe Biden en octobre, a-t-elle précisé, selon un communiqué d'USAID.

«Tellement mal»

Les bombardements et les combats faisaient aussi rage dans le nord de Gaza, où l'armée a annoncé avoir "pris le contrôle de positions importantes" du Hamas, dont la branche armée continue de tirer des roquettes vers Israël, en grande majorité interceptées.

L'armée israélienne, qui y contrôle désormais plusieurs secteurs, a mené des opérations "dans la région de Jabaliya" (nord), le plus grand camp de réfugiés palestiniens du territoire, actuellement encerclé.

82 soldats israéliens ont été tués à Gaza depuis le début des opérations israéliennes, a annoncé l'armée mardi soir.

Selon des témoins, des dizaines de frappes ont visé plusieurs quartiers de la ville de Gaza, poussant des milliers de civils à fuir.

Maria Abou Assi, une jeune habitante de Gaza-ville rescapée d'une frappe, a raconté à l'AFPTV avoir été réveillée par un bombardement.

"J'ai vu des décombres et des pierres m'entourer (...) J'avais tellement mal", a expliqué l'adolescente de 14 ans, qui a été extraite des décombres au bout de quatre jours.

Deux morts au Liban

Selon l'ONU, 1,8 million de personnes, soit les trois quarts environ de la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où les frappes ont détruit ou endommagé plus de la moitié des habitations.

Les besoins sont immenses dans le territoire soumis à un siège total par Israël depuis le 9 octobre, qui a provoqué de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments, d'électricité et de carburant.

L'aide humanitaire, à l'exception des sept jours de trêve, n'y entre qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte, soumise au feu vert d'Israël.

La guerre à Gaza a aussi ravivé la tension à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, allié du Hamas. Mardi, deux personnes, dont un soldat, ont été tuées dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, selon l'armée et l'agence de presse officielle.

En Cisjordanie occupée, en proie également à une intensification des violences, un Palestinien a été tué mardi lors d'une opération de l'armée israélienne, selon les autorités palestiniennes et une ONG.

Depuis le 7 octobre, au moins 255 Palestiniens y ont été tués par l'armée ou des colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.