Gaza: Paris préoccupé «au plus haut point», demande une «nouvelle trêve immédiate et durable»

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, donne une conférence de presse à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel Aviv, avant son départ d'Israël, le 15 octobre 2023. (Photo Alain Jocard AFP)
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, donne une conférence de presse à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel Aviv, avant son départ d'Israël, le 15 octobre 2023. (Photo Alain Jocard AFP)
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Publié le Dimanche 17 décembre 2023

Gaza: Paris préoccupé «au plus haut point», demande une «nouvelle trêve immédiate et durable»

  • Paris est préoccupé «au plus haut point» par la situation à Gaza et appelle à une «nouvelle trêve immédiate et durable», a déclaré Catherine Colonna
  • De son côté, Eli Cohen a martelé la position du gouvernement israélien selon laquelle un appel au cessez-le-feu est une «erreur», un «cadeau pour le Hamas

TEL-AVIV, Israël : La ministre française des Affaires étrangères a appelé dimanche dès son arrivée en Israël à une «nouvelle trêve immédiate et durable» dans la bande de Gaza, son homologue israélien qualifiant tout appel au cessez-le-feu «d'erreur».

Paris est préoccupé «au plus haut point» par la situation à Gaza et appelle à une «nouvelle trêve immédiate et durable», a déclaré Catherine Colonna à l'issue d'un entretien avec Eli Cohen dès sa sortie d'avion à Tel-Aviv.

«Trop de civils sont tués», a-t-elle ajouté devant les journalistes.

De son côté, Eli Cohen a martelé la position du gouvernement israélien selon laquelle un appel au cessez-le-feu est une «erreur», un «cadeau pour le Hamas», le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza ayant lancé une attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre.

Catherine Colonna a parallèlement appelé à ne pas oublier les victimes israéliennes des attaques du Hamas.

La ministre française des Affaires étrangères a appelé dimanche dès son arrivée en Israël à une «nouvelle trêve immédiate et durable» dans la bande de Gaza, se disant «préoccupée» par la situation humanitaire et le sort des otages après plus de deux mois de guerre.

Elle a souligné que la première trêve d'une semaine achevée le 1er décembre avait permis de libérer des otages - 105 sur les 250 emmenés de force par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre - et d'accroître l'aide humanitaire aux civils à Gaza tout en évacuant des blessés. «On sait que ce n'est pas suffisant», a-t-elle dit.

Elle a rappelé que trois Français sont «retenus, disparus ou otages dans la bande de Gaza» et que la France ne ménage pas ses efforts pour les faire libérer.

De son côté, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, venu l'accueillir à sa descente d'avion, a qualifié tout appel au cessez-le-feu «d'erreur», de «cadeau pour le Hamas», le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, auteur des massacres du 7 octobre.

Ces attaques sans précédent depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948 ont fait quelque 1.140 morts, en majorité des civils résidant dans les localités du sud du pays, selon les données officielles israéliennes. En représailles, l'armée israélienne a aussitôt lancé une offensive militaire qui a fait plus de 18.800 morts dans la bande de Gaza, tenue depuis 2007 par le Hamas, selon son ministère de la Santé.

- Violences sexuelles «systématiques» -

Eli Cohen a par ailleurs estimé que la France pouvait jouer un «rôle important» pour empêcher une guerre avec le mouvement Hezbollah au Liban, qui soutient le Hamas et multiplie les tirs vers Israël depuis le 8 octobre.

Catherine Colonna doit se rendre au Liban lundi, où elle doit rencontrer des officiels et le commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul).

Dimanche en Israël, la ministre doit d'abord s'entretenir avec plusieurs responsables du cabinet de guerre ainsi qu'avec des responsables palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Elle y rencontrera aussi des Bédouins chassés par les colons israéliens, pour redire que la France souhaite des sanctions contre les extrémistes responsables d'exactions.

Catherine Colonna rencontrera dans la matinée les familles des Français disparus. Elle a souligné que la France «n'oublie pas» les personnes «assassinées avec une cruauté absolue, dont 41 compatriotes» le 7 octobre, en rappelant en particulier les crimes dont les femmes ont été victimes.

«Parmi le flot de récits épouvantables de ces exactions barbares commises par le Hamas, les récits des violences sexuelles et sexistes infligées par les terroristes du Hamas sont glaçants par leur caractère systématique et peut-être même systémique», a-t-elle dit, déplorant «l'énergie que mettent certains à nier ces crimes».

«Inutile de dire que la France croit celles et ceux qui ont eu à constater ces viols, ces mutilations, ces profanations», a assuré Catherine Colonna. «La parole des femmes israéliennes ne vaut pas moins que celles d'autres victimes», a-t-elle ajouté.

La ministre sera reçue par des militaires identifiant les corps et des médecins légistes qui s'occupent de recueillir des preuves sur les violences ou sévices sexuelles commises par les assaillants du Hamas.

Elle rencontrera en outre des responsables d'associations de défense de victimes féminines qui collectent des preuves et qui entendent faire reconnaître ces violences.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.