Ce que la mort d'otages détenus par le Hamas révèle sur les règles d'engagement de l'armée israélienne

Trois otages enlevés dans des communautés israéliennes près de la frontière de Gaza, de gauche à droite: Alon Shamriz, Samer al-Talalka et Yotam Haim. Les troupes israéliennes ont abattu par erreur les trois otages. (Photo, AFP)
Trois otages enlevés dans des communautés israéliennes près de la frontière de Gaza, de gauche à droite: Alon Shamriz, Samer al-Talalka et Yotam Haim. Les troupes israéliennes ont abattu par erreur les trois otages. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 23 décembre 2023

Ce que la mort d'otages détenus par le Hamas révèle sur les règles d'engagement de l'armée israélienne

  • Alon Shamriz, Samer al-Talalka et Yotam Haim ont été abattus par erreur par l'armée israélienne le 15 décembre
  • Les critiques affirment que l'incident mortel est révélateur d'un manque de discipline et d'un mépris persistant pour la vie des civils

LONDRES: L'armée israélienne fait face à de nouvelles accusations selon lesquelles elle continue à ne pas respecter les règles d'engagement pendant la guerre à Gaza, après que ses troupes ont abattu trois otages israéliens la semaine dernière.

Les critiques ont estimé que cette erreur était le résultat inévitable du recours excessif à la violence par les forces de défense israéliennes (FDI), ou peut-être de l'indiscipline.

Le fait que les trois hommes aient été tués par des sauveteurs potentiels de leur propre camp est déjà une tragédie. Mais le fait que les troupes israéliennes aient jugé acceptable d'ouvrir le feu sur des individus non armés, qui avaient les mains levées et agitaient le drapeau blanc de la reddition, met en lumière le déroulement brutal de la guerre.

Lorsqu'ils ont été tués dans le quartier de Shejaiya, à Gaza, le 15 décembre, les trois hommes − Alon Shamriz, Samer al-Talalka et Yotam Haim − criaient à l'aide en hébreu et agitaient un drap blanc portant les lettres «SOS» en s'approchant des soldats. 

Les forces de défense israéliennes ont rapidement dénoncé les meurtres comme une violation de ses propres règles d'engagement et ont déclaré que les trois hommes avaient été «identifiés par erreur comme une menace». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a exprimé sa «profonde tristesse» à la suite de leur mort.

Cependant, Avi Shamriz, le père de l'un des hommes tués, a déclaré à NBC News que les tirs indiquaient que la guerre était menée sans tenir compte de la sécurité et du bien-être des otages.

Environ 250 personnes ont été capturées lorsque les militants du Hamas ont attaqué le sud d'Israël le 7 octobre, tuant 1 139 personnes, pour la plupart des civils, selon des chiffres israéliens actualisés.

Plus de 100 otages israéliens et étrangers ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens au cours d'une trêve d'une semaine le mois dernier, avec la médiation du Qatar et de l'Égypte.

Alors que des manifestations ont eu lieu à Tel Aviv pour protester contre la gestion de la crise des otages par le gouvernement, Herzi Halevi, chef de l'état-major général d'Israël, a clarifié les règles d'engagement en cas de reddition.

«Vous voyez deux personnes qui ont les mains en l'air et pas de chemise, prenez deux secondes», a indiqué Halevi aux soldats en référence à l'incident de la fusillade, au cours duquel les trois hommes avaient enlevé leur chemise afin de montrer qu'ils ne portaient pas de gilet pare-balles.

«Et s'il s'agit de deux Gazaouis avec un drapeau blanc? Devons-nous tirer? Absolument pas. Même ceux qui se sont battus mais qui maintenant déposent leurs armes et lèvent les mains, nous les capturons, nous ne tirons pas sur eux», a-t-il précisé.

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Des personnes se joignent aux membres des familles des otages détenus par le Hamas alors qu'ils se rassemblent pour manifester devant le domicile du Secrétaire général de l'ONU António Guterres, le 15 décembre 2023 à New York. (Photo, AFP)

Malgré ces assurances, les critiques indiquent que l'incident au cours duquel les otages ont été tués est conforme aux antécédents controversés des FDI en matière de recours à la force et à la priorité accordée à la sécurité des Israéliens à Gaza et dans d'autres territoires palestiniens occupés.

Citant des données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, des sources ont déclaré à Arab News que ce comportement des forces militaires israéliennes avait entraîné la mort de plus de 5 300 Palestiniens, en grande partie causée par des bombes et des balles, entre 2008 et un mois avant le début du conflit actuel.

Muhannad Ayyash, professeur de sociologie à l'université Mount Royal de Calgary, au Canada, a révélé qu'il était bien connu que l'armée israélienne jouait rapidement avec les règles d'engagement avant l'attaque du Hamas du 7 octobre.

Sur la base de témoignages d'officiers israéliens, Ayyash a affirmé que ces règles ont encore été assouplies depuis le début du conflit actuel, afin de «permettre aux soldats de faire moins de vérifications avant de tirer sur des ennemis présumés», notamment dans des cas de reddition apparente.

«Je fais confiance aux rapports de ces officiers, sur la base des faits que nous avons observés depuis  lors», a signalé Ayyash à Arab News.

«Par exemple, des snipers tirent sur des civils, en particulier dans des hôpitaux, et on a signalé au moins une exécution massive de femmes, d'enfants et de bébés qui se trouvaient à l'intérieur d'une école, ainsi que de nombreux autres exemples», a-t-il indiqué.

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Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 17 décembre 2023 montre un panneau de fortune portant l'inscription en hébreu «Au secours, 3 otages». Les restes de nourriture des trois otages israéliens qui ont été tués par erreur par les forces israéliennes ont été trouvés après des recherches dans un bâtiment adjacent à l'endroit où l'incident a eu lieu. (Photo, AFP/ l'armée israélienne)

Ayyash et d'autres ont établi un lien direct entre le meurtre accidentel d'otages israéliens par les FDI et la volonté apparente du personnel de tirer sur des Palestiniens qui ne représentent aucune menace.

Parmi ces incidents, citons les fusillades d'Eyad Hallaq, un homme de 32 ans atteint d'autisme, en mai 2020, et de la journaliste Shireen Abu Akleh en mai 2022.

L'organisation israélienne de défense des droits de l'Homme B'Tselem accuse également les troupes israéliennes d'avoir «exécuté illégalement» deux Palestiniens, dont l'un était hors d'état de nuire et l'autre non armé, lors d'un raid en Cisjordanie.

Roy Yellin, directeur de l'action publique de B'Tselem, a déclaré au magazine Time que l'assassinat des trois otages israéliens le 15 décembre était «déchirant mais pas surprenant».

Au fil des ans, son organisation a documenté «d'innombrables incidents au cours desquels des personnes qui s'étaient clairement rendues ont tout de même été abattues», en violation de toutes les règles de la guerre, et sans que les responsables soient vraiment punis afin de dissuader et aider à prévenir d'autres incidents.

Cependant, Kobi Michael, chercheur principal à l'Institut d'études de sécurité nationale, un groupe de réflexion indépendant affilié à l'université de Tel-Aviv, et à l'Institut Misgav de sécurité nationale, a rejeté les affirmations selon lesquelles ces incidents font partie de la procédure opérationnelle standard des FDI.

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Des Palestiniens transportent un civil israélien capturé du kibboutz Kfar Azza, près de la frontière de Gaza, vers la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Photo, AP)

«Ce qui s'est passé à Shejaiya vendredi est une exception à la règle, une exception très douloureuse, et je pense que tout le monde comprend qu'il s'agit d'une erreur, d'une violation du règlement», a-t-il déclaré à Arab News.

«Mais cela n'indique pas que les FDI font preuve d'un mépris généralisé. Nous devons le comprendre dans son contexte. Nous parlons d'un incident dans un endroit où 10 soldats israéliens et un commandant supérieur ont été tués», a-t-il ajouté.

«Il s'agit d'une zone remplie de combattants du Hamas qui font tout leur possible pour confondre les soldats de Tsahal par la tromperie. Les soldats ont moins d'une seconde pour décider de tirer ou de ne pas tirer. C'est quelque chose qui ne correspond pas aux règles d'engagement israéliennes», a expliqué Michael.

Il a ajouté que l'armée israélienne «se conforme au droit de la guerre» et s'efforce de minimiser les pertes civiles, même au détriment de ses propres troupes.

Hassan Ben Imran, membre du conseil d'administration de l'organisation de défense des droits de l'Homme Law For Palestine, basée au Royaume-Uni, n'est pas convaincu par cette évaluation.

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Des Palestiniens évacuent un site touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, mercredi 20 décembre 2023. (Photo, AP)

«De telles réponses ressemblent à celles que l'on trouve dans un guide qu'ils lisent tous» plutôt que de refléter la réalité sur le terrain, a éclairci Imran à Arab News.

Les témoignages d'anciens soldats des FDI, recueillis par le groupe d'anciens combattants israéliens Breaking the Silence, indiquent également que les incidents au cours desquels les règles d'engagement n'ont pas été respectées sont plus fréquents et plus répandus que le gouvernement israélien ou son armée ne veulent bien l'admettre.

Avner Gvaryahu, qui dirige le groupe, a déclaré au magazine Time qu'il était «sceptique» quant à la déclaration des FDI selon laquelle les trois otages israéliens ont été tués en «violation des règles d'engagement».

Il a souligné que les récits de soldats ayant servi lors de précédentes campagnes militaires dans la bande de Gaza indiquaient qu'une fois que les FDI considèrent qu'une zone a été «nettoyée des civils», les soldats ont pour instruction de «tirer sur tout ce qui bouge».

Les FDI avaient cherché à évacuer les civils de la zone dans laquelle Shamriz, Al-Talalka et Haim ont été tués, déclarant qu'il s'agit d'une zone de combat active. La raison pour laquelle les trois hommes se trouvaient là n'est pas claire, une théorie voulant qu'ils aient réussi à échapper à leurs ravisseurs.

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Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 21 décembre 2023 montre des soldats opérant dans la bande de Gaza, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo, AFP/ l'armée israélienne)

«Quiconque pense qu'il est facile pour les soldats de prendre des décisions en une fraction de seconde dans le chaos des combats urbains est naïf», a déclaré à Arab News Geoffrey Corn, titulaire de la chaire de droit pénal et directeur du Centre de droit militaire et de politique de l'Université Texas Tech.

«La réalité, c'est que des erreurs se produisent tout le temps en temps de guerre et que, malheureusement, des violations délibérées des règles se produisent aussi parfois», a-t-il estimé.

«Il est impossible de savoir à ce stade où se situe cet incident dans ce continuum, mais peu importe, il s'agit d'une tragédie. S'il s'agit d'une erreur, il est important de reconnaître que le mépris généralisé des règles de la guerre par le Hamas a très certainement influencé la réaction des soldats israéliens à ce qu'ils ont vu et entendu», a-t-il ajouté.

«C'est pourquoi la trahison et la violation des règles de la guerre dans le but d'obtenir un avantage en exploitant le respect de ces règles constituent en soi une violation du droit international humanitaire», a expliqué Corn.

S'exprimant lors d'un événement organisé mardi, le président américain, Joe Biden, a déclaré qu'il reconnaissait que les FDI étaient confrontées à un ennemi n'ayant qu'un seul objectif: «l'élimination, par le terrorisme, de l'ensemble de l'État d'Israël».

Mais malgré ce qu'il a qualifié de «charges supplémentaires», il a soutenu que les forces israéliennes devaient faire la distinction entre les membres du Hamas et les civils palestiniens, et les a exhortées à réduire au minimum le nombre de morts parmi les non-combattants.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.


Au Soudan, les paramilitaires annoncent une trêve unilatérale de trois mois

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
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  • L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués
  • "En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Daglo

PORT-SOUDAN: Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé lundi une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu dans le pays ravagé par plus de deux ans d'un conflit meurtrier.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre pour le pouvoir, opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays, aux FSR de son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, marqué par des exactions dans les deux camps et auquel plusieurs médiateurs internationaux tentent de mettre un terme, a fait plusieurs dizaines milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes, plongeant le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire" au monde.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués.

"En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Hamdane Daglo, dans une allocution vidéo enregistrée.

Les paramilitaires avaient indiqué début novembre accepter le principe d'une trêve humanitaire proposée par les médiateurs, à laquelle l'armée n'avait pas répondu, et les combats entre les deux camps n'ont pas cessé depuis.

Le chef de l'armée a lui jugé dimanche "inacceptable" la nouvelle proposition de trêve, appelé les citoyens désireux de défendre leur pays à "rejoindre immédiatement les lignes de front" et accusé la médiation de partialité.

Frères musulmans? 

"Encore une fois, le général (Abdel Fattah) al-Burhane refuse les offres de paix. Dans son rejet de la proposition américaine pour le Soudan, dans son refus obstiné d'un cessez-le-feu, il fait sans cesse preuve d'un comportement d'obstruction", a réagi lundi la ministre d'Etat à la coopération internationale des Emirats, Reem al Hashimy.

Le général Burhane a estimé que la dernière proposition envoyée par l'émissaire américain était "la pire", car, selon lui elle "élimine les forces armées, dissout les agences de sécurité et maintient les milices là où elles sont" au lieu de les désarmer.

Il a également rejeté les "récits" selon lesquels les islamistes des Frères musulmans contrôleraient l'armée, accusant M. Boulos de reprendre les éléments de langage des Emirats.

"Où sont ces soi-disant membres des Frères musulmans au sein de l'armée soudanaise? Nous ne les connaissons pas. Nous entendons seulement de telles affirmations dans les médias", a-t-il dit.

Dans son discours diffusé lundi, le chef des FSR a réaffirmé son "engagement en faveur d'un processus politique auquel participent tous les acteurs, à l'exception du mouvement islamiste terroriste des Frères musulmans et du Congrès national (parti désormais interdit du général Omar el-Béchir au pouvoir de 1989 à 2019, NDLR), car ils sont responsables de toute la tragédie que vit notre peuple depuis trois décennies".

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes au Soudan ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.