Dans les camps de réfugiés du Tchad, des survivants soudanais racontent l'horreur du Darfour

Des réfugiés fuyant le conflit au Soudan font la queue avec leurs jerrycans pour aller chercher de l'eau potable au point de distribution de Médecins sans frontières (MSF) au camp de réfugiés d'Ourang à Adre, le 7 décembre 2023.(Photo par Denis Sassou Gueipeur / AFP)
Des réfugiés fuyant le conflit au Soudan font la queue avec leurs jerrycans pour aller chercher de l'eau potable au point de distribution de Médecins sans frontières (MSF) au camp de réfugiés d'Ourang à Adre, le 7 décembre 2023.(Photo par Denis Sassou Gueipeur / AFP)
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Publié le Samedi 23 décembre 2023

Dans les camps de réfugiés du Tchad, des survivants soudanais racontent l'horreur du Darfour

  • Depuis le 15 avril, le Soudan est en proie à une guerre qui oppose le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo
  • Au Darfour, les civils sont victimes de violences à grande échelle qui font redouter à l'ONU un nouveau génocide dans la région

ADRÉ, Tchad : Le conflit qui fait rage au Soudan a jeté des milliers de personnes sur les routes de l'exil, notamment pour fuir les violences au Darfour où la communauté internationale s'inquiète d'un nettoyage ethnique, et beaucoup trouvent refuge dans les camps surchargés du désert de l'est du Tchad.

Assise à même le sol, devant son abri de fortune du camp d'Adré, dans l'est du Tchad, Mariam Adam Yaya, 34 ans, tente de calmer sa faim en réchauffant un thé sur du bois de chauffe.

La femme, de la tribu non arabe Massalit, a traversé la frontière à pied au terme d'un périple de quatre jours, sans aucun vivre, son fils de huit ans sur le dos. Elle affirme avoir dû abandonner sept autres de ses enfants après une attaque de son village par des hommes «lourdement armés».

Depuis le 15 avril, le Soudan est en proie à une guerre qui oppose le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Au Darfour, les civils sont victimes de violences à grande échelle qui font redouter à l'ONU un nouveau génocide dans la région.

«Ce que nous avons vécu à Ardamata est effroyable. Les forces de soutien rapide ont tué sans discernement des personnes âgées et des enfants», raconte-t-elle à l'AFP.

Dans la seule ville d'Ardamata, au Darfour-Ouest, plus de 1.000 personnes auraient été tuées début novembre par des groupes armés, selon l'Union européenne. Ces violences ont forcé plus de 8.000 personnes à fuir vers le Tchad voisin en une semaine, selon l'ONU.

Plusieurs capitales occidentales, dont Washington, ont accusé «des membres des FSR et des milices alliées d'avoir commis des crimes contre l'humanité et des actes de nettoyage ethnique». L'Union européenne, «atterrée», soupçonne aussi un «nettoyage ethnique» au Darfour.

Les réfugiés, une fois arrivés dans la province frontalière du Ouaddaï, s'entassent dans les camps gérés par des ONG et dans d'autres, informels, où ils installent des abris de fortune.

Le Tchad, Etat d'Afrique centrale qui est le deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, abrite le plus grand nombre de réfugiés soudanais, avec 484.626 personnes depuis le début du conflit en avril, selon les derniers chiffres du Haut commissariat des nations unies pour les Réfugiés (HCR).

A la souffrance de l'exil et l'horreur des atrocités vécues, s'ajoute la faim.

Depuis son arrivée au Tchad, Mariam Adam Yaya et son enfant «mangent à peine», explique-t-elle à l'AFP. Le manque d'eau est également une source de tensions dans les camps, que les organisations humanitaires présentes peinent à apaiser.

- «Par groupes de 20» -

Assise sur un lit d'une structure médicale d'urgence de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF), située aux abords du camp d'Adré, Amira Khamis, femme Massalit de 46 ans, repose ses deux pieds fracturés par des éclats d'obus.

Traumatisée, la survivante, qui a perdu cinq de ses enfants, témoigne de la violence aveugle subie en raison de son «appartenance communautaire».

«Ils ont tué toutes les personnes à la peau noire foncée», affirme-t-elle à l'AFP, ajoutant avoir été témoin du viol de femmes et de jeunes filles.

Le bras droit fracturé soutenu par un bandage qui entoure son cou, Mahamat Nouredine, jeune homme de 19 ans, confirme la traque sans répit des Massalit par les FSR.

«Un groupe de FSR nous a poursuivis jusqu'à un hôpital et a essayé de tuer tout le monde (...) ils nous ont couchés au sol par groupes de 20, et nous ont tiré dessus», raconte le jeune homme qui est parvenu à fuir jusqu'au Tchad.

«Leur objectif inavoué, c'est de tuer les gens à cause de leur couleur de peau», estime-t-il, endeuillé par la tuerie de quatre membres de sa famille.

Pour le coordinateur du programme de MSF à Adré, Gérard Uparpiu, «la situation prend une proportion inquiétante avec l'afflux des nouveaux réfugiés soudanais».

«Ces personnes qui arrivent, nous les recevons dans des conditions très critiques. Ils sont bouleversés physiquement et psychologiquement» ajoute-t-il.

D'autant que le périple pour le Tchad s'est avéré périlleux pour les réfugiés.

«Ils nous ont également attaqués quand j'étais en train d'être acheminé au Tchad pour subir des soins», raconte Amir Adam Haroun, un réfugié Massalit dont la jambe a été brisée par un éclat d'explosif.

Ces huit mois de guerre au Soudan ont fait 12.000 morts, selon une estimation prudente du Armed Conflict and Event Data Project, tandis que les Nations unies affirment que près de 6,8 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".