Le Liban appelé à rester neutre face aux hostilités entre Israël et le Hezbollah

De la fumée s'échappe d'un complexe dans le village d'Odaisseh, au sud du Liban, lundi, à la suite d'un bombardement israélien dans un contexte de tensions transfrontalières (Photo, AFP).
De la fumée s'échappe d'un complexe dans le village d'Odaisseh, au sud du Liban, lundi, à la suite d'un bombardement israélien dans un contexte de tensions transfrontalières (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 décembre 2023

Le Liban appelé à rester neutre face aux hostilités entre Israël et le Hezbollah

  • Le patriarche maronite Béchara Raï a déclaré que le Liban est une terre de dialogue et de paix et a condamné le génocide à Gaza
  • «La neutralité du Liban est au cœur de l'identité libanaise depuis 1860. Le Liban est politiquement neutre car il ne se bat pas et n'est pas combattu»

BEYROUTH: Le patriarche maronite, Béchara Raï a réitéré son appel à la neutralité du Liban lundi, alors que les hostilités entre le Hezbollah et les forces israéliennes se poursuivent.

Dans son homélie de Noël, le patriarche a évoqué « les familles touchées par la guerre génocidaire contre Gaza et nos familles au Sud-Liban en raison de l'extension de cette malheureuse guerre à leurs localités et villages, avec les morts qu'elle a laissés derrière elle, la destruction des maisons et la destruction des biens ».

Le patriarche a condamné le « génocide brutal qui se déroule à Gaza ».

« Nous refusons que cette guerre s'étende aux villages du sud. Le Liban n'est pas une terre de guerre mais une terre de dialogue et de paix », a-t-il affirmé.

« L'extension de la guerre au sud du Liban est en contradiction avec la résolution 1701. Le Liban doit revenir à sa neutralité en tant que défenseur, par la diplomatie, de tous ses droits perdus », a-t-il prévenu.

La déclaration de Baabda en 2012, approuvée à l'unanimité par les blocs politiques, a affirmé et a adopté la neutralité du Liban sous la bannière de la « distanciation ».

«La neutralité du Liban est au cœur de l'identité libanaise depuis 1860. Le Liban est politiquement neutre car il ne se bat pas et n'est pas combattu», a rappelé Béchara Raï.

Le nouvel appel du patriarche est intervenu alors que les hostilités entre le Hezbollah et l'armée israélienne sont entrées dans une nouvelle phase.

Les frappes visent maintenant des maisons résidentielles des deux côtés de la ligne bleue le long de la frontière, certaines opérations militaires violant les règles d'engagement.

Une source de sécurité a déclaré à Arab News: « Des scènes de destruction peuvent être observées dans les quartiers résidentiels des zones frontalières visées par les bombardements israéliens. »

Les attaques du Hezbollah touchent désormais des cibles situées jusqu'à 10 km à l'intérieur d'Israël.

Le cheikh Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a réaffirmé que les opérations militaires du mouvement sur le front sud « visent à soutenir Gaza, et personne ne pense que cette question est isolée de la protection du Liban ».

« Nous sommes dans une situation unique ; l'ennemi est unique et cet ennemi est expansionniste. La stratégie d'Israël consiste à cibler un groupe à la fois, dans le but de tous les anéantir », a-t-il déclaré.

Ce lundi, le Hezbollah a annoncé qu'il avait « pris pour cible des bâtiments de la colonie de Misgav Am avec des armes à missiles, en réponse au bombardement de villages et d'habitations civiles » dans le sud du Liban.

Dimanche, le Hezbollah a dáclaré « avoir pris pour cible un immeuble résidentiel dans la colonie d'Avivim, faisant des victimes confirmées ».

Au cours des 79 derniers jours, les hostilités du Hezbollah à la frontière sud se sont limitées aux avant-postes militaires israéliens et aux rassemblements de soldats israéliens.

Toutefois, au cours de la semaine écoulée, les forces israéliennes ont principalement ciblé des maisons appartenant à des membres et à des cadres du Hezbollah dans certains villages frontaliers.

Israël a tiré trois obus sur une maison à Kfar Kila lundi, y mettant le feu, après avoir pris pour cible une maison résidentielle dimanche à Markaba.

Le Hezbollah a annoncé la mort du propriétaire de la maison, Wissam Khalil Hammoud, qui est l'un de ses membres.

Le Hezbollah a également annoncé samedi la mort d'Ibrahim Salameh, du village d'Aitaroun, après qu'un bombardement israélien a visé sa maison.

Le Hezbollah a indiqué avoir pris pour cible un déploiement de soldats israéliens à proximité de la caserne de Metat lundi.

Depuis lundi matin, l'atmosphère est tendue dans les villages frontaliers.

Les banlieues de Naqoura, Hanin et Wadi Hamoul ont été la cible de tirs d'artillerie israéliens.

Le Hezbollah a indiqué avoir lancé des frappes de missiles sur la base militaire de Beit Hilal située à l'est de Kiryat Shmona, sur le site militaire israélien de Jal el-Alam et sur un rassemblement de soldats israéliens près du site de Birkat Richa.

Les forces israéliennes ont mené une série d'attaques dans les zones entourant Aïta el-Chaab, Tallet el-Raheb, Kfar Kila et la plaine de Marjayoun.

En outre, les avions de guerre israéliens ont pris pour cible la périphérie d'Aitaroun et de Mays el-Jabal lançant des missiles air-sol qui ont provoqué des explosions entendues dans la région de Bint Jbeil.

Les forces israéliennes ont utilisé des missiles Burkan, des bombes au phosphore et des tirs d'artillerie lors du bombardement de lundi et ont installé un ballon de surveillance au-dessus des villes d'Al-Dhahira et d’Alma el-Chaab.

Selon les statistiques recueillies par les journalistes dans le sud du Liban, le nombre total de victimes des frappes aériennes israéliennes lors des affrontements dans le sud du Liban au cours des 79 derniers jours s'élève à 159, dont 107 dans le sud et 14 en Syrie.

Parmi les victimes, on compte 17 civils du Sud-Liban, dont trois journalistes, un soldat de l'armée libanaise, un du mouvement Amal, un du Parti social nationaliste syrien, deux de la Jamaa Islamiya et sept du mouvement du Jihad islamique, ainsi que neuf victimes du mouvement Hamas au Liban.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.