L'assassinat d’Al-Arouri à Beyrouth s'inscrit dans le cadre des opérations israéliennes au Liban

Des soldats israéliens à bord de véhicules blindés traversant un village de la vallée de la Bekaa, au Liban, lors de l'opération «Paix en Galilée» en 1982 et de l'opération «Litani» en 1978 (Photo, Getty Images/AFP).
Des soldats israéliens à bord de véhicules blindés traversant un village de la vallée de la Bekaa, au Liban, lors de l'opération «Paix en Galilée» en 1982 et de l'opération «Litani» en 1978 (Photo, Getty Images/AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 04 janvier 2024

L'assassinat d’Al-Arouri à Beyrouth s'inscrit dans le cadre des opérations israéliennes au Liban

  • Israël mène depuis longtemps des attaques dans toute la région, visant des membres du Hamas, du Hezbollah et du Corps des gardiens de la révolution iranienne
  • Les analystes craignent que l'assassinat ciblé de mardi n'entraîne d'autres attaques et ne provoque une escalade du conflit à Gaza

LONDRES: La frappe ciblée présumée d'Israël sur Saleh al-Arouri, haut responsable du Hamas, dans la banlieue sud de Beyrouth cette semaine, a constitué une escalade inattendue dans le conflit régional, d'autant plus qu'elle s'est produite dans un bastion du Hezbollah.

Cette attaque n'est toutefois pas sans précédent. Israël mène depuis longtemps des opérations et des assassinats dans le monde entier, notamment par l'intermédiaire de son unité de renseignement d'élite, le Mossad, qui traque depuis longtemps les nazis et, plus récemment, ceux qu'il considère comme une menace pour la sécurité d'Israël.

D'innombrables opérations de ce type ont eu lieu au Liban, dans les Émirats arabes unis, en Iran et ailleurs ces dernières années, et des membres importants du Hamas, du Hezbollah et du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran ont été pris pour cible et tués.

Si le passé est un prologue, la frappe de précision de mardi soir sur Al-Arouri et son équipe pourrait ouvrir la voie à d'autres attaques susceptibles de s'étendre bien au-delà des frontières de Gaza, où Israël mène une guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre.

Saleh al-Arouri, le chef adjoint du Hamas assassiné, au travail dans un bureau à Beyrouth sur cette photo publiée par le mouvement palestinien le 3 janvier 2024 (Photo, Hamas media office via l’AFP).

«Ces opérations ciblées, du moins d'après la littérature israélienne et les informations dont nous disposons, sont très importantes parce qu'elles ne sont pas simplement une tentative du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de faire jouer ses atouts politiques, pour ainsi dire, mais il s'agit plutôt d'une sorte de processus qui réunit la politique, l'armée et le renseignement», a déclaré à Arab News Makram Rabah, analyste politique et maître de conférences d'histoire à l'Université américaine de Beyrouth.

L'histoire des attaques et de la guerre de l'ombre menées par Israël au Liban est particulièrement pertinente compte tenu de l'importance du pays dans la crise actuelle, tant sur le plan militaire que politique.

«Le fait que le Liban ait toujours été une arène, disons une arène d'auto-coopération, rend cette frappe ciblée d'autant plus importante et cela ne fera qu'aggraver le conflit», a prévenu Rabah.

«C'est pourquoi il faut comprendre que de 1975 à 1982 – jusqu'à l'invasion réelle, l'invasion israélienne à grande échelle – les Israéliens essayaient d'envisager une incursion limitée au Liban, mais cela a fini par devenir une invasion militaire à grande échelle, qui s'est soldée par l'expansion de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)», a-t-il expliqué.

Même avant la guerre civile de 1975 au Liban et l'invasion israélienne du sud du pays, Israël avait monté des opérations à l'intérieur des frontières de son voisin du nord. L'incident le plus important s'est produit en 1968, lorsqu'un avion de ligne israélien a été attaqué à l'aéroport d'Athènes par l'OLP, qui opérait à partir du Liban.

En réponse, huit hélicoptères israéliens ont effectué un raid sur l'aéroport international de Beyrouth et ont détruit 13 avions civils appartenant à des compagnies aériennes arabes, tout en endommageant la piste d'atterrissage et les hangars.

Après la guerre de 1967, l'OLP a commencé à mener des raids depuis le Liban vers Israël, ce qui a entraîné des représailles dans les villages situés le long de la frontière.

En 1975, le Liban est entré dans une guerre civile qui a duré quinze ans et qui a conduit à l'utilisation de son territoire comme rampe de lancement pour les attaques de l'OLP contre Israël. Trois ans après le début de cette guerre civile, des membres de l'OLP ont détourné un bus sur l'autoroute côtière israélienne, tuant 38 passagers.

En représailles, Israël a lancé l'opération Litani le 14 mars 1978, envahissant le Liban-Sud jusqu'au fleuve Litani. L'offensive a conduit à la création de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), une mission de maintien de la paix mise en place après le retrait des troupes israéliennes du sud.

Une femme palestinienne pleure de désespoir en rentrant chez elle, en découvrant son village de Tebnin, au Liban, dévasté à la suite d'intenses bombardements israéliens en 1996 (Photo, AFP/Getty Images).

Mais les forces israéliennes sont revenues au Liban-Sud en 1982, à la suite de la tentative d'assassinat de Shlomo Argov, ambassadeur d'Israël au Royaume-Uni.

Sous prétexte de protéger les civils israéliens en repoussant les membres des groupes palestiniens du Liban-Sud à 40 kilomètres au nord, Israël, soutenu par son allié l'État du Liban libre, entité séparatiste non reconnue située dans le territoire le plus méridional du pays, a envahi le Liban-Sud.

Bien que l'OLP, dont le siège se trouvait à l'époque à l'ouest de Beyrouth, se soit retirée du Liban le 1er septembre, l'armée israélienne a étendu ses opérations pendant trois mois jusqu'à ce qu'elle atteigne la capitale, Beyrouth.

Au cours de cette invasion, baptisée opération «Paix en Galilée», l'un des pires massacres de la guerre civile libanaise a eu lieu. L'armée israélienne a assiégé les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, près de Beyrouth, offrant une couverture aux forces libanaises, dont les milices ont attaqué les camps et tué environ 3 500 réfugiés palestiniens et civils libanais.

Une femme palestinienne pleure le 20 septembre 1982 devant les corps de ses proches tués le 17 septembre 1982 dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth, au Liban (Photo, SANA /AFP).

On ne sait toujours pas si une escalade du conflit actuel à Gaza en un conflit régional impliquant le Liban et le Hezbollah pourrait entraîner une répétition de ces violences.

«Il est très difficile de comparer ou de dire que quelque chose comme Sabra et Chatila se reproduira, et ce pour de nombreuses raisons», a estimé Rabah.

«Tout d'abord, il y a la complicité des Forces libanaises, ou d'une faction des Forces libanaises, qui ont joué un rôle important dans Sabra et Chatila. Et, plus important encore, nous avions (l'ancien Premier ministre israélien) Ariel Sharon», a-t-il ajouté.

«Pour l'instant, nous n'avons personne comme lui, du moins parmi les généraux qui dirigent Israël ... (qui n'ont pas) la tendance plus criminelle de Sharon», a-t-il précisé.

Si la plupart des opérations menées par Israël au Liban l'ont été sous le prétexte d'éliminer des groupes palestiniens, plusieurs visaient à détruire le Hezbollah et d'autres groupes libanais.

En 1993, Israël a lancé l’«opération Justice rendue», également connue sous le nom de guerre des sept jours, après que des combattants du Hezbollah eurent tué au moins cinq soldats des forces de défense israéliennes (FDI) et tiré 40 roquettes Katioucha sur Israël. Les civils libanais ont fait les frais de ces échanges, les frappes israéliennes faisant au moins 118 morts et 500 blessés.

Des Libanais pleurent leurs morts lors de funérailles en l’honneur des victimes de l’opération “Raisins de la Colère” à Mashghara, en avril 1996 (Photo, AFP).

L’«opération Raisins de la colère», en avril 1996, a été l'une des attaques israéliennes les plus sanglantes contre le Liban, à la poursuite du Hezbollah. L'armée israélienne a effectué 600 raids aériens et tiré environ 25 000 obus sur le territoire libanais.

Les assauts comprenaient une attaque contre un complexe de l'ONU près du village de Cana, où 800 civils libanais s'étaient réfugiés. Au moins 106 Libanais ont été tués et 116 blessés dans ce qui est devenu le massacre de Cana.

Un rapport d'Amnesty International a souligné qu'au cours de l'opération de 1996, les FDI ont mené des «attaques illégales», notamment contre une ambulance transportant des civils, une maison dans la partie supérieure de Nabatieh et l'attaque du complexe de l'ONU.

Le même rapport a signalé que le Hezbollah «a illégalement lancé des attaques à la roquette sur des zones peuplées du nord d'Israël, blessant de nombreux civils».

En 2006, Israël a invoqué son droit à l'autodéfense contre le Hezbollah après qu'une patrouille frontalière de l'armée israélienne soit tombée dans une embuscade, entraînant la mort de trois soldats des FDI et la capture de deux autres.

Le groupe libanais a exigé la libération de détenus libanais et palestiniens en Israël en échange des deux otages. Ehud Olmert, le Premier ministre israélien de l'époque, a rendu le gouvernement libanais responsable du raid du Hezbollah et a déclenché une guerre qui a tué au moins 1 191 Libanais, a blessé  2 209 et a déplacé plus de 900 000.

La guerre de juillet 2006 a duré trente-quatre jours. Un cessez-le-feu a été conclu trois jours après l'approbation de la résolution 1701 par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 11 août.

Aucune opération israélienne ou attaque ciblée n'a eu lieu à Beyrouth depuis lors – jusqu'à mardi soir. C'est pourquoi de nombreux observateurs craignent que les tensions existantes ne s'aggravent et que le conflit à Gaza ne débouche sur une guerre régionale.

«Je pense que les frappes chirurgicales sont très puissantes et plus importantes», a jugé Rabah. «Jusqu'à présent, dans le cas d'Al-Arouri, aucune vie civile n'a été touchée, bien que l'attaque ait eu lieu dans une zone résidentielle.»

Toutefois, il a précisé que le fait que cela se soit produit dans la capitale libanaise, qui est en outre un bastion du Hezbollah, l'incite à penser que les enjeux sont extrêmement importants.

«Je pense que si l'on examine ces opérations, je suis convaincu qu'elles sont plus dangereuses», a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Réouverture du passage entre la Cisjordanie et la Jordanie

La police israélienne a indiqué dans un communiqué séparé qu'un assaillant avait été "neutralisé". Photo d'illustration. (AFP)
La police israélienne a indiqué dans un communiqué séparé qu'un assaillant avait été "neutralisé". Photo d'illustration. (AFP)
Short Url
  • Le point de passage contrôlé par Israël entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie a rouvert mardi.
  • Cette réouverture a coïncidé avec la tenue en Jordanie d'élections législatives dans un climat marqué par une économie morose.

AMMAN : Le point de passage contrôlé par Israël entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie a rouvert mardi, a indiqué une source de sécurité jordanienne deux jours après qu'un chauffeur de camion jordanien y a tué trois gardes de sécurité israéliens.

Cette attaque s'est produite dimanche au point de passage d'Allenby, unique accès au monde extérieur pour les Palestiniens de Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

L'assaillant, "un citoyen jordanien" identifié comme Maher Diab Hussein Al-Jazi par le ministère jordanien de l'Intérieur, transportait des marchandises de la Jordanie vers la Cisjordanie.

Il a été tué, ont indiqué l'armée et la police israéliennes, et le point de passage avait été fermé.

Mardi, ce passage a rouvert aux voyageurs mais reste fermé au trafic des marchandises, a indiqué la source de sécurité.

Cette réouverture a coïncidé avec la tenue en Jordanie d'élections législatives dans un climat marqué par une économie morose et la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

En janvier 1998, un attentat suicide avait entraîné la mort de plusieurs personnes sur le pont.

L'attaque de dimanche est intervenue alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines les opérations militaires meurtrières en Cisjordanie.

Le Hamas a salué l'attaque de dimanche mais n'en a pas revendiqué la responsabilité.


Gaza: le ministre israélien de la défense voit dans une trêve négociée une «occasion stratégique »

M. Gallant.  Ministre israélien de la défense
M. Gallant. Ministre israélien de la défense
Short Url
  • Ramener les otages, "c'est ce qu'il convient de faire, ce n'est pas juste un des objectifs de la guerre, mais cela reflète aussi nos valeurs", a déclaré lundi Yoav Gallant.
  • Selon lui, les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont permis de créer sur le terrain les "conditions requises" pour un accord de cessez-le-feu.

TEL-AVIV : Un accord de trêve à Gaza entre Israël et le Hamas permettant une libération des otages retenus dans ce territoire palestinien en guerre serait une "occasion stratégique" pour Israël, a déclaré le ministre israélien de la Défense lors d'un entretien avec des journalistes.

Ramener les otages, "c'est ce qu'il convient de faire, ce n'est pas juste un des objectifs de la guerre, mais cela reflète aussi nos valeurs", a déclaré lundi Yoav Gallant, pour qui "parvenir à un (tel) accord, c'est aussi une occasion stratégique nous offrant une probabilité élevée de changer la situation en matière de sécurité sur tous les fronts".

M. Gallant a tenu ces propos lors d'un entretien accordé à un petit nombre de journalistes de la presse étrangère et dont certains propos ont été autorisés à être publiés mardi.

Ces déclarations surviennent alors que les Etats-Unis accentuent la pression sur Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas pour qu'ils se mettent d'accord sur les conditions d'une trêve qui apporterait un répit aux Palestiniens de la bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire lancée par Israël en représailles à l'attaque sanglante des commandos du Hamas le 7 octobre, au cours de laquelle 251 personnes ont été prises en otage.

Les Etats-Unis mènent depuis des mois avec le Qatar et l'Egypte une médiation en vue d'obtenir un cessez-le-feu à Gaza accompagné d'une libération des otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Depuis la fin du mois d'août, la perspective d'un accord sur la base du plan en trois étapes proposé fin mai par le président américain, Joe Biden, et soutenu en juin par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, s'éloigne à mesure que le Hamas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'accusent mutuellement d'entraver ces négociations indirectes.

Mais pour M. Gallant, "Israël devrait conclure un accord qui permettrait une pause (des combats) pendant six semaines et le retour des otages" (allusion à la première étape du plan vers un cessez-le-feu permanent proposé par M. Biden).

Selon lui, les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont permis de créer sur le terrain les "conditions requises" pour un accord de cessez-le-feu.

"Le Hamas, en tant que formation militaire, n'existe plus" à Gaza, estime-t-il. "Nous sommes toujours en train de combattre des terroristes du Hamas et de traquer les dirigeants" du mouvement, dit-il, mais le Hamas ne "mène (désormais plus qu')une guerre de guérilla".


Maroc: le bilan des inondations dans le sud grimpe à au moins 18 morts

Des habitants marchent dans une rue inondée de la ville de Ouarzazate, au Maroc, le 7 septembre 2024. (AFP)
Des habitants marchent dans une rue inondée de la ville de Ouarzazate, au Maroc, le 7 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Au moins 18 personnes dont trois étrangers ont péri dans des inondations provoquées ce week-end par des pluies torrentielles exceptionnelles dans le sud du Maroc
  • Les recherches se poursuivent pour retrouver quatre personnes disparues dans la province de Tata

RABAT: Au moins 18 personnes dont trois étrangers ont péri dans des inondations provoquées ce week-end par des pluies torrentielles exceptionnelles dans le sud du Maroc, et quatre autres sont activement recherchées, a indiqué lundi soir le ministère de l'Intérieur dans un nouveau bilan.

Dix personnes ont péri dans la province de Tata (sud), trois à Errachidia (sud-est) dont un Péruvien et un Canadien, deux à Tiznit (sud-ouest), deux à Tinghir (sud-est) dont un Espagnol, et une à Taroudant (sud-ouest), a détaillé le ministère dans un bilan actualisé.

Le ministère n'a pas précisé si les ressortissants étrangers étaient des touristes.

Les recherches se poursuivent pour retrouver quatre personnes disparues dans la province de Tata, selon la même source.

De fortes pluies accompagnées de crues et d'inondations se sont abattues de vendredi à dimanche dans des localités principalement semi-arides, selon Direction générale de la météorologie au Maroc (DGM).

Un phénomène "exceptionnel" dû à la montée "d'une masse d'air tropical extrêmement instable", a expliqué la DGM.

La région de Ouarzazate, à 500 kilomètres au sud de Rabat, a reçu vendredi 47 mm d'eau en trois heures, et jusqu'à 170 mm entre samedi et dimanche à Tagounite, près de Zagora, non loin de la frontière algérienne, avait indiqué la même source.

"Le volume des précipitations enregistrées en deux jours est équivalent à celui que connaissent ces régions en temps normal durant toute une année", a souligné dimanche soir le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Rachid El Khalfi.

En Algérie voisine, un front pluvieux de violence similaire a touché des zones désertiques, d'après la Protection civile algérienne.

Deux personnes emportées par les eaux étaient recherchées dimanche soir à Tamanrasset, à environ 2.000 km au sud d'Alger et à El Bayadh, à 600 km au sud-ouest d'Alger, selon la Protection civile.