Aide à Gaza: L’ONU face à la pression israélienne

Les responsables de l'aide humanitaire affirment que les restrictions imposées par l'armée israélienne sur l'aide humanitaire privent les personnes déplacées de Gaza de nourriture et de médicaments (Photo, AFP).
Les responsables de l'aide humanitaire affirment que les restrictions imposées par l'armée israélienne sur l'aide humanitaire privent les personnes déplacées de Gaza de nourriture et de médicaments (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 janvier 2024

Aide à Gaza: L’ONU face à la pression israélienne

  • Si les Nations unies n'obligent pas Israël à accepter un cessez-le-feu, elles ne parviendront pas à alléger les souffrances des Palestiniens
  • Israël a toujours rejeté les allégations selon lesquelles il prend pour cible les convois d'aide et les infrastructures civiles à Gaza

LONDRES: Face aux critiques croissantes concernant sa gestion de l'urgence humanitaire à Gaza face à l'assaut israélien sur l'enclave palestinienne et à l'obstruction des convois d'aide, les Nations unies ont cherché à renforcer leur assistance.

Toutefois, à défaut de forcer Israël à accepter un accord de cessez-le-feu immédiat et durable avec le groupe militant palestinien Hamas, les critiques affirment que les dernières mesures prises par les Nations unies ne parviendront pas à alléger les souffrances de la population civile assiégée de Gaza.

Bien qu'elle exige que toutes les parties «facilitent et permettent l'acheminement immédiat, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire à grande échelle», la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 décembre a été qualifiée de nettement insuffisante par de nombreux acteurs de la communauté humanitaire.

En effet, l'obstruction à l'acheminement de l'aide n'a fait que se poursuivre, l'Office de secours et de travaux des Nations unies, qui soutient les réfugiés palestiniens, indiquant que quelque 40% des habitants de Gaza sont désormais menacés par la famine.

Mohannad Ayyach, professeur de sociologie à l'université Mount Royal de Calgary, au Canada, estime que tant que les États-Unis permettront à Israël de poursuivre ses opérations militaires à Gaza, toute forme de pression internationale semblera «dénuée de sens».

«Israël agit indépendamment de ce que dit la communauté internationale parce que les États-Unis le soutiennent pleinement», a-t-il déclaré à Arab News.

Un centre d'aide de l'ONU et un camp à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (Photo, MAXAR/AFP).

«Israël et les États-Unis ignorent tout le monde et avancent à grands pas dans le génocide de la Palestine», a-t-il précisé.

«Ce genre de problème n’a jamais été résolu par “plus d'aide”. Cette aide au compte-gouttes s'inscrit dans le discours américain qui consiste simplement à essayer de détourner l'attention de la seule vraie solution», a ajouté Ayyach.

Pour Ayyach et d'autres, la «vraie solution» reste l'application d'un cessez-le-feu immédiat et durable, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ayant déclaré que c'était le seul moyen de mettre fin à ce «cauchemar».

Israël a lancé son assaut sur Gaza à la suite de l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre, au cours de laquelle des combattants palestiniens ont franchi la frontière pour entrer en Israël, tuant 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et en enlevant quelque 240.

EN bref

  • La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 décembre a été qualifiée de nettement insuffisante par la communauté humanitaire
  • Selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), quelque 40% des habitants de Gaza sont aujourd'hui menacés par la famine

Depuis lors, les forces israéliennes assiègent la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007, dans le but déclaré de détruire les dirigeants du groupe et de libérer les otages.

Cependant, plus de 22 500 habitants de Gaza ont été tués au cours de cet assaut, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

En outre, l'assassinat présumé par Israël du chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri, et de deux commandants des brigades d’Al-Qassam, lors d'une explosion à Beyrouth le 2 janvier, a renforcé les craintes que la guerre de Gaza ne se transforme en un conflit régional plus large.

La destruction des habitations et des infrastructures à Gaza a entraîné le déplacement de près de 2 millions de personnes et rendu la population vulnérable aux maladies, à la famine et à la mort dans les tirs croisés, ce qui a suscité une condamnation internationale de plus en plus forte.

La résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 22 décembre a été qualifiée de nettement insuffisante par de nombreux acteurs de la communauté humanitaire (Photo, AFP).

Il y a maintenant un consensus croissant sur le fait que la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 décembre, adoptée avec 13 voix en faveur et l'abstention des États-Unis et de la Russie, n'a pas atteint son objectif principal qui était de faciliter l'acheminement de l'aide.

Thomas White, directeur des affaires de l'Unrwa à Gaza, a déclaré que les troupes israéliennes avaient tiré sur des convois d'aide.

Médecins sans frontières (MSF), l'une des organisations humanitaires travaillant à Gaza, a signalé que la résolution était «douloureusement insuffisante».

Avril Benior, directrice exécutive de MSF-USA, a déclaré: «Cette résolution a été édulcorée au point que son impact sur la vie des civils à Gaza sera presque insignifiant.»

La résolution du 22 décembre charge le secrétaire général des Nations unies de nommer un coordinateur principal de l'aide humanitaire et de la reconstruction, chargé de «faciliter, coordonner, surveiller et vérifier» ses activités à Gaza.

Elle a également appelé à la mise en place «rapide» d'un mécanisme des Nations unies pour accélérer les envois d'aide à Gaza via des États qui ne sont pas parties au conflit, pour accélérer et rationaliser l'assistance et pour continuer à veiller à ce que l'aide parvienne à sa destination civile.

Martin Griffiths, sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence, a récemment décrit sur X les difficultés liées à l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza.

Selon lui, les restrictions imposées par les forces de défense israéliennes (FDI) ont entraîné une augmentation de la liste des articles rejetés, les camions d'aide devant faire face à «trois niveaux d'inspection avant même de traverser» dans des points de passage conçus pour les piétons et non pour les camions.

Scott Paul, conseiller principal en politique humanitaire à Oxfam America, a déclaré que même si les flux d'aide s'améliorent, il est «inutile» de fournir de l'aide si l'infrastructure nécessaire pour l'utiliser est détruite.

Le gouvernement israélien a toujours rejeté les allégations selon lesquelles il aurait pris pour cible des convois d'aide et des infrastructures civiles à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement, Eylon Levy, a même accusé l'Unrwa de «couvrir le Hamas et de rejeter la responsabilité sur Israël».

Ces dernières semaines, les autorités israéliennes ont accusé les Nations unies de ne pas faire assez pour acheminer l'aide humanitaire à Gaza et ont déclaré que l'organisation mondiale était responsable du fait que les fournitures n'arrivaient pas assez vite dans l'enclave.

«Nous avons élargi nos capacités d'inspection de l'aide acheminée à Gaza. Le poste frontalier de Kerem Shalom va être ouvert, ce qui permettra de doubler le nombre d'inspections. Mais l'aide continue d'attendre à l'entrée de Rafah», a écrit la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires sur X. «L'ONU doit faire mieux – l'aide est là, et la population en a besoin.»

En revanche, Ayyach a indiqué qu'Israël avait délibérément entravé l'acheminement de l'aide et démoli les infrastructures civiles dans le but de déplacer définitivement la population palestinienne.

«Israël a fermé le robinet de l'aide le 9 octobre lorsqu'il a annoncé le “siège total de Gaza”», a-t-il expliqué à Arab News. «Plus encore, Israël a mis en œuvre un plan délibéré visant à détruire toutes les infrastructures nécessaires à la vie.»

Un camion transportant du carburant décoré d'un drapeau de l'ONU traverse Rafah dans le sud de la bande de Gaza (Photo, AFP).

«Israël a tout bombardé à Gaza, notamment les boulangeries, les marchés, les hôpitaux, les infrastructures d'approvisionnement en eau et d'assainissement, les bateaux de pêche, les terres agricoles, les zones résidentielles, etc.

«Les gens meurent de faim, de soif, de froid et souffrent de maladies et de blessures graves sans avoir accès à des soins médicaux appropriés, voire à aucun soin médical du tout», a-t-il indiqué.

Si certains pensent qu'Israël estime qu'il peut ignorer la pression internationale grâce à la couverture diplomatique et à la générosité des États-Unis, d'autres soupçonnent qu'Israël agit désormais aussi en défiant ouvertement Washington, qui l'a exhorté à respecter les règles d'engagement.

En effet, après les défaillances apparentes en matière de sécurité qui ont permis l'attentat du 7 octobre, le gouvernement d'extrême droite du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a peu de chances de survivre au-delà de la fin de la guerre.

La seule option de survie politique de Netanyahou pourrait consister à se positionner comme le seul homme assez fort pour s'opposer aux États-Unis.

Yossi Mekelberg, professeur de relations internationales et membre associé du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au sein du groupe de réflexion sur les affaires internationales Chatham House, a remis en question les affirmations selon lesquelles Israël ne tiendrait pas compte de la censure internationale, affirmant que la volonté de Netanyahou de se soumettre à la pression américaine dépendait dans une certaine mesure de la manière dont le message était délivré.

«Ce message doit être explicite et crédible dans le sens où il indique clairement que c'est ce que Washington exige», a déclaré Mekelberg à Arab News.

De même, Amer al-Sabaileh, professeur d'université jordanien et expert en géopolitique, estime que le gouvernement et les chefs militaires israéliens doivent tenir compte de plusieurs facteurs lorsqu'il s'agit de trouver un équilibre entre les appels de la communauté internationale et leurs propres besoins.

Les considérations actuelles d'Israël en matière de sécurité sont d'une importance «primordiale», a-t-il ajouté, notant que «tant que ces considérations persistent, l’acheminement de l'aide devient compliqué».

Mekelberg et Al-Sabaileh ont également contesté les affirmations selon lesquelles la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU est «dénuée de sens», ce dernier estimant qu'elle constitue une «étape cruciale».

Al-Sabaileh a ajouté: «Il s'agit sans aucun doute d'une plate-forme permettant d'activer les efforts d'aide humanitaire sous contrôle international.

Le consensus se renforce sur le fait que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 22 décembre n'a pas atteint son objectif principal (Photo, AFP).

«Mais il est certain que la situation actuelle à Gaza représente un défi important pour l'acheminement de l'aide humanitaire.

«Les opérations israéliennes en cours visant le Hamas, ses dirigeants et les vestiges de son infrastructure maintiennent le contrôle et la prise de décision israéliens», a-t-il indiqué.

Dans ce «paysage politique complexe», l'acheminement de l'aide est «extrêmement difficile», a-t-il jugé, les FDI se trouvant dans la position peu enviable de trouver un «équilibre délicat entre les opérations militaires et l'impératif de veiller à ce que l'aide parvienne aux civils qui souffrent profondément».

«Cette délimitation est cruciale pour atténuer l'impact de la crise sur les civils innocents et pour relever les défis plus vastes auxquels la région est confrontée», a-t-il ajouté.

Reconnaissant qu'Israël pouvait «rendre l'entrée de l'aide aussi facile ou aussi difficile» qu'il le souhaitait, Mekelberg a déclaré à Arab News que la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies «augmentait néanmoins la pression sur Israël» malgré l'absence de tout mécanisme d'application au-delà de la négociation diplomatique.

Pour Ayyach, cependant, il n'y a qu'une seule résolution qui pourrait changer la situation sur le terrain.

«L'arrêt immédiat de l'attaque contre Gaza et le retrait complet de toutes les forces israéliennes de la bande de Gaza peuvent résoudre la catastrophe humanitaire», a-t-il soutenu. «Tant que l'attaque n'aura pas cessé, l'aide ne pourra pas entrer dans la bande de Gaza.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.