Composition du gouvernement : les discussions s'accélèrent, Attal en déplacement avec Darmanin

Les associations membres de la FAS, les fédérations régionales et nationale sont sous le choc du vote de la loi immigration le 19 décembre (
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

Composition du gouvernement : les discussions s'accélèrent, Attal en déplacement avec Darmanin

  • Gabriel Attal, accompagné de son directeur de cabinet Emmanuel Moulin, est arrivé à 13H20 à l’Élysée
  • Ce déplacement s'annonce hautement politique alors que beaucoup s'interrogent sur l'autorité que le jeune chef du gouvernement va pouvoir imprimer

PARIS: Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a poursuivi mercredi ses discussions avec Emmanuel Macron sur la composition de son gouvernement, avant un déplacement qui sera scruté de près dans l'après-midi avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Gabriel Attal, accompagné de son directeur de cabinet Emmanuel Moulin, est arrivé à 13H20 à l’Élysée pour un déjeuner avec le chef de l’État, a constaté l'AFP.

Les deux têtes de l'exécutif avaient déjà discuté du futur casting gouvernemental autour d'un dîner mardi, quelques heures après la passation de pouvoirs entre la Première ministre sortante Élisabeth Borne et son successeur.

Fidèle à sa réputation d'homme pressé, Gabriel Attal a aussitôt commencé à enchaîner les déplacements de terrain. Après un premier sur le front des crues mardi dans le Pas-de-Calais, il va s'afficher cette fois au côté de Gérald Darmanin, poids-lourd du gouvernement, qui avait lui-même lorgné Matignon l'été dernier.

Les deux responsables vont se rendre dans un commissariat du Val-d'Oise, près de Paris, une manière de confirmer la reconduction du ministre à l'Intérieur. Il avait lui-même fait savoir mardi avoir obtenu des garanties présidentielles en ce sens.

Ce déplacement s'annonce hautement politique alors que beaucoup s'interrogent sur l'autorité que le jeune chef du gouvernement va pouvoir imprimer face à des ministres plus expérimentés et qui visent déjà la succession d'Emmanuel Macron en 2027.

Dans l'attente de la fumée blanche, plusieurs noms ont commencé à circuler, comme celui de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), au Quai d'Orsay ou la promotion d'Aurore Bergé des Solidarités à l’Éducation nationale en remplacement de Gabriel Attal.

Un gouvernement jeudi ? 

Bruno Le Maire, autre poids-lourd qui pourrait avoir mal vécu la nomination du jeune Attal à Matignon, est aussi donné restant à Bercy, de même qu'Éric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu aux Armées, sans aucune certitude sur le bien fondé de ces prédictions.

A l’Élysée comme à Matignon, rien ne filtre en tout cas sur le casting comme sur le calendrier des annonces, si ce n'est la "volonté d'aller vite". Le gouvernement pourrait être dévoilé dès jeudi selon des cadres de l'exécutif.

D'ici "la fin de semaine" en tout cas, a avancé sur TF1 le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a "eu un échange téléphonique" avec M. Attal mardi soir.

Devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République, l'éphémère ministre de l’Éducation nationale va composer son équipe gouvernementale sous le signe du "réarmement" et de la "régénération" souhaités par Emmanuel Macron.

Le nouveau locataire de Matignon a d'abord recruté son directeur de cabinet: Emmanuel Moulin, actuel directeur du Trésor, réputé proche de Bruno Le Maire et surtout du secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Un haut fonctionnaire qui "dispose d'une parfaite connaissance du fonctionnement de l’État", a indiqué mercredi l'entourage de M. Attal.

L'exécutif doit maintenant trouver un difficile équilibre pour la composition d'une équipe gouvernementale que certains voudraient plus resserrée.

Les exigences sont multiples: essayer de respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier de traiter des secteurs soucieux d'avoir un ministre pour les représenter.

«Tractations»

Le patron du MoDem, François Bayrou, a ainsi confié au Parisien ses "interrogations" sur "l'expérience nécessaire" pour le choix du successeur d’Élisabeth Borne. Manière de faire "monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement", analyse un cadre macroniste parlementaire.

Les tractations battent donc leur plein en coulisse, et les rumeurs fusent sur ceux qui pourraient quitter le navire à l'occasion du remaniement.

Un cadre du camp présidentiel évoque les départs possibles du porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ou du ministre des Transports Clément Beaune tombé en disgrâce à cause de ses réticences sur la loi immigration.

Plusieurs autres ministres de l'aile gauche de la macronie ont exprimé à des degrés divers leur désaccord face au virage à droite opéré à l'occasion du vote de ce texte. La question de leur maintien au sein du gouvernement sera au cœur des discussions.

Le profil du futur ou de la future ministre de l’Éducation sera aussi examiné de près alors que Gabriel Attal a assuré mardi que la "cause de l'école" demeurerait la "mère de nos batailles" et qu'il l'emmenait avec lui à Matignon.

Si elle fait grincer quelques dents en interne, la nomination de celui qui fait partie des personnalités politiques préférées des Français semble pour l'heure bien accueillie par l'opinion. Un sondage Harris Interactive pour LCI lui accorde même une cote de confiance de 56%, au même niveau que ses prédécesseurs Édouard Philippe et Jean Castex lors de leur arrivée.

Chargé de redonner "audace" et "mouvement" à un quinquennat à la peine, le nouveau Premier ministre va pourtant faire face aux mêmes difficultés que la sortante Élisabeth Borne, entravée par l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

"La configuration politique n'a pas changé", a constaté sur France Inter le député RN Jean-Philippe Tanguy, sans réclamer un vote de confiance de l'Assemblée ni menacer d'une motion de censure comme une partie de la gauche. "Je ne pense pas que les Français veulent qu'on ferme la porte a priori", a-t-il expliqué.

 


Présidentielle: Le Pen «annoncera sa décision» après son procès en appel, sans attendre la cassation

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  • Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été
  • Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi

PARIS: Candidate déclarée à la prochaine présidentielle malgré son inéligibilité, Marine Le Pen affirme qu'elle ne se présentera "évidemment pas" si sa peine est confirmée en appel et qu'elle "annoncera donc (sa) décision" dans la foulée, sans attendre une éventuelle cassation.

Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été. Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi.

Condamnée en première instance - dans l'affaire des assistants parlementaires européens - à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec application immédiate, la triple candidate à l'élection présidentielle admet qu'elle ne pourra "évidemment pas" se représenter une quatrième fois si cette peine devait être confirmée en appel.

"Je prendrai ma décision de me présenter ou non lors du rendu de l'arrêt de la cour d'appel", ajoute-t-elle, évacuant l'hypothèse d'un suspense prolongé en cas de pourvoi en cassation. "On ne sait pas quand une telle décision serait rendue et on ne peut pas se lancer dans une campagne présidentielle au dernier moment", explique-t-elle.

Son second procès étant programmé du 13 janvier au 12 février 2026, avec un délibéré attendu quatre mois plus tard, "j'annoncerai donc ma décision cet été", précise celle qui s'était hissée au second tour en 2017 et en 2022 face à Emmanuel Macron.

Un calendrier choisi aussi "pour ne pas hypothéquer la candidature de Jordan Bardella dans le cas où il devrait y aller", souligne-t-elle, confirmant ainsi le statut de dauphin du jeune président du parti à la flamme.


Macron au Brésil, pour évoquer une "relation transatlantique réimaginée"

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est arrivé à Salvador de Bahia pour promouvoir une « relation transatlantique réimaginée » entre l’Amérique du Sud, l’Afrique et la France, à travers la culture, la mémoire et la jeunesse
  • Cette visite s’inscrit dans une refondation des liens franco-africains, marquée par la reconnaissance de l’esclavage, la restitution d’objets coloniaux et la préparation du sommet Afrique–France à Nairobi en 2026

SALVADOR: Emmanuel Macron est arrivé mercredi à Salvador de Bahia, au Brésil, pour plaider en faveur d'une "relation transatlantique réimaginée" associant Amérique du Sud et Afrique, avant de participer à un sommet climat à Belem, a indiqué l'Elysée.

Le président français doit participer à l'ouverture du festival "Notre futur – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique", qui réunit "les jeunesses et les nouvelles voix des sociétés civiles brésiliennes, africaines et françaises", a expliqué la présidence.

Il s'agit d'un "temps fort de la saison culturelle France-Brésil" qui a scandé l'année 2025.

La capitale de l'Etat de Bahia, dans le nord-est du pays, fut l'un des points d'arrivée majeurs des esclaves africains déportés. Elle est aujourd'hui le foyer vibrant de la culture afro-brésilienne.

Cette étape vise donc "à célébrer et à travailler avec Brasilia à une relation transatlantique réimaginée", associant les "partenaires africains", selon la présidence française.

Emmanuel Macron doit aussi visiter une galerie dédiée au photographe et anthropologue français Pierre Fatumbi Verger (1902-1996), et la Maison du Bénin, où il découvrira l'exposition "Je suis un fleuve noir".

Pour Paris, "cette visite à Bahia s'inscrit dans la politique de refondation et de renouvellement de notre relation avec l'Afrique", au moment où les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines sont souvent distendues, voire glaciales comme au Sahel.

La culture est un point fort de cette "refondation", fait-on valoir dans l'entourage du président français, qui a enclenché une démarche de restitution des "objets volés pendant l'époque coloniale".

Autre volet: "la reconnaissance de l'esclavage", qui sera aussi mise en avant à Salvador, point de débarquement "d'un très grand nombre d'esclaves, qui venaient notamment de tout le golfe du Bénin et notamment du port de Cotonou", a fait valoir une conseillère présidentielle.

"Bahia, c'est un point d'étape. On se donne rendez-vous également à Nairobi en mai, pour le nouveau sommet Afrique-France qu'on organise pour la première fois dans un pays anglophone", a souligné l'Elysée.

Jeudi, Emmanuel Macron se rendra à Belem, en Amazonie brésilienne, pour prononcer un discours au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement réunis par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avant le début de la COP30, conférence de l'ONU sur le climat.

Il terminera sa tournée vendredi à Mexico où il sera accueilli par la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, un an après sa prise de fonctions.


Premières heures de semi-liberté pour Kohler et Paris à l'ambassade de France à Téhéran

Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL
  • Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris

PARIS: Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France.

"Je les ai trouvés très heureux, très soulagés tous les deux par cette libération", a raconté mercredi matin sur la radio France Inter l'ambassadeur de France à Téhéran Pierre Cochard, qui est allé les chercher mardi à la sortie de la prison d'Evine, de sinistre réputation.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL.

Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris.

A Soultz (Haut-Rhin, est de la France) où a grandi Cécile Kohler, dont le portrait orne la façade de la mairie, les habitants racontaient leur soulagement. "On est impatients qu'elle revienne, on espère que l'Iran ne va pas la retenir", confiait l'un d'eux, Mathieu Taquard.

Mardi soir, les parents ont pu parler par téléphone à leur fille: "Elle disait qu'elle était en forme, et qu'elle avait hâte de revenir", a résumé à l'AFP le maire de Soultz, Marcello Rotolo.

L'ambassadeur a donné quelques éléments sur le déroulé de leur libération.

"On s'est rendus à la prison d'Evine, qui est au nord de Téhéran. L'ambassade se trouve plutôt au centre, donc il y a un trajet important. On s'est présentés, il y avait plusieurs portes à franchir, une barrière. Cela a pris un peu de temps, en coordination avec les autorités iraniennes", a-t-il expliqué. "Les grands portes de la prison d'Evine se sont ouvertes, et on a pu croiser le regard de Cécile et Jacques", qui "avaient été informés à la dernière minute" de leur sortie.

"C'est évidemment un moment qu'on n'oublie pas", a-t-il dit. "Les premiers mots, c'étaient des larmes, des sourires mêlés de larmes. On est restés quelques instants ensemble et puis ensuite on est montés dans la voiture" pour gagner l'abri de l'ambassade, où ils sont protégés par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, en espérant pouvoir quitter rapidement l'Iran.

Iranienne à l'ambassade 

Les autorités iraniennes, qui les accusent d'espionnage, considèrent qu'ils sont en "libération conditionnelle", "libérés sous caution" et "placés sous surveillance jusqu'à la prochaine étape judiciaire".

"Nous n'allons ménager aucun effort pour obtenir leur retour en France dans les meilleurs délais", a promis le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

Professeure de lettres de 41 ans, et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.

Considérés comme des "otages d'Etat" par la France, qui à l'instar d'autres pays occidentaux accuse Téhéran de capturer des étrangers sur son sol pour négocier ensuite leur libération, ils étaient les deux derniers Français détenus sur le sol iranien.

Lourdement sanctionné par de nombreux membres de la communauté internationale, notamment pour ses activités nucléaires, l'Iran détiendrait selon des sources diplomatiques au moins une vingtaine d'Occidentaux qu'il pourrait utiliser comme levier pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants à l'étranger ou obtenir des gages politiques.

Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran avait rendu publique en septembre la possibilité d'un accord de libération en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février, accusée d'avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux.

Téhéran semble afficher sa volonté de mettre en parallèle les deux dossiers, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi annonçant mercredi matin que Mme Esfandiari, sous contrôle judiciaire depuis octobre dans l'attente de son procès en janvier, se trouvait désormais à l'ambassade d'Iran et "nous espérons qu'elle rentrera quand son procès sera achevé".

Les autorités françaises n'ont pas commenté cette annonce qui pourrait avoir des conséquences sur la date à laquelle les deux Français pourront quitter l'Iran.

L'élargissement de Cécile Kohler et Jacques Paris pourrait ouvrir la voie à un apaisement des relations entre l'Iran et la France. "Lorsqu'ils seront sur le territoire français, effectivement, cela ouvrira une possibilité de renouer des relations normales avec ce pays", a estimé M. Cochard.