Le Moyen-Orient peut devenir le phare du développement durable

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord se trouve à un tournant crucial dans ses efforts de lutte contre le changement climatique (Photo, AFP)
La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord se trouve à un tournant crucial dans ses efforts de lutte contre le changement climatique (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 15 janvier 2024

Le Moyen-Orient peut devenir le phare du développement durable

Le Moyen-Orient peut devenir le phare du développement durable
  • Des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont déjà réalisé des investissements substantiels dans les énergies renouvelables
  • L’impératif pour la région Mena d’investir dans les énergies vertes n’est pas seulement une réponse aux préoccupations environnementales, mais constitue aussi une nécessité stratégique

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) se trouve à un tournant crucial dans ses efforts de lutte contre le changement climatique. Il est encourageant de constater que des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) qui ont été dynamiques en ce sens, prennent des mesures pour investir de manière substantielle dans les énergies renouvelables, en vue d’élargir leur gamme énergétique, de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et de s’attaquer aux problèmes environnementaux.

La nécessité pour les pays de la région Mena d’augmenter leurs investissements dans les énergies renouvelables n’est pas seulement un engagement environnemental, mais aussi une réponse stratégique aux défis pressants soulevés par le changement climatique. À mesure que les températures mondiales s’élèvent et que les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents – avec une vulnérabilité particulière de la région au niveau climatique – les pays de la zone Mena doivent accélérer leur transition vers des sources d’énergie durables pour atténuer l’impact du changement climatique et garantir un avenir résistant et prospère.

La région est consciente des effets négatifs du changement climatique, avec une augmentation des températures, des pénuries d’eau et de la désertification. Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent également plus fréquents. Les zones côtières sont confrontées à la menace d’une élévation du niveau de la mer, tandis que les régions arides connaissent des sécheresses plus prolongées. Cependant, en augmentant leurs investissements dans les énergies propres, les pays de la région peuvent renforcer leur résistance face à ces effets négatifs.

Il est tout d’abord essentiel de s’engager sur la voie à suivre en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Comme nous le savons, une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre peut être attribuée à l’utilisation de combustibles fossiles, en particulier dans les pays développés. La transition vers des sources d’énergie renouvelables, et spécifiquement l’énergie solaire, peut être un puissant moyen pour réduire l’empreinte carbone.

«En augmentant leurs investissements dans les énergies propres, les pays de la région Mena peuvent renforcer leur résistance»

Dr Majid Rafizadeh

En exploitant le riche ensoleillement dont jouissent le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, les pays de ces régions peuvent réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, limitant ainsi leurs émissions de gaz à effet de serre et contribuant aux efforts mondiaux visant à freiner le changement climatique.

La deuxième raison pour laquelle il est important d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables est que la région fait face à un manque d’eau – un défi amplifié par le changement climatique. Les solutions énergétiques propres, en particulier l’énergie solaire et éolienne, peuvent remédier au lien entre l’eau et l’énergie en offrant des substituts durables aux sources d’énergie traditionnelles, qui nécessitent souvent une consommation d’eau importante.

L’énergie solaire, en particulier, est une source d’énergie économe en eau qui non seulement réduit les émissions de gaz à effet de serre, mais contribue aussi à atténuer la pression exercée sur des ressources en eau déjà rares. Cette approche qui comporte un double avantage est un aspect vital du développement durable face au changement climatique.

En outre, les systèmes d’irrigation à énergie solaire et les infrastructures résistantes au climat contribuent au renforcement des capacités d’adaptation, garantissant ainsi à la région de pouvoir résister aux impacts du changement climatique et de les surmonter.     

Troisièmement, dans le contexte des incertitudes climatiques, il faudrait accorder à la sécurisation des besoins énergétiques une importance primordiale. Il est devenu évident que le changement climatique crée des incertitudes quant à l’accessibilité et à la disponibilité des sources d’énergie traditionnelles. En investissant dans les énergies propres, la région peut renforcer sa sécurité énergétique face aux perturbations liées au climat.

À titre d’exemple, l’énergie solaire offre une source d’énergie fiable et constante, à l’abri des tensions géopolitiques et des fluctuations du marché qui caractérisent souvent les économies dépendantes des combustibles fossiles. Cette transition vers des sources d’énergie plus sûres et durables protège non seulement la région Mena des faiblesses externes, mais favorise également la stabilité à long terme.

«Investir dans les énergies propres est non seulement un impératif environnemental, mais aussi une opportunité de diversification économique»

Majid Rafizadeh

Quatrièmement, les implications économiques du changement climatique ne peuvent être ignorées. Les phénomènes météorologiques extrêmes, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et l’évolution des modèles agricoles peuvent avoir de profondes répercussions sur les économies, en particulier celles qui dépendent des secteurs traditionnels.

En d’autres termes, investir dans les énergies propres constitue non seulement un impératif environnemental, mais aussi une opportunité de diversification économique. Le secteur des énergies renouvelables, notamment celui de l'énergie solaire, offre des perspectives de création d'emplois, d'innovation technologique et de développement de nouvelles industries. En favorisant une économie verte, la région Mena peut renforcer sa résistance face aux impacts économiques du changement climatique, et se positionner au premier plan de la transition mondiale vers le développement durable.

La lutte contre le changement climatique nécessite toutefois des efforts coordonnés à l’échelle mondiale. Le Moyen-Orient peut jouer un rôle central dans la diplomatie climatique internationale en élaborant un tissu narratif au niveau mondial, en favorisant la collaboration, et en contribuant à la réalisation des objectifs climatiques internationaux. Cela est non seulement conforme  aux attentes internationales, mais fait également de la zone Mena un acteur clé dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

En bref, l’impératif pour la région d’investir dans les énergies vertes n’est pas seulement une réponse aux préoccupations environnementales, mais constitue également une nécessité stratégique.

Heureusement, des pays comme l’Arabie saoudite et les EAU ont déjà réalisé des investissements substantiels dans les énergies renouvelables afin d’élargir leur gamme énergétique, de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et de relever les défis environnementaux. Qu’il s’agisse d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre, de s’adapter au changement climatique, de favoriser la diversification économique ou de jouer un rôle de premier plan dans les mesures mondiales de développement durable, les avantages de cette transition en cours sont considérables.

Avec ses enjeux environnementaux particuliers et l’abondance de ses ressources solaires, la zone Mena a le potentiel de devenir un phare du développement durable, démontrant ainsi que la recherche d’énergies propres n’est pas seulement une responsabilité mondiale, mais la voie vers un avenir résistant et florissant pour la région et la planète.

Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard.

X: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com