En Tunisie, un village assoiffé par le changement climatique

Malgré des pluies récentes, les barrages, principale source d'approvisionnement en eau potable en Tunisie, ne sont qu'à 22% de leur capacité. (AFP).
Malgré des pluies récentes, les barrages, principale source d'approvisionnement en eau potable en Tunisie, ne sont qu'à 22% de leur capacité. (AFP).
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Publié le Mercredi 06 décembre 2023

En Tunisie, un village assoiffé par le changement climatique

  • Ouled Omar est pourtant situé dans la région de Siliana, dans le nord-ouest de la Tunisie, une zone fertile, au climat habituellement pluvieux en hiver
  • Malgré des pluies récentes, les barrages, principale source d'approvisionnement en eau potable en Tunisie, ne sont qu'à 22% de leur capacité

OULED OMAR: Ounissa Mazhoud place un bidon de chaque côté de son âne pour se rendre à la dernière source d'Ouled Omar. Ce village tunisien est à l'agonie à cause d'une sécheresse persistante provoquée par le changement climatique.

"Nous sommes des vivants déjà morts, oubliés de tous. Nous n'avons ni route ni eau, ni aide ni logements décents, nous ne possédons rien", explique à l'AFP cette femme de 57 ans, au visage creusé par la fatigue.

Dans son hameau d'une centaine d'âmes, à 180 kilomètres au sud de Tunis, Mme Mazhoud et ses voisines se réveillent chaque jour avec une obsession: trouver de l'eau.

"Nous sommes toutes malades. Nous avons mal au dos, aux jambes parce que nous marchons et travaillons de l'aube jusqu'au crépuscule", poursuit Ounissa.

Ouled Omar est pourtant situé dans la région de Siliana, dans le nord-ouest de la Tunisie, une zone fertile, au climat habituellement pluvieux en hiver.

Mais la Tunisie traverse sa huitième année de sécheresse.

Avec seulement 450 mètres cubes d'eau par an et par habitant, elle est déjà sous le "seuil de pénurie absolue", calculé à 500 m3 par la Banque mondiale qui prévoyait son franchissement pour 2030.

Malgré des pluies récentes, les barrages, principale source d'approvisionnement en eau potable en Tunisie, ne sont qu'à 22% de leur capacité.

Les autorités tentent de juguler ce stress hydrique en rationnant l'eau et avec des coupures ponctuelles.

Village fantôme

Mais à Ouled Omar, le manque d'eau anéantit les cultures vivrières et le bétail.

Le mari d'Ounissa, Mahmoud, 65 ans, a dû vendre deux de leurs quatre vaches pour acheter du fourrage et nourrir le reste de l'élevage.

Il a encore la force de parcourir plusieurs kilomètres avec son âne jusqu'à la rivière pour "ramener 20 ou 40 litres d'eau quand le temps le permet mais bientôt avec le froid intense et le mauvais temps, cela deviendra impossible". Et il n'a pas les moyens d'acheter de l'eau en bouteille pour sa famille.

"Si la situation persiste comme elle l'est actuellement, personne ne pourra rester longtemps ici", dit-il.

L'unique source d'Ouled Omar ne produit que dix litres par jour d'une eau utilisable uniquement pour les animaux et les cultures, selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). D'après cette ONG, plus de 300.000 Tunisiens (sur 12 millions) sont dépourvus d'un raccordement à l'eau potable.

A Ouled Omar, "ils n'ont pas de source potable, même pas de robinets (à la maison). Du coup, ils utilisent une source naturelle, mais avec le changement climatique et les fortes températures, elle disparaît", souligne Houda Mazhoud, une chercheuse en agronomie qui étudie ce hameau depuis 2020.

Ramzi Sebtaoui, un éleveur d'une trentaine d'années, descend de sa camionnette un énorme conteneur d'eau potable qu'il s'est procuré à 20 km de là, à Makthar.

"Il y a deux ou trois ans, la situation était bien meilleure, avec de nombreuses sources naturelles que nous pouvions utiliser pour abreuver le bétail. Aujourd'hui, avec le changement climatique, presque toutes les sources sont asséchées, et toutes les routes sont détruites", explique-t-il.

La route qui desservait le village n'a pas été refaite depuis des années.

Dans l'espoir de sensibiliser les autorités, une quinzaine d'habitants se sont rendus à 50 km du village au siège de la région à Siliana, avec des panneaux réclamant "de l'eau et des routes".

Leur crainte? Qu'Ouled Omar, dont les 22 familles ont toutes un lien de parenté, ne devienne un village fantôme.

"Beaucoup de gens sont partis chez leurs enfants en ville, laissant leurs maisons vides. La raison en est la soif", explique Djamila Mazhoud, 60 ans, cousine d'Ounissa. Car pour les plus âgés, impossible de marcher pendant une heure pour s'approvisionner à la rivière la plus proche.

Les jeunes désertent également le village, faute de perspectives.

"Nous avons élevé nos enfants pour qu'ils s'occupent de nous une fois devenus grands, mais ils n'ont pas de travail", se lamente Djamila dont le fils et les deux filles sont allés tenter leur chance dans des villes du littoral.

"On nous dit qu'il n'y a pas de solutions. Pourquoi? Ne sommes-nous pas Tunisiens nous aussi?", se désespère Djamila Mazhoud.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".