Table ronde à Riyad: L'importance croissante de l'Arabie saoudite et de la région du Golfe à l'échelle mondiale

Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, a participé à une table ronde organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad (Photo fournie).
Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, a participé à une table ronde organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad (Photo fournie).
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

Table ronde à Riyad: L'importance croissante de l'Arabie saoudite et de la région du Golfe à l'échelle mondiale

  • Le journaliste italien Federico Rampini s'est exprimé lors d'un événement organisé par le Gulf Research Center et la Maison européenne - Ambrosetti
  • Il a révélé que le sentiment «optimiste» des milieux d'affaires contredisait les récits des médias occidentaux sur l'Arabie saoudite

RIYAD: Au cours des dix dernières années, l'Arabie saoudite a connu une transformation «étonnante», favorisée par des réformes internes et des changements géopolitiques qui ont rehaussé le profil et l'importance du Royaume au niveau mondial, selon Federico Rampini, journaliste, écrivain et conférencier italien primé.

S'exprimant dimanche lors d'une table ronde organisée dans la capitale saoudienne, Riyad, sur « l’importance de l'Arabie saoudite, de la région du Golfe et du Moyen-Orient », M. Rampini a fourni une perspective globale sur la montée en puissance du Royaume, vue des États-Unis, de l'Europe et de la Chine.

Le séminaire, organisé conjointement par le Gulf Research Center et la Maison européenne - Ambrosetti, a exploré les tendances mondiales en matière d'économie, de transition énergétique et de géopolitique, qui ont ouvert la voie à l'émergence du Royaume en tant que poids lourd régional.

L'un des changements géopolitiques les plus fondamentaux de ces dernières années a été l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, qui a entraîné des sanctions occidentales sur le pétrole et le gaz russes et a contraint l'Europe à s'aligner plus étroitement sur les États du Golfe pour ses approvisionnements en énergie.

«La guerre en Ukraine a rompu les relations qui nous unissaient depuis des décennies à la Russie pour nos approvisionnements en énergie fossile et autres matières premières et produits de base», a indiqué M. Rampini lors du séminaire.

Les participants à la table ronde avec Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad, lundi 15 janvier 2023 (Photo fournie).

«Il s'agit d'un contre-choc, symétrique et opposé à celui de 1973-79. Il y a cinquante ans, nous avons dû nous tourner vers la Russie après l'embargo pétrolier de l'OPEP lié à la guerre du Kippour», a-t-il ajouté.

La nécessité pour l'Europe de renforcer sa sécurité énergétique dans un contexte de hausse des prix a également eu des répercussions sur le programme relatif aux énergies renouvelables, qui a dû être relégué au second plan.

«Dans le même temps, la guerre en Ukraine a remis en question les opinions les plus extrêmes, radicales et naïves des écologistes sur une décarbonisation rapide et totale», a expliqué M. Rampini.

Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, a participé à une table ronde organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad le lundi 15 janvier 2023 (Photo fournie).

L'Ukraine n'est pas le seul facteur qui a motivé ce réalignement. Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement dues aux pandémies et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ont également renforcé l'intérêt pour les partenariats avec le Moyen-Orient, aidés en cela par la diversification économique de l'Arabie saoudite.

La pandémie et la nouvelle guerre froide entre l'Occident et la Chine, avec toutes les perturbations des chaînes d'approvisionnement, ont suscité un nouvel intérêt pour certains pays du Moyen-Orient en tant que partenaires potentiels pour «délocaliser chez les amis» et «atténuer les risques» du secteur manufacturier, a signalé M. Rampini.

«Cela concorde avec le programme d'industrialisation de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite a évité d'être un bénéficiaire passif de ces changements géopolitiques. Le Royaume a été proactif ces dernières années, établissant des collaborations avec d'autres économies émergentes, notamment des pays africains riches en ressources.

«Le regain d'intérêt pour l'Afrique, surtout pour son abondance en ressources naturelles, requiert des partenariats avec des acteurs qui y ont déjà investi, comme l'Arabie saoudite, et qui, pour des raisons politiques et culturelles, sont mieux accueillis que les pays occidentaux», estime M. Rampini.

EN BREF

● Federico Rampini est un journaliste, écrivain et conférencier italien primé.

● Il a été rédacteur en chef adjoint du quotidien Il Sole 24 Ore et correspondant étranger en chef de La Repubblica depuis 1997.

● Le Gulf Research Center a été fondé en juillet 2000 pour mener des études de haute qualité sur tous les aspects des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ainsi que de l'Iran, de l'Irak et du Yémen.

Une relation sur laquelle les dirigeants occidentaux avaient fondé leurs espoirs était la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël – une initiative lancée en 2020 avec la signature des accords d’Abraham par les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

L'Arabie saoudite aurait été en pourparlers pour signer les accords. La guerre à Gaza entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas semble toutefois avoir fait reculer l'initiative menée par les États-Unis.

«L'innovation géopolitique des accords d'Abraham, en tant que précurseur d'une détente plus générale entre les pays arabes et Israël, a semblé réduire les risques d'instabilité et de conflit, favorisant un climat plus propice à l'afflux d'investissements étrangers», a signalé M. Rampini.

«Malheureusement, ce scénario a changé radicalement après l'attaque du Hamas du 7 octobre», a-t-il ajouté.

Les participants à la table ronde avec Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad, lundi 15 janvier 2023 (Photo fournie).

Les changements au sein même de l’Arabie saoudite et le changement d’attitude qui en a résulté ont également contribué à l’importance croissante du Royaume.

«La Vision 2030 et ce que nous pourrions appeler “l'effet MBS” ont incité à plusieurs changements dans la perception de l'Arabie saoudite», a déclaré M. Rampini, en référence à la stratégie de réforme transformatrice lancée par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, en 2016.

«Ces changements sont encore en cours, incomplets et susceptibles de provoquer des réactions négatives», a-t-il mentionné.

«À un niveau plus profond, l'Arabie saoudite a cessé d'être associée au fondamentalisme islamique. L'évolution du statut des femmes a eu un impact. L'espoir que le Royaume devienne presque aussi cosmopolite et laïque que Dubaï ou le Qatar a suscité un nouvel intérêt pour ce pays.

«Ensuite, il y a tout le dynamisme en termes d'opportunités commerciales, de grands projets allant des énergies renouvelables au développement urbain, la nouvelle vocation pour le tourisme et la durabilité – le changement générationnel, non seulement dans le leadership, mais aussi dans la main-d'œuvre», a précisé M. Rampini.

L'évolution des attitudes à l'égard de l’Arabie saoudite est également liée à l'évolution de la situation politique en Occident, où un revirement vers la droite et une forme plus pragmatique de conservatisme ont influencé les programmes de politique étrangère.

«La question de la démocratie et des droits de l'homme est devenue plus conflictuelle dans les pays occidentaux», a jugé M. Rampini.

«D'une manière générale, les partis de gauche et les partis verts ont tendance à prôner une politique étrangère fondée sur des valeurs, et ils le font souvent d'une manière très radicale et rigide», a-t-il ajouté.

«Les partis conservateurs et de droite préfèrent une realpolitik basée sur les intérêts et l'équilibre des pouvoirs. Étant donné que de nombreux pays occidentaux semblent se tourner vers la droite, je m'attends à ce que les relations avec l'Arabie saoudite s'améliorent», a-t-il estimé.

La stratégie de réforme, la Vision 2030 vise à jeter les bases d'une société saoudienne dynamique et d'une économie prospère (Photo fournie).

Bien entendu, l'Occident n'est pas le seul partenaire potentiel de l'Arabie saoudite. Le Royaume a reconnu un alignement croissant sur la Russie au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), ce qui a suscité l'inquiétude de Washington quant à l'affaiblissement de l'influence régionale des États-Unis et aux possibilités offertes à Moscou et à Pékin.

«La position géopolitique de l'Arabie saoudite a accru sa pertinence», a déclaré M. Rampini. «Du point de vue des États-Unis, deux développements récents sont une source d'inquiétude ; du point de vue de la Chine et de la Russie, ils constituent une opportunité.»

«L'alignement croissant de l'Arabie saoudite et de la Russie au sein de l'OPEP+ est l'une de ces évolutions», a-t-il indiqué.

«La convergence sur la stratégie de tarification de l'énergie est encore plus inquiétante que le refus de l'Arabie saoudite d'adopter et d'appliquer des sanctions contre Moscou (dans la mesure où le refus de ces sanctions est commun aux pays du Sud).»

«L'autre préoccupation est la possibilité que l'Arabie saoudite devienne membre des BRICS (groupe des principales économies émergentes). Les responsables américains de la politique étrangère craignent que la Chine ne transforme les BRICS en un club anti-occidental.»

 «Les discussions sur la dédollarisation, bien qu'elles ne soient pas concluantes, sont considérées comme faisant partie du même grand projet entretenu par les dirigeants chinois», a-t-il mentionné.

L'Arabie saoudite a reçu une invitation à rejoindre le bloc des BRICS, composé à l'origine du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud, lors du sommet du groupe qui s’est tenu au Cap en 2023. Bien qu'il n'ait pas encore répondu à l'invitation, le Royaume deviendrait un poids lourd économique s'il y adhérait.

Et même si Riyad choisit de rester en dehors des BRICS, ses relations avec la plus grande économie du bloc, la Chine, ont porté leurs fruits à d'autres égards, au grand dam des États-Unis.

«Le rôle de la Chine dans la normalisation diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran a été salué pour ses résultats positifs, mais il a renforcé les soupçons selon lesquels Pékin tente d'éloigner l'Arabie saoudite de son alliance traditionnelle avec les États-Unis», a indiqué M. Rampini.

M. Rampini a également évoqué le rôle, ou l'absence de rôle, de l’Arabie saoudite dans certaines des plus grandes questions régionales du moment, en particulier la guerre à Gaza et les événements en mer Rouge, où les attaques des Houthis contre la navigation commerciale ont été affrontées par des frappes américaines et britanniques sur des cibles des milices au Yémen.

«La guerre de Gaza et les troubles de la mer Rouge ont eu des effets contradictoires», a-t-il indiqué.

«Ils ont renforcé la perception de l'Arabie saoudite comme une puissance régionale majeure, un acteur indispensable à la stabilité. Toute solution à la question palestinienne, quelle que soit la personne qui la préconise, implique un rôle pour l'Arabie saoudite – un rôle politique, financier ou peut-être militaire», a-t-il souligné.

«Les États-Unis, l'Union européenne et la Chine sont tous sur la même longueur d'onde. Il n'y a pas de plan de paix futur pour le Moyen-Orient sans une forte implication de l'Arabie saoudite», a-t-il insisté.

«La diplomatie saoudienne est sollicitée et elle est impliquée dans toutes les négociations», a-t-il ajouté.

M. Rampini a reconnu les raisons de la réticence apparente de l'Arabie saoudite à s'engager dans un nouveau cycle d'hostilités au Yémen, en particulier à la suite des critiques formulées par les capitales occidentales et compte tenu des progrès récents dans les pourparlers avec les Houthis.

Toutefois, M. Rampini a mis en garde contre le fait que la déférence de l’Arabie saoudite à l'égard des efforts déployés par les pays occidentaux pour protéger le commerce maritime en mer Rouge pourrait être interprétée comme une vulnérabilité.

«Les troubles actuels en mer Rouge ont contraint les États-Unis à intervenir militairement contre les Houthis, dans une région où l'on pouvait s'attendre à ce que les Saoudiens soient le principal pourvoyeur de sécurité», a-t-il précisé.

Federico Rampini, journaliste italien, écrivain et expert principal en géopolitique à la Maison européenne - Ambrosetti, a participé à une table ronde organisée par le Gulf Research Center (GRC) à Riyad, lundi 15 janvier 2023 (Photo fournie).

«Je sais que ces remarques peuvent irriter les Saoudiens, qui se souviennent des pressions exercées sur eux par la communauté internationale, en particulier les États-Unis, pour qu'ils mettent fin à leurs opérations militaires au Yémen», a-t-il estimé.

Israël et les États-Unis ont apparemment été pris au dépourvu par l'attaque du Hamas du 7 octobre – une défaillance des services de renseignement qui, selon M. Rampini, donne une mauvaise image non seulement d'Israël, mais aussi de l'ensemble de la région du Golfe.

«Il y a eu de multiples échecs en matière de renseignement avant l'attaque du Hamas. L'échec israélien a été mis en évidence avant tout, l'échec américain aussi», a-t-il jugé.

«Mais on peut se demander pourquoi les autres acteurs de la région n'ont pas été suffisamment alertés sur le fait que l'Iran et le Hamas feraient n'importe quoi pour empêcher la normalisation ultime entre Israël et les pays arabes», a-t-il demandé.

Bien que de nombreux investisseurs soient à juste titre effrayés par la crise qui se déroule à Gaza et qui risque d'entraîner le Liban, la Syrie, l'Irak, le Yémen et même l'Iran dans une conflagration régionale plus large, d'autres restent optimistes quant à la prospérité du marché saoudien.

Toutefois, M. Rampini estime que l'attitude du public n'a pas évolué, en grande partie à cause d'un paysage médiatique peu sympathique.

«Dans les pays occidentaux, il y a un décalage entre le discours des grands médias sur l'Arabie saoudite et les milieux d'affaires», a-t-il souligné.

«La plupart des médias s'accrochent aux stéréotypes, sont peu conscients des progrès réalisés, même en matière de droits de l'homme, et traitent l'assassinat de Jamal Khashoggi en octobre 2018 comme la raison ultime d'écarter ce que j'ai appelé l’“effet MBS”.»

«Le monde des affaires a une approche opposée», a reconnu M. Rampini.

Relatant l’expérience des récentes conférences commerciales, M. Rampini a fait part de l’enthousiasme autour des opportunités d’investissement en Arabie saoudite, à un moment où les économies occidentales connaissent une croissance lente.

«Lors de mes réunions et entretiens avec les milieux d'affaires occidentaux et saoudiens ici à Riyad, je ressens aujourd'hui la même atmosphère optimiste que celle que j'ai ressentie il y a vingt ans en Chine, lorsque j'y vivais», a-t-il soutenu.

«Je ressens la même attitude positive, l'optimisme, la confiance que tout est possible, la conviction que l'avenir se construit dans un pays comme celui-ci, alors que l'Occident est en déclin», a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


En Tunisie, un décret présidentiel contre les « fausses informations» menace les libertés

Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
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  • En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54
  • La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali

TUNIS: La multiplication des poursuites judiciaires en Tunisie contre des journalistes et personnalités publiques depuis la publication d'un décret visant à combattre ce que le gouvernement considère comme de "fausses informations" est devenu une "menace" pour la liberté d'expression encourageant "l'autocensure", déplorent des ONG et des professionnels des médias.

Le 13 septembre 2022, le président Kais Saied a promulgué le "décret 54" qui punit de jusqu'à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d'information et de communication pour "rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d'autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique".

La même peine peut être appliquée en cas de diffusion "de nouvelles ou de faux documents (...) visant à diffamer d'autres personnes, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement". Le temps de détention double "si la personne visée est un agent public", selon le décret controversé.

En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54, affirme à l'AFP le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar.

En dépit de ses objectifs officiels, ce "décret-loi n'a par exemple jamais été appliqué aux cas de cyberattaques", note-t-il.

Pour le célèbre chroniqueur radio Haythem Mekki, le texte vise "à faire taire les voix indésirables au pouvoir, ce qui explique les multiples poursuites lancées contre des personnes qui n'ont fait que critiquer les autorités".

Objet lui-même d'une enquête sur la base du décret 54 pour une publication sur l'état de la morgue de l'hôpital de Sfax (centre), ce journaliste estime que le texte a "réussi à intimider les milieux médiatiques et gravement affecté la liberté d'expression".

"On n'ose quasiment plus critiquer le président, ni en faire un objet de satire alors qu'à un moment on avait des guignols (des marionnettes humoristiques, ndlr) pour tous les responsables de l'Etat", constate-t-il. "La chape de plomb est là et pèse lourd", déplore M. Mekki.

La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Mais depuis le coup de force en juillet 2021 du président Saied, par lequel il s'est octroyé tous les pouvoirs, plusieurs ONG et l'opposition ont déploré un recul des droits et libertés.

"Climat de peur" 

Selon l'ONG américaine Human Rights Watch, le pouvoir tunisien utilise ce décret "pour étouffer et intimider un large éventail de critiques".

Pour le professeur en science de l'information, Sadok Hammami, "ce décret-loi n'est pas du tout une réponse à la désinformation ni aux +fake news+ puisqu'il vise plus particulièrement des personnalités publiques et politiques".

"Le climat actuel décourage les professionnels des médias et instaure une atmosphère de peur, de censure et d'autocensure", selon lui.

"Aujourd'hui, les gens craignent de s'exprimer pour ne pas subir les foudres du décret 54", confirme à l'AFP Hamza Belloumi, un animateur de télévision vedette.

Son émission hebdomadaire qui dévoile des affaires de corruption ou des sujets sociaux sensibles, s'appuyait sur les témoignages de personnes "qui avaient le courage de parler, mais sont beaucoup plus réticentes aujourd'hui". "Soit elles n'acceptent pas de parler, soit elles réclament des garanties d'anonymat", regrette-t-il, soulignant avoir "énormément réduit" le nombre de reportages.

Même si "l'idée du texte était motivée par une bonne volonté, son utilisation est mauvaise. Il est devenu un instrument pour museler la parole", ajoute-t-il.

Fin février, 40 députés ont déposé une demande au Parlement pour réviser le décret mais son examen est "entravé par le président" de la Chambre, accuse le président du SNJT.

L'avocat et militant politique Ayachi Hammami, poursuivi depuis janvier en vertu du décret après une intervention radiophonique sur la situation des magistrats, déplore "une instrumentalisation des lois pour frapper fort les voix opposantes, les écarter et faire peur aux Tunisiens".

"Il est temps de réviser ce décret surtout à l'approche de la présidentielle (prévue à l'automne, ndlr) qui exige le plus grand niveau de solidarité entre les acteurs médiatiques, politiques et socio-économiques", abonde le député indépendant Mohamed Ali.

 

 


Une offensive israélienne sur Rafah «pourrait conduire à un bain de sang» selon le chef de l'OMS

Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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  • Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour «anéantir » selon lui les dernières brigades du Hamas
  • Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville

GENÈVE: Une offensive terrestre de l'armée israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, "pourrait conduire à un bain de sang", a mis en garde le chef de l'Organisation mondiale de la santé vendredi sur le réseau social X.

"L'OMS est profondément préoccupée par le fait qu'une opération militaire à grande échelle à Rafah, Gaza, pourrait conduire à un bain de sang et affaiblir davantage un système de santé déjà à genoux", écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, à propos de la ville où sont massés 1,2 million de Palestiniens venus y chercher refuge.

Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas, mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville.

Outre le coût en vies humaines, une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur des opérations humanitaires", a averti vendredi le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 

 


La Sûreté publique saoudienne publiera samedi les instructions pour obtenir le permis d’entrée à La Mecque avant la saison du Hajj

La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
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  • La Direction générale des passeports a déclaré qu’elle avait commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque
  • Tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes

RIYAD: La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d’entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Elle a par ailleurs expliqué que tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes et a indiqué que ceux qui n’obtiennent pas les permis nécessaires se verront interdire l’accès à la Ville sainte.

La Direction générale des passeports a également déclaré avoir commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque afin de simplifier les procédures d’entrée pour les résidents pendant la saison du Hajj.

Le service numérique, accessible via la plate-forme en ligne Absher et le portail Muqeem du ministère de l’Intérieur, permettra à ceux qui souhaitent obtenir un permis d’entrée de soumettre leurs documents en ligne sans avoir à se rendre en personne dans les bureaux de passeports.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com