Perspectives économiques mondiales: plus d’incertitudes économiques en vue

L’édition 2024 du Forum économique mondial (WEF), sous le thème «Reconstruire la confiance», commence ce mardi dans la station des Grisons, à Davos (Suisse), avec un agenda chargé. (AFP)
L’édition 2024 du Forum économique mondial (WEF), sous le thème «Reconstruire la confiance», commence ce mardi dans la station des Grisons, à Davos (Suisse), avec un agenda chargé. (AFP)
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

Perspectives économiques mondiales: plus d’incertitudes économiques en vue

  • Les dirigeants font face à l'année de tous les dangers, exacerbés par l’intelligence artificielle, qualifiée de «force pour l’économie et la société» selon les organisateurs
  • «Les dernières perspectives des économistes en chef mettent en évidence la nature précaire de l'environnement économique actuel»

PARIS: L’édition 2024 du Forum économique mondial (WEF), sous le thème «Reconstruire la confiance», commence ce mardi dans la station des Grisons, à Davos (Suisse), avec un agenda chargé. Les leaders mondiaux de l'économie et de la politique seront de la partie.

Les dirigeants font face à l'année de tous les dangers, exacerbés par l’intelligence artificielle (IA), qualifiée de «force pour l’économie et la société» selon les organisateurs.

Avec la guerre à Gaza, l’invasion russe de l’Ukraine, les tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan, ou encore les attaques récentes en mer Rouge, les guerres et les crises de ce monde seront au cœur des débats. Un contexte difficile auquel s’ajoutent de multiples crises liées à la désinformation, qui peut «miner la légitimité de gouvernements nouvellement élus», selon le WEF. Climat et cybersécurité seront également abordés.

Les économistes en chef, une soixantaine issus du privé et du public, se disent pessimistes quant aux perspectives économiques mondiales qui demeurent moroses et incertaines.

Alors que l'économie mondiale lutte contre des vents contraires tels que des conditions financières strictes, des dissensions géopolitiques et des avancées rapides dans l'IA générative, près de 60% des experts anticipent un recul de la situation économique mondiale, avec un degré élevé de divergence régionale. Et près de sept sur dix estiment que le rythme de la fragmentation géoéconomique va s’accélérer, selon les dernières perspectives publiées lundi par le WEF.

Selon cette enquête, deux tiers des experts estiment que les politiques industrielles créeront de nouveaux pôles de croissance, mais la majorité met en garde contre l'augmentation des tensions budgétaires et la divergence entre les économies à revenus élevés et faibles.

Ils anticipent des déclins sur le marché du travail et des difficultés financières. Toutes les régions prévoient une inflation élevée pour cette année encore, et aucune ne semble en mesure de bénéficier d'une croissance significative.

Les incertitudes liées aux conflits géopolitiques, aux conditions de financement difficiles et à l’impact perturbateur de l’IA entravent la possibilité d'une croissance économique robuste à l'échelle mondiale.

«Les dernières perspectives des économistes en chef mettent en évidence la nature précaire de l'environnement économique actuel», déclare Saadia Zahidi, directrice générale du WEF. 

«Dans un contexte d’accélération des divergences, la résilience de l’économie mondiale continuera d’être mise à l’épreuve au cours de l’année à venir. Même si l’inflation mondiale s’atténue, la croissance stagne, les conditions financières restent tendues, les tensions mondiales s’accentuent et les inégalités augmentent – ce qui souligne le besoin urgent d’une coopération mondiale pour créer une dynamique en faveur d’une croissance économique durable et inclusive.»

Variations régionales

Selon plus de 85% des économistes interrogés, l'Asie devrait obtenir des avancées modérées en termes de croissance. En revanche, ils sont moins nombreux à faire cette évaluation au sujet de la Chine et des États-Unis. Il existe un large consensus sur le fait que l’Europe ne connaîtrait qu’une croissance faible ou très faible.

Une grande majorité prévoit un assouplissement des marchés du travail (77 %) et des conditions financières (70 %) pour cette année. Bien que les anticipations en matière d'inflation aient diminué dans toutes les régions, les perspectives de croissance régionale varient considérablement et aucune région ne devrait connaître une croissance très forte en 2024.

Les tensions géopolitiques accentuent l'incertitude

Quelque sept économistes sur dix prévoient une accélération du processus de fragmentation géoéconomique cette année. La plupart d'entre eux soutiennent que la géopolitique intensifiera la volatilité dans l'économie mondiale (87%) et les marchés boursiers (80%), renforcera la localisation (86%), promouvra la formation de blocs géoéconomiques (80%) et accentuera la fracture Nord-Sud (57%) au cours des trois prochaines années.

Alors que les gouvernements expérimentent de plus en plus des outils de politique industrielle, les experts s'accordent presque à l'unanimité sur le fait que ces politiques resteront largement non coordonnées entre les pays. Bien que deux tiers des chefs économistes anticipent que les politiques industrielles favoriseront l'émergence de nouveaux centres de croissance économique et de nouvelles industries stratégiques, la majorité met également en garde contre l'augmentation des tensions budgétaires (79%) et la divergence entre les économies à revenus élevés et faibles (66%).

Mise en lumière de l'IA

Les chefs économistes s'attendent à ce que les avantages de l'IA varient considérablement selon les groupes de revenus, avec des points de vue notablement plus optimistes quant aux effets dans les économies à revenus élevés. Une forte majorité souligne que l'IA générative augmentera l'efficacité de la production (79%) et l'innovation (74%) dans les économies à revenus élevés cette année. En se projetant sur les cinq prochaines années, 94% estiment que ces avantages de productivité deviendront économiquement significatifs dans les économies à revenus élevés, contre seulement 53% pour les économies à faibles revenus.

Près des trois quarts (73%) ne prévoient pas d'impact net positif sur l'emploi dans les économies à faibles revenus, et 47% partagent la même opinion pour les économies à revenus élevés. Les avis divergent quelque peu quant à la probabilité que l'IA générative améliore les niveaux de vie et entraîne une baisse de la confiance, ces deux scénarios étant légèrement plus probables dans les marchés à revenus élevés.


France : le gouvernement échappe à la sanction de Fitch et Moody's

Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
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  • Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible
  • Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE

PARIS : Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté vendredi après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février. Mais Fitch et Moody's, deux des plus grandes agences de notation, ont laissé leurs notes inchangées.

Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible. Elle avait prévenu dès le début du mois qu'elle ne comptait pas la changer.

Moody's pour sa part n'a pas à proprement parler «réaffirmé» sa note de Aa2, avec perspective stable, un cran au-dessus de celle de Fitch, mais ne l'a pas modifiée non plus.

Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE après la Grèce et l'Italie. Le gouvernement a dû annoncer en urgence depuis février deux trains d'efforts budgétaires de 10 milliards d'euros chacun.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt «pris note» de ces nouvelles dans un bref communiqué, ajoutant que «cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République: être sous les 3% (de PIB, NDLR) de déficit en 2027».

«Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques», assure le ministre.

Dans leurs communiqués respectifs, il est clair que ni Fitch ni Moody's ne croient au retour du déficit sous les 3% en 2027, qui est une exigence de Bruxelles.

Pour Moody's cependant, la perspective pourrait s'améliorer si le gouvernement «réussit à faire adopter et à appliquer des mesures» permettant de réduire significativement la dette. Mais la perspective et la note elle-même pourraient à l'inverse se dégrader à l'avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses «pairs».

Fitch observe que la note de la France se justifie à la fois par une économie «vaste et diversifiée», des institutions «fortes et efficaces» et «une stabilité reconnue». Mais qu'en revanche, cette notation est affaiblie par les finances publiques et en particulier le niveau élevé de dette.

- «Signal positif» -

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de «haute qualité». La France a perdu en 2012 son triple A, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l'Allemagne actuellement.

«La France est dans une situation plutôt solide, les marchés lui prêtent à un taux qui n’a pas bougé malgré les mauvaises nouvelles économiques», remarquait vendredi après-midi sur franceinfo Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour lui, une dégradation aurait eu plutôt un «impact assez fort dans le débat politique» avant les élections européennes du 9 juin: ce qu'il prédisait comme un argument pour que ces agences n'abaissent pas la note de la France, afin «de ne pas jouer avec le feu dans une période électorale».

Le gouvernement aura encore à affronter le 31 mai la notation de la plus regardée des agences, S&P, qui place la France sur la même ligne que Moody's, à AA, mais avec une perspective négative, signifiant que la note pourrait baisser à moyen terme.

M. Le Maire va devoir aller défendre le Programme de Stabilité («PSTAB») et les prévisions de retour du déficit public sous 3% en 2027 qu'il contient, devant les députés lundi, puis devant les sénateurs mardi.

Le président (LFI) de la Commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel a considéré sur X que la décision des agences n'avait «aucune importance», mais «n'empêchait pas la politique budgétaire et économique du gouvernement de nous emmener dans le mur».

Le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a estimé au contraire que le maintien des notes était «un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d'année dès que le ralentissement de la croissance s'est confirmé».


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com