La marine américaine intercepte des composants perfectionnés de missiles iraniens destinés aux Houthis

Les forces de la marine américaine du Centcom ont procédé à la saisie nocturne d'un bateau transportant illégalement des moyens de soutien militaire perfectionnés en provenance d'Iran, pour réapprovisionner les Houthis. (X: @CENTCOM)
Les forces de la marine américaine du Centcom ont procédé à la saisie nocturne d'un bateau transportant illégalement des moyens de soutien militaire perfectionnés en provenance d'Iran, pour réapprovisionner les Houthis. (X: @CENTCOM)
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Publié le Mercredi 17 janvier 2024

La marine américaine intercepte des composants perfectionnés de missiles iraniens destinés aux Houthis

  • L’opération de la marine américaine a permis de saisir des composants de missiles balistiques à moyenne portée et des missiles de croisière destinés aux Houthis
  • Deux membres des Navy Seals américains qui ont participé à la mission ont disparu en mer, alors que le bateau transportant la cargaison d’armes a été détruit

AL-MOUKALLA: Mardi, la marine américaine a déclaré avoir intercepté une cargaison d'armes perfectionnées en provenance d'Iran, destinées aux Houthis, la première grande saisie de ce genre depuis le début des attaques de la milice en mer Rouge.

La saisie est intervenue après que les Houthis ont menacé de frapper tous les navires commerciaux et non commerciaux américains et britanniques, en guise de représailles aux attaques de ces deux pays contre le Yémen.

Le commandement central américain (Centcom) a déclaré le 11 janvier que les forces de la marine américaine avaient pris d'assaut un boutre –  un voilier traditionnel arabe – dans les eaux internationales de la mer d'Oman, près de la côte somalienne, qui transportait des armes perfectionnées depuis l'Iran à destination des Houthis.

L’opération a permis de saisir des systèmes de propulsion, de guidage et d’ogives pour les missiles balistiques à moyenne portée, ainsi que des missiles de croisière destinés aux Houthis, en plus de composants liés à la défense aérienne.

«La première analyse indique que ces mêmes armes ont été utilisées par les Houthis pour menacer et attaquer des marins inoffensifs à bord de navires marchands internationaux transitant par la mer Rouge», a déclaré le Centcom dans un communiqué, ajoutant qu'il s'agissait de la première capture d'armes depuis novembre, lorsque les Houthis ont lancé des assauts contre des navires dans la mer Rouge, et la première interception importante de composants perfectionnés de missiles balistiques et de missiles de croisière de fabrication iranienne depuis fin 2019.

Deux membres des Navy Seals américains qui ont participé à la mission ont disparu en mer, alors que les Marines américains ont détruit le boutre après l'avoir considéré comme dangereux, tout en arrêtant 14 membres d'équipage.

Peu de temps après que le Centcom a annoncé cette interception, le gouvernement du Yémen a accusé l’Iran de continuer à fournir des armes modernes aux Houthis, et a exigé que l’Iran soit sanctionné pour avoir enfreint le droit international.

«Encore une fois, un autre exemple de la violation manifeste par l’Iran du droit international, continuant à fournir des armes aux #Houthis. L’#Iran doit être tenu pour responsable!» a déclaré sur X l'ambassade du Yémen à Washington.

Cette annonce intervient un jour après que les Houthis ont menacé de prendre pour cible tous les navires commerciaux et non commerciaux américains et britanniques, en réponse aux attaques de ces deux pays dans les régions sous leur contrôle.

«Tous les bateaux et navires de guerre américains et britanniques impliqués dans l'attaque contre notre nation sont considérés comme des objectifs ennemis par les forces armées yéménites», a déclaré lundi Yahya Sarea, porte-parole militaire de la milice yéménite, tout en revendiquant une attaque de missiles contre un navire commercial américain, au sud-est d'Aden.

Depuis novembre, les Houthis ont saisi un navire commercial et lancé plus d’une vingtaine d’attaques de missiles et de drones contre des navires commerciaux et non commerciaux, empêchant tout navire à destination d’Israël de traverser la mer Rouge.

Les Houthis affirment que leurs frappes, ainsi que cette interdiction, visent à pousser Israël à mettre un terme à ses bombardements meurtriers, et à son siège de Gaza.

Elisabeth Kendall, experte du Moyen-Orient et directrice du Girton College de l'université de Cambridge, a indiqué à Arab News qu'en ciblant la marine américaine et les navires commerciaux, les Houthis se sont stratégiquement positionnés pour donner l'impression que leurs actions étaient une réponse aux frappes américaines, en guise de représailles.

Elle a suggéré que la croyance répandue selon laquelle les États-Unis ont aidé les Houthis à garder un moral élevé pourrait potentiellement les encourager à poursuivre leurs attaques, et qu'ils ne reculeraient probablement pas, étant convaincus que les États-Unis n'envisageaient pas une autre guerre terrestre au Moyen-Orient, en particulier en pleine année électorale.

«Les dommages que les États-Unis peuvent causer par des frappes aériennes sont limités, dans la mesure où les Houthis possèdent une grande expérience en matière de dissimulation de leurs armes parmi la population civile. Si les États-Unis tuaient des civils, la région risquerait de s’enflammer. La position des Houthis reste donc forte, peut-être même plus forte encore après les frappes aériennes américaines», a-t-elle indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.