L'efficacité de l'ONU à l’épreuve de la guerre à Gaza

Un camion transportant du carburant arborant un drapeau de l'ONU traverse Rafah dans le sud de la bande de Gaza le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
Un camion transportant du carburant arborant un drapeau de l'ONU traverse Rafah dans le sud de la bande de Gaza le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 janvier 2024

L'efficacité de l'ONU à l’épreuve de la guerre à Gaza

  • L'incapacité à garantir un cessez-le-feu et à augmenter les livraisons d'aide a mis en lumière les lacunes de l'organisation internationale, avertissent les experts
  • Les vétos américains opposés lorsque le Conseil de sécurité a tenté d’incriminer Israël sont accusés de saper la confiance dans l'organisation internationale

LONDRES: La guerre d'Israël contre le groupe militant palestinien Hamas dans la bande de Gaza, densément peuplée, a mis en évidence de profondes fractures dans le système international, ce qui amène de nombreuses personnes à se demander comment le modèle « à deux niveaux » des Nations unies peut, de manière réaliste, être à la hauteur de son prétendu objectif d'instaurer la paix mondiale.

La critique de l'ordre international de l’après 1945 ne date pas d’hier. Dans le contexte de la Palestine, d'innombrables résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies, remontant à plusieurs décennies, condamnent la conduite d'Israël dans les territoires occupés et sur lesquelles on n’a pas donné suite.

Mais avec l'impasse dans laquelle se trouvent les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – l'organe chargé de faire respecter la loi – et l'unanimité au sein de l'Assemblée générale des Nations unies sur la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat, la question de savoir si les Nations unies sont aptes à remplir leur mission est à nouveau soulevée.

Wayne Jordash, conseiller du roi au Royaume-Uni et associé directeur de Global Rights Compliance, estime qu'il est facile de rejeter les résolutions de l'ONU comme manquant d'efficacité et de mordant, et dans le contexte de Gaza, il y a clairement un manque de consensus au sein du Conseil de sécurité autour d'un cessez-le-feu.

« Malheureusement, une évaluation similaire pourrait être faite pour le Tigré et l'Éthiopie et pendant les premières années de la guerre en Syrie », a-t-il déclaré à Arab News.

Une jeune fille palestinienne cherche des objets récupérables dans les décombres de la banlieue sud de Khan Younès, dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, le 16 janvier 2024 (Photo, AFP).

Dag Hammarskjold, diplomate suédois et secrétaire général des Nations unies de 1953 à 1961, a déclaré un jour que « les Nations unies n'ont pas été créées pour nous amener au paradis, mais pour nous sauver de l'enfer ». Plus de 60 ans plus tard, cette affirmation semble toujours d'actualité.

Omer Bartov, professeur d'études sur l'Holocauste et les génocides à l'université Brown à Rhode Island, a déclaré à Arab News que, si l'on avait le choix, « il est préférable d'avoir un forum international pour les États que de ne pas en avoir ».

Pour la population palestinienne de la bande de Gaza, qui subit depuis des mois les bombardements israéliens et des contrôles stricts sur l'acheminement de l'aide humanitaire, les commentaires de Bartov ne sont guère rassurants.

EN CHIFFRES

Plus de 25 000 Palestiniens tués dans les combats à Gaza à ce jour

Plus de 2 millions de Palestiniens déplacés à Gaza depuis le 7 octobre

1 300 personnes tuées lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre à Gaza

Environ 240 personnes prises en otage à Gaza

Emily Crawford, professeure à la faculté de droit de l'université de Sydney, estime que l'absence de réponse immédiate résultant des résolutions des Nations unies est souvent interprétée comme de l'inaction ou de la paralysie.

« Certaines résolutions sont absolument efficaces. Le problème, c'est qu'elles prennent du temps et qu'un principe énoncé dans une résolution peut prendre des années avant d'être accepté comme une loi internationale contraignante et que les États s'y conforment », a signalé Mme Crawford à Arab News.

« Malheureusement, en temps de guerre, les victimes n'ont pas le luxe d'attendre qu'une résolution se concrétise dans le droit international », a-t-elle ajouté.

Une femme palestinienne embrasse un garçon blessé alors qu'ils inspectent les décombres d'un bâtiment après un bombardement israélien, le 18 janvier 2024 à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (Photo, AFP).

Louis Charbonneau, directeur ONU à Human Rights Watch, a exhorté les États membres à utiliser tous les moyens de pression disponibles afin de garantir le respect de la résolution, mais il reste conscient que les autorités israéliennes ignorent à la fois l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Cette résistance s'est manifestée dans les propos du Premier ministre israélien, au lendemain de la présentation de la défense de son pays dans l'affaire de génocide intentée contre lui par l'Afrique du Sud devant la plus haute juridiction de l'ONU, la Cour internationale de justice.

« Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'Axe du Mal (en référence à l'Iran et à ses milices mandataires), ni personne d'autre. Il est possible et nécessaire de continuer jusqu'à la victoire et nous le ferons », a déclaré Benjamin Netanyahou.

En outre, les organisations humanitaires continuent de dénoncer ce qu'elles considèrent comme des blocages délibérés par l'armée israélienne de la livraison de nourriture et de médicaments, au mépris d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies datant du 22 décembre 2023.

« Les autorités israéliennes continuent d'entraver l'entrée de nourriture, d'eau, de médicaments et d'autres produits essentiels à Gaza et rendent extrêmement difficile et dangereux l'accès de cette aide à toutes les zones de Gaza », a indiqué M. Charbonneau à Arab News.

« Le gouvernement israélien utilise la famine comme arme de guerre, ce qui constitue un crime de guerre. Les groupes armés palestiniens continuent de tirer aveuglément des roquettes sur des zones civiles en Israël, ce qui constitue également un crime de guerre », a-t-il ajouté.

Les résultats du vote lors d'une réunion de l'Assemblée générale de l'ONU pour voter sur une résolution non contraignante exigeant «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» à Gaza, le 12 décembre 2023 (Photo, AFP).

À certains égards, comprendre l'efficacité des Nations unies à travers le prisme du conflit israélo-palestinien peut s'avérer contre-productive.

Meir Javedanfar, maître de conférences à l'université israélienne Reichman, estime qu'il est important de discerner la manière dont les parties impliquées influencent la réponse des Nations unies.

De même, il est important de comprendre les deux branches de l'ONU puisque l'Assemblée générale est considérée comme offrant une vision internationale consensuelle, tous les États membres ayant le droit de vote.

Parallèlement, le Conseil de sécurité préside l'organe d'exécution des Nations unies et se compose de 15 membres, dont cinq membres permanents : la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui, grâce à leur droit de veto, peuvent bloquer les résolutions.

M. Javedanfar affirme que l'utilisation de son droit de veto par Washington au Conseil de sécurité n'avait pas pour but d'engendrer ou d’indiquer un quelconque soutien à la souffrance palestinienne.

« Les États-Unis n'utilisent pas leur droit de veto parce qu'ils veulent que les Palestiniens meurent de faim. Il ne serait pas dans leur intérêt que cela se produise. Ils opposent leur veto parce qu'ils voient bien qu'il ne s'agit pas seulement de pousser Israël à autoriser davantage d'aide humanitaire », a-t-il précisé à Arab News.

« Il s'agit du fait que le Hamas, de l'autre côté, vole de la nourriture et du carburant et inspecte toute l'aide humanitaire. L'ONU n'est qu'une partie du problème. Il s'agit également des deux parties impliquées », a-t-il ajouté.

Des camions transportant de l'aide humanitaire attendent d'entrer dans la partie palestinienne de Rafah, à la frontière égyptienne avec la bande de Gaza, le 11 décembre 2023 (Photo, AFP).

Certains estiment que l'incapacité de l'Assemblée générale à imposer ses décisions révèle ses lacunes.

Ziad Asali, fondateur de l'organisation à but non lucratif American Task Force on Palestine, affirme que sans outils militaires ou politiques pour faire appliquer les décisions, l'Assemblée générale serait toujours dépendante des États concernés.

Toutefois, comme le souligne Emily Crawford, cela n'a jamais été l'objectif de l'Assemblée générale. « Comment évaluer l'efficacité d'un instrument qui n'a jamais été conçu pour avoir une force contraignante ? »

Étant donné que le Conseil de sécurité des Nations unies a le pouvoir d'imposer le respect des règles par le recours à la force, une question a été régulièrement soulevée au cours du conflit de Gaza : pourquoi n'a-t-il pas agi de la sorte ?

En effet, un mois après l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 décembre, les livraisons d'aide à Gaza n'ont toujours pas été accélérées.

« Il a toujours été clair que la résolution adoptée le mois dernier ne serait mise en œuvre que si les États-Unis insistaient pour qu'elle le soit », a souligné M. Charbonneau.

« Il appartient donc aux États-Unis, qui ont travaillé dur pour diluer la résolution lors des négociations sur le texte, d'user de leur influence considérable pour s'assurer qu'Israël respecte ses obligations », a-t-il indiqué.

Une photo prise depuis le sud d'Israël montre des bâtiments détruits dans la bande de Gaza, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).

M. Bartov, de l'université Brown, estime que l'empressement avec lequel les États-Unis ont utilisé leur droit de veto lorsque le Conseil de sécurité a cherché à réprimander Israël a eu un effet prononcé sur la communauté internationale et pourrait avoir des conséquences sur la composition des Nations unies à long terme.

Selon lui, la pression monte sur les Nations unies pour qu'elles annulent le droit de veto ou pour que les États-Unis changent de politique.

« Les États-Unis indiquent clairement qu'ils n'opposeront pas leur veto aux résolutions concernant Israël sans un changement de la politique israélienne », a-t-il signalé. « Et la catastrophe humanitaire à Gaza fait qu'il est de plus en plus difficile pour les Nations unies de ne pas discuter, dénoncer et agir contre les politiques israéliennes à Gaza », a-t-il jugé.

Une femme transporte des cartons pour faire du feu à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 janvier 2024 (Photo, AFP).

Malgré les problèmes de l'ONU, M. Jordash, le conseiller du roi, estime que les résolutions permettent aux États membres de rester engagés sur une question, ce qui pourrait donner un élan supplémentaire aux États qui ne s'y conforment pas.

Par exemple, les États qui ne respectent pas les règles pourraient voir leur réputation ternie ou être soumis à des sanctions.

De même, M. Charbonneau estime que l'on ne saurait trop insister sur la nécessité pour les membres de continuer à « utiliser tous leurs moyens de pression sur les gouvernements réticents ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.