Le débat sur l'avenir de la bande de Gaza

Les Palestiniens se tiennent au milieu des décombres d'une mosquée et des bâtiments qui se sont effondrés pendant les bombardements israéliens autour de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 janvier 2024, au milieu des batailles en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP).
Les Palestiniens se tiennent au milieu des décombres d'une mosquée et des bâtiments qui se sont effondrés pendant les bombardements israéliens autour de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 janvier 2024, au milieu des batailles en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP).
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Publié le Jeudi 25 janvier 2024

Le débat sur l'avenir de la bande de Gaza

Le débat sur l'avenir de la bande de Gaza
  • L’Autorité palestinienne estime que l’avenir de la bande de Gaza doit être déterminé par le peuple palestinien, et non par Israël
  • À ce jour, aucune des deux parties n’a de plan clair pour l’avenir de Gaza. Ce seul fait peut prolonger la durée de la guerre

Le lendemain de la guerre est la principale préoccupation de tous les milieux politiques en Israël et chez ses alliés occidentaux, mais aussi dans de nombreux pays arabes. Plusieurs scénarios circulent sur cette question. Tous tournent autour du fait que les mouvements et les organisations illégitimes ne devraient pas être autorisés à jouer un rôle dans l’administration de la bande de Gaza.

L’Autorité palestinienne estime que l’avenir de la bande de Gaza doit être déterminé par le peuple palestinien, et non par Israël.

Les indicateurs suggèrent qu’il existe d’importantes divergences d’opinion entre Israël et d’autres parties concernées par le sort de Gaza, en particulier les États-Unis et les pays arabes qui ont des liens avec Gaza, comme l’Égypte, ou qui possèdent des responsabilités en tant que puissances régionales, comme les Émirats arabes unis (EAU), l’Arabie saoudite et la Jordanie.

Il s’agit d’un désaccord naturel dans de telles circonstances, car chaque partie a ses priorités stratégiques pour la sécurité régionale et la stabilité des parties arabes ou la sécurité d’Israël telle que la perçoit le gouvernement Netanyahou. Ce dernier exprime des points de vue différents, qui vont du maintien à Gaza et de la reprise du contrôle de la sécurité sous un gouvernement technocratique et une administration civile arabe conjointe à des demandes choquantes d’expulsion des Palestiniens de Gaza.

Ces exigences radicales ne sont pas de nature à servir les intérêts du peuple israélien à court et à long terme, sans parler de la difficulté de les réaliser ni de leur impact négatif sur les relations d’Israël avec les pays arabes qui recherchent des solutions fondées sur la coexistence, la modération, la sécurité et la stabilité.

La capacité d’Israël à construire son avenir et à revenir progressivement aux conditions d’avant le 7 octobre dépend sans doute en grande partie de la recherche d’un terrain d’entente avec les capitales arabes modérées. Ces capitales ne doivent pas être embarrassées par leur responsabilité historique à l’égard du peuple palestinien. Tout le monde sait combien grande est la sympathie des États arabes et islamiques pour les souffrances des civils palestiniens innocents.

C’est pourquoi les perspectives des principales parties arabes telles que l’Arabie saoudite, les EAU, l’Égypte et la Jordanie doivent être prises en compte lors de la préparation du scénario du lendemain de la guerre. Tout gouvernement israélien doit comprendre que tout le monde est dans le même bateau dans cette crise et que la sécurité d’Israël fait partie de la sécurité globale de la région. Cela ne peut se faire que si les points de vue et les visions des parties arabes sont pris en compte afin de parvenir à la stabilité.

De cette façon, ces partis peuvent contribuer efficacement à surmonter cette étape dès que possible afin d’être efficaces et de réussir non seulement pour la stabilité, mais aussi pour l’éradication des idéologies extrémistes et le fait de convaincre la population de Gaza de se détourner de ces idées.

Il est indéniable qu’une partie essentielle de la construction de l’avenir de Gaza et de l’établissement de la sécurité et de la stabilité à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza dépend du rôle de l’Autorité palestinienne. Cette dernière ne doit pas se contenter de ceux qui sont contre, de ceux qui rejettent et de ceux qui évaluent les propositions avec étroitesse d’esprit. Il est nécessaire de s’abstenir de slogans irréalistes et de comprendre les données de la phase actuelle du conflit israélo-palestinien d’une manière qui réponde aux besoins du peuple palestinien, aux résultats de l’environnement régional et international actuel et à la situation des factions et des organisations palestiniennes.

Tout cela nécessite une réflexion historique, des discussions internes approfondies et des décisions qui donnent la priorité aux intérêts du peuple palestinien, qui souffre à Gaza et en Cisjordanie et paie au prix fort le chaos, les divisions ainsi que les conflits politiques, factionnels et personnels.

Il ne s’agit pas seulement d’une exigence supplémentaire pour parvenir à une vision sûre de l’après-guerre, mais d’une pierre angulaire pour y parvenir. Il n’y a pas de place pour le football politique au détriment de tout le sang versé par des décisions impulsives et des actions irréfléchies qui ont mis en péril le sort de la cause palestinienne pour une période longue et sans précédent.

À ce jour, aucune des deux parties n’a de plan clair pour l’avenir de Gaza. Ce seul fait peut prolonger la durée de la guerre. Nous pensons que plus vite tout le monde parviendra à des accords et à des ententes lors de la prochaine étape, plus fort sera le résultat, qui servira de catalyseur pour mettre fin aux opérations militaires et passer à la politique.

Les sondages effectués dans les zones contrôlées par l’Autorité palestinienne montrent un soutien remarquable au mouvement Hamas. Je suis convaincu que ce soutien n’est pas nécessairement lié à l’idéologie du mouvement, mais qu’il reflète une sympathie temporaire. L’aspect crucial est le rejet de l’Autorité palestinienne, de ses politiques et de ses dirigeants.

Ceux qui en doutent devraient lire attentivement les résultats des sondages des institutions palestiniennes, car ils contiennent des indicateurs qui enrichissent une grande partie de l’analyse. Ils suggèrent tous qu’un changement est nécessaire de toute urgence et qu’il est crucial de donner la priorité aux intérêts supérieurs et d’écouter les faits.

Le fait le plus important est qu’il existe un besoin urgent d’une nouvelle direction palestinienne autour de laquelle le peuple palestinien peut se rallier. La nécessité de ce sang neuf constitue une exigence fondamentale et un élément central de toute solution politique, quels qu’en soient la forme et les détails. Les Palestiniens eux-mêmes doivent détenir la clé de leur situation.

Salem AlKetbi est un politologue émirati et ancien candidat au Conseil national fédéral.

X : @salemalketbieng

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français