Israël veut que l'Unrwa n'ait plus aucun rôle à Gaza après la guerre

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz (Photo, AFP).
Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 28 janvier 2024

Israël veut que l'Unrwa n'ait plus aucun rôle à Gaza après la guerre

  • Le gouvernement veut «s'assurer que l'Unrwa ne fera pas partie» de la solution dans le territoire palestinien
  • Washington a suspendu «temporairement» tout financement additionnel à l'agence onusienne

JÉRUSALEM: L'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), déstabilisée par une polémique liée à l'attaque du 7 octobre, est un acteur essentiel pour des millions de Palestiniens depuis sa mise en place en 1949.

Critiquée de longue date par Israël, l'agence financée quasiment entièrement par des contributions volontaires des Etats doit aujourd'hui enquêter sur le rôle de certains de ses employés dans l'attaque menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.

Intervenant essentiel

L'Unrwa est établie fin décembre 1949 par l'Assemblée générale de l'ONU après le premier conflit arabo-israélien qui éclate au lendemain de la création d'Israël, en mai 1948.

L'agence a pour mandat de fournir une assistance humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans la zone d'opérations de l'Agence, "dans l'attente d'une solution juste et durable à leur situation".

Plus de 700.000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs terres entre avril et août 1948 au moment de la création d'Israël, selon l'ONU. Ces personnes, ainsi que leurs descendants, ont le statut de réfugiés.

L'Unrwa devient le seul garant par défaut de leur statut international.

Elle intervient dans les territoires palestiniens mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Quelque 5,9 millions de Palestiniens sont enregistrés auprès de l'Unrwa et peuvent bénéficier de services qui englobent éducation, soins de santé, services sociaux, infrastructures des camps, microfinance et aide d'urgence, y compris en période de conflit armé.

Il existe au total une soixantaine de camps de réfugiés gérés par l'agence onusienne, dont 19 en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Plus de 540.000 enfants étudient dans les écoles de l'Unrwa.

L'Unrwa à Gaza

Dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, la situation humanitaire était déjà critique avant le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste.

Selon des données de l'ONU datant d'août dernier, 63 % des habitants souffraient alors d'insécurité alimentaire et dépendaient de l'aide internationale. Plus de 80% vivaient sous le seuil de pauvreté.

Le petit territoire, coincé entre Israël, mer Méditerranée et Egypte, compte huit camps et environ 1,7 million de réfugiés, soit l'écrasante majorité de la population, selon l'ONU.

L'Unrwa a «besoin de soutien», pas qu'«on lui coupe» les vivres

L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a besoin d'"un soutien maximal" et "non qu'on lui coupe soutien et assistance", a indiqué samedi sur X le ministre des Affaires civiles palestinien Hussein al-Cheikh.

"Nous appelons les pays qui ont annoncé la cessation de leur soutien à l'Unrwa à revenir immédiatement sur leur décision, qui implique des risques graves" pour l'assistance humanitaire, alors que la guerre fait rage entre Israël et le Hamas à Gaza, a ajouté M. Cheikh, également secrétaire général du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

La population totale de Gaza compte environ 2,4 millions de personnes.

Sur les 30.000 personnes employées par l'agence, 13.000 officient dans la bande de Gaza, réparties dans plus de 300 installations sur un territoire de 365 km2, selon le site de l'organisation.

La crise de 2018 
En 2018, les Etats-Unis de Donald Trump, premier contributeur de l'Unrwa, ont mis fin à leur aide financière annuelle de 300 millions de dollars (270 millions d'euros).

Israël, qui avait salué la décision américaine, accuse l'organisation de "perpétuer le conflit" israélo-palestinien en entretenant l'idée --à laquelle il s'oppose-- que de nombreux Palestiniens sont des réfugiés dotés du droit au retour sur les terres.

Les Palestiniens soulignent de leur côté que les Etats-Unis versent plus de trois milliards de dollars d'aide militaire annuelle à Israël.

En mai 2019, le conseiller du président américain Donald Trump pour le Proche-Orient avait demandé la fin de l'Unrwa, l'accusant d'avoir "failli à sa mission".

L'Agence avait répondu qu'elle ne pouvait être tenue responsable de l'impasse du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Washington a repris ses versements à partir de 2021, après l'élection du président Joe Biden.

Attaque du 7 octobre 

Vendredi, l'Unwra s'est séparée de plusieurs employés (douze selon les Etats-Unis) accusés d'être impliqués dans l'attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

Les faits reprochés n'ont pas été précisés et une enquête a été ouverte.

Israël a déclaré samedi ne plus vouloir que l'agence onusienne joue le moindre rôle à Gaza après la guerre. Washington a suspendu "temporairement" tout financement additionnel à l'agence onusienne, suivie samedi par plusieurs autres pays donateurs.

En 2022, les fonds provenant du budget ordinaire des Nations unies et les contributions d'autres entités onusiennes s'élevaient à 44,6 millions de dollars.

Les cinq principaux donateurs sont, dans l'ordre, les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Union européenne, la Suède et la Norvège. Figurent aussi notamment la Turquie, l'Arabie saoudite, le Japon et la Suisse.

Son chef Philippe Lazzarini a jugé "choquant de voir la suspension des fonds en réaction à des allégations contre un petit groupe d'employés", compte tenu des mesures déjà prises et du rôle de l'agence dont "dépendent 2 millions de personnes pour leur simple survie".

"M. Lazzarini, démissionnez s'il vous plaît", a écrit le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz sur le réseau social X samedi soir, en réponse à une publication du chef de l'Unrwa avertissant que l'arrêt des financements allait conduire à l'arrêt des opérations de l'agence onusienne.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.