Combats à Gaza malgré les espoirs de nouvelle trêve

Cette photo prise depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, montre de la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments de Khan Younès lors des bombardements israéliens le 1er février 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, montre de la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments de Khan Younès lors des bombardements israéliens le 1er février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 février 2024

Combats à Gaza malgré les espoirs de nouvelle trêve

  • Dans la nuit de jeudi à vendredi, des témoins palestiniens ont fait état de raids israéliens dans le centre et le sud de la bande de Gaza, notamment dans le secteur de Khan Younès
  • En parallèle de ces combats au sol, la diplomatie s'active en coulisses pour tenter d'imposer une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine en novembre dernier

TEL-AVIV: Les combats entre l'armée israélienne et le Hamas palestinien font toujours rage vendredi dans la bande de Gaza en dépit de "premiers" signes laissant entrevoir une nouvelle trêve et la libération d'otages, après bientôt quatre mois de guerre.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des témoins palestiniens ont fait état de raids israéliens dans le centre et le sud de la bande de Gaza, notamment dans le secteur de Khan Younès, deuxième ville du territoire où se concentrent ces dernières semaines les opérations israéliennes.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, s'est d'ailleurs rendu sur place jeudi pour y rencontrer des soldats à l'heure où des responsables locaux font état de combats à proximité des hôpitaux Nasser et al-Amal et l'ONU de dizaines de milliers de Palestiniens chassés par les violences.

"Cette guerre exige une résilience et une détermination nationales et nous devons persévérer jusqu'à l'achèvement de nos missions. Et c'est beaucoup plus difficile pour le Hamas", a-t-il déclaré sur place. "Le Hamas compte 10.000 terroristes morts et 10.000 autres blessés qui sont hors de combat, un coup dur porté à leur capacité", a-t-il ajouté.

En parallèle de ces combats au sol, la diplomatie s'active en coulisses pour tenter d'imposer une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine en novembre dernier et qui avait permis la libération d'une centaine d'otages retenus à Gaza et de près de 300 Palestiniens écroués en Israël.

D'ici deux semaines?

A l'issue d'une réunion ces derniers jours à Paris, entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris, une nouvelle proposition de trêve a été présentée à la direction du Hamas dont le chef Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, est attendu en Egypte.

Selon une source du Hamas, la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer entre 200 et 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire palestinien.

Cette proposition a été "approuvée par la partie israélienne", a déclaré jeudi le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari. "Nous avons maintenant une première confirmation positive de la part du Hamas", a-t-il affirmé, disant espérer que "dans les deux prochaines semaines, nous serons en mesure de partager de bonnes nouvelles à ce sujet".

Une source proche du Hamas à Gaza a toutefois déclaré à l'AFP qu'il n'y avait toujours pas de consensus sur la proposition, au programme des discussions de M. Haniyeh en Egypte, et que la déclaration du Qatar était "précipitée et fausse".

Otages, puis le Hamas

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est à la fois sous pression des familles d'otages pour parvenir à un accord et de ministres qui menacent de quitter le gouvernement en cas d'accord trop généreux selon eux à l'égard des Palestiniens.

Jeudi soir, des manifestants se sont réunis dans la métropole israélienne Tel-Aviv pour exiger un accord permettant la libération des otages.

"Le seul moyen est de conclure un accord", a déclaré sur place Moran Zer Katzenstein, 41 ans. "Je continue de penser qu'après cela, nous aurons le temps de nous occuper du Hamas et de le retirer de la gestion et de la direction de Gaza (...) mais il faut d'abord s'occuper des otages".

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a fait environ 1.163 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels.

Selon les autorités israéliennes, 132 otages restent détenus à Gaza. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l'armée.

En riposte à cette attaque, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une vaste offensive militaire qui a fait 27.019 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

La Belgique convoque l'ambassadrice d'Israël après des frappes sur ses bureaux à Gaza

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi avoir convoqué l'ambassadrice d'Israël en Belgique après des frappes ayant "détruit" les bureaux de l'agence belge de développement dans la bande de Gaza.

"Les bureaux d'Enabel, l'agence belge de développement, à Gaza ont été bombardés et détruits. Viser des bâtiments civils est inacceptable (...), nous convoquons l'ambassadrice d'Israël pour faire toute la clarté", a déclaré sur X (ex-Twitter) la ministre belge, disant agir de pair avec la ministre du Développement Caroline Gennez.

Le directeur d'Enabel Jean Van Wetter a précisé sur X que les bureaux de l'agence à Gaza avaient été "complètement détruits hier dans un bombardement".

"Nous sommes tous choqués à Enabel. A titre d'agence gouvernementale œuvrant pour le bien commun dans le cadre du droit humanitaire international, nous ne pouvons accepter cela", a-t-il écrit, en postant deux photos, l'une de l'édifice où sont situés les bureaux de l'agence avant le bombardement présumé, et l'autre d'un tas de gravats.

Tensions Israël-Occident?

La guerre à Gaza a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée et à l'échelle régionale, entre d'un côté Israël et ses alliés et de l'autre l'Iran et son "axe de la résistance" qui inclut, outre le Hamas, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes et les Houthis yéménites.

Allié clé d'Israël, les Etats-Unis ont annoncé jeudi de rares sanctions visant des colons israéliens extrémistes accusés de violences à l'encontre de Palestiniens en Cisjordanie, le président Joe Biden dénonçant une situation "intolérable".

"Ces actions (de certains colons en Cisjordanie) compromettent les objectifs de la politique étrangère des Etats-Unis, y compris celui d'une solution à deux Etats" israélien et palestinien, et représentent à ce titre "une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis", a écrit M. Biden dans un décret.

En réaction, et à l'heure où les médiateurs du Qatar et de l'Egypte tentent de convaincre le Hamas de s'engager dans une trêve, Israël a estimé qu'il n'y avait "pas de place pour des mesures exceptionnelles" contre les colons israéliens.


Israël reprend ses attaques contre les bastions du Hezbollah au sud et au nord du fleuve Litani

L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
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  • Nawaf Salam : « Comment est-il possible qu’Israël continue à pratiquer l’intimidation et les attaques ? »
  • Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessation des hostilités »

BEYROUTH : L’armée israélienne a lancé jeudi soir une série de frappes aériennes visant des zones situées au sud et au nord du fleuve Litani, après avoir émis des avertissements urgents demandant aux habitants de s’éloigner de six sites désignés.

Cette tactique rappelle celle employée lors de la guerre israélienne contre le Hezbollah commencée en octobre 2023, et qui s’est conclue par un accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024.

Les frappes ont ciblé les environs de la ville de Dibbin ainsi que trois localités à Mays Al-Jabal. Des rapports initiaux indiquent qu’un ressortissant syrien aurait été blessé. Une maison à Kfar Tibnit a également été visée.

Une seconde vague de frappes a touché la région du district de Tyr, notamment Burj Qalāya et Al-Shahabīya.

« Le timing de ces attaques est significatif, car il coïncide avec les préparatifs du Hezbollah pour commémorer le premier anniversaire des assassinats de ses deux secrétaires généraux, Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine », a déclaré une source sécuritaire libanaise au Arab News. « C’est une manière pour Israël de rappeler au parti qu’il reste une cible. »

La source s’attend à une intensification des attaques israéliennes à l’approche du 27 septembre, date marquant un an depuis la mort de Nasrallah.

Le Premier ministre Nawaf Salam a été informé des menaces israéliennes, puis des attaques, lors d’une session du Cabinet. Il a déclaré : « La position du gouvernement libanais reste l’engagement envers la cessation des hostilités et la participation aux réunions du mécanisme. »

Il a poursuivi : « La question légitime aujourd’hui est : Où est l’engagement d’Israël envers ces mécanismes ?
Comment est-il possible de continuer à pratiquer l’intimidation et les attaques alors que ces réunions sont censées garantir la mise en œuvre complète de la Résolution 1701 et la cessation des hostilités ? »

Le Cabinet a appelé la communauté internationale — en particulier les signataires de l’accord de cessation des hostilités — à exercer une pression maximale sur Israël pour qu’il cesse immédiatement ses attaques et reprenne les négociations diplomatiques. En vertu des termes de l’accord et du mécanisme de surveillance, Israël s’était engagé à plusieurs obligations, dont le retrait des territoires libanais occupés, la fin des attaques, et la libération des prisonniers.

L’armée israélienne a confirmé les frappes au Liban dans un communiqué, affirmant avoir visé « des cibles militaires appartenant au Hezbollah ».

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux affirmant que ces frappes étaient « en réponse aux tentatives interdites du Hezbollah de reconstruire ses activités dans la région ».

Avant les frappes, Adraee s’est adressé aux habitants des zones ciblées : « Vous vous trouvez dans des bâtiments utilisés par le groupe terroriste Hezbollah. Pour votre propre sécurité, vous devez quitter immédiatement ces bâtiments ainsi que ceux qui les entourent et vous éloigner d’au moins 500 mètres. Rester sur place vous expose à un danger mortel. »

La route de Kfar Tibnit-Nabatiyeh Al-Fawqa a été fortement embouteillée en direction de Nabatiyeh et des villes voisines, en raison du déplacement de résidents menacés. L’accès à Kfar Tibnit a été fermé pour des raisons de sécurité publique.

L’armée israélienne a également ciblé la région de Baalbek dans la nuit de mercredi, tuant Hussein Saifo Sharif et blessant plusieurs autres personnes. L’armée israélienne affirme que Sharif était « un important trafiquant d’armes opérant depuis le Liban et fournissant des cellules en Syrie planifiant des attaques contre Israël ». Elle ajoute : « Ses activités constituent une violation des accords entre Israël et le Liban. »

Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord… y compris des lancers de cocktails Molotov et le bombardement de maisons. »

Il a précisé que les attaques de jeudi « sur les villages du sud et les civils dans des zones peuplées ont fait des morts et des blessés », et a mis en garde : « Ces attaques et violations entravent le déploiement de l’armée dans le sud, et leur poursuite compromettra la mise en œuvre de son plan, à partir de la zone située au sud du Litani. »

Il a ajouté que « le Commandement de l’armée surveille ces violations en coordination avec le Comité de surveillance de la cessation des hostilités et les forces de la FINUL ».

Le commandement a également révélé qu’au cours des « opérations de surveillance technique dans les régions du sud, une unité militaire spécialisée a découvert et démantelé un dispositif d’espionnage camouflé installé par l’ennemi israélien dans la zone de Labbouné-Tyr ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.