Gaza: l'Espagne et l'Irlande veulent que l'UE accroisse la pression sur Israël

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (à gauche) s'entretient avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar avant le début du sommet des dirigeants de l'UE au siège du Conseil européen à Bruxelles, le 26 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (à gauche) s'entretient avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar avant le début du sommet des dirigeants de l'UE au siège du Conseil européen à Bruxelles, le 26 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 février 2024

Gaza: l'Espagne et l'Irlande veulent que l'UE accroisse la pression sur Israël

  • C'est la première fois que des membres de l'UE font une telle démarche, illustrant le malaise des Européens face au conflit à Gaza et à leur impuissance à le stopper
  • Par cette démarche, les gouvernements espagnol et irlandais confirment aussi leur position très en pointe au sein de l'UE sur le conflit israélo-palestinien

MADRID: Confirmant l'opposition grandissante suscitée par l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, l'Espagne et l'Irlande ont demandé conjointement mercredi à la Commission européenne d'examiner le respect par Israël des droits humains, semblant même évoquer la possibilité de sanctions.

C'est la première fois que des membres de l'UE font une telle démarche, illustrant le malaise des Européens face au conflit à Gaza et à leur impuissance à le stopper, surtout depuis l'annonce par Israël d'une prochaine offensive sur Rafah, ville située dans l'extrême sud de ce territoire et qui abriterait actuellement quelque 1,4 million de Palestiniens.

Par cette démarche, les gouvernements espagnol et irlandais confirment aussi leur position très en pointe au sein de l'UE sur le conflit israélo-palestinien.

Des déclarations critiques l'an dernier du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez avaient déjà provoqué une crise diplomatique avec Israël, qui avait rappelé son ambassadrice à Madrid pour consultations. Elle a depuis repris son poste, mais les relations restent tendues.

Dans leur lettre conjointe à la Commission européenne, M. Sánchez et son homologue irlandais, Leo Varadkar, demandent à l'organe exécutif de l'UE d'agir "de manière urgente" pour vérifier si Israël respecte "les points essentiels" de l'accord d'association qui l'unit à l'UE "en matière de droits humains et de principes démocratiques".

Dans le cas contraire, les deux chefs de gouvernement proposent que le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 "prenne les mesures adéquates", sans préciser leur nature et sans prononcer le mot de sanctions.

La menace n'est toutefois pas anodine compte tenu de l'importance de cet accord d'association, signé en 1995 à Bruxelles et entré en vigueur cinq ans plus tard, qui sert de cadre aux relations, notamment commerciales, entre les deux parties.

A Bruxelles, une porte-parole de la Commission a confirmé la réception de cette lettre.

«Le leader qui est allé le plus loin»

Le conflit à Gaza a été déclenché par l'attaque le 7 octobre de commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a provoqué la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En outre, le Hamas avait enlevé quelque 250 personnes. Sur ce total, 130 sont encore otages dans la bande de Gaza, dont 29 seraient morts.

La riposte militaire d'Israël a fait à la date de mercredi 28.576 morts, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien. Le Hamas ne précise pas le nombre de ses combattants tués par Israël ni s'ils sont inclus dans le nombre total des victimes.

Dans des déclarations mercredi à la presse, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a affirmé de manière "catégorique" que "depuis le 7 octobre, aucune licence pour l'exportation d'armement à Israël n'a été approuvée" par le gouvernement de gauche espagnol.

"Et tant que durera cette situation de conflit, aucune licence d'exportation d'armement ne sera autorisée", a-t-il poursuivi.

Commentant la lettre de MM. Sánchez et Varadkar à la Commission européenne, M. Albares, qui a parlé de "près de 30.000 civils palestiniens innocents morts", a affirmé que le chef du gouvernement espagnol était "le leader qui est allé le plus loin dans la défense des droits humains, du droit international humanitaire et surtout de la population civile palestinienne".

«L'Espagne peut faire plus»

Ces propos étaient clairement destinés au partenaire du Parti socialiste de M. Sánchez au sein du gouvernement espagnol, une formation de gauche radicale, Sumar, qui accuse le Premier ministre de ne pas en faire assez pour défendre les Palestiniens.

"Je pense que l'Espagne peut faire plus", a ainsi affirmé mercredi la leader de Sumar, Yolanda Díaz, ministre du Travail et numéro trois du gouvernement, ajoutant qu'exhorter la Commission européenne à agir "ne suffit pas".

Elle a annoncé qu'elle allait se rendre, à une date non précisée, "en Palestine", en l'occurrence en Cisjordanie, à l'invitation de son homologue, membre du gouvernement de l'Autorité palestinienne. "Nous allons dénoncer la barbarie qui se déroule là-bas et exiger un cessez-le-feu", a-t-elle dit à la presse.

Interrogé à ce sujet, M. Albares a précisé que le gouvernement n'avait rien à voir avec ce voyage, qui relève donc de la seule initiative de Sumar.

Depuis son arrivée au pouvoir, M. Sánchez a constamment été confronté à la surenchère de ses alliés de la gauche radicale, notamment en politique étrangère.


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com