L’IA a dominé bien plus que les discussions du Sommet mondial des gouvernements

Le sultan Al-Olama des Émirats arabes unis et le PDG de NVIDIA, Jensen Huang, discutent des avancées en matière d'architecture informatique. (Photo fournie)
Le sultan Al-Olama des Émirats arabes unis et le PDG de NVIDIA, Jensen Huang, discutent des avancées en matière d'architecture informatique. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 15 février 2024

L’IA a dominé bien plus que les discussions du Sommet mondial des gouvernements

L’IA a dominé bien plus que les discussions du Sommet mondial des gouvernements
  • À l’heure actuelle, nous, les Arabes, sommes bien placés pour être au cœur de la révolution de l’IA
  • Le besoin d’un journalisme professionnel de haute qualité n'a jamais été aussi pressant

Alors que le Sommet mondial des gouvernements (WGS) s’est achevé mercredi à Dubaï, après que les différents forums ont passé près de trois jours à se pencher sur un programme exhaustif, il a été largement reconnu qu’un thème d’actualité a dominé la plupart des discussions, depuis le lever de rideau jusqu’aux allocutions de clôture: l’intelligence artificielle (IA).

Cela ne devrait pas être surprenant. Comme nous l’apprenons chaque jour depuis l’année dernière, l’IA n’est pas, et ne sera jamais, un sujet isolé: elle va influencer tous les aspects de notre vie. Comme l’a affirmé un haut responsable émirati, l’IA aura sur nous le même impact que l’invention de la roue, avec tant d’applications déjà utilisées et tant de territoires inexplorés: de la guérison des cancers à l’exploration spatiale, en passant par une meilleure compréhension de l’esprit humain, dont nous ne comprenons toujours pas grand-chose, malgré toutes nos connaissances.

Une démarche essentielle consiste à écarter l'IA du débat traditionnel opposant «capital» et «travail», comme me l'a expliqué un haut responsable d'une entreprise technologique. Nous devons reconnaître l'impact considérable que l’IA aura sur les emplois à venir, et dépasser cette problématique pour appréhender l'ensemble des implications de l'IA pour l'humanité toute entière, et plus particulièrement pour notre région.

À l’heure actuelle, nous, les Arabes – notamment les États du Golfe tels que l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis — sommes bien placés pour être au cœur de la révolution de l’IA. Nous disposons de trois avantages compétitifs: une population jeune, curieuse et ouverte sur le monde, d’énormes ressources à déployer et des gouvernements qui en font une priorité. Les Émirats arabes unis ont le premier ministre de l’IA au monde, et les responsables saoudiens évoquent souvent la nécessité d’être à la pointe de la technologie. Il s’agit d’une priorité, car ils comprennent que celui qui maîtrisera cette technologie aura une longueur d’avance pour le reste du siècle.

À l’heure actuelle, nous, les Arabes – notamment les États du Golfe tels que l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis — sommes bien placés pour être au cœur de la révolution de l’IA - Faisal J. Abbas, rédacteur en chef d'Arab News

En effet, lors du Sommet mondial des gouvernements de l’année dernière, un haut responsable a déclaré lors d’une séance d’information privée que la concurrence et la coopération entre les pays ne porteraient plus sur la géopolitique, mais sur la technopolitique. Le conflit sur la 5G en est un exemple, et la guerre de l’information en est un autre.

Dans son discours d’ouverture, prononcé lundi, le ministre émirati des Affaires gouvernementales, Mohammed al-Gergawi, a donné à l’auditoire un aperçu de ce que l’IA avait déjà accompli en un an seulement. Sa capacité d’apprentissage a été multipliée par 1 000, par exemple, et cette trajectoire se poursuivra de manière exponentielle. Toutefois, le revers de la médaille est que le nombre de deepfakes a triplé en un an, avec 500 000 images sur les réseaux sociaux l’année dernière. Ce phénomène va lui aussi se multiplier.

Dans le monde du journalisme, le fait qu’une interview accordée par le président russe, Vladimir Poutine, au célèbre animateur de talk-show américain Tucker Carlson puisse générer plus de 150 millions de vues en ligne — et ce sur sa propre chaîne et sous sa propre marque, puisqu’il n’apparaît plus sur les chaînes de télévision grand public — en dit long sur l’évolution des modèles médiatiques traditionnels.

À vrai dire, je pense que le besoin d’un journalisme professionnel de haute qualité n'a jamais été aussi pressant. Cependant, en réalité, entre un contenu gratuit soutenu par la publicité, un abonnement uniquement contre paiement et tout le reste, nous n’avons pas encore choisi le modèle économique qui conviendrait le mieux à l’avenir.

Je reviendrai sur ce sujet la semaine prochaine, lors de ma participation au Forum saoudien des médias, où cette question sera abordée.

 

Faisal JAbbas est le rédacteur en chef d'Arab NewsX: @FaisalJAbbas

NDLRL’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteuret ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com