Le maintien de la sécurité en mer Rouge est une nécessité régionale et internationale

Les conflits et les tensions sécuritaires que connaît actuellement la région de la mer Rouge jettent une ombre sur la sécurité, la politique et l'économie mondiales (Photo, AFP).
Les conflits et les tensions sécuritaires que connaît actuellement la région de la mer Rouge jettent une ombre sur la sécurité, la politique et l'économie mondiales (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 février 2024

Le maintien de la sécurité en mer Rouge est une nécessité régionale et internationale

Le maintien de la sécurité en mer Rouge est une nécessité régionale et internationale
  • Chaque fois qu'une situation de sécurité se dessine dans la région, ses effets négatifs se répercutent sur les économies des pays limitrophes et sur le monde extérieur
  • La sécurité des pays de la mer Rouge ne doit pas être soumise aux influences et aux interventions négatives de parties extérieures

Les conflits et les tensions sécuritaires que connaît actuellement la région de la mer Rouge jettent une ombre sur la sécurité, la politique et l'économie mondiales. Ils ont un impact négatif sur le transport maritime, les coûts d'expédition et la circulation des marchandises, et entravent l'activité économique locale, régionale et mondiale. Cela signifie que la déstabilisation de la sécurité et de la stabilité dans ce passage très important constitue une menace importante pour l'économie et les investissements de la région. D'où l'importance et la nécessité de sécuriser la navigation dans cet important couloir maritime. Chaque fois qu'une situation de sécurité se dessine dans la région, ses effets négatifs se répercutent sur les économies des pays limitrophes et sur le monde extérieur.

Cela nous amène à nous concentrer sur l'importance économique et géopolitique de la mer Rouge. Elle constitue une route cruciale pour le commerce et le transport maritime entre les trois grands continents : Afrique, Asie et Europe. Plus de 15 % du commerce mondial passe par la mer Rouge. Il est bien connu que toute crise ou menace sur cette voie d'eau affecte non seulement l'activité commerciale et le transport maritime dans la région, mais aussi le monde entier, et nécessite une solidarité et une coopération à la fois internationales et régionales afin de protéger ce passage international. Il est important de reconnaître que la sécurité de la mer Rouge relève principalement de la responsabilité des pays qui la bordent, car ils sont les premiers à être affectés par les événements qui se produisent à l'intérieur et autour d'elle.

Sur le plan politique, la mer Rouge est considérée comme une région où divers intérêts politiques se croisent, les grandes puissances et les pays de la région se disputant les avantages géopolitiques. Cela nécessite une coopération efficace entre les parties concernées afin de maintenir la stabilité et d'éviter toute escalade politique susceptible d'affecter la navigation en mer et dans les zones environnantes.

La mer Rouge a été - et est toujours - une région stratégique pour les puissances militaires tout au long de l'histoire. Les empires et les États régionaux l'ont utilisée pour déployer des forces militaires et sécuriser des points stratégiques. Son importance est devenue flagrante à la suite de l'ouverture du canal de Suez en 1869, qui reliait la mer Rouge à la Méditerranée, devenant ainsi la route la plus courte et la plus rapide entre l'Orient et l'Occident. Le contrôle de la mer Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale a également eu un impact sur la résolution de batailles importantes dans le conflit.

Le maintien de la sécurité maritime en mer Rouge est une préoccupation de longue date. Le pacte de Djeddah, signé le 21 avril 1956 entre l'Arabie saoudite, l'Égypte et le royaume mutawakkilite du Yémen, a été le premier à préconiser la mise en place d'un « système de sécurité commun » en mer Rouge. L'Arabie saoudite a poursuivi de manière louable ses efforts pour protéger la sécurité de la mer Rouge et la région contre les interventions négatives, qu'elles soient régionales ou internationales. Dans ce contexte, le Conseil des États arabes et africains bordant la mer Rouge et le golfe d'Aden, qui comprend Djibouti, l'Arabie saoudite, la Somalie, le Soudan, l'Égypte, le Yémen, la Jordanie et l'Érythrée, a été créé le 6 janvier 2020, sous la direction de l'Arabie saoudite, et son siège se trouve à Riyad. Il attend cependant toujours d'être activé et d'assumer les tâches qui lui ont été confiées.

La mer Rouge ne peut en aucun cas être dissociée des intérêts généraux des grandes puissances mondiales. Il s'agit d'un passage international et d'une artère économique vitale. Il est donc nécessaire d'unifier les efforts régionaux avant tout, ainsi que les efforts internationaux, afin de préserver la sécurité de la région pour le bien de ses habitants et des peuples du monde entier. Les tensions sécuritaires que connaît actuellement la mer Rouge nécessitent l'activation du Conseil des États arabes et africains riverains de la mer Rouge et du golfe d'Aden, et la coopération de la communauté internationale pour assurer la sécurité de la navigation, maintenir les flux d'approvisionnement et lutter contre les activités criminelles maritimes telles que la piraterie, la contrebande de drogue et le trafic d'êtres humains.

Les pays de la mer Rouge qui bénéficient des communications du Conseil sont les plus touchés par les répercussions de toute crise dans cette mer importante. Leur sécurité ne doit pas être soumise aux influences et aux interventions négatives de parties extérieures dont les intérêts personnels affectent la sécurité mondiale commune. Il est également crucial de travailler sérieusement à la résolution des différentes crises dans la région et d'y mettre fin, en se mobilisant à différents niveaux régionaux et internationaux pour préserver la sécurité et la sûreté de la navigation en mer Rouge.

La position de Djibouti, comme celle de l'Arabie Saoudite et d'autres pays, a été d'œuvrer à la stabilité de la Somalie, du Soudan et du Yémen, pays riverains de la mer Rouge. Les répercussions de la guerre de Gaza, qui ont modifié l'équilibre dans la région et dans le monde en raison des actions israéliennes qui ont entraîné la mort de près de 30 000 personnes, ont eu un impact négatif et préoccupant, et de graves répercussions sur la stabilité de l'ensemble de la région, pour laquelle la mer Rouge est un passage vital.

 

- Dya-Eddine Said Bamakhrama est l'ambassadeur de Djibouti en Arabie Saoudite.

X : @dya_bamakhrama

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com